Les femmes et les enfants d'abord !
J'ai un petit coup de mou, ce matin : marre d'entendre ressasser toujours et ressasser moi-même le sujet qui a phagocyté tous les autres sujets d'information. Je m'étais mis de côté plusieurs thèmes en rapport avec le coronavirus et tout le bordel qu'il y a autour, mais je me suis dit après coup que j'allais encore vous raconter des trucs que vous auriez de toute façon, comme moi, déjà appris par la télé, la radio, les journaux, vos amis de Facebook ou les chaînes Youtube. Tout y est dit, et son contraire, commenté, débattu interminablement, jusqu'aux subtiles mystifications des humoristes. Tout dépend où vous pêchez l'info.
En fait, je voulais jour après jour vous étonner, au moins pétiller suffisamment pour ne pas vous ennuyer. Mais ce matin, je me trouve à sec. Alors à quoi bon, n'est-ce pas, répéter bêtement ce que d'autres ont dit si on ne le fait pas en l'éclairant d'un jour nouveau.
Tenez. L'affaire Jean-Pierre Pernaut, par exemple - vous, je ne sais pas -, moi, elle m'a bien fait rire. D'abord, que le gusse qui mange dans la main de Martin Bouygues, champion du reportage en poulailler, fatigué lui aussi sans doute, se fende, après tant d'années de lèche-bottage, d'un timide "Oh la la, ça donne le tournis", c'est amusant en soi (un clapotis de l'âme, une petite bravade toute en retenue, en regard d'une catastrophe sanitaire, économique et sociale !). Ensuite, qu'aussitôt ce pâle soupir soit qualifié de critique "à l'égard du gouvernement", voire de "coup de gueule" - mazette !-, relève tout bonnement du burlesque d'exagération. Qu'enfin des milliers d'internautes s'insurgent jusqu'au buzz contre le limogeage annoncé de Pernaut, qui serait remplacé par l'expert en lèche au foulard rouge bobo nanar, le pontifiant Christophe Barbier, ne peut que provoquer le fou rire.
Un, parce qu'on a bien failli, sur le coup, y croire soi-même, et puis en réfléchissant, on a compris que le pouvoir, bien qu'il nous en ait à l'occasion donné le spectacle, n'est quand même pas con au point de se montrer aussi ouvertement dictateur, ubuesque. Quoique... et là, on sent monter la saveur de l'humour.
Deux, parce que voilà de braves gens tranquilles soudain transcendés, convertis en pourfendeurs de l'injustice sur les réseaux sociaux - cette injustice-là seulement ; toutes les autres, ils ne les voient peut-être pas - et qui se retrouvent tout cons, privés de leur bonne action, quand ils apprennent que c'est du bidon, une fake-news.
On savoure la blague, car les petits malins qui ont lancé la rumeur signalent eux-mêmes sur leur fausse annonce qu'il s'agit d'une parodie - en fait d'un pastiche, pour être précis. Mais il y a la manière de faire, la stratégie, les trucs, le truquage de la communication, le B A BA du BTS de com' ! Ils devinaient que ça partirait comme une traînée de poudre. Que les relayeurs aient tous été des dupes n'est pas sûr, car on peut très bien avoir envie de rigoler avec la ministre de la justice. C'est réussi. Machiavélique !
Espérons que la ministre portera plainte contre les blagueurs qui l'ont pastichée : ça nous fera encore une occasion de rigoler.
Du coup, j'ai retrouvé le moral.
A demain, les amies, les amis !
PS. Ah oui, le titre... ?! J'avais prévu initialement de partir aujourd'hui sur "Les femmes et les enfants d'abord !", cette délicieuse formule, hors d'usage depuis que, lors du naufrage du Titanic, les plus musclés ont piétiné leurs congénères, sans distinction, pour sauver leur couenne. La sentence, sonnant comme un ordre, voulait peut-être exprimer une sorte de conscience collective d'une espèce humaine à sauver, par l'avenir grand ouvert des enfants, par le ventre fécond des femmes. Peut-être aussi comprenait-elle le souci, moins flamboyant mais impérieux, d'avoir toujours de la main d'oeuvre pour l'usine et de la chair à canon pour la patrie. Finalement, il nous reste "sauve qui peut".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire