Journal de redéconfinement (jour 60) - Elephant or donkey ?

Hello !

J'ai admiré hier les beaux efforts qu'ont faits les journalistes pour nous convaincre que les élections américaines étaient importantes pour nous. Certaines chaînes nous incitaient même à vivre une nuit entière de suspense insoutenable...
Comme en 1969, quand on avait voulu nous persuader de regarder "un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité", Armstrong qui posait le pied sur la lune. J'avais jeté un oeil au début et puis comme je m'ennuyais, j'étais monté me coucher. J'avais rien raté : le grand pas pour l'humanité, on l'attend toujours.

Alors ce matin, évidemment, comme prévu, on ne sait toujours pas qui a gagné. Toute une nuit à faire des pronostics au doigt mouillé, à gloser sur une multitude de paramètres, sans le moindre résultat concret sur lequel s'appuyer, c'est du grand art d'illusionniste.
...Et il n'y avait bien sûr pas d'autres informations importantes.

Pour ma part, j'ai dormi sur mes deux oreilles : Trump ou Biden, je ne vois guère de différence. C'est comme un match qui opposerait Hollande à Macron ou Sarkozy à Macron, que ce soit l'un ou l'autre qui gagne, tout empire et les baisés sont toujours les mêmes.

Trump ? Rien à dire : tout a été dit. En résumé, il est comme Macron : même programme libéral, sauf pour la défense du pays, Macron ayant à coeur de ruiner la France et l'état français. D'ailleurs ils sont copains. Tous les deux, avec leurs "first ladies", fraternels, se tapent la cloche et dans le dos au petit restau de l'étage de la tour Eiffel. 

Biden, malgré tout le mal qu'on a entendu de Trump, n'a donc pas réussi à soulever l'enthousiasme, n'a pas fait naître cet immense espoir de justice sociale tant attendue par les blacks, les latinos, les "natives", les travailleurs pauvres, les victimes des subprimes qui survivent en marge de la richesse de cette Amérique dirigée par une bourgeoisie blanche luthérienne minoritaire, restée bloquée sur le modèle de la démocratie des cow-boys, c'est-à-dire la loi du plus fort. 

Le problème des catégories socialement défavorisées, c'est, comme chez nous, qu'elles ne votent pas ou peu. Partant de là, elles se soumettent à la dictature de la bourgeoisie. On a quelque mal à leur trouver des excuses, n'est-ce pas.

Au début de la campagne pourtant, Bernie Sanders, à la gauche du parti démocrate, avait obtenu 27% des votes lors de la primaire démocrate, ce qui est une performance dans un pays où le terme "socialiste" est une insulte et le concept un mal absolu. Même les Noirs se méfiaient de lui !

C'est un exploit même, dans ce pays où une campagne présidentielle peut coûter un milliard de dollars - voire davantage, ai-je entendu dire. La candidature de Sanders n'a tenu que par des dons de 10 à 100 dollars essentiellement. Il n'avait en effet aucune chance que Bill Gates finance sa campagne. Alors que Trump et Biden peuvent sans difficulté recevoir l'appui financier de tout ce que l'Amérique compte de milliardaires.
Macron, en 2017, c'était pareil.

Sanders a ensuite soutenu Biden, avec beaucoup de nuances cependant, car Sanders a un programme vraiment social, genre instaurer une sécurité sociale à la française (quand Macron est en train de nous imposer une non sécurité sociale à l'Américaine), créer un salaire minimum, un minimum retraite, réguler le libéralisme, encadrer le libre échange, etc. Une sorte de Mélenchon dont Mélenchon reconnaît d'ailleurs avoir beaucoup appris.

Biden a évidemment pris ses distances avec Sanders, car un tel soutien représente un handicap pour lui : pas question en effet de laisser supposer que l'état va se mêler du business et des relations sociales dans l'entreprise. Malgré ça, on a entendu dire que si Biden était élu, les USA finiraient comme Cuba, voire l'Union Soviétique.

Justement, supposons que Biden soit élu.
  
Est-ce que Trump va accuser les Russes d'ingérence ? Ce serait cocasse.

Est-ce qu'il va contester la régularité des dépouillements ? C'est apparemment une chose acquise, et tout à fait normale ; et nous, ici, recevons donc 5 sur 5 que les Américains n'ont aucune confiance en leur démocratie.

Est-ce que l'Amérique qui a voté Trump va se retourner contre les dangereux socialistes qui ont voté Biden ? Sortir les fusils à pompe ? Faire sécession ? 

Est-ce que la CIA va organiser un blocus contre les états qui ont voté démocrate ? Et y fomenter des troubles ? Comme elle l'a fait en Colombie, au Venezuela, à Cuba, au Chili... ?

Est-ce que Macron va courir à Washington pour offrir le cul de la France à Biden ?

Richard

(à suivre)