samedi 7 novembre 2020

Journal de redéconfinement (jour 63) - Noël

Déjà Noël. Pfff ! Que le temps passe vite !

Depuis trois semaines au moins, les boîtes aux lettres se sont mises à vomir des catalogues de jouets. En même temps, les rayons des magasins se sont remplis tout d'un coup de boîtes de chocolats, de Stollen et de panettoni, et de toutes sortes de sucreries aux emballages évocateurs de la fête des enfants. Et chaque grande marque a sorti son calendrier de l'Avent avec un mois d'avance.

C'est qu'il faut être le premier pour prendre des parts de marché. Alors  tout ce beau monde du business se marque à la culotte. Jusqu'aux chaînes de la TNT qui repassent chaque après-midi de vieux téléfilms à l'eau de rose, pleins de vieillards barbus et de miracles de l'amour.

Je ne dis pas que ça ne concourt pas normalement à créer cette ambiance de chaleureuse douceur que nous aimons, ou avons tous aimée, qui accompagne l'approche des fêtes de fin d'année. Mais tout ce qu'on nous sert en ce moment est morne, froid, sans âme, parce que surimposé artificiellement. 

La peur de l'attentat, la peur du covid, la peur des fins de mois difficiles ont évidemment leur part de responsabilité dans la morosité qui se propage parmi nous au point qu'il nous devient impossible de nous réjouir franchement, sans arrière-pensée, d'une bonne nouvelle ou d'un moment de plaisir, mais quand le mercantilisme se manifeste de façon aussi évidente, comment pourrait-il faire naître en nous l'esprit de Noël, qui est un désir de bonté, de paix, de partage, de fraternité. 

"Le consommateur est malléable et prévisible", prétendent les experts en marketing : "on lui tend une carotte et hop, tel un bourricot, il court après, et dès qu'il le peut, il mord dedans. Il suffit de quelques uns pour amorcer le processus, et tous les autres suivent sans réfléchir. Du coup, il est facile de faire acheter n'importe quoi, n'importe quand, à n'importe qui, du moment que la pub est bien faite."
Ces gens-là nous insultent. Ils nous traitent en troupeau... ce que nous ne sommes pas - n'est-ce pas ? 

Un tel cynisme suffit à me convaincre de ne pas acheter. Si être consommateur est, par définition, se comporter en gogo, nous ne sommes pas que cela : nous avons un tas d'autres qualifications, dont l'une est la capacité à penser et décider par nous-mêmes. Je le prouve en boycottant les achats de Noël en novembre. 

* * * * * * *

Cette année, le Père Noël aura moins de boulot, parce qu'il y a vraiment, vraiment beaucoup de pauvres en France. En plus des 9 ou 10 millions déjà existants, ce confinement à la con a même fait "exploser" la pauvreté. 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/06/un-million-de-nouveaux-pauvres-fin-2020-en-raison-de-la-crise-due-au-covid-19_6054872_3224.html 

https://www.midilibre.fr/2020/09/30/pauvrete-en-france-nous-navons-jamais-vecu-une-situation-pareille-depuis-la-seconde-guerre-mondiale-9107667.php#:~:text=Seuil%20subjectif%20de%20pauvret%C3%A9%20%3A%201,est%20de%201%20219%20euros

Les associations qui viennent en aide aux gens dans le besoin reviendront donc plus tôt cette année, en sortie de caisse, pour quémander un peu de solidarité à leur égard. 

Je comprends que ça puisse être gênant parfois, quand on vit chichement soi-même...
ou quand on est radin.

Mais quand en plus on est de mauvaise foi, ça donne parfois un méchant argumentaire du genre : "Les pauvres, ça n'est pas raisonnable : ça veut être comme tout le monde, ça veut acheter des jouets à ses gosses - et des chers en plus ! Mais quand c'est pas possible, c'est pas possible. P'tain, il faudrait quand même leur apprendre à gérer un budget. Et pis faudrait p't-être aussi qu'ils cherchent du boulot au lieu de vivre des aides sociales. Merde !"
("Il n'y a qu'à traverser la rue pour trouver du boulot." avait dit Macron. Sauf que maintenant, le restaurant de l'autre côté de la rue qui embauchait peut-être à l'époque, c'est lui qui l'a fermé.)

Si l'on applique au jouet la logique du Conseil de Défense quand il a décidé de consoler les libraires de ne pas pouvoir travailler en fermant les rayons livres des supermarchés, il est clair que pour Noël, par souci d'équité, il fera en sorte qu'il n'y ait rien à mettre sous le sapin. (*)

La dinde aux marrons aura forcément moins de saveur. Autant réveillonner d'une boîte de cassoulet, on aura au moins l'impression d'être solidaire avec les pauvres. 

Richard

(*) Oui, car nous avons déjà intégré, n'est-ce pas, que nous serons confinés jusqu'au printemps, puis jusqu'à l'été pour contrer la troisième vague.

(à suivre)

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