Referendum d’Initiative
Citoyenne ? Edouard Philippe ne serait pas contre. Enfin, il y réfléchit… Qu’il
dit… Pour l’instant. Sauve qui peut quand même !
Car aussitôt les grandes ondes ont
vidé leurs tripes en régurgitant l’armada de leurs experts afin que vite, ceux-ci
nous expliquent que c’est une mauvaise idée.
C’est même, selon eux, une très
mauvaise idée, le referendum, parce que cette idée doit nous faire peur.
(En réalité, bien sûr, c’est à eux
qu’elle fait peur, et surtout à leurs maîtres. Mais chut ! Faisons
semblant de ne pas le savoir.)
Qu’ils se rassurent donc :
dans la bouche d’Edouard Philippe, le referendum n’a rien à voir avec l’idée
que s’en font les gilets jaunes. Pour lui, il s’agirait évidemment de mettre en
place une usine à gaz qu’il serait impossible d’allumer en vertu des principes que
ce gouvernement-là illustre jour après jour avec obstination depuis son arrivée
au pouvoir : tout changement doit immédiatement et en même temps annuler ce changement, sauf s’il prive un peu plus le peuple de pouvoir, ce qui n’est
pas un changement en soi mais une simple aggravation de la situation existante.
Alors qu’est-ce qui leur fait tant
peur dans le Referendum d’Initiative Citoyenne ? C’est tout simplement que
l’initiative ne viendrait pas d’en haut mais du citoyen d'en bas ; c’est le citoyen
lui-même qui gêne, c’est le peuple, avouent-ils, à mi-mot, avec un petit faux air de
regret.
L’initiative citoyenne doit nous faire
peur parce que le peuple des citoyens est dangereux.
Et là commence la démonstration destinée
à nous rouler dans la farine.
Le peuple est dangereux parce que
- axiome 1 -, tel un enfant, le peuple est capable, dans ses excès, de se faire
du mal à lui-même.
Par referendum, disent-il, le
peuple serait en effet capable de revenir à la peine de mort, par
exemple ; le barbare ! Nos experts considèrent donc qu’il y aurait
danger que la majorité des Français adhèrent demain à certaines thèses du Front
National et que donc le fameux Front Républicain serait réduit à peau de zébu.
C’est énorme ! Dans la foulée, sans hésitation, ils évoquent même l’ombre
d’Adolf…
Le peuple pourrait aussi, par
exemple, voter pour l’augmentation du SMIC, ou pire, pour l’augmentation de l’ISF, ou pour la
sortie de l’Euro. « Mon Dieu, mon Dieu, s’exclament-ils alors. Cela
jetterait illico des tas de gens dans la géhenne du chômage. » Comme ils
ont le souci du travailleur ! C’est touchant.
Donc, il faut protéger le peuple
contre lui-même.
Et qui de mieux pour ça que ce
grand sifflet d’Edouard Philippe qui, j’en suis sûr, avant les gilets jaunes se
rêvait déjà notre prochain président. Mais là, Doudou, c’est foutu.
Et cela nous amène à formuler
l’axiome deuxième : le peuple est dangereux parce que le peuple est con.
Il y a en effet des choses que le citoyen,
qui pourtant est habilité à voter pour des incapables tels que Macron et
Philippe, ne peut pas comprendre :
- par exemple, que baisser les
salaires est une bonne chose car cela le rendrait plus compétitif face au travailleur
indien qui bosse juste pour ne pas crever de faim ;
- par exemple, le citoyen ne pige
pas que la subtile psychologie du milliardaire exige qu’on lui fasse des
cadeaux pour qu’il consente à ne pas se barrer aux Caïmans, en passant pas le
Luxembourg, avec le reste du fric qu’il a gagné sur notre sueur ;
- par exemple, le citoyen ne peut
pas comprendre la fine mécanique économique qui fait que le gouvernement
français, Macron en tête, s’oblige à baisser le froc devant l’Allemagne et
qu’il ne faut surtout pas sortir de l’Euro dont le gouvernement allemand interdit
toute dévaluation qui pourrait nous rendre compétitifs parce que ça ferait
chuter les dividendes…
Et de conclure : le peuple
est trop con pour juger de ces choses-là.
D’où l’axiome numéro 3 : seule
l’élite, les énarques, et même le plus crétin des fils à papa, comprennent la
complexité du monde et sont aptes à tout faire pour que surtout ce monde ne
change pas, c’est-à-dire que l’argent continue de circuler toujours dans le
même sens, vers leurs poches et les coffres-forts de leurs paradis fiscaux.
Voilà ce que disent ces experts en
manipulation qui préparent ainsi déjà l’opinion à acquiescer lorsque Edouard
Philippe présentera son projet de referendum impossible.
Si on grattait un peu, si on
regardait dans le cerveau de ces soi-disant experts, on ne trouverait que de la
fange malodorante : esprit borné, indigence intellectuelle, pensée unique, psittacisme, moutonnage,
soumission aux puissants, veulerie, absence de déontologie, fourberie, mauvaise
foi, mensonge, mépris de classe, et cetera.
On trouverait aussi qu’ils sont tous soit ex conseillers de Sarkozy, soit
conseillers plus ou moins proches de Macron, soit employés de Bolloré, soit qu’ils bouffent
tout simplement au râtelier des médias d’état.
Qui pourrait encore les prendre au sérieux ?
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