jeudi 15 novembre 2018

Gilets jaunes

Rigolo comme nom. Anecdotique ou historique ?

Les uns disent : c’est un mouvement citoyen spontané, il ne faut pas chercher à le récupérer.

Michel Onfray dit que les gilets jaunes sont le peuple qui renvoie dos à dos les politiciens tous pourris.

J’entends dire aussi par des journalistes : les partis (les extrêmes surtout) veulent récupérer le mouvement. Mais les journalistes rament. Ils rament même de plus en plus pour soutenir leur flagrant parti pris. Leur déontologie doit sacrément souffrir !

Le gouvernement, copieusement relayé par les médias, dit qu’il va sortir la batterie légale des sanctions. Attention, ceci est une menace, et on sera intraitable ! On va vous envoyer les CRS, on va vous traîner devant les tribunaux, vous allez payer cher. Elégant procédé qui va en décourager certainement quelques-uns.

Les médias, approuvés par le gouvernement, disent, la larme à l’œil,  que le blocage des routes va empêcher les gens de se rendre à la pharmacie, de se rendre au travail, que les pompiers et les ambulances seront retardées, que les petits commerçants vont perdre beaucoup  d’argent. Doivent avoir sacrément mauvaise conscience, les gilets, hein ?

Il y a déjà un moment, la radio nationale présentait par ailleurs une soi-disant leader des gilets jaunes, dame qui fait tourner les tables et invoque les esprits, histoire de montrer quels débiles sont ces gilets jaunes. Autre élégant procédé qui fait honneur à la nouvelle mission que certains donnent à cette profession.

J’écoute aussi le gouvernement faire comme si quelqu’un d’autre avait augmenté le prix de l’essence et que lui maintenant lutte comme un brave contre les effets de cette hausse. Quelle bande de cons, ce gouvernement qui croit que les gilets jaunes sont des demeurés !

Sur la question, on n’a pas entendu Nicolas Hulot, en vacances depuis sa démission, ni les Verts, mais le gouvernement a sorti son argument fatal, fatal pour lui-même : la taxe sur les carburants (finalement il avoue que c’est lui) est une taxe écologique. Vous complétez vous-même le syllogisme et vous concluez que les gilets jaunes sont contre l’écologie. Les salauds !

Ce que le gouvernement ne dit pas, mais que les gilets jaunes ont bien capté, c’est que le prochain budget du dit gouvernement, tout riquiqui qu’il est après les sabrages sans discernement qu’il a subis, ne sera jamais bouclé s’il ne nous est ponctionné rapidos quelques centaines de millions - et là, quoi de plus simple que de sucer le sang du travailleur qui n’a pas d’autre alternative que de prendre sa bagnole pour gagner sa croûte.

Bref, c’est la goutte d’essence qui fait déborder le jerrican. J’irais bien mettre moi aussi mon petit foutoir, mais je ne crois pas qu’il y ait de manif dans notre coin. Quelqu’un a dit de ça, mauvais, que c’est normal, parce qu’ici tout le monde achète son essence au Luxembourg : « Les frontaliers n’en ont rien à foutre non plus de la loi travail et de la réforme des retraites. Des qui parlent comme ça ne devraient même pas avoir le droit de voter en France. » Un peu excessif, le gars, mais on peut comprendre son raisonnement.

Rêvons que demain les gilets jaunes s’attirent davantage de sympathies que prévu et que même les gens qui n’oseront pas défiler ou bloquer les routes et prendront donc leur voiture, lèvent le pied, ralentissent, s’arrêtent complaisamment pour laisser passer la ronde les gilets jaunes tout autour du giratoire.

Si la manif réussit, une deuxième doit déjà être programmée, à moins que le gouvernement cède tout de suite… De toute façon, le gouvernement ne doit plus pouvoir gagner. Pour ça, il faudrait aussi que le mouvement spontané ait de la suite dans les idées, devienne moins spontané donc.


Let’s wait and see. 

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