jeudi 20 décembre 2018

Merci aux Gilets Jaunes !

Les Gilets Jaunes ont reçu beaucoup de soutien en pourcentage dans les sondages, mais peu dans les actes. Ça révèle des choses sur le fonctionnement de notre société, de la même façon que deux tiers d'abstentionnistes. Par parenthèse, on aurait aimé avoir le profil politique, socioprofessionnel et géographique de ces nombreux Français qui soutiennent encore les Gilets Jaunes ; on aurait ainsi vu qui ne les soutient pas - peut-être une révélation de plus.

Donc, le mouvement des Gilets Jaunes n’en finit pas de mettre à nu les escarres de notre société, d’en gratter les furoncles, d’en retourner le slip merdeux : la pauvreté, l’inégalité, la dictature, la corruption, toutes les dégueulasseries banalisées que refuse de voir, par paresse, par confort, pour ne pas se prendre la tête avec les problèmes des autres, un certain Français, plutôt moyen, moyen haut, qui s’en sort encore pas trop mal, celui qui dès lors qu’il a assez pour partir en vacances dans sa grosse bagnole se prend pour un genre d’intellectuel et considère le smicard comme d’une classe inférieure qu'il répugne à fréquenter, des fois que ça salirait.

Les Gilets Jaunes ont, sans le vouloir vraiment, mis en lumière ce type-là dont, même sans l’aide d’un sondage, je peux deviner l’appartenance politique et socio professionnelle.
 Pour cela, aux Gilets Jaunes je dis merci.

En effet, où étaient les artistes (à part quelques-uns) pendant que les Gilets Jaunes se battaient pour un salaire décent, une vraie démocratie et retrouver leur dignité ? Eh bien, il se tenaient en retrait, dans leurs hautes sphères et dans un silence assourdissant.
Je me suis demandé pourquoi ces enfoirés si prompts à chanter ou signer contre la faim dans le monde et pour les restaus du cœur et le téléthon n’ont pas daigné soutenir la cause des pauvres quand les pauvres se rebellent eux-mêmes, tout seuls, sans aide - et foin des dames patronnesses ! - contre leur état de pauvreté.
J’ai d’abord supposé que, contre le plein gré de leur bon cœur, les artistes ont eu peur de se mouiller, peur qu’on les empêche ensuite de travailler (un peu comme ce qui arrive à ceux que la meute médiatique accuse d’antisémitisme) parce que tout de même, les producteurs ne sont pas des philanthropes, mais des businessmen, et donc du côté du fric. Je me suis dit alors que le pognon avait sacrément gangrené le métier.
Mais à la réflexion, je pense qu’il n’y a plus de saltimbanques (même pas ceux qui tournent dans les MJC, puisqu’ils dépendent  des subventions), les artistes sont passés du côté du fric, des riches ; ils sont devenus des animateurs de jeux du cirque, payés (grassement parfois) pour faire rêver ou rigoler, distraire au sens propre, avec des foutaises mais que surtout ça ne fasse pas réfléchir. Comme le football.

Où étaient les penseurs d’Amnesty International ? N’auraient-ils pu frapper à la porte des journaux pour protester contre les tirs tendus de flash-ball, contre les grenades assourdissantes, contre les arrestations préventives, contre le tabassage des grand-mères tombées au sol, contre l’esprit des Benalla… Peut-être que les membres d’Amnesty France craignent qu’on les accuse de faire de la basse politique s’ils critiquent le gouvernement Philippe ? Peut-être que les membres d’Amnesty France n’ont tout simplement pas les mêmes vulgaires préoccupations que les Gilets Jaunes…

Où étaient les enseignants ? Dans leur classe. Ah, ils travaillaient ! Tout va bien pour eux, ils sont payés à l’heure, le boulot n’est pas fatigant, et ils ont les vacances. L’école mise à mal, ils s’en foutent, ils appliquent docilement les injonctions ministérielles et les réformes. La culture interdite aux pauvres, ils s’en foutent, ils s’en vont entre amis écouter l’opéra. Peut-être que les enseignants n’ont pas remarqué la présence dans leurs classes d’enfants dont les parents tirent le diable par la queue.

Où étaient les intellectuels si compatissants pour les peuples opprimés ? Ils se bouchaient le nez, pardi ! (à part quelques-uns, ceux qu’on accuse de populismes) car pour eux, le Gilet Jaune sent un peu trop la sueur.

Et où donc étaient les policiers dont on découvre soudain cette semaine qu’ils sont mal payés ? N’auraient-ils dès lors pas dû se trouver du côté des Gilets Jaunes...au lieu d’être en face ?
Ah mais non, ils sont du côté du manche ! Le boulot des policiers, c’est justement d’empêcher les Gilets Jaunes… Ils sont payés comme eux, mais pour leur taper dessus.

Le plus marrant, du point de vue des flics, c’est qu’ils ont habilement réussi à profiter du mouvement des Gilets Jaunes pour obtenir du gouvernement, en quelques heures et en double, ce que les Gilets Jaunes n’ont pas obtenu après cinq semaines de bagarre. C’est vrai qu’ils ont pleurniché qu’ils étaient fatigués. Mais quand ils balançaient des grenades sur un retraité obligé de distribuer des pubs pour survivre, ils n'étaient pas fatigués, hein : ils ne se demandaient pas si le vieux était fatigué.

En tout cas, s'ils avaient eu un peu de dignité, les policiers auraient dû en premier lieu remercier les Gilets Jaunes. Mais sans doute que ça leur aurait arraché la gueule.
Quoi qu’il en soit, les policiers devraient maintenant enfin s’interroger sur leur véritable rôle dans la société, en arrêtant de jouer l’hypocrisie. Si c'est possible, car malheureusement, ce n’est pas avec le discours ressassé à longueur de temps par les médias que l’examen de conscience pourra se faire sincèrement.

J’entendais en effet hier soit le Calvi (à prendre dans le sens « archétype du journaliste de TV »), dans une de ces émissions politiques de propagande farcies de spécialistes autoproclamés, dire à un représentant de syndicat policier en grève qui venait d’affirmer crânement sa détermination à aller jusqu’au bout pour obtenir satisfaction : « Vous êtes quand même le dernier rempart de la démocratie ». D’abord, on croit rêver, puis on se marre et en fin de compte, on a envie de pleurer.

Dans son souci de lécher le cul du pouvoir, le Calvi place en effet la police à l’exact opposé de ce qu’elle est, un outil de coercition au service du pouvoir, tout entier entre les mains de l’exécutif. La police, gérée par un exécutif tel que le nôtre, que personne ne contrôle, est en fait LE danger qui menace la démocratie. (Vous ferez vous-même l’analogie avec les polices des diverses dictatures passées et actuelles.)

Quand certains (Darmanin, Castaner, par exemple) accusent les Gilets Jaunes d’être des fachos, de brouter aux prairies du Rassemblement National, et quand on voit comment la police (aux ordres du même Castaner) traite les manifestants, on se demande si le fascisme ne serait pas du côté du ministre, de la chenillette blindée et du canon à eau.

Là-dessus, flash vers 22 heures : les policiers tout contents annoncent aux micros qu’ils n’ont plus de raison de faire la grève puisqu’ils ont obtenu ce qu’ils voulaient : du fric. Le reste, ils s’en foutent. Enfin pas tout à fait : ils veulent aussi davantage de moyen, pour flinguer les manifestants sans doute. 
Après avoir bien profité du mouvement des Gilets Jaunes, ces égoïstes, même pas solidaires des autres fonctionnaires qui eux n’auront rien, rentrent dans leurs casernes, chaussent les rangers et sabrent le champagne, à nouveau prêts à casser du manifestant. Et maintenant qu’ils sont engraissés, la prochaine fois, ils feront du zèle et ça va saigner pire encore, je vous le dis.

Merci aux Gilets Jaunes qui viennent de sortir tout ça des sphères confidentielles pour le hisser dans la lumière, malgré tous les efforts des médias pour qu'on n'en parle pas. Car bien sûr, les Calvi, comme toujours, balayent les saletés du régime sous le tapis.


Néanmoins, on se marre parce qu’ils se trahissent quand même : parmi les derniers remparts de la démocratie, le Calvi a oublié de citer... les journalistes. Non ? Sans doute s'agit-il d'un acte manqué : il n’y a pas pensé parce qu’au fond il sait bien qu’il n’est lui-même qu’un servile lécheur de bottes.

mardi 18 décembre 2018

Le RIC serait un danger pour la démocratie !

Referendum d’Initiative Citoyenne ? Edouard Philippe ne serait pas contre. Enfin, il y réfléchit… Qu’il dit… Pour l’instant. Sauve qui peut quand même !
Car aussitôt les grandes ondes ont vidé leurs tripes en régurgitant l’armada de leurs experts afin que vite, ceux-ci nous expliquent que c’est une mauvaise idée.

C’est même, selon eux, une très mauvaise idée, le referendum, parce que cette idée doit nous faire peur.
(En réalité, bien sûr, c’est à eux qu’elle fait peur, et surtout à leurs maîtres. Mais chut ! Faisons semblant de ne pas le savoir.)

Qu’ils se rassurent donc : dans la bouche d’Edouard Philippe, le referendum n’a rien à voir avec l’idée que s’en font les gilets jaunes. Pour lui, il s’agirait évidemment de mettre en place une usine à gaz qu’il serait impossible d’allumer en vertu des principes que ce gouvernement-là illustre jour après jour avec obstination depuis son arrivée au pouvoir : tout changement doit immédiatement et en même temps annuler ce changement, sauf s’il prive un peu plus le peuple de pouvoir, ce qui n’est pas un changement en soi mais une simple aggravation de la situation existante.

Alors qu’est-ce qui leur fait tant peur dans le Referendum d’Initiative Citoyenne ? C’est tout simplement que l’initiative ne viendrait pas d’en haut mais du citoyen d'en bas ; c’est le citoyen lui-même qui gêne, c’est le peuple, avouent-ils, à mi-mot, avec un petit faux air de regret.
L’initiative citoyenne doit nous faire peur parce que le peuple des citoyens est dangereux.
Et là commence la démonstration destinée à nous rouler dans la farine.

Le peuple est dangereux parce que - axiome 1 -, tel un enfant, le peuple est capable, dans ses excès, de se faire du mal à lui-même.
Par referendum, disent-il, le peuple serait en effet capable de revenir à la peine de mort, par exemple ; le barbare ! Nos experts considèrent donc qu’il y aurait danger que la majorité des Français adhèrent demain à certaines thèses du Front National et que donc le fameux Front Républicain serait réduit à peau de zébu. C’est énorme ! Dans la foulée, sans hésitation, ils évoquent même l’ombre d’Adolf…
Le peuple pourrait aussi, par exemple, voter pour l’augmentation du SMIC, ou  pire, pour l’augmentation de l’ISF, ou pour la sortie de l’Euro. « Mon Dieu, mon Dieu, s’exclament-ils alors. Cela jetterait illico des tas de gens dans la géhenne du chômage. » Comme ils ont le souci du travailleur ! C’est touchant.

Donc, il faut protéger le peuple contre lui-même.
Et qui de mieux pour ça que ce grand sifflet d’Edouard Philippe qui, j’en suis sûr, avant les gilets jaunes se rêvait déjà notre prochain président. Mais là, Doudou, c’est foutu.

Et cela nous amène à formuler l’axiome deuxième : le peuple est dangereux parce que le peuple est con.
Il y a en effet des choses que le citoyen, qui pourtant est habilité à voter pour des incapables tels que Macron et Philippe, ne peut pas comprendre :
- par exemple, que baisser les salaires est une bonne chose car cela le rendrait plus compétitif face au travailleur indien qui bosse juste pour ne pas crever de faim ;
- par exemple, le citoyen ne pige pas que la subtile psychologie du milliardaire exige qu’on lui fasse des cadeaux pour qu’il consente à ne pas se barrer aux Caïmans, en passant pas le Luxembourg, avec le reste du fric qu’il a gagné sur notre sueur ;
- par exemple, le citoyen ne peut pas comprendre la fine mécanique économique qui fait que le gouvernement français, Macron en tête, s’oblige à baisser le froc devant l’Allemagne et qu’il ne faut surtout pas sortir de l’Euro dont le gouvernement allemand interdit toute dévaluation qui pourrait nous rendre compétitifs parce que ça ferait chuter les dividendes…

Et de conclure : le peuple est trop con pour juger de ces choses-là.

D’où l’axiome numéro 3 : seule l’élite, les énarques, et même le plus crétin des fils à papa, comprennent la complexité du monde et sont aptes à tout faire pour que surtout ce monde ne change pas, c’est-à-dire que l’argent continue de circuler toujours dans le même sens, vers leurs poches et les coffres-forts de leurs paradis fiscaux.

Voilà ce que disent ces experts en manipulation qui préparent ainsi déjà l’opinion à acquiescer lorsque Edouard Philippe présentera son projet de referendum impossible.

Si on grattait un peu, si on regardait dans le cerveau de ces soi-disant experts, on ne trouverait que de la fange malodorante : esprit borné, indigence intellectuelle, pensée unique, psittacisme, moutonnage, soumission aux puissants, veulerie, absence de déontologie, fourberie, mauvaise foi, mensonge, mépris de classe, et cetera.  On trouverait aussi qu’ils sont tous soit ex conseillers de Sarkozy, soit conseillers plus ou moins proches de Macron, soit employés de Bolloré, soit qu’ils bouffent tout simplement au râtelier des médias d’état.

Qui pourrait encore les prendre au sérieux ?






dimanche 9 décembre 2018

Gilets jaunes / état providence

L’état providence, c’est fini ! Je ne sais plus qui avait dit ça - il y a déjà quelques années -, manière de signifier aux trois millions de Français fainéants qui « vivent sur le chômage » et autres allocations qu’ils allaient devoir maintenant se remuer pour mériter leur bifteck. Non mais ! C’est vrai, quoi, tout le monde le sait : yaka traverser la rue pour trouver du travail ! - mais je me rappelle très bien que ça m’avait laissé sur le cul.

Oui, sur le cul ! Parce qu’à part l’Etat, Coluche et l'abbé Pierre (pour faire court), je ne vois pas qui ferait providence dans cette fosse à purin qu’est le monde aujourd’hui. A moins que les patrons, les bourgeois, les rentiers, la poignée d’actionnaires (des personnes, pas des sociétés anonymes) qui ont fait main basse sur toute la richesse produite dans le mode, soient pris tout à coup d'une charitable pensée....

Peu importe qui a craché ainsi sur l’état providence, mais ça ne pouvait pas être un des gilets jaunes (ils n’existaient d'ailleurs pas à l’époque) : cette petite phrase résume la ligne directrice du projet de Macron et des libéraux de tous poils qui dirigent la France, l’Union Européenne et la zone Euro et qui ont mis les gilets jaunes dans la rue. En France, l’objectif  ultime de LREM et LR (je parle de Macron et de leurs autres cadres, pas de leurs électeurs), c’est le triomphe total de la ploutocratie (= d'eux-mêmes, et des autres rien à foutre)

Plouto-cratie = gouvernement par les riches.

Pour les riches (ne me demandez pas à partir de combien on est riche, c’est à vous de savoir de quel côté vous êtes), ces riches qui ont déjà le pouvoir par leur richesse, l’argent, un pouvoir exorbitant qui ne reconnaît aucune valeur au travail, pour les riches donc, le pouvoir politique est en effet une gêne inadmissible, pour la simple et dérisoire raison  qu’il permet aux peuples d’exercer de temps à autre un contre-pouvoir par le biais des élections.

Que le pouvoir politique soit affaibli ou que le peuple se donne un président ultra libéral, n'importe pas : c’est encore trop pour eux. Il leur faut absolument, purement et simplement, détruire les états.

Pour l’instant, ça ne leur a pas été possible. OK, se disent -ils alors. Patientons, mais en agissant. En attendant, ils travaillent donc au projet de réduire la politique à un jeu de bonneteau, bonnet blanc et blanc bonnet, de façon à ce que les états, quelle que soit la couleur de leurs dirigeants, soient réduits à une impuissance totale, c’est-à-dire à l’incapacité définitive de nuire à leurs intérêts.

Dans ce grand complot contre les peuples - le peuple = la somme des individus qui n’ont aucun pouvoir -, les structures associatives, fédératives, sociales, consultatives, solidaires, citoyennes, électives, politiques, bref, tout ce qui lie entre eux les individus, les rend solidaires et les protège de la violence de cette minorité de possédants, tout cela doit disparaître.

Pour parvenir à cette victoire totale, les riches ont un plan : soudoyer les élites et les politiques tant qu’ils peuvent, s’emparer de la totalité des médias, et ainsi museler toute pensée libre (ô pensée libre ! quelles que soient vos convictions, songez à ce que signifie la pensée libre). Selon leur plan, ils traqueront, harcèleront, pressureront, circonviendront chaque individu, par la lassitude, par le dégoût, par la peur. Pour lier les peuples dans leurs ténèbres, ils leur ôteront leurs dernières armes…

Tout cela est théorisé, fomenté en secret (oui, c’est un complot), instillé dans les esprits depuis des décennies, en fait depuis que le Conseil de la Résistance a imposé le modèle français de solidarité sociale à la bourgeoisie française d’après guerre, ex-planquée ou ex-collaborationniste, mais toujours et encore planquée aujourd'hui dans les paradis fiscaux.


Macron se voyait comme l’aigle ultime terrassant les espoirs du peuple, et paf…: les gilets jaunes ! Ah, les amis, comme cela est réconfortant !

mardi 4 décembre 2018

Réponse du gouvernement aux Gilets Jaunes ? La bonne blague

Le discours du premier ministre ce midi, censé être une réponse aux revendications des Gilets Jaunes, pourrait se résumer ainsi :

1. La situation actuelle, ce n’est pas nous, c’était avant, c’est la faute des autres (donc de Macron quand il était à Bercy avec Hollande ? Hollande que par parenthèse on n’entend pas faire le malin en ce moment)

2. Nous ne reculons pas, nous faisons seulement un pas de côté… parce que nous avons raison et ne céderons donc jamais sur le fond

3. Si nous avons l’air de céder, ce n’est pas à vos revendications fourre-tout, mais face à votre violence, car nous, gens responsables, nous vous donnons cet os à ronger pour éviter de nouveaux dégâts, de nouveaux morts, et c'est inadmissible, à cause de vous, et je salue le courage des forces de l’ordre (bla bla bla.)

4. En fait, nous ne cédons rien puisqu’il ne s’agit que d’un moratoire, c’est-à-dire que les taxes et tout le bazar (l'harmonisation des retraites, tiens !), vous y aurez droit quand même, à la fin des six mois, et bien profond encore.

5. On va discuter avec les corps intermédiaires et les élus, des gens bien élevés qui vont certes nous contredire mais qu’on enverra sur les roses vu qu’on a la majorité à l’assemblée.

Le message est clair, il signifie : « Français, je vous emmerde. »

Le discours du premier ministre de ce midi prouve également que ce gouvernement ne connaît qu’une seule forme de rapport social, la violence. La méthode : je détruis toutes les protections sociales, je détruis l’état, je pompe le fric uniquement chez les gens qui vivent de leur travail, et quand en réaction, je me prends trois semaines de manifestations soutenues par 75% des Français, je leur envoie les casseurs et les CRS.

Il aura donc fallu que les beaux quartiers soient saccagés et que les entrepreneurs du transport routier (des patrons !) s’en mêlent, bloquent les raffineries, que les lycéens rejoignent la rue, pour que ces messieurs daignent faire semblant d’avoir compris la colère du peuple.

Tout ce montage cynique, trompeur et toujours provocateur montre que pour ce gouvernement, il n'y a pas encore eu assez de violence. 

L’ensemble des discours du premier ministre et de son gourou de l’Elysée, depuis son élection et en particulier ces dernières semaines, a en outre définitivement remis en lumière le rapport de force agissant au sein de notre société, qui est la lutte des classes.

Macron a en effet bien expliqué qu’il y avait deux sortes de citoyens, les premiers de cordée d’une part et les moins que rien d’autre part.
Les premiers sont la petite minorité qui a et gagne du fric sans rien faire et le planque dans n’importe quelle entreprise de n’importe quel pays (un chantier naval italien, un armateur panaméen, un fond de pension américain, un transporteur polonais, une banque luxembourgeoise…) du moment que ça rapporte.
Les autres constituent l’immense majorité de ceux dont la vie est toute en France, qui travaillent et n’ont pas les moyens de mettre du fric de côté ou, quand ils en ont, ne peuvent le planquer nulle part ailleurs qu’ici-même, dans l'économie du pays.

Sans rapport (ou presque) mais pour détendre l’atmosphère : une petite histoire de Noël.

C’est une petite fille qui vient voir le Père Noël et lui demande :
- C’est vrai que la fête de Noël est un message de paix sur la Terre ?
- Oui, mon enfant. Mais toi, qu’est-ce que tu voudrais pour Noël ?
- Je voudrais que tu fasses la paix sur la Terre.
- Ah ça, je ne peux pas, mon enfant.
- Alors que plus personne ne soit dans la misère.
- Je ne peux pas non plus.
- Alors au moins que plus personne n’ait faim
- Non, ça non plus, je ne peux pas
- Bon, alors, apporte à mon papa et à ma maman un peu plus de sous à la fin du mois.
- Mais bon sang, puisque je te dis que je ne peux pas…
- Alors tu ne sers à rien ?
- Bon allez, ça suffit, maintenant. Dis-moi ce que tu veux et qu’on en finisse.
- Je voudrais une trottinette électrique.
- Une trottinette électrique ! Ha ha ! Mais tu rêves, pauvre conne, tes vieux n’en ont pas les moyens. Allez, dégage !









lundi 3 décembre 2018

Les Gilets Jaunes et la tentation du coup d’état

J’entendais hier soir (2 décembre) que le pouvoir pourrait décréter l’état d’urgence pour répondre aux violences qui ont eu lieu autour de la manifestation du 1er décembre. Je ne sais pas qui a lancé cette idée et l’info, peut-être les journalistes eux-mêmes, ils sont capables de tout, pourvu que ça mousse, mais aussitôt fusent des commentaires comme quoi cela ne servirait à rien, que les Gilets Jaunes continueraient quand même. Avec cette deuxième partie du discours, je suis d’accord.

Mais l’état d’urgence servirait bien à quelque chose : faire taire par la voie légale toute contestation en utilisant tous les instruments liberticides que la loi donne dans ce cas à l’exécutif : assignations à résidence, perquisitions administratives, fermeture de certains lieux publics ou privés, interdiction de la circulation, interdiction de manifester. Le gouvernement peut le décider tout seul.
Si les gilets Jaunes continuent malgré tout de manifester, l’étape suivante serait la proclamation de l’état de siège et là, c’est l’armée qui rétablirait l’ordre (républicain).

Ce matin, Emmanuel Todd sur France Culture a réussi, malgré un présentateur qui lui coupait la parole à tout bout de champ, à dire qu’il ne fallait pas réclamer la démission de Macron parce que ce qui est le plus à craindre, c’est le coup d’état. Je l’ai compris comme ça : Macron étant trop limité intellectuellement pour se rendre à l’évidence et démissionner, il va vouloir rester au pouvoir à tout prix et donc devoir employer encore davantage la contrainte et la force pour mater tous ceux qui s’opposent à lui. Etat d’urgence, puis état de siège et dernier palier : Macron demande à son assemblée de le nommer Imperator et de lui remettre le pouvoir absolu. Au nom de la République.

Bien sûr, personne ne croit à ce scénario : la France n’est pas une quelconque dictature de pays de l’Est, dis donc ! c’est un grand pays de Gaulois irréductibles qui jamais ne se laissera faire ; Todd n’est qu’un agité du bocal, un extrémiste de la pensée (comme Michel Onfray ou Jean-Luc Mélenchon ?).


A la vérité, oui, je crois Macron capable du pire. Enfin, nous verrons ça dans les jours qui viennent…

dimanche 2 décembre 2018

Qui sont les casseurs ?

Les Gilets Jaunes, les médias n’en finissent plus de gloser sur l’essence de leur mouvement, d’analyser leurs motivations, de les accuser d’éco-irresponsabilité, d’être récupérés par le RN et par l’extrême-gauche, de faire semblant de ne pas comprendre ou de trop bien comprendre ce qu’ils veulent, de leur conseiller de se donner des leaders, et cetera. De soi-disant experts en toutes sortes de potages médiatiques et soi-disant scientifiques sortent de leur boîte pour parler de ces gens-là.

Déjà ça, ça énerverait n’importe qui, même la personne la plus pacifique, qu’on la transforme en rat de laboratoire et qu’on lui prête des intentions sans savoir. Du coup, à mon avis, le Gilet se reprend une dose d’adrénaline et en même temps un bol supplémentaire de motivation pour la prochaine manif.

Ce qui énerverait aussi le plus bonhomme des citoyens, c’est Macron (le fuyant), Philippe (le méprisant), Darmanin (le haineux), et tous les En Marche : à chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, leurs esquives, leur mépris, leur haine, envoient de nouveaux casseurs dans la rue. C’est mathématique, le théorème du cabot : si tu veux enrager ton chien, donne-lui des coups de pied.

Les casseurs, des professionnels de la castagne, nous dit-on, discréditeraient le mouvement. Les casseurs, c’est en effet bien pratique : télégéniques, avec les jolis feux en arrière-plan, on peut en diffuser les images des heures durant, s’en indigner, les condamner, plaindre et féliciter les forces de l’ordre, tourner autour du pot sans jamais regarder dedans.

Comme pour les dealers, les brûleurs de voitures, les djihadistes des banlieues pauvres et les sauvages indigènes de la Réunion, le gouvernement les catalogue comme séditieux professionnels (des gens dont ce serait donc le plaisir vicieux et le job de se battre avec les flics) et se contente de les condamner, mais ne veut surtout pas entendre pourquoi ils agissent comme ça.
La raison est forcément qu’il connaît la solution et ne veut pas la mettre en œuvre.

Je pense que les casseurs d’hier, 1er décembre 2018, ne sont pas autre chose que des gilets jaunes. Il y a juste un petit degré de différence avec ceux qui viennent défiler gentiment sur les Champs Elysées, même quand ça leur a été interdit. Comme il y a juste un degré de différence entre ceux-ci et les gens qui enfilent leur gilet et vont filtrer les voitures à un carrefour, puis entre ceux-là et ceux qui posent seulement un gilet jaune sur le tableau de bord, puis entre ces derniers et les gens qui restent à la maison mais affirment aux sondeurs qu’ils soutiennent le mouvement.
Comme il reste encore un petit degré de différence avec ceux qui ne soutiennent pas les gilets jaunes mais se disent : « Macron, merde, fais donc quelque chose pour que ça s’arrête ! »

Il y a cependant un point commun à tous (hormis les derniers cités, bien sûr) : c’est « Macron démission ». Pas besoin de délégués pour que ça s’entende. Ca signifie quoi ? Qu’ils veulent de nouvelles élections ; tout simplement. Ce n’est pas un mot d’ordre révolutionnaire, de rouges bolcheviks ou d’anarchistes sanguinaires.
Au contraire, le vote n’est une banale pratique démocratique. Alors, pourquoi la refuser ? Est-ce que Macron et son gouvernement auraient peur d’être désavoués par les urnes ? S’ils sont tellement sûrs d’avoir raison, qu’ils se soumettent au verdict démocratique. Quand la conjoncture et la situation de la start-up se dégradent, il faut savoir s’adapter, changer de direction, pour sauver la cohésion de la boîte.

Rigolo : j’entendais ce matin un officier de CRS se plaindre qu’il n’était pas là pour se faire matraquer par des casseurs. Je ne peux qu’être d’accord, puisque son boulot à lui, c’est au contraire de matraquer, de casser les manifestations qui ne plaisent pas au gouvernement, sinon pourquoi serait-il si lourdement armé.
« A cause des casseurs professionnels, justement…
- Justement, oui, les casseurs que le gouvernement ne veut pas écouter.
- Alors, toi, tu es pour les casseurs ? Tu les encourages ?
- Mais non, au contraire, je suis pour que les gardes-mobiles et les CRS arrêtent de casser du manifestant, qu’ils rentrent dans leurs foyers se reposer et laissent les gilets jaunes se planter devant l’Elysée jusqu’à ce que Macron apparaisse au balcon… Mais ça ne se peut pas, bien sûr : notre police est une police politique. Macron, c’est notre Maduro qui matraque et gaze son peuple. »



vendredi 30 novembre 2018

Se battre pour des emplois qui polluent, ça n’a plus de sens.

Le Luxembourg est un formidable pays ! Le gouvernement de ce formidable pays fait en ce moment un doigt d’honneur au gouvernement du grand pays qu’est la France.

Quand le gouvernement français refuse toute augmentation du SMIC, au nom de la compétitivité qui serait la seule façon de défendre l’emploi (on se marre, mais c’est tragique d’être aussi fourbe, et en même temps si bête), le gouvernement luxembourgeois va augmenter le SMIC de 100 euros par mois.

Quand le gouvernement français taxe les carburants, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique,  le gouvernement luxembourgeois continue sa politique du carburant bon marché qui vient encore de baisser à la pompe avec par exemple le gazole à 1 euro 09 centime.

Quand le gouvernement français laisse le CICE s’engloutir dans les poches de MM. Arnaud, Mulliez et compagnie, qui continuent dans leurs supermarchés de nous fourguer de la merdre à bouffer, le gouvernement luxembourgeois annonce un soutien direct et massif à son agriculture biologique. 
Le Luxembourg est donc formidablement écolo ! Il réclame d’ailleurs la fermeture de la centrale nucléaire de Cattenom, et se dit même prêt à payer pour. C’est fort, quand même !
Bon, avec les retombées de la pollution automobile, le bio a déjà du plomb dans la cuisse, même en admettant que le carburant luxembourgeois soit consommé pour la plus grande part en France et que le CO2 et autres gaz d’échappement ne traversent pas la frontière. Pour ce qui est des investissements luxembourgeois dans d’autres pays, on ne sait pas s’ils sont vraiment écolos, mais l’argent n’ayant pas d’odeur…

Quoi qu'il en soit, le Luxembourg est quand même un formidable pays pour se payer le luxe de refuser les 120 emplois directs, plus un wagon d’indirects, promis par le pollueur Knauf. Refusé justement, ce projet Knauf, parce qu’il faisait tousser les Grëngen, les écolos luxembourgeois.

La France est en revanche un grand pays misérable qui n’a pas les moyens de ce luxe ; la France n’a plus aucun choix, pas d’alternative : elle doit accepter les pires merdres industrielles, quel qu’en soit le prix. En Moselle Nord, il paraît même qu’on pleure à gros bouillons, qu’on mendie pour avoir de l’emploi, et quand on en trouve un peu, tout le monde en chœur se réjouit amèrement avec le président du conseil général : « Des emplois, des emplois, quelle chance ! ».

Allons, allons, qu’est-ce que c’est que 120 emplois sur bientôt 100.000 frontaliers français ? Ca ne pèse pas. 120 voitures de moins sur l’autoroute, ça ne pèse pas. De si maigres retombées fiscales, ça ne pèse pas.
Enfin, est-ce que les ouvriers français veulent vraiment travailler en France pour un SMIC de misère ? Est-ce qu’ils ne préfèrent pas s’exiler au Luxembourg, où ça paiera bientôt double ?
Pourquoi donc regretter les hauts-fourneaux, et se battre pour qu’ils rouvrent, alors qu’on était finalement heureux qu’ils aient arrêté de nous empoisonner avec leurs rejets aussi mortels qu’un cubilot de chez Knauf ?

Petite paie et pollution, voilà à quoi les travailleurs de la Moselle Nord, et de France en général, sont réduits. Ben oui, ils ne sont pas assez compétitifs : les charges sociales sont trop élevées, les salaires sont trop élevés, les normes environnementales sont trop contraignantes.
Et comme le gouvernement français continue de baisser les charges et les salaires (au regard de l’inflation) et s’assoit un peu sur les normes environnementales, il est prévisible que nous n’aurons plus jamais d’autres industries chez nous que les plus polluantes d’Europe, celles que les autres se paient le luxe de refuser. (Ah ben oui, l’Europe, il fallait bien que ça sorte. C’est tout de même le conseil des ministres de l’Union Européenne qui permet au Luxembourg de sucer le pognon des autres pays et de leur faire en plus un doigt d’honneur.)

Alors, franchement, pleurnicher pour avoir, côté français, une usine Knauf ou un haut-fourneau qui nous empoisonneront de toute façon, quel que soit le côté où ils se trouvent, sous prétexte d’emploi, ça n’a plus de sens.

Pour respirer un air propre, nous allons tous travailler au Luxembourg. Le problème des déplacements ? Allez. Ce sera tellement engorgé, tellement enfumé, qu’on sera enfin obligé de mettre des solutions sur la table (augmentation phénoménale de la taxe carbone !?). On va créer une super mégalopole Luxembourg Arlon, Longwy, Thionville, Trèves, dans laquelle aucune usine polluante ne sera admise. Ca sera plus grand que le grand Paris. On construira un métro qui desservira le moindre patelin qui sera lui-même noyé dans la grande cité. Tout autour, ce sera le désert, et outre-mer seront tous les pollueurs, qui enverront par conteneurs toute la bouffe et les biens dont nous aurons besoin… mais pas grave : nous auront du boulot !

Non, je déconne. Ça, c’est un cauchemar. On va simplement refuser Knauf et tous ces emplois pourris qui contribuent à nous tuer et on s’inventera un autre monde, ensemble, tranquillement… tant qu’on a encore une protection sociale qui laisse le temps de se retourner. Enfin ceux qui ont cette chance...

Point de vue : Pablo Servigne, collapsologue : https://youtu.be/kSVA5Q79Urc

mercredi 28 novembre 2018

L’écologie peut tuer !

La biodiversité, les écosystèmes, la qualité de l’air et la qualité de l’eau, le climat, la planète, l’humanité sont en danger. J’ai découvert ça il y a un demi-siècle, avec « L’An O1 » de Gébé et en lisant « La Gueule Ouverte » ; dès ma première fois, j’ai voté René Dumont, puis quelques autres écolos après lui.

Mais les Verts ont très vite été récupérés, ils sont entrés dans les partis traditionnels, ils ont participé à des gouvernements, ils ont mis du vin dans leur eau, ils ont baissé le froc en échange d’un peu du pouvoir et ont fini par devenir des politiciens politicards au discours parfois plus électoraliste qu’écologique.

A se compromettre ainsi, la pensée écologiste a peut-être gagné en visibilité et peut-être permis des mesures importantes pour atténuer les effets désastreux du libéralisme capitaliste économique, comme course sans fin au profit dans laquelle le souci de l’environnement et de la santé n’interviennent que comme dégâts collatéraux sans importance, mais elle s’est surtout reniée et dépréciée pour devenir peu à peu la caution de politiques qui avant tout visent à ne rien changer au modèle économique dès lors qu’il ne s’agit pas de l’étendre ou de l’endurcir encore.

L’écologie que le gouvernement prétend mettre au centre de ses préoccupations est en fait complètement dans la marge ; son budget et ses moyens en sont la preuve. Avec la Macronie, un seuil a en outre été franchi : l’écologie est maintenant une arme de classe contre les pauvres, contre les travailleurs, contre le peuple. Le devoir écologique en effet ne s’applique qu’aux pauvres, aux travailleurs, au peuple (les citoyens qui subissent tout sans jamais avoir voix au chapitre).

Les industries polluantes sont subventionnées, les porte-conteneurs et les avions cargo exonérés des taxes sur les carburants, les financiers investissent dans tout ce qui rapporte tout de suite et beaucoup et donc pas du tout dans les productions propres qui leur reviendraient certes trop cher, ce qui minorerait leur bénéfice, tandis que le monarque élyséen dépense sans compter, voyageant avec sa cour de par le monde en brûlant des tonnes de kérosène sans l’ombre d’un scrupule.

En même temps, les pauvres, les travailleurs, le peuple se voient taxés, pour la bonne cause, évidemment : fini le chauffage au bois, changez la chaudière ; finie la bagnole pas chère ; changez la voiture ; isolez vos maisons ; payez pour l’eau, payez pour l’air ; payez pour les erreurs du passé (l’amiante, le tout nucléaire), et cetera. Sauf que tout ça coûte des sous, beaucoup de sous.

Ceux qui ne comptent pas leurs sous peuvent se payer ce luxe de changer de voiture, de chaudière et de toiture et, en prime, se targuer d’être écolos. Oui, changer son mode de consommation et prétendre se soucier du climat, de la biodiversité, de la qualité de l’air et de l’eau, tout ça est un luxe que les pauvres, les travailleurs smicards, le peuple ne peuvent pas se permettre sans consentir au sacrifice d’autres pans de leur vie.

Polluer mais vivre d’une part, faire écolo mais crever d’autre part, ils n’ont pas d’autre alternative. C’est très précisément ce que la politique de Macron, soi-disant écologique mais véritablement de classe, comme dans l’Ancien Régime, met en lumière quand elle pousse les gilets jaunes dans la rue. Ce qui rend la pilule encore plus amère, c’est que les réfractaires à l’étranglement fiscal sont de surcroît accusés par Macron soi-même d’irresponsabilité, de destruction de la planète.

Cette politique met aussi en lumière la fourberie de ce pouvoir, et de Macron en personne, et leur bêtise quand pour préserver les mesquins intérêts de la classe des super riches, ils se tirent une balle dans le pied. Un jour, il leur faudra beaucoup mieux payer les CRS pour qu’ils restent fidèles au roi contre le peuple.

Ce matin, Yves Veyrier, du syndicat FO, était au micro de l’inénarrable tandem Demorand-Salamé de France-Inter. Comme d’habitude, ils avaient préparé une interview accusatoire, procédé journalistique désormais banal et célèbre qu'on ne connaît qu'en France (qu’on enseigne peut-être dans les écoles de journalisme ?) dont toutes les questions visent à obliger l’interviewé à se défendre ou à se renier afin de conforter dans l’esprit de l’auditeur que les opposants à la pensée gouvernementale pataugent dans de glauques marécages bassement politicards.

Veyrier l'a dit : il n’est pas contre le nucléaire, pas pour non plus. En fait, FO défend le nucléaire mais ne veut pas le dire trop fort afin que les écolos de tout-venant ne lui tombent pas sur le râble, tout en le disant assez fort pour que les gens qui travaillent dans le nucléaire l’entendent. On le lui fait donc répéter à dessein. 

Bon, le syndicat, c’est fait pour défendre les intérêts des travailleurs. L’intérêt des travailleurs, c’est leur salaire, leurs conditions de travail, pas beaucoup plus, et c'est déjà assez difficile à défendre. On ne peut par exemple être (ouvertement) pacifiste quand on bosse dans l’industrie de l’armement.

Les travailleurs ne se payeront le luxe de devenir écolos que lorsqu’ils n’auront plus besoin de compter leurs sous à partir du 15 du mois. (De la même façon, allez donc parler d’écologie aux enfants indiens qui par leur travail font survivre leur famille !) 
Alors, oui, cette situation génère pour les pauvres, les travailleurs, le peuple, tout un tas de dilemmes - par exemple, accepter n’importe quel boulot pour vivre un peu bien ou renoncer à un certain confort pour préserver sa santé -  qui de toute façon se résumeront à une souffrance, quelle que soit l'option choisie.

Si vous avez bien écouté Macron, et bien analysé tout le discours autour du phénomène des gilets jaunes, vous en avez forcément tiré une leçon : opposer emploi et travail au souci de l’environnement et de la santé, c’est une manière de diviser le peuple. Tomber dans ce piège, c’est donc d’une part, conforter la puissance du monarque, d’autre part laisser perdurer tranquillement le modèle économique qui est cause de cette contradiction.

Que les écologistes n’aboient pas avec le pouvoir contre les gens qui veulent juste défendre leur pouvoir d’achat et vivre dans une relative sécurité pécuniaire. Que les syndicats et les défenseurs de l’emploi ne soutiennent pas aveuglément les industries les plus polluantes sous prétexte qu’elles donnent du boulot.

Ces deux mondes doivent se rejoindre dans la même lutte, pour se comprendre, se compléter, affirmer la volonté de rechercher des solutions nationales, européennes, mondiales, universelles, même si elles ne sont d’abord qu’idéales et plus ou moins lointaines, mais pour le bien de tous. Le reste pourra se discuter point par point, au jour le jour. Pour ça, la France Insoumise a déjà un programme, l'Avenir en Commun. 

Ah oui, pour finir sur une note humoristique, une petite perle de Salamé, ce matin, disant au secrétaire de Force Ouvrière « Est-ce que les gilets jaunes ne font pas finalement la démonstration de votre inutilité ? » Vraiment, la pensée totalitaire est En Marche.


mardi 27 novembre 2018

Gilets jaunes, on ne discute pas avec Macron... !

Mardi, 27 novembre, 2018. Il est 9h30. Le président Macron, Emmanuel, va causer tout à l’heure aux députés et aux « corps intermédiaires ».

Il a déjà fait prévenir :
1. Ce n’est pas pour répondre aux gilets jaunes, c’était prévu de longue date.
2. Il ne reviendra pas sur la surtaxe du carburant. Sur tout le reste, non plus.
3. Les invités sont priés de l’écouter sans l’interrompre.
Il aurait mieux fait de twitter, ça nous coûte moins cher en petits fours et c’est tout à fait suffisant pour expliquer toute l’entendue de sa politique. Nous pouvons considérer que ce tweet a bien eu lieu, puisque les trois conditions énumérées ci-dessus apparaîtront en fin de compte comme le résumé de son allocution de tout à l’heure.

En même temps, le président des super riches ne peut pas faire autrement : tous ses riches amis, les grands patrons, les cadors de la finance, les actionnaires, le lâcheront pour un autre - genre inflexible, comme Fillon - s’il ne leur accorde pas encore davantage d’avantages, de privilèges, de parts du gâteau. Facile pour eux ! puisqu’ils possèdent tout - les outils de production, les médias, l’argent - et peuvent se permettre le chantage. En même temps, lui est un convaincu, qui fut naturellement d’abord un servile avant d’être admis dans la caste.

Le président des super riches ne peut donc pas reculer face aux Gilets. Ce serait perdre la face, mettre le doigt dans un engrenage qui l’obligerait à faire ensuite un tas de choses qui vont à l’encontre de ses convictions philosophiques, à savoir que l’élite du fric est légitime à se sucrer sur le dos des travailleurs qui, eux, ne sont que des riens.
L’important est pour le président des super riches de bien faire passer le message, avec tout le cynisme qui le caractérise et qui ne peut être que sciemment affiché de la sorte, quand par exemple, de l’étranger, il pérore que de toute façon les Français n’ont pas les moyens de manifester dans la durée, sous-entendu pas les moyens pécuniaires. Je dois reconnaître qu’il a raison. En même temps, si c’était le contraire, ils ne seraient pas dans la rue à manifester.

Bon. Admettons que les Gilets jettent l’éponge. Ce sera évidemment faute de soutien suffisant, parce que nous, toi et moi, seront restés le cul sur notre chaise à les regarder à la télé se prendre des lacrymos sur la tronche. Admettons que le président des super riches gagne ce bras de fer. Il ne va pas pouvoir s’empêcher de fanfaronner, comme d’habitude. Et ce sera un mauvais calcul parce que tout ça lui retombera sur le coin de la figure de toute façon, parce que rien n’est plus dangereux qu’un adversaire humilié ; les rancoeurs s’accumulent et un jour la cafetière explose. Je crois qu’en effet, on n’a encore rien vu en matière de violence.

Tiens ! Qu’est-ce que je disais ? Il est midi, et le président des super riches a encore parlé pour ne rien dire. La meilleure - mais ça doit être de l’humour, de sa part -, c’est l’annonce que les représentants des Gilets seront reçus au ministère de l’écologie. Oh putain ! S’il voulait montrer à quel point il méprise les gens, c’est exactement ce qu’il devait faire.
Le mouvement des Gilets n’est certainement pas un mouvement pour empêcher que soit sauvée la planète par le président des super riches qui caresse le grand idéal sans jamais le pénétrer, mais d’abord pour réclamer de quoi vivre décemment - trop trivial, sans doute. La vraie réponse du président aux Gilets, c’est qu’il n’a pas envie de leur répondre. A la place il veut les mettre en demeure de répondre, eux, de l’accusation de mise en danger de la planète. Tout ce qui sort de la bouche du président des super riches n’est qu’éructation, vomi et merdre.

Je serais représentant des Gilets, je n’irais pas écouter le sous-fifre de Rugy me tenir le même discours, je réclamerais que Macron vienne au balcon s’expliquer, et sa Marie-Antoinette aussi, qui est de tous ses voyages et qui se gave comme c’est pas permis. A supposer qu’il vienne, il viendrait la gueule enfarinée nous raconter encore comment il est un grand démocrate parce qu’il va y avoir des consultations pendant des mois sur la transition énergétique (à la va-vite proclamée grand thème prioritaire du quinquennat) et en même temps, il dirait qu’on continue comme avant.

Quoi faire contre un tel mur ? Certainement pas s’y cogner la tête en se lamentant. Faut arrêter de rigoler, le stade de l’entartage est dépassé depuis longtemps, ça mérite maintenant des baffes. A cet égard, « Macron, démission » est un excellent slogan, positif et constructif, parce que quand l’arbre est pourri, mieux vaut l’abattre.



mardi 20 novembre 2018

A propos d’ECO-TAXES !

Pour se faire élire, Macron avait promis une baisse des cotisations sociales et la suppression de la taxe d’habitation. Bon, il a commencé par augmenter la Contribution Sociale Généralisée, mais passons. Maintenant, on y est, la Sécu et les communes vont voir leurs recettes diminuer. Du coup, c’est la panique au ministère du budget : où trouver les sous pour compenser ? Et là, le gouvernement a fait une trouvaille géniale : augmenter les taxes sur le carburant.

« Mais ça va gueuler dans les chaumières ! » avait prévenu mon cousin qui bosse dans le cabinet d’Edouard Philippe (et qui par parenthèse a vu son salaire augmenté de 50%, mon salaud). « On dira que c’est une taxe écolo. Briefez tous les ministres, les députés LREM. Sur la com’. » avait répondu le premier ministre. Mon cousin avait raison : maintenant ils ont les Gilets Jaunes dans les pattes.

 Bref. Moi, j’ai dit à mon cousin :
« Tout ce bolobolo, c’est parce que vous n’êtes pas logiques.
- Comment ça ?
- Qu’est-ce qui fait du gaz à effet de serre, à part la bagnole ?
- Le chauffage des logements ?
- Ben voilà : pour être cohérents, vous auriez dû aussi augmenter les taxes éco sur le fioul, le gaz, le pétrole lampant, le bois d’affouage et l’électricité, ça aurait encouragé les gens à isoler leurs maisons. En même temps, vous auriez dû taxer à mort les laines de roche et de verre, ça aurait encouragé les gens à choisir un isolant moins polluant à produire.
Tu comprends ? Les gens auraient vu que pour vous, l’écologie, c’est du sérieux. Au lieu de ça, vous leur donnez 4,8 milliards de subventions sans demander quelle merde ils vont acheter avec. Alors quand vous taxez les automobilistes et pas les propriétaires de logements, normal que les premiers trouvent ça injuste, non ?
- Ah ben oui, mais si on fait ça, on aura en plus les proprios sur le dos !
- Faut savoir ce que vous voulez, mon vieux. Vous êtes écolos ou pas, chez les LREM ? Tiens, je t’en souffle une autre d’idée, qui reste dans votre logique : mettez une taxe éco sur tout ce qui n’est pas bio. Comme ça, vous encouragerez les mauvais Français qui bouffent de la merde à acheter bio - et français ! »

Je sais pas si j’ai réussi à troubler mon cousin. De toute façon, il n’a pas d’humour, il est con comme un balai, il a des œillères, des boules Quiès et un catéchisme macronidolâtre. Paraît qu’ils en reçoivent tous quand ils adhèrent à LREM. C’est pour ça qu’ils restent devant les Gilets Jaunes comme une conne de souris qui va se prendre dans une nasse : ils n’ont pas réfléchi avant, ils se sont plantés, mais ils ne savent pas faire autrement.

Je suis pas chien. Alors j’ai appelé mon cousin à Matignon et je lui ai dit : « Ce que disent les Gilets Jaunes, c’est qu’ils ne veulent pas bosser pour rien. Alors augmentez le SMIC. Passez le à 1700 euros net. Et vous allez voir comme ils vont payer leur éco taxe, isoler leurs logements et manger du bio. Parce que là, ils se sentiront riches, aussi riches que Carlos Ghosn ! Et tu diras aussi à Edouard qu’il ferait bien de virer illico ce voleur de la direction de Renault. Sinon, tu sais ce qu’on dit, hein : qui se ressemble s’assemble… »














La fin augmentation du poucvoir d’achat. Et ils peuvent

dimanche 18 novembre 2018

Gilets jaunes, jour 2

Ils ne pouvaient pas s'arrêter là. Le gouvernement aurait encore une fois gagné. Maintenant qu'ils y sont, ils se doivent même de continuer jusqu'à la mort... ou la victoire. Ca va être très dur. Parce que c'est toujours la même histoire : d'un côté le pouvoir, qui a tout son temps, avec les CRS pour taper et la justice pour condamner, de l'autre les gens qui, pour se défendre de la bande qui est en train de les tondre, sont obligés de commencer par perdre de l'argent dont ils ont tant besoin.

75% des Français soutiennent les gilets jaunes. Si l'on croit à la véracité des sondages, 25% ne se prononcent donc pas ou soutiennent les brigands de l'Elysée et de Matignon. Normalement, ça devrait suffire pour qu'ils se sauvent sans demander leur reste. Mais, eux,  restent, persistent et signent. toujours le même discours : on vous entend, mais on s'en fout, et vous allez en baver. On est dans le même cas de figure que le réferendum sur la constitution européenne, le refus de la démocratie. Rien que pour ça, tous ceux qui nous ont fait ce coup tordu devraient être pendus.

Faut dire que le peuple (la majorité) est un peu con, aussi. Il croit tout ce qui se dit à la télé, alors il se jette dans les bras de Macron sans chercher plus loin (pas le temps, qu'il dit... Fainéant, va !). A cet égard, je connais même des intellos qui ont moins de jugeote qu'un fox-terrier, voire qu'un Cyril Hanouna, et qui défendent encore Macron et son gang des détrousseurs de petits retraités. Oui, des bobos.

Mais maintenant, il y a le peuple qui en a marre et qui dégaine son gilet jaune. Sauve qui peut ! Les commentateurs serviles essaient d'éteindre l'incendie, mais comme les pompiers californiens, ils galèrent, s'épuisent, échouent : le mouvement sans leader va s'essouffler, le mouvement rappelle le poujadisme, le mouvement est soutenu par les extrêmes, le mouvement exprime une colère égoïste, le mouvement est anti-écologique (puisque Philippe a dit que l'augmentation du prix du carburant l'est). Et cetera.

Le mouvement, quoi qu'ils puissent en dire, existe, et peu importent les motivations des uns et des autres, il fait la démonstration, avec 75% de sympathisants, que le pouvoir est désormais en ballottage.

A suivre.

jeudi 15 novembre 2018

Gilets jaunes

Rigolo comme nom. Anecdotique ou historique ?

Les uns disent : c’est un mouvement citoyen spontané, il ne faut pas chercher à le récupérer.

Michel Onfray dit que les gilets jaunes sont le peuple qui renvoie dos à dos les politiciens tous pourris.

J’entends dire aussi par des journalistes : les partis (les extrêmes surtout) veulent récupérer le mouvement. Mais les journalistes rament. Ils rament même de plus en plus pour soutenir leur flagrant parti pris. Leur déontologie doit sacrément souffrir !

Le gouvernement, copieusement relayé par les médias, dit qu’il va sortir la batterie légale des sanctions. Attention, ceci est une menace, et on sera intraitable ! On va vous envoyer les CRS, on va vous traîner devant les tribunaux, vous allez payer cher. Elégant procédé qui va en décourager certainement quelques-uns.

Les médias, approuvés par le gouvernement, disent, la larme à l’œil,  que le blocage des routes va empêcher les gens de se rendre à la pharmacie, de se rendre au travail, que les pompiers et les ambulances seront retardées, que les petits commerçants vont perdre beaucoup  d’argent. Doivent avoir sacrément mauvaise conscience, les gilets, hein ?

Il y a déjà un moment, la radio nationale présentait par ailleurs une soi-disant leader des gilets jaunes, dame qui fait tourner les tables et invoque les esprits, histoire de montrer quels débiles sont ces gilets jaunes. Autre élégant procédé qui fait honneur à la nouvelle mission que certains donnent à cette profession.

J’écoute aussi le gouvernement faire comme si quelqu’un d’autre avait augmenté le prix de l’essence et que lui maintenant lutte comme un brave contre les effets de cette hausse. Quelle bande de cons, ce gouvernement qui croit que les gilets jaunes sont des demeurés !

Sur la question, on n’a pas entendu Nicolas Hulot, en vacances depuis sa démission, ni les Verts, mais le gouvernement a sorti son argument fatal, fatal pour lui-même : la taxe sur les carburants (finalement il avoue que c’est lui) est une taxe écologique. Vous complétez vous-même le syllogisme et vous concluez que les gilets jaunes sont contre l’écologie. Les salauds !

Ce que le gouvernement ne dit pas, mais que les gilets jaunes ont bien capté, c’est que le prochain budget du dit gouvernement, tout riquiqui qu’il est après les sabrages sans discernement qu’il a subis, ne sera jamais bouclé s’il ne nous est ponctionné rapidos quelques centaines de millions - et là, quoi de plus simple que de sucer le sang du travailleur qui n’a pas d’autre alternative que de prendre sa bagnole pour gagner sa croûte.

Bref, c’est la goutte d’essence qui fait déborder le jerrican. J’irais bien mettre moi aussi mon petit foutoir, mais je ne crois pas qu’il y ait de manif dans notre coin. Quelqu’un a dit de ça, mauvais, que c’est normal, parce qu’ici tout le monde achète son essence au Luxembourg : « Les frontaliers n’en ont rien à foutre non plus de la loi travail et de la réforme des retraites. Des qui parlent comme ça ne devraient même pas avoir le droit de voter en France. » Un peu excessif, le gars, mais on peut comprendre son raisonnement.

Rêvons que demain les gilets jaunes s’attirent davantage de sympathies que prévu et que même les gens qui n’oseront pas défiler ou bloquer les routes et prendront donc leur voiture, lèvent le pied, ralentissent, s’arrêtent complaisamment pour laisser passer la ronde les gilets jaunes tout autour du giratoire.

Si la manif réussit, une deuxième doit déjà être programmée, à moins que le gouvernement cède tout de suite… De toute façon, le gouvernement ne doit plus pouvoir gagner. Pour ça, il faudrait aussi que le mouvement spontané ait de la suite dans les idées, devienne moins spontané donc.


Let’s wait and see. 

vendredi 9 novembre 2018

Harcèlement, et cetera

Boum ! Le chiffre effrayant est tombé ces jours-ci : 1 élève sur 3 le matin, 1 sur 2 à midi (les journalistes ne sont plus à une blague près) est victime en France de harcèlement à l’école. En même temps - c’est louche, non ? -, le gouvernement lance une campagne de… enfin, annonce qu’il va… enfin, la création d’un site où trouver… euh… comment te démerder tout seul si tu en es victime. http://eduscol.education.fr/cid55921/le-harcelement-en-milieu-scolaire.html

Pour bien faire comprendre ce qu’est le harcèlement, la télé nationale a montré un gamin de petite classe expliquer que quand il demande à un autre de jouer avec lui, l’autre refuse. Ok. Là, j’ai bien compris ce qu’est le harcèlement. Donc, le maître qui oblige un enfant à se taire ou à faire son exercice de math (photocopié et à choix multiples) le harcèle.

C’est sans doute pour cette raison que les enseignants n’ont pas signalé plus tôt qu’un enfant sur deux se fait harceler dans leur classe et dans la cour, instaurant de fait une loi du silence qui, s’ils ne sont pas simplement négligents ou n’ont pas de la fiente dans les yeux à moins qu’ils craignent la réaction des parents violente du petit monstre harceleur, doit bien être pour arranger quelqu’un. Oui, mais qui ? Cherche à qui profite le crime, celui qui a un mobile.

Un sur deux ! Mais dans quelle société, dans quelle civilisation une telle proportion de violence sociale est-elle possible, présente, si banale ? Dans une société qui laisse la pauvreté matérielle, la misère culturelle, l’égocentrisme et la bêtise télévisuelle envahir le quotidien : la nôtre.

Bon, ça n’a même pas fait le buzz. Deux jours et c’est enterré. On passe à autre chose  - à moins que ça soit arrivé après ou pendant : avec les infos, on ne sait plus, il n’y a pas de suivi, pas de logique - : des immeubles qui s’écroulent à Marseille. Aussitôt s’en trouvent un peu partout en France. Encore des chiffres, en centaines de milliers. On savait ! Et on n’a rien fait. Normal, ça coûte un sac de pognon aux proprios de refaire à neuf, propre, vivable, pimpant. De toute façon, c’est que des colorés et des pauvres qui  s’entassent là dedans ; c’est bien assez bon pour eux.
Et les pouvoirs publics ? Rien fait non plus ! « Je ne savais pas » dit le maire de la ville ; et d’en appeler au gouvernement. Le gouvernement reste silencieux. Tiens, pourquoi ? Bon, allez, on ramasse les morts et on passe à autre chose.

Pétain : des heures et des heures de blabla entre les pour et les contre (faut remplir le temps d’antenne). Chacun campe sur ses tranchées, répète sans cesse la même chose, sans entendre l’autre, et nous, auditeurs, on a juste envie de zapper. Zut, c’est pareil sur les autres chaînes.
Trump : embêté par un journaliste qui veut une réponse à sa question, il l’insulte face aux caméras puis lui retire son autorisation d’exercer son métier. Ça se passe comme ça chez Onc’ Mickey ; si tu n’encenses pas le tsar, il t’écrase la gueule à coups de talon.

On aurait pu avoir des nouvelles de la manifestation des ambulanciers contre la loi qui va faire basculer toute leur activité dans le giron des grands groupes (vous allez voir que Leclerc va se lancer dans l’ambulance !), et que les CRS ont déménagés à l’aide de pelleteuses mécaniques - avec matraque et lacymo, bien sûr.
Ah, les vestes bleu marine ont bien du taf en ce moment… surtout pour tenir la foule à distance du président et lui éviter de se prendre une tarte à la crème dans la figure.


mercredi 26 septembre 2018

Ecole : je me répète comme l'histoire se répète.

Qu’est-ce que j’entends ? Le gouvernement envisage d’ajouter une nouveauté au programme de l’école élémentaire : l’apprentissage du bien manger ! Non mais, quelle connerie ! Ce ne sont pas les enfants qui préparent les repas, ni ne font les courses, ni eux qui décident de ce qu’on mange. Alors il faudrait peut-être s’adresser aux bonnes personnes, celles qui ont ce pouvoir, c’est-à-dire les parents. Non ?

Déjà qu’avec la sensibilisation à la sécurité routière, aux dangers domestiques, aux dangers de l’Internet, au tri sélectif, à la politesse, l’initiation à une langue (ou une culture ?) étrangère qui a fait la preuve de son inefficacité, plus l’apprentissage de la flottaison en piscine (une heure de trajet, dix minutes dans l’eau), du maniement de la souris et de je ne sais quoi d’autre encore, les profs n’ont plus le temps d’enseigner l’écriture, l’orthographe, la rédaction de texte, la belle langue, le calcul et la résolution de problèmes, voilà que le ministre (un haut-fonctionnaire qui sévissait déjà depuis des années au ministère), semblant ne pas se rendre compte de l’ampleur du désastre, rogne encore sur le temps des apprentissages fondamentaux.

Mais qu’est-ce qu’il fout l’autre, le médaillé Field, Cédric Villani, le conseiller spécial pour l’enseignement des mathématiques ? Pourquoi on ne l’entend pas hurler ? Il devrait pourtant, parce qu’au train où ça va, l’école va remplacer les parents pour tout ce qui est de la vie courante. Et pourquoi pas faire de l'éducation sexuelle, tant qu’on y est ? Alors là, nous, en Moselle, on serait gâtés, vu qu’on a déjà un créneau religion obligatoire ! Et quand est-ce que l’école a le temps de former des élèves capables de devenir mathématiciens, ingénieurs, techniciens, hein ?

Bof ! Quelle importance, après tout. Je suis dégoûté : il n’y a rien à faire ; ça fait quatre décennies que ça dure, que le niveau scolaire dégringole. Les vieux instituteurs, qui freinaient au début, ont été remplacés par des professeurs, mieux payés, formatés, complices (j'en ai fait partie, au début). Chaque nouveau test en témoigne : l’école française est dans les profondeurs du classement international. Et le mouvement s’accélère, de génération en génération, parents et profs étant eux-mêmes les produits d’une école au rabais. Les meilleurs élèves d’aujourd’hui n’arrivent pas à la cheville des meilleurs d’il y a vingt ans, qui eux-mêmes font pâle figure. Alors les derniers de la classe, vous pensez… Mais cela ne trouble guère nos brillants politiciens qui disent vouloir améliorer l’école et font exactement le contraire, enfonçant le clou avec une obstination propre à laisser pantois.

Si c’était mieux avant ? Eh bien, une chose au moins était mieux avant, quand l’école était du ministère de l’Instruction Publique : elle instruisait ; tout le reste, l’éducation et les choses de la vie, s’apprenait à la maison. Quand l’enfant réussissait à l’école, les parents savaient que c’était grâce à eux, et quand il n’y fichait rien, ils faisaient comme s’ils n’étaient pas responsables, en se disant que l’intelligence est une loterie. A la vérité, ceux-là n’avaient tout simplement pas le mode d’emploi de l’enfance. D’où la nécessité d’une instruction à la parentalité !

Il ne suffit pas en effet d’aimer son enfant pour faire son bonheur. Il faut aussi l’éduquer. Parent, c’est un boulot à plein temps et une responsabilité qui s’étend à tous les domaines de la vie sociale présente et future de l’enfant.

vendredi 31 août 2018

Chers parents d'élèves

C’est la rentrée. Comme toujours, pleine de bonnes résolutions. Le ministre en profite en effet pour faire sa pub. Je viens de voir au journal télé la nana dynamique, jeune et bien gaulée, à peine émoulue de son master des sciences de l’éducation, qui a été choisie pour venir expliquer au peuple à quel point l’école fonctionne bien et que vous n’avez donc pas besoin de vous faire de souci.
Cette année, le truc, c’est apparemment la classe de CE1 à 12 enfants en zone prioritaire. Pas grand-chose, en somme. Et puis les autres, pas prioritaires : tintin ! Sarko nous avait déjà fait le coup avec une petite binoclarde alerte qui expliquait que la lecture c’est B+A=BA, et rien d’autre. Depuis, on a vu ce qu’on devait voir : la révolution statistique ne s’est pas produite.

Les statistiques de l’école française sont en effet mauvaises, très mauvaises, pires même qu’il y a quarante ans, quand je suis sorti de l’Ecole Normale. Faut dire que depuis, il y a eu les maths modernes, la lecture globale, les photocop’s, l'informatique qui rend tout facile, la suppression des trois heures du samedi, l’abaissement général des connaissances requises à chaque niveau, l'abandon de nombre d'exigences (le beau langage, la belle écriture, par exemple), l’enfant au centre du système et autres désolantes billevesées. Résultat garanti : on a tiré tout le monde vers le bas mais on n’a pas fait remonter ceux qui arrivent à l’école handicapés par leur situation familiale ou socioprofessionnelle.
Il y a certes toujours des diplômés, des savants, des grosses têtes, et des qui finissent par décrocher un diplôme parce que leurs parents ont les moyens de payer longtemps la fac et les dépenses qui vont avec, mais il y a toujours la même part, trop importante, des élèves qui quittent l’école sans savoir ni lire, ni rédiger, ni calculer, ni comprendre le monde correctement. Sans culture, qu’ils sortent, c’est-à-dire démunis devant le politique, désarmés devant le patron.

Vous avez donc du mouron à vous faire… si vous comptez uniquement sur l’école et les enseignants pour faire apprendre votre enfant. Attention ! je ne vous parle pas de payer des cours privés de rattrapage ou de soutien. Ça peut être utile mais ce n’est vraiment pas l’essentiel.
La demoiselle de la télé disait que ça allait bien se passer parce qu’elle pourra mieux s’occuper de chacun des 12 enfants que des 20. Bien sûr, ça se passera mieux pour elle, mais ce n’est pas elle qui donnera envie à ces gamins de suivre avec assiduité son enseignement.
C’est qui alors ? C’est leurs parents, pardi. Si les parents n’accordent pas ou peu de valeur à l’enseignement, s’ils s’en désintéressent, s’ils font porter sur l’école toute la responsabilité des échecs et des succès de leur enfant, alors le maître ou la maîtresse pourront se mettre sur la tête, pondre des projets d’aide personnalisée tous plus fumeux les uns que les autres, même très bien s’occuper de l’enfant, il ne se passera rien dans 99% des cas.  
Si en revanche les parents attachent du prix à ce qu’on fait à l’école, s’ils suivent de près, au jour le jour, les apprentissages de leur enfant, tout en ayant une relation de confiance avec les maîtres, alors il y a toutes les chances pour que l’enfant profite de l’enseignement, s'en sorte avec les honneurs et participe à l'amélioration des stat's de l'école française.

Une dernière chose, une qui compte énormément : c'est la culture. Pas la confiture qu'on étale, pas la consommation de divertissements, pas la seule connaissance des arts, mais le goût de l'éclectisme, la curiosité intellectuelle, l'exercice de la raison, le réflexe de l'esprit critique, tout ce qui fait comprendre le monde et qui permet de maîtriser un peu son destin. Et là aussi, vous tenez le rôle principal.

Alors n’oubliez pas, les parents, que vous êtes davantage que n’importe qui responsables de la réussite de votre enfant. Si vous gardez ce principe présent à l'esprit, ça se passera vraiment bien.

Bonne rentrée !



jeudi 2 août 2018

Info-canicule

Pour ceux qui ne supportent plus les infos à la télé, en voici des nouvelles. Non, je ne suis pas maso, j’entretiens seulement, je nourris, ma motivation à militer pour changer ce monde passablement merdique.

Allons-y ! 2 juillet 2018, entre 19h35 et 19h50, ça y était : on avait atteint le pic… de la communication oiseuse et indigente faite exprès pour noyer le poisson de l’info - et nous avec. C’était sur France 3, une des carpettes à Macron, avec, à la matraque, notre bonne Lorraine, l’hettangeoise Carole Gaessler. Pouacre !

Deux accidents mortels en montagne, vite bâclés, le temps surtout de rassurer les touristes, qu’ils ne boudent surtout pas le canyoning, ni la Corse, ni la descente de glacier à pieds nus, ni le massif du Mont-Blanc, puis plus rien, rien d’autre que la canicule. Et pourtant, du micro-trottoir citadin au micro-plage d’un quelconque lac où ne vont que ceux qui n’ont pas les moyens de la Côte d’Azur, en passant par l’étuve des couloirs de l’hôpital public, ce n’était que du vent, du vent qui malheureusement ne rafraîchissait même pas l'atmosphère. Au contraire, elle m’a échauffé la bile, la Carole.

Parce que là tu assistes, médusé (car c’est à peine croyable qu’ils osent un truc pareil) à un bon quart d’heure d’un défilé de mouches du coche, toutes plus imbues et sérieuses les unes que les autres : d’abord tu as les experts en déshydratation, genre toubib, puéricultrice ou capitaine des pompiers, qui t’expliquent les uns et les autres, redondants, qu’il ne faut pas picoler, bien se mouiller au dedans et au dehors, et se mettre à l’ombre, voire squatter la clim des supermarchés, etcetera ; et là-dessus se pointe la ministre de la santé en personne ! Elle s’est déplacée jusque dans le midi, la brave, l’air grave et préoccupé, inquiète même ! (mais que pour les caméras, on n'est pas dupe)… mais elle n’a rien à dire, la pauvre (c’est qu’on avait annoncé que le gouvernement - et elle en premier - s’occupait du problème, mais en ce moment, ils n’ont pas le temps, avec Benalla, Macron qui se terre - boude, peut-être - et tout ça, vous comprenez…) alors madame Buzyn a fait seulement un petit coucou, elle a pris la température avec une mine doublement inquiète (oui, on voit bien qu’elle est surprise par la chaleur, la clim devait marcher trop fort dans son avion).

Bon, enfin, avec tout ça, tu comprends que nous, on est trop cons, pas capables d’inventer tout seuls le chemin de la soif au verre. 

Putain, ça fait chier. Combien de temps ça va encore durer ces infos de merde ?
Quoi ?
Quatre ans ?
T’es sûr ?
Putain, retiens-moi où je leur pose une bombe !



mardi 31 juillet 2018

Macron a tout compris

La majorité "des Français sont des veaux" : vous leur faites ce que vous voulez, ils ne réagissent pas.

Macron a donc raison de faire de l'autoritarisme, de garder son estime à Benalla, de se fiche de l'opposition, de faire danser sa majorité, de s'asseoir sur la démocratie, d'insulter les gens, de taxer les classes moyennes et les retraités, de sucrer aux pauvres ce qu'il leur reste d'aide sociale pour vivre un peu dignement, de détruire la sécurité sociale, de favoriser les assureurs, de faire des cadeaux aux riches, de laisser couler l'évasion fiscale, de livrer les salariés aux appétits des actionnaires, de vendre les "fleurons de l'industrie française", de mentir effrontément et d'en rire.

Du coup, il a raison, aussi, le chômeur qui ne reprend le boulot que juste avant d'être rayé des listes de pôle-emploi, celui qui bosse au noir, le faux-malade, le parasite de la sécu, le fainéant, le revendeur qui maquille des bagnoles ou qui importe des clopes en fraude, le squatter qui ne veut pas se payer un logement, le resquilleur de cinoche, le chouraveur de supermarché, le commerçant qui gruge le fisc, le dealer qui roule en Ferrari, le pilleur de coffres, le policier qui touche des pots de vin, le chirurgien qui se fait payer sous la table...

Parce que Macron est tellement sûr de sa police, de sa justice, de ses médias et de ses députés qu'il se permet de mépriser les Français, les modestes, et d'ignorer, moquer, censurer, réprimer toute opposition, il a également raison le gamin qui fait "Salut, Manu", le rigolo qui lance un œuf à la tête du président, le délinquant qui défonce la vitre de la banque, le manifestant qui jette un cendrier à la tête des CRS, l'activiste, le saboteur, le désespéré au bout du rouleau qui se fera exploser...

Non ? C'est pas la société que Macron veut ? Comme aux Etats-Unis : chacun pour soi, contre les autres, trime, trime de l'enfance à la mort, pour creuser ton trou...

Non, franchement, je trouve que la France est un pays où ça commence à sentir très mauvais.

jeudi 26 juillet 2018

36 chaînes, mais un seul JT

Voici, au cas où vous seriez en congé, des nouvelles du monde selon tous les journaux télévisuels.

Il y aurait de l’eau sur Mars.
Cette question de l’eau sur Mars dont on nous bassine depuis quelques années est-elle vraiment si passionnante ? Sans doute y a-t-il  aussi de l’eau sur Jupiter et Pluton, et sur la Lune et jusqu’au fin fond de la galaxie, et de l’univers. Et alors ? Quand est-ce qu’on y va, camper au bord du lac ?

C’est la canicule.
Par parenthèses, ça fait déjà un moment, mais enfin, c’était la coupe du monde, hein… Bref, il suffit de le dire pour que les Français s’en rendent compte : ils rentrent leurs vieux et ils se mettent à boire de l’eau. Grave ! Ca me donne une idée : si j’avais des sous, j’irais sur Mars, je mettrais son eau en bouteilles, je la ramènerais sur Terre et la vendrais aux gogos qui ne savent pas quoi faire de leur pognon et je deviendrais plus riche encore. Mais j’ai pas les moyens.

Affaire Benalla.
Le parti LR présenté unanimement comme chef de file de l’opposition. Les autres partis ont l’air de suivre. C’est que les propriétaires des chaînes, après avoir soutenu et encensé Macron, sont prêts à le jeter comme un vieux tampax et à le remplacer par un neuf, pourvu qu’il soit de droite et ultra-libéral. Faudrait surtout pas que La France Insoumise gagne en popularité !

Affaire Benalla.
« J’ai fait une grosse bêtise » fait-il semblant de confesser, le sbire de la présidence. En le voyant dans cette vidéo flanquer un coup de poing sur la nuque du méchant « gaucho », j’avais d’abord pensé que Benalla était du Front National. Que ce soit juste un pote à Macron me réjouit, je l’avoue. Marine, pour sa part, doit boire du petit lait. Comme punition proportionnée à sa faute, je propose qu’on le prive de dessert pendant une semaine.

Affaire Benalla.
Macron condamné à s’expliquer (sans s’expliquer), tout En Marchant et tout suant, dans des villages reculés des lointaines Pyrénées. Vraiment, on dirait une bête aux abois. Les journalistes devraient avoir pitié, le laisser tranquille, quoi. Mais peut-être qu’après tout, c’est ça qu’il veut, lui ?

Donald Trump lui a dit : « Merci, Jean-Claude. »
C’est évidemment parce que dans les négociations sur le libre échange EU - UE, Juncker a baissé le froc de l’Europe pour que les Allemands puissent encore vendre des bagnoles aux States. Autrement, je ne vois pas pourquoi Trumpy aurait eu l’air si joyeux. Ah, on est bien servi !

L’EPR a de nouveau des problèmes techniques.
Je sais plus lesquels - des joints, des soudures, des fissures ou des soucis de casseroles - mais ça commence à nous coûter cher, cette lubie.

Une bonne nouvelle ? Euh… Où ça en est avec le Parcoursup ?




mercredi 25 juillet 2018

Lettre ouverte à Monsieur le Président Macron

« Le seul responsable, c’est moi. » Eh bien, c’est enregistré, Manu. Tu avoues enfin que tu es responsable de tout.


En fait, écoutant ton discours, je comprends que tu n’es responsable de rien : Benalla n’a jamais bénéficié de tes largesses aux frais du contribuable et il t’a trompé « à l’insu de ton plein gré ». En revanche tu dis assumer la sanction, la seule chose qu’on n’irait pas te reprocher si elle était vraie. Arrête de te foutre de notre gueule, Manu.

Tu voulais faire ton courageux mais ton intervention n’avait rien du tout de courageux car c’est bien contraint et forcé que tu es sorti de ton hiératique mutisme - pas vrai ? Pour moi, ton discours avait plutôt le goût de l’amertume, et j’y ai senti aussi la rage du désespoir. J’ai en effet bien remarqué comme tu essayais de réprimer le tremblement de ta voix. Ah, comme ça a dû te faire mal de consentir à cet sorte de contrition.

Tu l’aurais fait devant le peuple, à la télé, par exemple, en disant « en effet, j’ai merdé, par pusillanimité, je demande pardon, mais j’ai compris la leçon… » ça aurait eu un peu de panache. On aurait compati, on y aurait même peut-être cru. Mais là, à la sauvette dans un cocktail, faisant de surcroît de l’humour, comme si les faits n’étaient pas sérieux, comme si le peuple n’avait pas besoin d’explications… à mon avis, tu auras beaucoup, beaucoup déçu.

Et alors quand tu lâches, comme on fait la nique ou un doigt d’honneur, « Qu’ils viennent me chercher », mon Dieu, comme c’est puéril ! Tu n’as pas pu t’empêcher, hein ? Napoléon de cour d’école, va. Cabotin, matamore ! Au lieu de faire amende honorable, tu continues de bomber le torse. Mais les chiens t’ont levé, Manu ; et vont tellement venir te chercher qu’ils finiront par te forcer, tout intouchable Président de la République que tu es.

Tu veux mon avis ? Ta gestion de cette affaire s’assimile à un suicide. Elle va même, par réaction, convertir un tas de gens à… l’idée d’une sixième république, tiens ! Alors un conseil : si tu veux un peu rattraper le coup, baisse d’un ton, hein !

Bien à toi




mardi 24 juillet 2018

On est… on est… on est les champions !

Ouais. Une semaine après, on dirait bien que le soufflé est déjà retombé. Tant Mieux.

Je n’ai pas suivi la coupe du monde, vu trois matchs pour faire plaisir à ma femme, à mon fils et à mon oncle Gérard. Parce que le foot en soi, l’affrontement des nations, ne m’intéressent pas. Mais quand je dis ça, les gens ne me croient pas, comme si l’engouement pour le « Mundial » était à l’être humain aussi irrésistible que respirer. Pourtant, les matchs et les résultats sportifs m’indiffèrent et, à vrai dire, m’ennuient.

Ce n’est pas que je n’aime pas le foot : c’est le sport en général que je n’aime pas. La pratique sportive, d’accord - pas dans n’importe quelles conditions - mais le spectacle, fût-il populaire, non. Je n’aime pas la place que le cirque sportif a pris dans notre société, et encore moins la manière dont il nous est vendu : éducatif, porteur de « valeurs », facteur d’intégration et reflet de la vitalité nationale.
Rien de tout cela n’est vrai. Le sport en club et le sport à la télé ne portent que des « valeurs » de division, le reste fait diversion. Pensez-y sérieusement, vous verrez ! Evidemment, tout est fait pour que le spectateur n’ait rien à penser. Le spectateur du sport lui-même réclame d’ailleurs qu’on lui épargne la peine de penser.

Bon, revenons à cette coupe du monde. C’est la France, tout de même, qui joue, me rappelle-t-on. Comme si ça pouvait me motiver ! D’abord, la France ne joue pas : c’est « l’équipe de France » qui joue. Quand la France joue, c’est qu’elle est en guerre avec un autre pays. C’est une autre dimension ! L’équipe de France de pétanque n’est pas la France. Celle de foot non plus.

Même en faisant des efforts, je ne pourrais pas être fier de l’équipe de France, comme je ne suis pas fier de la guerre menée par Sarkozy en Libye, et même pas fier des artistes et des héros que le monde nous envie. En fait, je ne me rappelle pas d’avoir été fier d’être français depuis ma sortie de l’adolescence. Parce qu’on ne peut éprouver de la fierté que pour les êtres et pour les choses à l’existence desquelles on participe soi-même. On ne peut être fier que de soi-même. Autrement, ce n’est pas de la fierté, c’est par exemple du chauvinisme…

Bon, revenons à cette coupe du monde de foot. Le plus dégueulasse et horripilant est la façon dont l’importance de l’événement est amplifiée, exagérée, par les médias. En particulier, ceux qui ont obtenu à prix d’or quelques droits de diffusion (ah, la FIFA, quels pirates !) car il leur faut bien capter le public.
Alors on nous explique, avant même que cela puisse advenir, que la France entière est enthousiasmée, captivée, par cette compétition et qu’il serait inconvenant que quelque mauvais esprit ne le soit pas. Et j’ai bien l’impression que ça a marché ; mais les Français sont des moutons de Panurge, n’est-ce pas.
Puis, cela établi, on nous fait de chaque événement, ou non événement (un mot d’entraîneur, un bobo de star, une action de jeu, une crotte de nez), un sujet de palabres infinies, commentaires sans fin avec les mêmes mots et les mêmes images… ad libitum.

Il n’ont pas de mots assez forts : « tout un peuple vibre avec les Bleus », « ils nous font rêver », « un match de folie », « un geste sublime », « les joueurs français sont des génies », « ils se sont transcendés », « nous sommes aux portes du paradis », etcetera. Comme disait le regretté, et néanmoins insupportable, Thierry Roland : « Après ça, on peut mourir tranquille. »
Images à l’appui, on nous montrait comment, à chaque but français, bondir de sa chaise, agiter les bras et les poings serrés, en beuglant, la bouche largement ouverte, puis chanter sur le même air, successivement, « on est les plus forts », « on est en finale », « on est les champions » tout en sautillant sur place. Ca me faisait songer à ces candidats de jeux télévisés qui lorsqu’ils gagnent se déchaînent pendant une minute, éructant, hurlant, toout secoués de spasmes : comme ils n’ont pas de mot pour dire la joie (à part « c’est cool »), il faut en faire la démonstration. Mais là aussi, ça ne se fait que sous l’œil de la caméra.
En vérité, ce que j’ai vu de ces supporteurs excités ne m’a paru que simulacre de joie, simulacre de communion avec les autres.

Et voilà que notre bon président, se secouant de même se dépêche de récupérer la victoire pour son compte, avec ce petit commentaire, comme quoi « le succès de l’équipe de France devra ruisseler sur… » - sur la France des gens de rien, fainéants, analphabètes et ivrognes ? Il nous prend vraiment pour des imbéciles. Dans la foulée, j’ai même entendu un zélé commentateur sportif affirmer que la victoire serait un point supplémentaire de PIB. Tout est bon pour faire monter la mayonnaise.

Tout ce battage dramatique vise à nous abêtir, à fondre nos individualités dans la foule sans conscience, le troupeau grégaire qui court là où courent déjà quelques-uns… à leur perte. Les jeux du cirque flattent toujours les plus bas instincts. Encore heureux que les fanatiques qui brûlent les voitures à Marseille ou montent sur le toit des voitures en stationnement à Moulins, où j’étais pendant la demi-finale, ne sont que minoritaires.

J’aurais préféré que l’équipe de France soit éliminée dès le premier tour, pas à cause d’eux, mais parce que ça nous aurait épargné tout ce dégueulis médiatique et les débordements qui l’accompagnent. J’avais préféré la Belgique en demi, puis la Croatie en finale : leur partition du jeu au moins était plaisante.
Mais l’essentiel est de gagner, n’est-ce pas. La triche peut faire partie du jeu (la divine main de Maradona !). Après, le business continue de plus belle. C’est ça que l’argent a apporté au sport, pas des valeurs.

Ah oui, au fait, c’en est où, l’affaire Benalla ?