mardi 18 décembre 2018

Le RIC serait un danger pour la démocratie !

Referendum d’Initiative Citoyenne ? Edouard Philippe ne serait pas contre. Enfin, il y réfléchit… Qu’il dit… Pour l’instant. Sauve qui peut quand même !
Car aussitôt les grandes ondes ont vidé leurs tripes en régurgitant l’armada de leurs experts afin que vite, ceux-ci nous expliquent que c’est une mauvaise idée.

C’est même, selon eux, une très mauvaise idée, le referendum, parce que cette idée doit nous faire peur.
(En réalité, bien sûr, c’est à eux qu’elle fait peur, et surtout à leurs maîtres. Mais chut ! Faisons semblant de ne pas le savoir.)

Qu’ils se rassurent donc : dans la bouche d’Edouard Philippe, le referendum n’a rien à voir avec l’idée que s’en font les gilets jaunes. Pour lui, il s’agirait évidemment de mettre en place une usine à gaz qu’il serait impossible d’allumer en vertu des principes que ce gouvernement-là illustre jour après jour avec obstination depuis son arrivée au pouvoir : tout changement doit immédiatement et en même temps annuler ce changement, sauf s’il prive un peu plus le peuple de pouvoir, ce qui n’est pas un changement en soi mais une simple aggravation de la situation existante.

Alors qu’est-ce qui leur fait tant peur dans le Referendum d’Initiative Citoyenne ? C’est tout simplement que l’initiative ne viendrait pas d’en haut mais du citoyen d'en bas ; c’est le citoyen lui-même qui gêne, c’est le peuple, avouent-ils, à mi-mot, avec un petit faux air de regret.
L’initiative citoyenne doit nous faire peur parce que le peuple des citoyens est dangereux.
Et là commence la démonstration destinée à nous rouler dans la farine.

Le peuple est dangereux parce que - axiome 1 -, tel un enfant, le peuple est capable, dans ses excès, de se faire du mal à lui-même.
Par referendum, disent-il, le peuple serait en effet capable de revenir à la peine de mort, par exemple ; le barbare ! Nos experts considèrent donc qu’il y aurait danger que la majorité des Français adhèrent demain à certaines thèses du Front National et que donc le fameux Front Républicain serait réduit à peau de zébu. C’est énorme ! Dans la foulée, sans hésitation, ils évoquent même l’ombre d’Adolf…
Le peuple pourrait aussi, par exemple, voter pour l’augmentation du SMIC, ou  pire, pour l’augmentation de l’ISF, ou pour la sortie de l’Euro. « Mon Dieu, mon Dieu, s’exclament-ils alors. Cela jetterait illico des tas de gens dans la géhenne du chômage. » Comme ils ont le souci du travailleur ! C’est touchant.

Donc, il faut protéger le peuple contre lui-même.
Et qui de mieux pour ça que ce grand sifflet d’Edouard Philippe qui, j’en suis sûr, avant les gilets jaunes se rêvait déjà notre prochain président. Mais là, Doudou, c’est foutu.

Et cela nous amène à formuler l’axiome deuxième : le peuple est dangereux parce que le peuple est con.
Il y a en effet des choses que le citoyen, qui pourtant est habilité à voter pour des incapables tels que Macron et Philippe, ne peut pas comprendre :
- par exemple, que baisser les salaires est une bonne chose car cela le rendrait plus compétitif face au travailleur indien qui bosse juste pour ne pas crever de faim ;
- par exemple, le citoyen ne pige pas que la subtile psychologie du milliardaire exige qu’on lui fasse des cadeaux pour qu’il consente à ne pas se barrer aux Caïmans, en passant pas le Luxembourg, avec le reste du fric qu’il a gagné sur notre sueur ;
- par exemple, le citoyen ne peut pas comprendre la fine mécanique économique qui fait que le gouvernement français, Macron en tête, s’oblige à baisser le froc devant l’Allemagne et qu’il ne faut surtout pas sortir de l’Euro dont le gouvernement allemand interdit toute dévaluation qui pourrait nous rendre compétitifs parce que ça ferait chuter les dividendes…

Et de conclure : le peuple est trop con pour juger de ces choses-là.

D’où l’axiome numéro 3 : seule l’élite, les énarques, et même le plus crétin des fils à papa, comprennent la complexité du monde et sont aptes à tout faire pour que surtout ce monde ne change pas, c’est-à-dire que l’argent continue de circuler toujours dans le même sens, vers leurs poches et les coffres-forts de leurs paradis fiscaux.

Voilà ce que disent ces experts en manipulation qui préparent ainsi déjà l’opinion à acquiescer lorsque Edouard Philippe présentera son projet de referendum impossible.

Si on grattait un peu, si on regardait dans le cerveau de ces soi-disant experts, on ne trouverait que de la fange malodorante : esprit borné, indigence intellectuelle, pensée unique, psittacisme, moutonnage, soumission aux puissants, veulerie, absence de déontologie, fourberie, mauvaise foi, mensonge, mépris de classe, et cetera.  On trouverait aussi qu’ils sont tous soit ex conseillers de Sarkozy, soit conseillers plus ou moins proches de Macron, soit employés de Bolloré, soit qu’ils bouffent tout simplement au râtelier des médias d’état.

Qui pourrait encore les prendre au sérieux ?






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