Lexique de savoir-vivre à l’usage des apprentis dilettantes – 6. Lire / 7. Humoriste

(exercices de définition par l’exemple, l’analogie, l’à-peu-près, le glissement de sens, le calembour et le parti pris)

6. Lire

a) Monnaie.

Avant 1999, on achetait des lires quand on voulait passer ses vacances en Italie. On guettait le cours le plus avantageux parce que les valeurs des monnaies fluctuaient. Puis sur place, afin de pouvoir comparer les prix avec ceux de chez nous, il fallait savoir calculer et connaître sa règle de trois.
Tout ça était du sport intellectuel.

b) Comprendre

- Lisez la phrase suivante à haute voix (le trait sur le e et le a s’appelle - me semble-t-il - un macron et indique une voyelle longue) : « Mans drēbnieks ir bagāts »
Aucune difficulté à vocaliser, n’est-ce pas ? Mais vous n’avez rien compris. Sauf si vous êtes du pays… que je vous laisse rechercher, ainsi que la traduction.

- Une partie non négligeable de nos petits écoliers sont devant un texte en français comme une poule devant un couteau.
Ce lien, au hasard, parmi de nombreux autres :
https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/pisa-la-lecture-et-lecriture-faiblesses-majeures-du-systeme-educatif-francais-1153046

c) S’interroger, s’informer, se cultiver

- Il y a des éditeurs qui vendent du papier davantage que de texte : ce genre de bouquins écrits gros, avec de grandes marges, sur du papier épais. Style Reader’s Digest (le livre digéré avant lecture) ou France-Loisirs (le divertissement facile, qu'on choisit pour vous).

- Il y a aussi des auteurs qui vendent du lieu commun ou de la propagande au lieu de produire de la pensée : Luc Ferry, Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut… Etrange que ne me viennent à l’esprit que des noms de philosophes.
Un philosophe, aujourd‘hui, c’est un prof de philo. La France en compte donc beaucoup. Ils se mêlent de tout (et c’est bien leur job), ils publient beaucoup, ils prennent parti, ils sont invités à la télé, en tant qu’experts, mais on se demande lesquels figureront dans ce genre de liste après leur mort ?
https://la-philosophie.com/grands-philosophes

7. Humoriste

- Nouvelle appellation pour « comique ».
Fernand Raynaud était un comique. Un rigolo, quoi. Un clown du langage.
Le dernier comique, c’était Coluche. On pouvait dire de lui « Qu’il est con ! », avec une certaine affection et en se marrant de ses blagues pourries.

- L’humoriste d’aujourd’hui est au contraire quelqu’un de sérieux, voire de tragique, qui inspire le respect. Comme Gad Elmaleh. La preuve : Gad Elmaleh pourrait se présenter à l'élection présidentielle qu'on ne rigolerait même pas.
 
- Question cruciale pour l’humoriste : est-ce qu’on peut rire de tout ?
Est-ce qu'on peut par exemple faire des blagues sur la gueule cassée de Michel Zecler qui vient de se faire tabasser par trois nervis à Darmanin ?
Réponse :
  https://www.youtube.com/watch?v=CbEC1FDtIcI 
A chacun son humour.

- Les humoristes sont souvent des femmes, qui nous parlent crûment de sexualité. Passage semble-t-il obligé si elles veulent se faire accepter dans cet univers de machos (public compris) qui a longtemps et abondamment utilisé comme ressort comique la caricature de la femme dépensière, futile, chiante, bête et frigide.
Elles ne sont pas en reste.

Drôle de métier !

Mais franchement, il n’y en a pas un, pas une, sur dix qui me fasse seulement sourire.
A chacun son humour.

Richard

Un soupçon d'inquiétude me titille : ne serais-je pas moi-même en train de me prendre pour un humoriste ?