Pas inspiré, j'allais vous transmettre une connerie, des trucs que m'envoie une connaissance, qui sont censés aider à supporter le confinement, gentils mais assez horripilants - je vous dirai pourquoi, si j'ai le temps de vous en faire profiter.
Hier soir, en préparant le dîner, j'entendais cette info à la radio :
"Le Conseil d’Etat limite le pouvoir des maires dans la lutte contre le coronavirus. Les maires « ne peuvent, de leur propre initiative, prendre d’autres mesures destinées à lutter contre la catastrophe sanitaire » que celles décidées par l’Etat" a jugé vendredi la plus haute juridiction administrative."
Le présentateur de ce journal a repris quasiment mot pour mot l'article du Monde. Les justifications données par le conseil d'état sont d'un ubuesque consommé. Je vous en laisse juge :
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Voilà une occasion de faire un peu d'instruction civique, en visitant le Conseil d'Etat : https://www.conseil-etat.fr/recrutement-et-carrieres/au-conseil-d-etat/les-metiers/les-membres-du-conseil-d-etat mais je crois qu'ici, vous comprendrez mieux : https://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_d%27%C3%89tat_(France)#Composition_du_Conseil_d'%C3%89tat
Vous pigez bien sûr tout de suite que cette cours de justice est dans un état de louche flou artistique du point de vue du fonctionnement et en même temps de dépendance totale au pouvoir politique. Je ne citerai que le paragraphe suivant :
"Les auditeurs de 2e classe sont recrutés exclusivement à la sortie de l'École nationale d'administration. Le Conseil d'État est généralement choisi par les élèves les mieux classés, concurremment avec l'Inspection générale des finances et la Cour des comptes. Au niveau des maîtres des requêtes, trois nominations sur quatre sont faites parmi les auditeurs de 1re classe et la dernière peut être faite « au tour extérieur » par décret du président de la République, parmi les fonctionnaires ayant au moins dix ans de service public. Au niveau des conseillers d'État, une nomination sur trois peut être faite au tour extérieur, par décret en Conseil des ministres, parmi les personnes âgées de plus de 45 ans."
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Vous venez de lire, comme moi, que la Ligue des Droits de l'Homme se réjouit de la décision ; et vous vous dites : normal, puisqu'elle est à l'origine de la plainte déposée contre le maire de Sceaux qui voulait imposer le masque. La LDH était "inquiète pour les libertés individuelles". A se tordre, non ?! Elle n'était donc pas inquiète jusque là par l'imposition des gestes barrières et les mesures de confinement. Elle n'a pas été inquiète non plus quand le préfet de Moselle (ne faisant que ce que son chef lui commande de faire) a décrété que "L'accès à l'ensemble des parcs, jardins publics, parcs récréatifs en plein air, gravières, forêts, berges, plans d'eau, aires de jeux, parcours de santé, terrains de sport urbains est interdit dans l'ensemble des communes du département de la Moselle : • du samedi 18 avril 2020 à OhOO jusqu'au lundi 20 avril 2020 à OhOO ; • du samedi 25 avril 2020 à OhOO jusqu'au lundi 27 avril 2020 à OhOO ; • du vendredi 1er mai 2020 à OhOO jusqu'au lundi 4 mai 2020 à OhOO ; • du vendredi 8 mai 2020 à OhOO jusqu'au lundi 11 mai 2020 à OhOO.", texte que j'ai reçu par mail de la mairie de Volmerange.
https://volmerangelesmines.fr/covid-19-arrete-prefectoral-du-15-avril-2020/
https://volmerangelesmines.fr/covid-19-arrete-prefectoral-du-15-avril-2020/
Objectivement, dans cette affaire, la Ligue des Droits de l'Homme se dresse en alliée du gouvernement. Peut-être même qu'Edouard Philippe lui a suggéré de déposer plainte pour ne pas paraître lui-même vouloir faire taire ce maire et, en même temps, les maires. Le Conseil d'Etat étant à la botte, l'affaire sent trop ce genre de petit coup monté dont nos gouvernants sont coutumiers depuis que la politique rapporte.
Pour que le Conseil d'Etat interdise aux maires de prendre des arrêtés plus contraignants que les ordonnances, on doit en effet avoir touché un nerf sensible. Déjà qu'il leur est interdit de corriger à la baisse des mesures gouvernementales, les maires, qui avaient cru retrouver un peu de latitude et de prestige, sont donc sèchement renvoyés à la niche. Le message est clair : il n'est pas question pour le pouvoir suprême de donner du mou à la laisse, au risque d'une fronde des élus locaux. (Et c'est vrai qu'à lui tout seul, il met déjà assez le bordel !)
On connaît tous un maire, n'est-ce pas, qui un jour ou l'autre s'est pris pour Jupiter et a imposé à ses administrés ses lubies et ses délires autoritaires, assortis d'amendes bien salées. Mais un maire peut aussi être une personne mesurée, raisonnable, soutenue par ses administrés, qui agit avec conscience pour le bien public. Il me semble même qu'on a vu, aux dernières élections, fleurir beaucoup de listes citoyennes, preuve de l'émergence d'un désir de démocratie participative.
Et cela, ce tout petit ferment de liberté, pour une majorité dont le seul souci est d'imposer quoi qu'il en coûte, envers et contre tout, sa volonté politique, qui n'a légiféré jusqu'à présent que pour renforcer le pouvoir de l'exécutif, qui a encouragé et théorisé la violence policière, ce tout petit ferment de liberté est une terrible menace. Les libertés individuelles, ça la fait flipper.
Eh bien, justement, il est l'heure de résister. Que les maires désobéissent ! Mais avec le soutien populaire.
Et là, j'espère que la noble Ligue des Droits de l'Homme prendra leur parti contre les foudres qui ne manqueront pas de tomber du haut de l'Olympe.
Bon, les amis, les amies, je vous envoie ça sans attendre les douze coups de midi parce que d'ici là, je compte bien m'être évadé.
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