dimanche 2 décembre 2018

Qui sont les casseurs ?

Les Gilets Jaunes, les médias n’en finissent plus de gloser sur l’essence de leur mouvement, d’analyser leurs motivations, de les accuser d’éco-irresponsabilité, d’être récupérés par le RN et par l’extrême-gauche, de faire semblant de ne pas comprendre ou de trop bien comprendre ce qu’ils veulent, de leur conseiller de se donner des leaders, et cetera. De soi-disant experts en toutes sortes de potages médiatiques et soi-disant scientifiques sortent de leur boîte pour parler de ces gens-là.

Déjà ça, ça énerverait n’importe qui, même la personne la plus pacifique, qu’on la transforme en rat de laboratoire et qu’on lui prête des intentions sans savoir. Du coup, à mon avis, le Gilet se reprend une dose d’adrénaline et en même temps un bol supplémentaire de motivation pour la prochaine manif.

Ce qui énerverait aussi le plus bonhomme des citoyens, c’est Macron (le fuyant), Philippe (le méprisant), Darmanin (le haineux), et tous les En Marche : à chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, leurs esquives, leur mépris, leur haine, envoient de nouveaux casseurs dans la rue. C’est mathématique, le théorème du cabot : si tu veux enrager ton chien, donne-lui des coups de pied.

Les casseurs, des professionnels de la castagne, nous dit-on, discréditeraient le mouvement. Les casseurs, c’est en effet bien pratique : télégéniques, avec les jolis feux en arrière-plan, on peut en diffuser les images des heures durant, s’en indigner, les condamner, plaindre et féliciter les forces de l’ordre, tourner autour du pot sans jamais regarder dedans.

Comme pour les dealers, les brûleurs de voitures, les djihadistes des banlieues pauvres et les sauvages indigènes de la Réunion, le gouvernement les catalogue comme séditieux professionnels (des gens dont ce serait donc le plaisir vicieux et le job de se battre avec les flics) et se contente de les condamner, mais ne veut surtout pas entendre pourquoi ils agissent comme ça.
La raison est forcément qu’il connaît la solution et ne veut pas la mettre en œuvre.

Je pense que les casseurs d’hier, 1er décembre 2018, ne sont pas autre chose que des gilets jaunes. Il y a juste un petit degré de différence avec ceux qui viennent défiler gentiment sur les Champs Elysées, même quand ça leur a été interdit. Comme il y a juste un degré de différence entre ceux-ci et les gens qui enfilent leur gilet et vont filtrer les voitures à un carrefour, puis entre ceux-là et ceux qui posent seulement un gilet jaune sur le tableau de bord, puis entre ces derniers et les gens qui restent à la maison mais affirment aux sondeurs qu’ils soutiennent le mouvement.
Comme il reste encore un petit degré de différence avec ceux qui ne soutiennent pas les gilets jaunes mais se disent : « Macron, merde, fais donc quelque chose pour que ça s’arrête ! »

Il y a cependant un point commun à tous (hormis les derniers cités, bien sûr) : c’est « Macron démission ». Pas besoin de délégués pour que ça s’entende. Ca signifie quoi ? Qu’ils veulent de nouvelles élections ; tout simplement. Ce n’est pas un mot d’ordre révolutionnaire, de rouges bolcheviks ou d’anarchistes sanguinaires.
Au contraire, le vote n’est une banale pratique démocratique. Alors, pourquoi la refuser ? Est-ce que Macron et son gouvernement auraient peur d’être désavoués par les urnes ? S’ils sont tellement sûrs d’avoir raison, qu’ils se soumettent au verdict démocratique. Quand la conjoncture et la situation de la start-up se dégradent, il faut savoir s’adapter, changer de direction, pour sauver la cohésion de la boîte.

Rigolo : j’entendais ce matin un officier de CRS se plaindre qu’il n’était pas là pour se faire matraquer par des casseurs. Je ne peux qu’être d’accord, puisque son boulot à lui, c’est au contraire de matraquer, de casser les manifestations qui ne plaisent pas au gouvernement, sinon pourquoi serait-il si lourdement armé.
« A cause des casseurs professionnels, justement…
- Justement, oui, les casseurs que le gouvernement ne veut pas écouter.
- Alors, toi, tu es pour les casseurs ? Tu les encourages ?
- Mais non, au contraire, je suis pour que les gardes-mobiles et les CRS arrêtent de casser du manifestant, qu’ils rentrent dans leurs foyers se reposer et laissent les gilets jaunes se planter devant l’Elysée jusqu’à ce que Macron apparaisse au balcon… Mais ça ne se peut pas, bien sûr : notre police est une police politique. Macron, c’est notre Maduro qui matraque et gaze son peuple. »



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