Ouais. Une semaine après, on
dirait bien que le soufflé est déjà retombé. Tant Mieux.
Je n’ai pas suivi la coupe du
monde, vu trois matchs pour faire plaisir à ma femme, à mon fils et à mon oncle
Gérard. Parce que le foot en soi, l’affrontement des nations, ne m’intéressent
pas. Mais quand je dis ça, les gens ne me croient pas, comme si l’engouement
pour le « Mundial » était à l’être humain aussi irrésistible que
respirer. Pourtant, les matchs et les résultats sportifs m’indiffèrent et, à
vrai dire, m’ennuient.
Ce n’est pas que je n’aime
pas le foot : c’est le sport en général que je n’aime pas. La pratique
sportive, d’accord - pas dans n’importe quelles conditions - mais le spectacle,
fût-il populaire, non. Je n’aime pas la place que le cirque sportif a pris dans
notre société, et encore moins la manière dont il nous est vendu : éducatif,
porteur de « valeurs », facteur d’intégration et reflet de la vitalité
nationale.
Rien de tout cela n’est vrai.
Le sport en club et le sport à la télé ne portent que des « valeurs »
de division, le reste fait diversion. Pensez-y sérieusement, vous verrez !
Evidemment, tout est fait pour que le spectateur n’ait rien à penser. Le
spectateur du sport lui-même réclame d’ailleurs qu’on lui épargne la peine de
penser.
Bon, revenons à cette coupe
du monde. C’est la France, tout de même, qui joue, me rappelle-t-on. Comme si
ça pouvait me motiver ! D’abord, la France ne joue pas : c’est
« l’équipe de France » qui joue. Quand la France joue, c’est qu’elle
est en guerre avec un autre pays. C’est une autre dimension ! L’équipe de
France de pétanque n’est pas la France. Celle de foot non plus.
Même en faisant des efforts,
je ne pourrais pas être fier de l’équipe de France, comme je ne suis pas fier
de la guerre menée par Sarkozy en Libye, et même pas fier des artistes et des héros
que le monde nous envie. En fait, je ne me rappelle pas d’avoir été fier d’être
français depuis ma sortie de l’adolescence. Parce qu’on ne peut éprouver de la
fierté que pour les êtres et pour les choses à l’existence desquelles on
participe soi-même. On ne peut être fier que de soi-même. Autrement, ce n’est
pas de la fierté, c’est par exemple du chauvinisme…
Bon, revenons à cette coupe
du monde de foot. Le plus dégueulasse et horripilant est la façon dont l’importance
de l’événement est amplifiée, exagérée, par les médias. En particulier, ceux
qui ont obtenu à prix d’or quelques droits de diffusion (ah, la FIFA, quels
pirates !) car il leur faut bien capter le public.
Alors on nous explique, avant
même que cela puisse advenir, que la France entière est enthousiasmée,
captivée, par cette compétition et qu’il serait inconvenant que quelque mauvais
esprit ne le soit pas. Et j’ai bien l’impression que ça a marché ; mais les
Français sont des moutons de Panurge, n’est-ce pas.
Puis, cela établi, on nous fait
de chaque événement, ou non événement (un mot d’entraîneur, un bobo de star, une
action de jeu, une crotte de nez), un sujet de palabres infinies, commentaires
sans fin avec les mêmes mots et les mêmes images… ad libitum.
Il n’ont pas de mots assez
forts : « tout un peuple vibre avec les Bleus », « ils nous
font rêver », « un match de folie », « un geste
sublime », « les joueurs français sont des génies », « ils
se sont transcendés », « nous sommes aux portes du paradis »,
etcetera. Comme disait le regretté, et néanmoins insupportable, Thierry
Roland : « Après ça, on peut mourir tranquille. »
Images à l’appui, on nous montrait
comment, à chaque but français, bondir de sa chaise, agiter les bras et les
poings serrés, en beuglant, la bouche largement ouverte, puis chanter sur le
même air, successivement, « on est les plus forts », « on est en
finale », « on est les champions » tout en sautillant sur place.
Ca me faisait songer à ces candidats de jeux télévisés qui lorsqu’ils gagnent
se déchaînent pendant une minute, éructant, hurlant, toout secoués de spasmes :
comme ils n’ont pas de mot pour dire la joie (à part « c’est cool »),
il faut en faire la démonstration. Mais là aussi, ça ne se fait que sous l’œil
de la caméra.
En vérité, ce que j’ai vu de
ces supporteurs excités ne m’a paru que simulacre de joie, simulacre de
communion avec les autres.
Et voilà que notre bon président,
se secouant de même se dépêche de récupérer la victoire pour son compte, avec ce
petit commentaire, comme quoi « le succès de l’équipe de France devra
ruisseler sur… » - sur la France des gens de rien, fainéants, analphabètes
et ivrognes ? Il nous prend vraiment pour des imbéciles. Dans la foulée, j’ai
même entendu un zélé commentateur sportif affirmer que la victoire serait un
point supplémentaire de PIB. Tout est bon pour faire monter la mayonnaise.
Tout ce battage dramatique
vise à nous abêtir, à fondre nos individualités dans la foule sans conscience,
le troupeau grégaire qui court là où courent déjà quelques-uns… à leur perte. Les
jeux du cirque flattent toujours les plus bas instincts. Encore heureux que les
fanatiques qui brûlent les voitures à Marseille ou montent sur le toit des
voitures en stationnement à Moulins, où j’étais pendant la demi-finale, ne sont
que minoritaires.
J’aurais préféré que l’équipe
de France soit éliminée dès le premier tour, pas à cause d’eux, mais parce que
ça nous aurait épargné tout ce dégueulis médiatique et les débordements qui
l’accompagnent. J’avais préféré la Belgique en demi, puis la Croatie en
finale : leur partition du jeu au moins était plaisante.
Mais l’essentiel est de
gagner, n’est-ce pas. La triche peut faire partie du jeu (la divine main de
Maradona !). Après, le business continue de plus belle. C’est ça que
l’argent a apporté au sport, pas des valeurs.
Ah oui, au fait, c’en est où,
l’affaire Benalla ?
Certes, abêtir, mais aussi ratisser un maximum de fric dans les produits dérivés (drapeaux, perruques ...) et dans les retransmissions télévisées. Les média ont bien rempli leur rôle de rabatteurs et les marques peuvent les en remercier.
RépondreSupprimerQuant à l'affaire Macron Benalla, après ce soufflet notre éliséen reste camouflé. Tout juste s'est-il fendu, en petit comité, d'une évidence: il est le seul responsable.
Ce monarque-là ressemble de plus en plus à Henri III.
Alain