vendredi 22 décembre 2017

La farce de l’info - 2. Confiscation de liberté pour tous

Toujours Bourdieu, en 1996, à propos de son travail de recherche au CNRS : 
« Nous sommes des fonctionnaires de l’humanité, payés par l’état, et il fait partie de nos obligations de restituer ce que nous avons acquis. » 
Bourdieu affirmait donc ainsi l’existence d’une éthique du fonctionnaire chercheur, et lorsqu’il publiait ses analyses du fonctionnement de la télévision, il espérait sans doute que cela favoriserait une réflexion, mènerait à une prise de conscience et à terme à une correction des défauts, dérives et dangers qu’il relevait. Pour cela, il eut fallu qu’il passât à la télévision et qu’il n’y fût pas descendu en flammes.

En vérité, Bourdieu n‘était pas un naïf. Prévoyant que son ouvrage, trop critique à l’égard de la télévision et en particulier du journalisme de télévision, serait mal reçu et que le milieu télévisuel, afin de s’en défendre, n’en tiendrait tout simplement aucun compte, il prophétisait même :
« J’ai toutes les raisons de craindre que mes analyses ne servent surtout qu’à alimenter la complaisance narcissique d’un monde journalistique très enclin à porter sur lui-même un regard faussement critique. »
Comme il était encore au-dessous de la vérité ! Le journaliste de télévision se pose en effet toujours en juge et en partie du simple fait que c’est lui qui décide seul de l’information qui doit être reçue du téléspectateur. Donner à entendre une critique à son propre égard saperait en effet sa crédibilité, et il s’en suivrait inévitablement une baisse de l’audimat. Nous savons que, pour quiconque fait de la télé, toute baisse de l’audimat a pour conséquence immédiate la disparition des écrans. Le journaliste de télévision (qui tient à son job, bien payé) est donc logiquement condamné à avaler des couleuvres, à épouser la ligne rédactionnelle de sa chaîne, à se soumettre aux ordres de l’actionnaire principal de sa chaîne. C'est pour ça qu'il est bien payé.
En 20 ans, rien ne s’est passé, la situation s’est même plutôt aggravée, car il est impossible aujourd’hui d'adresser la moindre critique à un journaliste. Soit il vous coupe lui-même au montage, soit il vous démolit au montage. C’est là son pouvoir. Toujours sous l’œil bienveillant de son patron !

A ce stade, dit Bourdieu, « il est important de savoir que NBC appartient à General Electric, que CBS est la propriété de Westinghouse, que ABC est la propriété de Disney, que TF1 est la propriété de Bouygues… Il est évident qu’il y a des choses qu’un gouvernement ne fera pas à Bouygues, sachant que Bouygues est derrière TF1. Ce sont là des choses tellement grosses et grossières que la critique la plus élémentaire les perçoit. […] s’exercent les censures de tous ordres qui font de la télévision un formidable instrument de maintien de l’ordre symbolique. »
Aucun journaliste de télévision ou de radio n’est libre. Le problème, c’est qu’il prétend le contraire. Il ne dit pas pour qui il roule, qui lui donne des ordres, ni à qui il se doit de plaire ; il se réclame toujours haut et fort d’une déontologie qu’il se voit obligé de piétiner chaque jour, il se prend pour un contre-pouvoir alors qu’il est au contraire au service d’un pouvoir, celui du parti qui gouverne, celui des financiers qui le paient.

Et nous y voilà, au « maintien de l’ordre », pas seulement symbolique car le journalisme des grands médias populaires est aujourd’hui une police de la pensée et le journaliste un CRS de l’ordre établi. « Circulez, y a rien à voir ! »

à suivre


mardi 28 novembre 2017

La farce de l’info - 1. Télévision = danger

Accalmie dans mon emploi du temps : je reviens. Partageons une lecture. En 1996, Pierre Bourdieu, sociologue, écrivait "Sur la télévision". En voici quelques extraits, avec mes commentaires. 

« La télévision […] fait courir un danger très grand aux différentes sphères de la production culturelle, art, littérature, science, philosophie, droit ; »
Et en effet, l’essentiel des programmes aux heures de grande écoute (quand les gens rentrent crevés du boulot) est désormais composé de divertissements dans lesquels la connaissance de la télé fait office de culture générale, de séries policières qui se copient mutuellement, de rediffusions, de talk-shows où l’on passe son temps à se couper la parole et à se moquer d’autrui, d’émissions de téléréalité où chacun vient se présenter tel qu’il est, avec son langage, fût-il grossier, son vocabulaire, fût-il indigent, ses idées, fussent-elles limitées à la considération des choses les plus vulgaires, le choix d’une confiture ou les effets de la gueule de bois. Ajoutez à cela les innombrables et interminables séquences de publicité, elles-mêmes devenues bêtes, comme si elles s’adressaient désormais à un public de crétins qu'elle a contribué à crétiniser, et vous voyez ce qui reste pour l’information et la production culturelle. Ca n’élève pas le niveau d’intelligence du téléspectateur ; bien au contraire, ça le plombe.

« […] je crois même que, contrairement à ce que pensent et à ce que disent, sans doute en toute bonne foi, les journalistes les plus conscients de leurs responsabilités, elle [la télévision] fait courir un danger non moins grand à la politique et à la démocratie. »
Ceci demande bien sûr éclaircissement. D’où les citations à venir. Mais un mot d’abord : je trouve Bourdieu très gentil avec les journalistes quand il leur prête cette sorte de naïveté de croire qu’ils font bien leur boulot quand ils subordonnent le contenu de leurs émissions à l’audimat, quand ils omettent sciemment de donner l’information qui gênera le propriétaire de la chaîne qui les emploie, quand ils fournissent les questions de l’interview à Macron et tendent piège sur piège à Mélenchon, tout en évitant de trop égratigner le FN, quand ils citent les gens hors contexte afin que le téléspectateur (ce bœuf !) interprète dans le sens qu'ils estiment correct, quand ils répètent bêtement comme des moutons de Panurge ce qui a paru un scoop ou un beuze sur une autre chaîne, quand ils dramatisent le moindre événement au détriment de sa compréhension, quand ils font mine qu’un micro trottoir vaut sondage d’opinion, etcetera. C’est tellement gros que s’ils ne se rendent pas compte par eux-mêmes que leur déontologie professionnelle est restée au vestiaire, c’est qu’ils sont vraiment cons. Ce que je ne crois pas. Ce sont donc plutôt des salauds.

« Le discours articulé [qui] a été peu à peu exclu des plateaux de télévision - la règle veut, dit-on, que dans les débats politiques aux Etats-Unis, les interventions n’excèdent pas sept secondes - reste en effet une des formes les plus sûres de la résistance à la manipulation et de l’affirmation de la liberté de pensée. »
Le discours articulé ! C’est-à-dire la démonstration, qui s’appuie sur la raison, sur la logique. La confrontation des discours intelligents, voilà ce qui a été supprimé de la télévision - pas le temps pour, pas désirée non plus - au profit de la manipulation et de la négation de la liberté de pensée. Ce que le téléspectateur doit retenir, c’est la petite phrase, la blague, la saillie, le mot qui choque, la promesse gratuite, le sourire et la grimace... N’essayez pas de convaincre, de justifier, d’argumenter à la télévision, on vous coupera immédiatement la parole pour vous balancer un truc qui n’a rien à voir. C’est comme ça que Macron a été élu, épargné, choyé, vendu par la télévision, sans que jamais il ait eu à démontrer comment il allait compenser les baisses des charges sociales patronales et de la taxe d’habitation, tandis que La France Insoumise détaillait le financement de son programme pendant cinq heures sur Youtube - mais ça, les téléspectateurs n’ont même pas eu le droit de savoir que ça existait.


A suivre

dimanche 29 octobre 2017

A chaud (ou presque) : Petit Papa Noël, selon Saint-Macron.

Macron est allé en Guyane pour se foutre de la gueule des gens : « Je ne suis pas le Père Noël » a-t-il dit aux sinistrés de la République qui attendaient de l’état français qu’il remplisse sa mission de solidarité. Mais bien sûr, Macron pense que l’état n’est pas là pour aider les pauvres à s’en tirer pas trop mal, il pense que l'état est fait pour aider les riches à s’en tirer encore mieux. Démonstration.

On peut se demander, par exemple, si cette nouvelle sortie est un aveu d’impuissance ou carrément un pied de nez.
Côté impuissance, oui, oui, d’accord, l’état est super endetté (paraît-il), et alors le pauvre Macron, malgré toute sa bienveillance pour les pauvres gens des dom-tom ne peut pas leur donner de l’argent pour créer une université, ou des emplois dans les hôpitaux, ou dans la police, ou pour soutenir l’activité économique, etcetera, puisqu’il n’en a pas, de l’argent, le pauvre. D’où son « Je ne suis pas le Père Noël ». Logique.

Là où ça fait pied de nez, foutage de gueule, c’est quand on compare ce « niet » sec et méprisant avec les cinq milliards (5.000.000.000) d'euros de cadeaux fiscaux qu’il fera aux riches au cours de l’année qui vient (soutenu par une assemblée de députés EM juste élus pour bouffer au râtelier). Ah oui, ça vous reste en travers du gosier, les Guyanais, hein ?

Ben à moi aussi ! Je suis franchement dégoûté, parce que moi, qui ai été journaliste à la télé, je fais partie des riches, comme l’a si bien dit Macron lors de sa dernière causerie sur TF1 à mes ex-collègues… Je ne demande que ça, pas gagner plus, juste être considéré comme riche ! Mais putain, vous savez quoi ? J’ai même pas eu droit à la moindre réduction d’impôts, contrairement à Bernard Arnaud, à la famille Bettencourt, à Gattaz, à Bouygues et Bolloré et à tous les autres qui ont vu leur ISF se réduire comme glace au soleil. C’est pas juste, merde ! Si je suis riche, moi aussi, je veux en profiter !

Quoi ? Les pauvres ? Qu’ils n’exagèrent pas, hein, ils ont déjà les compagnons d’Emmaüs, le Secours Catholique, le Secours Populaire, les Restaus du Cœur, ATD quart-monde, l’Armée du Salut, les Petites Sœurs des Pauvres, la Croix Rouge et j’en passe. Alors, ça fait un peu beaucoup, hein, comme Pères Noël.


En fait, Macron, c’est Marie-Antoinette, la bouche pleine de brioche, qui repousse du pied les manants venus lui réclamer du pain : « Fais pas chier. Va juste bosser, puis crève. »

lundi 16 octobre 2017

La comédie du pouvoir - 16.5 La-France des saloperies faites en notre nom

La-France serait grande par son histoire et par sa culture. On nous a gonflés avec ça, et on continue, car il faut qu’on soit orgueilleux, prêt à défendre « nos valeurs », l'honneur de la patrie. En France, tout est meilleur qu’ailleurs, pas vrai ? puisque le monde entier nous envie nos paysages, notre gastronomie, nos artistes, la beauté de notre langue, notre régime de protection sociale... « Glücklich wie Gott in Frankreich ! » disaient les Allemands, paraît-il, avant de perdre la boule. 
Cette supériorité nous autorise à toiser, voire mépriser, les Allemands, les Italiens, les autres pays en général, qui nous le rendent bien et qui, en définitive, sont comme nous, orgueilleux de leurs particularismes, de leur auto proclamée grandeur.

Charlemagne est notre ancêtre, n’est-ce pas ? Charlemagne était donc français avant l’heure, comme l’étaient les Gaulois. Sauf que Karl der Grosse est revendiqué aussi par les Allemands. Ceci dit, le gars parlait en fait un genre de luxembourgeois (selon les défenseurs du platt). Si on s’arrache Charlemagne, c’est parce que dans ce personnage il y a quelque chose de glorieux : son empire. Un grand pays, c’est toujours un empire. C’est pour ça que les Grecs et la Macédoine se disputent actuellement Alexandre, encore un grand, parce qu’il avait « bâti un empire ». Nous, les Français, on a eu notre empire avec Napoléon, et même avant lui, avec nos colonies.

L’empire est constitué quand plusieurs pays sont soumis à un seul. Ca se fait toujours par le glaive ou le canon. Mais jamais on ne demande leur avis aux peuples, l’empire naît seulement des intérêts des puissants. Une rapide analyse montre même que le moindre pays existant aujourd’hui est toujours né des intérêts de quelque monarque, ou de quelque oligarchie - roitelets devenus grands par les conquêtes militaires faites pour eux-mêmes, pour accroître leur territoire et leur trésor, comme par exemple, le roi des Belges à qui appartenait en propre le Congo Belge.

Sont-ce les peuples qui désirent des empires ? Je ne crois pas, les peuples veulent vivre en paix, confortablement, la panse pleine, sans souci du lendemain. L’avancée des colons pauvres dans le Far-West aurait pu être une expérience sociale nouvelle, extraordinaire. Il y avait de la place pour tous, à côté des « Indiens » qui les ont même bien acceptés au début. Là où les sauvages ne voulaient pas des blancs, ceux-ci n’y allaient pas. Mais les capitalistes, dont le métier est de piller les richesses partout où elles se trouvent, ont vite sabordé toute velléité de partage et de paix. De l’or, du pétrole, du manganèse, du cuivre, du bois, tout justifie qu’on élimine les indigènes gêneurs.

Toute l’histoire humaine est ainsi faite de ces massacres ignobles. La France est elle-même composée d’ex-provinces toutes soumises par la force au pouvoir central. Relire « Les Chouans ». Provinces elles-mêmes issues de la réunion des possessions que quelque noble prince aura gagnées par le sang et les larmes. 
Les rois et la noblesse dissous, la bourgeoisie triomphante a pris la relève. Après la Révolution Française, comme après l’URSS, les oligarques d’aujourd’hui sont les descendants des capitalistes de l’ancien régime, parce que le fond du système n’a pas changé : la monnaie continue d’être thésaurisable et le travailleur continue d’être spolié.

C’est pour cette raison que La-France peut à présent se vanter de sa fine culture, de ses artistes, de ses auteurs, de son architecture... comme d’ailleurs n’importe quel pays d’Europe ou du monde où une caste armée a dominé le grand nombre des producteurs sans défenses. Toute cette culture, toutes ces œuvres d’art, ces chefs d’œuvre, n’ont été possibles que par l’exploitation du travail et l’accaparement des biens et des moyens de production. Des millions d’heures de travail, pour créer Versailles, c’est merveilleux ! s’extasie-t-on. Merveilleux aussi, tous les morts sous la charge, à cause des cadences infernales, du fouet, du mauvais traitement, du mépris, de la misère entretenue ? Qu’importe ! Versailles, gloire de la royauté absolue, la République le revendique. Quelle ironie !

Pareillement ironique : La-France a accouché des Droits de l’Homme et du Citoyen pour… ne pas se les appliquer. Combien de fortunes actuelles trouvent en effet leur l’origine dans la traite et l’exploitation des esclaves africains ? Est-ce que les habitants laborieux de La-France avaient voulu ça ? Je ne crois pas. Et quand notre grand homme, Napoléon, le malade qui a embarqué son pays dans une guerre contre toute l’Europe, a assassiné Haïti par les armes et par le blocus qui s’ensuivit, est-ce que le peuple français était pour ça ? Je ne crois pas. Le peuple, il s’en fichait, il voulait juste la paix et du pain, et ce n’est pas la révolte des esclaves haïtiens qui le lui aurait retiré, le pain, mais plutôt ses propres compatriotes, ceux de la bourgeoisie française, puisqu’ils le lui volaient déjà. Relire « Les misérables ».
Et après, les mêmes bourgeois, par la bouche de leurs thuriféraires, nous rejettent la faute, sous prétexte que nous serions bien contents d’avoir du café, des bananes, du cacao, des téléphones portables…

On ne va pas multiplier les exemples, il y en a trop. La grandeur de la France, y compris en ce moment, n’est pas meilleure que celle des autres pays : découlant de la seule cupidité de la caste dominante, ça ne vaut pas le coup que nous nous y accrochions. Soyons au contraire internationalistes, universalistes, contre le principe moteur des pays qui est aujourd'hui la dispute, l’opposition, la guerre.
Il est temps d’abandonner le patriotisme et le nationalisme, pas de la manière dont l’Europe s’est faite, pas pour laisser les mains libres à la ploutocratie mondiale, mais pour avancer enfin vers la civilisation.

Illustration.
Voici un beau poème de M.

Adieu la France

France
qui te suffis à toi même
Je te quitte

Il y a une vie
et du vin
au-delà de tes frontières
Il y a d'autres
fromages ailleurs

France
nous nous sommes longtemps
mal connues
J'ai eu du mal
Tu ne t'es pas donné la peine

Comment t'intéresser ?
Comment arracher ton regard
des peluches de ton nombril ?

France
colonialiste et chauvine
je t'ai aimée
Tu n'as pas su apprendre
mon nom

sans le déformer

lundi 9 octobre 2017

La comédie du pouvoir - 16.4 La-France, c’est du blabla.

Oui, quand vous entendez dire "La-France", méfiez-vous !

Exemple : Macron prétend défendre les intérêts de La-France.
C’est un menteur, d’abord parce qu’il sous-entend que la France, c’est nous, les gens qui y travaillent et y vivent, alors que La-France n’est dans son discours qu’un concept outil, un baise-couillon pour, avec notre assentiment, arriver à ses fins : mettre à genou l’état français, seul et dernier pouvoir gênant l’oligarchie financière toute préoccupée d’étendre sa mainmise sur la société et de défendre ses seuls intérêts, du fric, du fric, du fric.

Macron est un menteur aussi parce que depuis qu’il est au pouvoir (depuis Bercy) il n’a fait que dilapider le patrimoine industriel d’excellence de La-France ; au profit d’autres pays, nous laisse-t-on à penser. C’est vrai pour ce qui concerne les entreprises dont l’état français était propriétaire : capital dilapidé. Mais les nouveaux propriétaires ne sont pas des pays, ce sont des vautours capitalistes qui n’en ont strictement rien à cirer des pays, et donc de La-France. La preuve : ils ne s’émeuvent pas du tout quand les chantiers navals de Saint-Nazaire sont vendus aux Italiens (vous avez entendu le MEDEF ?), ils s’en réjouissent au contraire, car c’est leur propre business qui en profite, tout en continuant de planquer leur pognon aux Caïmans ou au Luxembourg pour ne pas payer d’impôts en France, qui est pourtant le pays où les riches paient le moins (abonnez-vous à Mediapart pour en savoir davantage).

L’état français aurait pu continuer de toucher des dividendes de tous ces fleurons français, et continuer de les diriger pour notre bien commun, mais non, Macron a liquidé le capital de l’état pour expressément y rendre l’état minoritaire, de façon que, lorsque je ne sais quel monstre multinational devenu majoritaire voudra licencier en France, délocaliser en Inde, pomper tout le fric pour mettre ensuite l’entreprise en liquidation et jeter les salariés français à la rue, il pourra le faire - avec la bénédiction de Macron ! - en toute légalité.
C’est bien en cette circonstance que le mot légalité sent fort la dictature du capital : sous prétexte qu’on possède une entreprise, on peut légalement ruiner la vie des gens qui y travaillent. « La propriété, c’est le vol », la formule n’a rien perdu de sa pertinence.

Mais il ne faudrait pas croire que les salariés indiens seront mieux lotis après ça. Au contraire : ils trimeront toujours comme des bourriques et en prime, avec à la fin un tout petit peu plus de pouvoir d’achat sans doute, ils mettront le doigt dans l’engrenage qui fera d’eux des esclaves, définitivement aliénés par le crédit et la frénésie de posséder l’inutile.

Il ne faudrait pas croire non plus que les travailleurs italiens seront gagnants. En fait, rien ne changera pour eux, pas plus que pour les travailleurs américains. Car Macron n’a pas vendu Alsthom aux Américains, il l’a vendue à une société de droit américain, qui garde les mêmes actionnaires français, et qui, plus vite que l’éclair, est en train de liquider la boutique pour en sucer toute la moelle.
Avec la bénédiction de Macron, qui vient en outre de signer dans notre dos le CETA qui permettra aux multinationales de faire condamner La-France, l’état français, nos porte-monnaie, si une loi, disons écologique ou sanitaire, par exemple, entravait la liberté du commerce. Monsanto-Bayer, pas content qu’on interdise son poison glyphosate (le fameux ROUND-UP), pourra ainsi toucher des milliards de compensation pour manque à gagner. Eh oui, les gueux, la santé a un prix.

Vous avez compris ? Dans le libéralisme, il n’y a que le profit qui est libre. Les travailleurs américains, italiens, indiens ou français comptent pour du beurre. Macron, fils spirituel de Sarkozy, le mafieux en ce moment taquiné par la justice pour de multiples affaires, défend uniquement les intérêts des financiers et des actionnaires, quelles que soient leurs nationalités.

Alors quand il profère « La-France », bouchez-vous les oreilles, tapez sur des casseroles, mais surtout ne le croyez pas.


mercredi 4 octobre 2017

A chaud : « Comme j’aime », archétype du produit de l’économie capitaliste.

Chère Sylvette,

Tu n’as pas pu échapper à cette pub qui depuis des mois et des mois passe chaque midi, chaque soir, plusieurs fois sur France 3, à l’heure où tu écoutes distraitement les infos : « Comme j’aime », ça s’appelle et ça te vend des repas livrés à domicile censés te faire maigrir de 5 ou 6 kilos pas mois. Et tu as donc essayé. Alors ?

« Oui, 54.90€, soit 9,15€ par jour, c’est la formule minimale, pour tous les repas, 6 jours par semaine, pendant un mois. Pour la promo ’’semaine gratuite’’, il a donc fallu que j’achète le mois. Alors, pour ça j’ai eu, par exemple : 2 pancakes au petit déj’, poulet, légumes plus un dessert de fruit à midi, 4 petits sablés, pavé de saumon (on ne sait pas d’où il vient) et légumes le soir. Rien d’autre. Vu les quantités, forcément j’ai maigri. Et j’ai eu faim. En plus, c’est livré seulement une fois par mois (pour réduire les frais de transport, évidemment). Donc, c’est sous vide et plein de conservateurs. Pas un seul jour, je n’ai mangé frais. En plus, ce n’est pas bon. Et vu le prix, comme c’est fabriqué à la chaîne automatisée, tu te doutes du sacré bénef qu’ils se ramassent. Je suis dégoûtée. Ah oui, le site propose aussi un suivi par une diététicienne… »

Parce que c’est diététique, ça ? Allez, c’est bien l’arnaque que je soupçonnais dès le premier spot. Parce que maigrir d’autant en si peu de temps, tous les diététiciens te diront que tu craqueras forcément et que tu en reprendras alors le double (de kilos). Mais qu’importe, la pub est faite exclusivement pour les gogos. « Mentir », par omission, par sous-entendu, par suggestion, est le premier devoir du publiciste.

Comme cette campagne est interminable et de plus en plus pressante, tu te dis peut-être comme moi, chère Sylvette, qu’effectivement ça doit marcher fort et qu’il y a donc encore pas mal de gogos comme toi à plumer. Ou bien tu fais la supposition inverse : ça ne marche pas fort, mais maintenant qu’ils ont commencé, les propriétaires de l’affaire sont condamnés à aller jusqu’au bout en espérant rentrer dans leurs sous. C’est peut-être pour ça qu’ils offrent maintenant une semaine ’’gratuite’’.
« Oui ben, en tout cas, ils ne m’auront plus. Maintenant, je fais mes courses, c’est meilleur, c’est frais et ça me coûte moins cher. »

Moi, je me dis qu’à eux ça doit coûter drôlement cher, cette campagne de pub, parce qu’en plus le clip est plutôt long. Ou alors ils ont des prix sur le service public, par copinage, ou ils ont des actions dans l’agence de pub ou ils ont une cagnotte inépuisable et comme des jetons dans un bandit manchot, ils mettent le pognon dans la pub en attendant le jackpot.

La pub, tu vois, c’est beaucoup d’argent foutu en l’air qui aurait pu mieux servir ; à augmenter les plus bas salaires, par exemple. Mais non, ceux-là, les bas salaires, doivent rester bas pour qu’on puisse produire à bon marché des choses à vendre très cher aux plus hauts salaires.

Et tu sais d’où il vient tout ce fric qui a servi à créer « Comme j’aime » ? Est-ce que ce serait une de ces géniales start-up, créée par des jeunes sans un sous mais pleins de dynamisme ? Je rigole. En fait, ça n’est pas compliqué à deviner :
c’est du surplus de dividendes d’autres activités.
Ces mecs sont tellement riches et se prennent tellement de bénéfices, qu’ils ne savent pas quoi faire de leur argent. Alors ils inventent un soi-disant nouveau produit, copié en l’occurrence sur le portage de repas à domicile, mais en dégueulasse, et se disent que 
puisque ça existe, il va y avoir des gogos pour l’acheter.

Les gogos, ce sont dans ce cas précis les gens qui souffrent de surpoids et qui cherchent désespérément la solution miracle, les gens qui ont la flemme de se faire cuire un œuf, ceux qui n’en ont pas le temps, les snobs, ceux qui ont les moyens. Pas les pauvres, c’est sûr.
Au lieu de consacrer leur fric à faire du bien à tout le monde, ces investisseurs-là visent simplement à faire encore plus d’argent sur le dos des gogos. Et où les gogos se trouvent-ils en plus grand nombre ? Dans la classe moyenne.
C’est pourquoi la classe moyenne est la cible privilégiée de la pub : ces gens-là ont des sous, il faut les leur soutirer dare-dare, quitte à leur vendre de la merde et des produits inutiles du genre « Comme j’aime ». Et comme beaucoup sont gogos et fiers de l’être, ça marche.

Voilà comment le fric va toujours aux mêmes, parce que des milliards sont dépensés en pub et en futilités. Et pendant ce temps, des familles vivent pauvrement de la charité.
Avec Macron, ça va encore empirer. « Comme j’aime » a du souci à se faire.


vendredi 29 septembre 2017

A chaud, la République des mendiants

Ce matin, Francine lisait son journal, étalé sur la table. En passant comme ça, je vois du coin de l’œil un titre : « Le nombre des millionnaires en France a encore augmenté. » Enfin un truc dans ce goût-là. Et alors ? Alors, je me dis que le chômage aussi augmente et que l’article, je ne le lirai pas, parce que l’opinion de la presse brosse à reluire des millionnaires ne m’intéresse pas, je sais d’avance ce qu’elle vend.

Bon. La journée se passe et puis, tout à coup ce soir, le choc, avec l’émission de France 3 au profit des hôpitaux de France, la fondation Bernadette Chirac-David Douillet, je crois. Non, ce n’est pas la tête d’empaillé de Michel Drucker… qui néanmoins ferait mieux de prendre sa retraite et laisser un peu de boulot aux jeunes.

Non, c’est autre chose qui me frappe à ce moment-là, qui m’apparaît comme une évidence :
la France est un pays de mendiants.
Le Téléthon, la Fondation l’Abbé Pierre, la Ligue contre le Cancer, le Secours Populaire, le Secours Catholique, Solidarité Antilles, Les Restaus du Cœur, Médecins sans frontière, etcetera, etcetera, toutes ces fondations, toutes ces associations caritatives, vivent de la mendicité.

Elles font en réalité le boulot à la place des vrais mendiants que pourraient être les pauvres de France s’ils n’avaient pas encore un reste de dignité. Car si on faisait le total, si on mettait dans la rue avec une sébile tous les bénéficiaires de cette mendicité organisée, je pense que nous ne serions pas loin du taux de mendicité de l’Inde, et peut-être même serions-nous bien au dessus.

D’un côté, il y a les nababs aux gros culs posés sur des milliards inutiles, de l’autre les misérables, que Macron désigne par le terme « rien », qui sont obligés de quémander pour vivre décemment.

Est-ce que les riches donnent, au moins ? Non, les riches ne donnent rien, jamais, parce qu’ils considèrent, comme le président Macron, que les pauvres sont des fainéants qui méritent leur sort. Les riches, ils prennent seulement. C’est pour cette raison qu’ils sont riches.
Ceux qui donnent, ceux qui ont du cœur, ceux qui partagent leur bien-être, ce sont les gens qui ont un peu plus que le nécessaire et qui savent ce que c’est que d’avoir du mal à joindre les deux bouts, à se soigner, à se payer des loisirs, à habiller les enfants. Même les pauvres donnent pour les plus pauvres qu’eux.

Le plus rigolo, c’est que primo, les dons qui soulagent les misères (quelles qu'elles soient !) enrichissent en même temps un tas de profiteurs, et deuxio, que les riches qui n’ont pourtant besoin de rien, sont aussi des mendiants, mais minables, ceux-là, tout le temps en train de pleurnicher pour obtenir un petit avantage fiscal par ci, par là, du gouvernement qui s’empresse aussitôt de les satisfaire. Aucune dignité. Des rats !

Nous voilà donc, la France, un pays très, très riche, qui n’est même pas capable de subvenir aux besoins les plus élémentaires de tous les citoyens qui le composent. « Normal ! » vous répond le premier ministre « l’état est endetté, l'état ne peut pas soulager toute la misère du monde. » Je crois même qu'en vérité il pense que l'état ne doit pas aider les travailleurs ou les pauvres, que l'état est là au contraire pour favoriser la thésaurisation à ceux qui en ont déjà trop. Bon, vous avez capté le message ? L'état "En marche"ne peut rien pour vous. Démerdez-vous. Tendez la main à vos semblables.

E. Philippe suit en cela le cap fixé par son patron, le président Macron, Ubu en personne, dont la première parole après le passage de l’ouragan sur les Antilles, avant même de parler d’intervention de l’état, a été de réclamer des Français qu'ils se montrent solidaires, c’est-à-dire qu'ils mettent la main au porte-monnaie (si, si, vérifiez), et qui dans son programme, sans rire, prévoyait que les cours de soutien au collège se feraient grâce à des bénévoles.

Macron est le mendiant en chef du gouvernement de La-France. Et à qui tend-il la sébile ? A nous, travailleurs, qui n’avons pas même l’ombre du commencement d’un million et à qui par ailleurs il fait allègrement les poches par l’impôt et les allègements de charges sociales. Sans un remords. Et malgré ça, nous sommes toujours aussi peu nombreux dans les manifs !

Bon, le futur que ce tartuffe nous promet, c’est le monde merveilleux des mille et une nuits du XVème siècle, quand le calife descendait dans le souk pour écouter ce que ses sujets disaient de lui et qui en profitait pour leur jouer des tours, les faire bastonner, leur planter un pieu dans le derrière et se fiche de leur gueule par-dessus le marché.


Conclusion : c’est bien nous, travailleurs, qui faisons vivre tous ces riches parasites, qui nous faisons vivre nous-mêmes et faisons vivre ceux d’entre nous qui n’ont pas la chance d’être à peu près à l’abri des catastrophes que la vie peut nous réserver. 

Alors peut-être devrions nous cesser de donner...

mardi 26 septembre 2017

L’école malade du progrès - 2. Le tout numérique et la modernité

Connaissez-vous le projet de la région Grand Est pour les lycées ? Supprimer les manuels scolaires et les remplacer par des ordinateurs portables et des tablettes. Subventionnés, même pour les riches ! Espérons que le lobby de l’industrie de l’informatique n’a pas trempé dans cette affaire…

« Enfin ! c’est formidable, c’est le progrès ! » Entends-je clamer par ci, par là. Pourquoi ? Parce que c’est moderne ? Savez-vous que les pays qui ont fait cette expérience en sont revenus, font machine arrière, retour au livre, au papier et au crayon ? Des enquêtes menées en Allemagne, par exemple, ont démontré que la tablette n’avait rien apporté de positif par rapport au livre. Au contraire.

Mais nos élus n’en tiennent pas compte, et nous, Français, tels des moutons, nous nous laissons faire. C’est le modernisme qui est tentant, pas vrai ? Comme le téléphone portable : si tu ne le prends pas, t'as l'impression d'avoir raté quelque chose. Mais non, en fait la plupart du temps, t'as rien raté.

Le supermarché en son temps était moderne aussi, et maintenant faire les courses demande dix fois plus de temps qu’avant, quand l’épicerie était au bas de la rue principale du village. Et le glyphosate aussi est moderne, mais je ne me souviens pas qu’on ait eu des problèmes sanitaires quand on arrachait les mauvaises herbes à la binette. C’est bien parce qu’il est dangereux que le glyphosate (le fameux Roundup) nous est interdit, à nous, particuliers, non ? Les paysans en revanche ont encore le droit de répandre ce produit dangereux sur leurs cultures (OGM, évidemment) et nos assiettes. C'est expliqué ici:  https://fr.wikipedia.org/wiki/Glyphosate

Revenons à nos moutons. L’école primaire est également et gravement touchée par l’introduction du glyph… euh, pardon, du tout numérique. Il y a, paraît-il, de plus en plus d’écrans interactifs dans les salles de classe, qui coûtent la peau des fesses et obligent à tenir les rideaux tirés toute la journée (parce que bien sûr, l’écran reste allumé toute la journée, y compris pendant la séance d’éducation physique). Y a-t-il eu expérimentation ? Y a-t-il eu évaluation là où ça a été d’abord mis en place ? Non. Et quand je demande à des collègues de me lister les formidables bénéfices que les élèves en retirent, ils sont étonnés que je puisse poser la question, mais restent muets.

Ah non, pardon, ils ont un argument, en commun avec les experts qui s’expriment dans les médias : « C’est plus ludique. » Quoi ? Appuyer sur des touches (c’est à peu près tout ce qu’on peut faire en numérique) serait donc une activité ludique ? Et si le geste est ludique, le contenu s’apprend forcément mieux ? Je ne crois pas : ce qui s’apprend le mieux, c’est ce qui questionne, aiguillonne l’intelligence. Le jeu sur tablette, smart-phone, ordinateur ou console, qui fait appel à leur intelligence, fût-elle seulement une intelligence manuelle (des pouces), les enfants connaissent déjà, et tellement par cœur, que l’usage étriqué qu’on en fait à l’école ne doit certainement pas beaucoup les motiver.

En vérité, le tout numérique facilite surtout le travail des enseignants. Mais les apprentissages, ça reste à prouver ; en tout cas, ce n’est pas une révolution pédagogique, sinon ça se saurait. Si le numérique a vraiment son utilité, il faut la penser, la préciser, la limiter à ce qui est véritablement pertinent. Or, l’ordinateur, la tablette, le grand écran interactif, ne sont souvent que des gadgets remplaçant mal ce qui jadis se faisait au tableau ou sur papier, et c’est encore moins une modernité qu’une vile concession à la mode.

Deux exemples des ravages de la modernité à l’école.

1. Le photocopieur. Depuis que le photocopieur est entré dans les écoles, les élèves n’écrivent plus, ils cochent, ils relient. Les cahiers au format Seyes, qu’on continue pourtant d’exiger, finissent quasi vierges d’écriture manuelle, mais tout boursouflés par la colle et les photocopies empilées les unes sur les autres tout au long de l’année. N’est-ce pas en écrivant, en copiant, qu’on mémorise l’orthographe ou la table de multiplication ? Si la réponse est oui, il faut interdire le photocopieur à l’école, ou au moins en limiter considérablement l’usage.
Quand je pense qu’il y a eu des partisans de ne plus apprendre les tables de multiplication, voire le calcul, sous prétexte qu’il existait des calculatrices ! « Tu n’auras pas de calculatrice tant que tu ne sauras pas calculer mentalement. » disait l’excellent Steve Jobs à ses enfants. Prenons exemple sur lui : pas de photocopie tant que tu ne sais pas faire une « rédaction » sans fautes !

2. Le QCM, questionnaire à choix multiple. La belle invention venait d’Amérique. Et c’est ludique ! Là encore, facilité pour les enseignants d’une part - ça se corrige d’un coup d’œil, voire par apposition d’un cache - et d’autre part, facilité débilitante pour les élèves : si on lit encore, en revanche on n’écrit rien, on coche, on relie, on peut même répondre au hasard. Pour savoir si l’élève a compris, le maître doit renouveler souvent l’exercice et s’en remettre au calcul des probabilités et à la statistique.
Autrefois, on lisait aussi la question, mais surtout, on rédigeait une réponse sous la forme d’une phrase - impossible de s’en remettre au hasard, il fallait savoir. Sans doute cet exercice était-il trop formateur… et trop chronophage, tant il est vrai que depuis 30 ans, le temps scolaire ayant été réduit de 20%, il a fallu choisir entre approfondir les apprentissages ou les expédier.

On ne s’y prendrait pas autrement si des élèves on voulait faire des ânes. Mais c’est la marche irréversible du progrès - n'est- pas.
Courage, les parents !


dimanche 24 septembre 2017

A chaud, les avocats du Mexique.

Quand la sauvegarde de l’emploi tue (sous-titre)

L’autre soir sur France 2, c’était reportage sur le scandale des avocats mexicains. Une journaliste se balade là-bas dans les plantations d’avocats, souvent gagnées sur la forêt, qui font vivre tout un tas de gens pauvres dans des villages reculés loin, bien loin de la civilisation. Déjà, tu as un pincement au cœur quand tu vois les baraques dans lesquelles ils vivent : tant de misère ! Il faudra que tu y penses quand tu mangeras ton prochain avocat. (penser, oui, mais pour quoi faire ?)

Après le constat que de plus en plus d’enfants naissant dans le voisinage de ces plantations sont victimes de malformations, la journaliste se rend dans un hôpital du coin où elle interroge les soignants. A visage découvert, tous se taisent. Puis, ne se croyant plus filmés, ils avouent que « tout le monde ici sait le rapport qu’il y a entre les pesticides utilisés dans les plantations d’avocats et les malformations des enfants ».
Là, on a un cri du cœur : mais c’est dégueulasse ! Pourquoi ne le disent-ils pas ouvertement ? Pourquoi ne font-ils rien pour ces pauvres gens ? De quoi ont-ils peur ? 
Eh bien, je vous le dis, ils n’ont peur que d’une chose : perdre leur emploi, ce travail qui leur assure le minimum de sécurité : un toit et à manger. Mais qui donc exerce sur eux une telle pression ? La nécessité. La pénurie. Le système économique actuel et surtout ceux qui en tirent profit (ne croyez surtout pas qu’ils soient innocents.)

Puis la journaliste fait analyser, en France, par le plus éminent des spécialistes, les cheveux de collégiennes qui vivent également proches des plantations et dont certaines ressentent des troubles chroniques étranges et anormaux. Le résultat est effarant : leurs cheveux contiennent 11 pesticides différents et en quantité quatre fois plus grande que les cheveux des agriculteurs français. A noter que ces pesticides sont suspectés (seulement suspectés ?), à la suite de diverses études, d’être cancérogènes.

Forte de ces constatations, la courageuse journaliste va alors interpeller un représentant de l’administration mexicaine chargé justement de quelque chose en rapport avec les pesticides. Le pauvre ne semble pas comprendre ce qu’elle dit, défend la non-responsabilité du gouvernement, explique que son travail est d'informer ces ignorants d'ouvriers des dangers des pesticides, mais qu'il n'y peut rien s'ils ne se protègent pas davantage (mais à aucun moment n'est évoquée une possible action auprès des patrons, genre obligation de protéger les employés, sans doute parce que ça augmenterait leurs charges financières et ferait grimper le prix de l'avocat mexicain qui alors ne serait plus compétitif au niveau mondial...), le mec s’embrouille, parce qu'il sait parfaitement ce qu'il en est réellement, transpire abondamment... jusqu’à ce qu’une chargée de communication gouvernementale vienne lui sauver la mise ; elle ne connaît rien aux effets des pesticides sur les êtres vivants, mais en com’, elle assure : "Au revoir, circulez, y a rien à voir." Eh ben oui, c’est dégueulasse ; les ouvriers agricoles de ces plantations vont continuer d’être empoisonnés, malgré ce courageux reportage.

Mais ce qui est également dégueulasse, c’est d’abord que ces avocats arriveront dans notre supermarché de Hettange-Grande, où nous n’en achèterons que la moitié, l’autre étant d’office vouée à la poubelle, et ensuite que personne dans le reportage, comme dans le commentaire post-diffusion auquel nous avons eu droit, n’a relevé que les paysans français sont eux aussi chargés de pesticides, certes quatre fois moins que les petits enfants mexicains, mais tout de même assez pour quelquefois en mourir. 
Etre infecté par des substances exogènes dangereuses pour la santé est donc considéré comme normal. Jusqu'à quelle dose, s'il-vous-plaît ? Ca dépend du bon vouloir du pollueur, madame. Enfin merde! Ca aurait dû tilter, on ? Ben non, ça ne tilte pas. On peut donc se demander pourquoi la courageuse journaliste n’est pas allée poser la question à Nicolas Hulot.

Et là-dessus, le lendemain même, j’apprends que 50 agriculteurs français ont manifesté pour protester contre la volonté du ministre de la transition écologique et solidaire d'interdire le glyphosate, un herbicide (un seul !). Mais pourquoi donc ? Ils sont cons, ces paysans-là : ils veulent un permis de nous empoisonner ou quoi (la formule est de mon pote Alain) ?

« Mais non, faut pas exagérer. » plaide le bon gus. Nous n’exagérons pas (Alain et moi), ce sont les faits. Il faut seulement comprendre que le fond du problème pour eux est ailleurs que dans la santé publique. Le dialogue suivant vous montre où il est.
Josette : Dis donc, moi, plus question que j’achète des avocats du Mexique. Tu imagines tout ce qu’ils doivent contenir comme pesticides !
Kevin : D’accord, mais tu vas priver des milliers de familles de leurs revenus, les employés des plantations d’avocats du Mexique.
Josette : Tant pis, hein. Je préfère acheter français, c’est plus cher mais au moins je soutiens nos agriculteurs.
Kevin : Mais tu n’as pas entendu ? Eux aussi, ils traitent aux pesticides.
Josette : Un peu moins, quand même.

Vous voyez ? Notre santé est directement impactée, presque toujours en pire, par notre dépendance à l’égard de l’emploi. Dans ce cas précis, les ouvriers agricoles mexicains ont le choix entre mourir au travail, empoisonnés par les pesticides, ou mourir de faim au chômage. Même chose pour ces paysans français qui sont tellement endettés que s’ils n’obtiennent pas un rendement optimal grâce au glyphosate, ils seront obligés de fermer boutique. (Peut-être même y a-t-il une raison cachée encore plus terrible) 
Et pourquoi notre si vertueux ministre n’interdit-il pas purement et simplement tous les pesticides, tous ! (en voilà une dictature qui serait bonne, non ?) ? Parce qu’il veut préserver de l’emploi ? Oui, un peu. Du profit ? Oui, beaucoup. Nicolas Hulot est un gugusse.

Songez-y, analysez votre propre cas : le problème se pose dans les mêmes termes dans tous les domaines, pour tous les emplois. Nous sommes prisonniers de notre dette, de nos faux désirs, d’une logique qui n’est pas celle qui favorise la vie mais celle qui favorise le profit ; et le profit, c’est la mort. Nous sommes prisonniers mentaux d’une représentation du travail complètement pervertie. Si nous ne cassons pas ce cercle vicieux, le résultat sera que nous continuerons de crever à petit feu, tristes et jaunes, quel que soit notre choix.

Moralité.
Il faut que nous cessions de réclamer des emplois de merde dans des industries de merde, sales et inutiles. Nous devons refuser le progrès du dernier i-phone, de la bagnole « suréquipée », du tout numérique et du sèche-linge, et ne pas les acheter. Que les syndicats laissent donc les industries anti-écologiques être délocalisées, que les ouvriers jetés dans les affres du chômage se laissent vivre aux crochets de ceux qui peuvent leur payer l’aide sociale, que nous nous regardions vivre et comprenions que solidaires, il ne peut rien nous arriver de grave. Bref, qu’il advienne quelque chose enfin qui rende cette dictature économique caduque, inopérante, ne produisant plus aucun profit.

Gandhi n’a-t-il pas vaincu l’empire britannique par la non-violence ? Nous pouvons certainement vaincre le capitalisme par la paresse.

A bas le travail ! 
Camarades.

samedi 23 septembre 2017

L’école malade de la logique de marché - 1. La nécessité de bouger.

Il y a quelques années, j’ai tenu un blog sur l’école pendant des mois. Puis, je l’ai fermé, je croyais avoir tout vu et tout dit. Mais non. La logique du commerce ne cesse jamais : du moment que quelque chose existe, est mis sur le marché, c’est forcément bien, et vite, vite il faut l’utiliser.

Premier exemple : la recherche. Elle coûte, elle doit donc rapporter. Le chercheur est donc a priori condamné à trouver. Mais s’il ne trouve pas, ce n’est pas si grave, il n’a qu’à recycler de vieilles idées et les mettre sur le marché. Le gouvernement français sera content - comme dit toujours Macron : « il faut bouger ». Si ça bouge, le peuple aura l’impression qu’il se passe quelque chose. L’important, c’est précisément cette illusion.

L’autre soir, aux infos : reportage sur un chercheur en neuro-quelque-chose qui vient d’inventer une nouvelle pédagogie qu’on nous présente déjà presque comme révolutionnaire, ou au moins comme « un grand espoir », la solution aux difficultés d’apprentissage. Evidemment, ça m’intéresse. Mais en vérité, comme je m’y attendais, je me suis bien marré, enfin, j’ai plutôt ri jaune.

En effet, figurez-vous que ce type a collé des capteurs sur le crâne de cobayes humains tandis qu’ils effectuaient une tâche ou écoutaient un professeur. Et ce type-là a vu sur son écran d’ordinateur des zones du cerveau qui s’allument quand elles chauffent. Et après avoir collecté un tas de résultats de ce genre, la science statistique lui a permis de conclure que l’inattention était une des causes des difficultés de l’apprentissage (dans le cerveau, ça court-circuite la concentration, voyez vous). Mazette ! Quelle découverte ! Et de nous expliquer, le plus sérieusement du monde, qu’il va montrer aux élèves comment être attentifs à leur inattention ; on ne comprend même pas le rapport avec les lampes du cerveau. A l’évidence, c’est du vent, du foutage de gueule absolu.

Mais c’est après qu’on hallucine vraiment car on voit là une institutrice (professeure des écoles) nous expliquer que le mieux pour apprendre à lire, c’est d’abord d’apprendre à entendre des sons, puis de les associer à des graphies, puis seulement d’aborder la lecture. Outre le fait qu’il y a belle lurette que l’acte de lire a été décortiqué au scalpel et qu’on en connaît tous les mécanismes, requis, pré-requis, tenants et aboutissants, la démarche proposée est autant caricaturale qu’erronée. Je sais de quoi je parle, j’ai « enseigné » (*) la lecture pendant quarante ans.

Mais à intervalles réguliers (disons tous les six mois), on nous sort comme ça une martingale pédagogique, souvent pour l’apprentissage de la lecture, sans doute parce que celui-ci cristallise une part importante des mécontentements. Il ne s’agit en fait que d’une mascarade médiatique destinée à rassurer momentanément, tout en masquant le vide abyssal où devraient normalement apparaître des solutions. Je vois là le complet désarroi dans lequel se trouvent les enseignants, les syndicats, les chercheurs, l’institution entière, et les penseurs, et les parents, face à l’échec patent de l’école dans sa mission proclamée de réduction des inégalités sociales et dans son incapacité à donner à tous les élèves l’accès aux outils cognitifs qui les feraient comprendre le monde et un peu maîtriser leur vie.

Ca me rappelle l’introduction en 1973 des maths modernes et de la lecture globale, pour le résultat catastrophique que l’on sait. Les professeurs Tournesol qui depuis ont moisi au CNRS, section sciences de l’éducation, sont toujours sur la brèche et c’est épaulés par les nouveaux idolâtres de la science numérico-électrico-statistique qu’ils nous pondent encore régulièrement de soi-disant nouvelles recettes pédagogiques qui fonctionnent aussi bien qu’un emplâtre sur une jambe de bois. Le pire, c’est que nous ne sommes pas capables de voir la supercherie, encore moins de résister.

Eh ben, tant que ça fonctionne, ils auraient tort de se priver, pas vrai ?

Ho ! Je vous cause.

(*) Je vous expliquerai les guillemets une autre fois.


mardi 19 septembre 2017

A chaud, 19 septembre

Ces jours-ci, sur France-Inter, à l’heure du petit-déjeuner.

Prime à la casse de 500 à 1000 euros étendue à l’achat d’une voiture d’occasion non (moins) polluante. On respirera mieux, paraît-il. Je veux bien, mais à la vérité, donner de l’argent pour acheter une voiture, c’est surtout :
1. subventionner les constructeurs automobiles
2. encourager le citoyen à polluer
Tant qu’à payer, une meilleure idée aurait été de rembourser l’abonnement aux transports en commun. Et là, ça polluait vraiment moins.

Les Américains encore attaqués ! Cette fois, c’est l’ambassade des Etats-Unis à Cuba, visée par une attaque sonore. Il s’agirait de machines infernales planquées dans les murs du bâtiment. Les diplomates se plaignent de maux de tête. Washington envisage de retirer son ambassade.
Ca rappelle la cyber-attaque menée par le Kremlin pendant la campagne électorale et qui a fait perdre Clinton Hillary. On attend toujours les preuves. Ou bien suffisait-il que la Maison Blanche accuse pour que ce soit vrai ?
Ca rappelle aussi les armes de destruction massive de Saddam Hussein. On sait maintenant que c’était faux. Sacré menteurs, ces Amerloques ! Manipulateurs, devrais-je dire. D’ici à ce qu’ils envahissent enfin Cuba…
Ca rappelle que pour justifier l’invasion de la Pologne, Hitler avait fait tuer de ses propres soldats par des Allemands déguisés en Polonais.
Je vous fais un dessin ?

La multinationale Bayer (Monsanto), qui prospère sur le malheur des gens en faisant semblant de les soigner, annonce qu’elle va retirer un certain implant contraceptif pour des raisons commerciales, mais en réalité, ce sont des centaines de femmes (rien qu’en France) qui en ont subi de graves effets secondaires. « L’Europe » ayant déjà reconnu l’an dernier que ce dispositif (médical ?) était dangereux, le moins qu’on puisse dire est que Bayer et le gouvernement français sont lents à la détente, sans doute afin que les stocks puissent être écoulés, empoisonnant quelques femmes supplémentaires au passage sans que ça leur pose un problème de conscience.
Ca rappelle évidemment le cas récent de ce médicament pour la thyroïde dont beaucoup de personnes se plaignent : d’abord le gouvernement, ferme et fermé à la discussion, nous a craché à la figure qu’il n’est « pas question de céder aux pressions », de revenir en arrière, à l’ancienne formule qui marchait pourtant bien, le patron du laboratoire nous expliquant même que ce médicament était une demande de l’état et que les symptômes disparaîtraient dans quelques mois, c’est-à-dire que : 1. ce n’est pas de sa faute, c’est l’autre ; 2. il est normal que son médicament vous rende plus malade que vous l’êtes.
Et finalement on apprend que La-France va acheter l’ancien médicament chez ses voisins belges et allemands qui eux n’ont pas éprouvé le besoin d’en changer puisqu’il marchait bien.
Alors, merdre ! pourquoi le gouvernement français a-t-il voulu changer ? Vous dites quoi ? pour faire un cadeau au laboratoire ? Corruption ? Nooon ! Ils ne nous feraient pas ça, tout de même !


jeudi 14 septembre 2017

La médecine, malade du fric - 2. La durée de la consultation


 CITATION. «  Les tarifs […] publiés au Journal officiel, le 12 septembre. Les consultations complexes facturées 46 euros concernent par exemple les enfants de 3 à 12 ans avec un risque avéré d'obésité, les nourrissons à la sortie de la maternité et les jeunes filles de 15 à 18 ans qui souhaitent obtenir une contraception ou une consultation de prévention contre les maladies sexuellement transmissibles. »  

Ainsi donc, il existe des consultations complexes. Mais que cache ce terme ? Evidemment la durée que le médecin consacre à son patient. L’équation « Time is money » résume parfaitement l’affaire. On comprend que 25 euros, c’est pour le rhume ou la flemme du lundi matin. Quasiment tout le reste est plus cher, en raison, nous dit-on de sa complexité, sans jamais parler de durée de la consultation, comme si on ne voulait pas mentir, sachant déjà que la durée dans tous les cas est à peu près la même.

Connaissant la nature humaine, je prends en effet le pari que le nombre des consultations complexes va bientôt exploser dans l’hexagone. Ben oui, mettez-vous à la place du toubib : il vaut mieux qu’il diagnostique un maximum de pathologies complexes dans le minimum de temps, s’il veut devenir riche. Et à l’instar de « l’ouvrier fainéant qui profite du système », il ne va certainement pas se gêner (dirait certainement notre président). Comme vous, le patient, n’y connaissez rien, vous allez naturellement vous laisser faire… et angoisser en prime.

CITATION. « Ces consultations peuvent être assorties d'une majoration de 16 euros dans certains cas comme la prise en charge d’un couple stérile, de l’asthme ou encore d’une pathologie oculaire grave. »

En fait, plus on est malade, plus on souffre, et plus on paie. C’est la double peine. Parfaitement injuste, non ?
Je pense que ça devrait être le contraire. Quelqu’un qui vient embêter son docteur pour un rhume ou une flemme du lundi matin devrait payer 46 euros, remboursés sur 25. Ca découragerait certainement des types comme j’en ai vu aux urgences avec une petite rage de dent râler parce qu’on prenait en priorité un bébé malade arrivé après lui.

Mais les toubibs verraient alors aussi leur patientèle commune en bobologie diminuer, d’où manque à gagner, d’où tentation de diagnostiquer davantage de cas complexes. Parce que ce qui amène le malade chez le docteur, c’est la sécu au moins autant que la maladie. C’est la base sécu qui leur permet de se voter des primes en pratiquant le dépassement d’honoraires (sans parler de certains dessous de table). C’est la sécu qui, en les remboursant, permet qu’on se fasse prescrire des laxatifs au lieu de manger des légumes. C’est la sécu qui garantit le salaire des médecins. La sécu est une bonne vache à lait, une vraie poule aux œufs d’or.

Et Macron s’apprête, en baissant les cotisations sociales, à lui couper l’herbe sous le pied ! Ah la la ! C’est encore le corps médical qui va en pâtir si les patients pauvres ne deviennent pas rapidement assez riches pour se payer une consultation complexe.

CITATION. « Un autre tarif fait également son apparition : la consultation dite ’’très complexe’’ facturée 60 euros. Le Dr Jean-Paul Hamon […] explique : "Les consultations très complexes sont des consultations heureusement rares qui concernent la préparation de greffes rénales, pour les insuffisants rénaux. Il faut annoncer à la personne donc c’est toujours très compliqué à faire. Il y a les consultations d’annonce de cancer, c’est toujours délicat. Il y a également des consultations pour les gynécologues pour les malformations fœtales. Ce sont des consultations longues et pénibles à annoncer. Donc, c’est une liste de consultations qui sont très complexes, très longues. La Sécurité sociale a reconnu cette spécificité!". »

Assez pauvre et embrouillé dans ses arguments, le père Hamon ! 60 euros se justifient selon lui par la pénibilité, c’est-à-dire la souffrance du docteur qui est obligé de t’annoncer que tu vas mourir d’un cancer ou que ton gosse sera handicapé ; si on le comprend bien, 60 euros rémunèrent aussi la délicatesse qu’il met à te faire cette annonce. 
Et apparaît enfin le critère de la longueur de la consultation, sans toutefois qu’elle soit chiffrée ou encadrée. Le praticien peut donc être tenté de la raccourcir, d’autant plus que personne ne viendra vérifier s’il a vraiment pris le temps de mettre ses gants avant de te foudroyer avec la mauvaise nouvelle.

Ah, excusez, on me dit que j’attige un peu, car il y a quelqu’un qui peut vérifier : le directeur de ta caisse de maladie. Et en effet, on trouve sur Internet ( http://www.leparisien.fr/societe/91-consultations-en-un-jour-un-medecin-suspendu-10-11-2012-2309181.php ) ce fait divers tout à fait exemplaire (je n'ai pas dit courant).
CITATION. « Un véritable stakhanoviste de la médecine ! C'est à la suite de la plainte du directeur de la Caisse primaire d'Eure-et-Loir qui estimait que les consultations de ce médecin étaient trop importantes que le conseil régional de l'ordre des médecins s'est intéressé au cas du docteur Michel Miramont. Ce généraliste de Chartres vient d'être condamné à une interdiction d'exercer d'une année. Le médecin était accusé d'avoir effectué 17.303 visites pour l'année 2010 et 19.960 pour l'année suivante, alors que la moyenne des visites de ses confrères est de 4.900. Et il n'en est pas à sa première incartade devant la chambre de discipline du conseil de l'ordre. Il a par le passé déjà été sanctionné à deux reprises, en 2000 et 2005. »

Le journal « Le Parisien » est un journal rigolo : il appelle incartade ce qui est en fait une escroquerie. Bah, on aurait tort de lui jeter la pierre puisque l’ordre des médecins lui-même n’a infligé au « stakhanoviste » qu’une petite peine d’un an d’interdiction d’exercer, alors qu’il était déjà bi-récidiviste. Quand on se juge, comme les médecins, entre soi, il y a peu de chance que la justice soit réelle, n’est-ce pas. Mais poursuivons notre lecture.

CITATION. «  […] les visites longues […] limitées à trois par an et par patient passent de 56 euros à 70 euros. Ces consultations concernent essentiellement les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou de maladies neurodégénératives. […] les remboursements ne changent pas. Ils sont toujours pris en charge à hauteur de 70%. »

Ah ben si, les tarifs changent : 70% de 56 euros, ça laisse 16,80€ à la charge du patient, 70% de 70 euros, c’est 21 euros. Faut être précis.

Bon, on a compris que le problème qui fait grimper les prix, c’est la revendication des médecins pour leur niveau de vie et que ce niveau de vie dépend directement d’une part du prix de la consultation et d’autre part de sa durée.
N’aurait-on pu mettre en place un système simple, proportionnel, un tarif à la seconde, par exemple ? Tant de secondes de consultation égalent telle somme, un peu comme pour les taxis.
- Ah oui, mais non, parce que là, le patient aurait un moyen de contrôler si son docteur lui a consacré le temps que nécessite vraiment sa maladie, ni trop, ni trop peu, il pourrait comparer avec d’autres.
- Et ainsi les indélicats ne pourraient pas faire durer abusivement. Pas mal !
- On peut même imaginer que le patient stoppe de son propre chef la consultation.
- … ?
- Ben quoi, ce n’est pas parce qu’on n’est pas un spécialiste qu’on doit arrêter de penser, qu’on doit abdiquer de son libre-arbitre.

A propos, j’oubliais de vous donner la durée moyenne d’une consultation en France : 17 minutes. Ca suppose qu’il y en a qui font moins et d’autres plus, qu’il y a des diagnostics plus ou moins longs à établir, des soins plus ou moins longs à prodiguer. Tant de diversité : difficile à gérer. Voici une intéressante étude sur le sujet :


Mais peut-être y aurait-il une solution plus satisfaisante que le système actuel toujours en tension et instable, qui pourrait bien un jour tuer la sécu (si Macron ne le fait pas avant) : que les médecins deviennent des fonctionnaires. Leur niveau de vie assuré, ils exerceraient avec sérénité et sincérité ; finis les risques de complaisance, de clientélisme, de fraude, de laxisme : demeureraient comme seules motivations la conscience professionnelle et la déontologie. Bien sûr, des glandeurs, il y en aura toujours. Mais avec un inspecteur sur le râble, ça ne poserait pas de problème - non ?

mercredi 13 septembre 2017

12 septembre, à chaud

Je reviens de Metz, de la manif des syndicats contre la réforme « simplification, modernisation » du code du travail, contre les ordonnances ukases, contre la dictature oligarchique des Macron-Gattaz, une dictature sourde et aveugle, méprisante des difficultés des gens, préoccupée uniquement de ses propres intérêts et de son propre pouvoir. C’est comme ça que je vois la situation. Et qu’on ne m’objecte pas que Macron et les « En Marche » ont été élus démocratiquement, Hitler l’a bien été.

Ce que je vois aussi, c’est qu’il y avait du monde, de la porte Serpenoise à la place de la Comédie ; tous les syndicats étaient représentés, sauf la CFDT ; peut-être y en avait-il aussi, mais cachés (honteux ?). J’aurais aimé voir davantage d’Insoumis. Bah ! je crois que beaucoup portaient hier le drapeau de leur syndicat. Ca faisait longtemps que je n’avais pas manifesté, j’étais plutôt ému à la pensée de cette belle alliance.

Parce que j’ai encore à l’esprit la philosophie du respect de la vie et la définition de la civilisation d’Albert Schweitzer, que je viens de lire, qui prône l’engagement de chacun pour soulager la souffrance et améliorer le monde, en regardant tous ces gens dont la grande majorité avaient dû se mettre en grève pour être là, il m’est apparu soudain évident qu’ils agissaient chacun selon une véritable éthique, même s’ils ne s’en rendent pas forcément compte : agir pour tous et pas seulement pour soi-même, être solidaire de toute détresse, toujours respecter l’humain, quel qu’il soit, vouloir le meilleur pour chacun et pour l’humanité, préparer un monde meilleur… voilà de bien plus nobles ambitions que n’en ont tous ensemble Macron et ceux qui comme lui veulent à toute force nous enfermer davantage dans le servage du travail, à l’instar de ce qui se passe dans les pays où les enfants sont obligés de travailler pour contribuer à la survie de leur famille. Macron n’a aucun sens moral.

Quand Macron affirme que sa réforme est faite pour créer de l’emploi, il choisit effrontément de nous mentir parce qu’il sait que ça n’aura aucun effet sur le chômage. C’est pour cela qu’il ne répond pas aux journalistes : on verrait trop à chaque fois son nez s’allonger.
Quand par deux fois il affirme ne pas regretter le terme « fainéant » appliqué à ceux qui sont contre ses réformes, il exprime simplement un fait pour l’instant incontestable : « Le roi, c’est moi, je fais ce que je veux, je dis ce que je veux, et si ça te plaît pas, je t’emmerde. » C’est le pendant du « Casse-toi, pôf’ con » de Sarko.

Par parenthèse, cet argument du fainéant est tout droit copié collé du bréviaire du Front National : « Il y en a marre de ceux qui profitent du système. » Et pour avoir tracté sur le marché de Thionville, je dois dire que ça fait mouche chez certaines personnes, les mêmes d’ailleurs qui pensent que tous les politiciens sont véreux, mais ça ne fait certainement pas mouche chez les manifestants d’hier. Voilà la différence entre les gens qui ont une éthique agissante pour le bien et ceux qui, soit ont jeté l’éponge, dégoûtés, fatalistes, soit sont devenus cyniques, prêts à toutes les dégueulasseries, comme Macron lui-même.

Qu’est-ce qu’il est venu faire, Macron, à Saint-Martin ? Dormir sur un lit de camp, c’est tout ; enfin, juste le temps de la photo, après il est parti à l’hôtel du côté néerlandais.
Est-ce qu’il a pris une pelle pour ramasser des gravats ? Est-ce qu’il a fait un pansement sur un membre blessé ? Est-ce qu’il a distribué de l’eau et à manger ? Est-ce qu’il a donné un chèque personnel à la Croix Rouge ? Non, il est venu se mettre dans les pattes, inutile, juste pour sa campagne de pub. Et avec ça, il fanfaronne qu’il n’en à rien à cirer de ne pas être aimé. C’est pas beau de mentir, Pinocchio. Si tu veux devenir un vrai humain, il faudra changer.


dimanche 10 septembre 2017

Brève médias - 1. Le message subliminal

Dans les pires circonstances, notre radio nationale n’oublie jamais ses fondamentaux, prêchant toujours par-dessus le malheur que « le Capitalisme est grand et que Macron est son prophète ».

Ce matin du 10 septembre, France-Inter reçoit Victorien Lurel, ancien député de Guadeloupe et ancien ministre de Jean-Marc Ayrault. On parle du cyclone. Lurel critique la gestion de la situation par le gouvernement, qui ferait trop peu, trop mal, pas de la bonne façon, et dans tous les cas moins bien que la partie néerlandaise de Saint-Martin. Sachant à quel point la contradiction ulcère notre prince, Demorand, bon serviteur, aussitôt édulcore la pilule : « Comment expliquez-vous que les Guadeloupéens n’obéissent pas aux injonctions du gouvernement ? »
Encore un peu et les îliens (pas très bons Français, hein ?) seront responsables de ce qui leur arrive… voire du cyclone même, pourquoi pas.

Vendredi, tandis que l’ouragan laissait Saint-Martin et Saint-Barthélémy à terre, poursuivant sa route vers le nord-ouest, narration connotée typique de France-Inter, par je ne sais plus quelle présentatrice du journal (de toute façon, ces journalistes-là se copient tous) : « […] vers Cuba où le régime a ordonné l’évacuation […] les autorités floridiennes sont en train d’organiser l’évacuation… » Juste pour répéter que Cuba est une dictature dans laquelle les journalistes, comme cette dame elle-même, sont libres de faire l’éloge de leur président ?


Et nous, auditeurs, sommes supposés secouer de bas en haut la tête, comme ces petits chiens qu’on pose sur la plage arrière des voitures ?

mardi 5 septembre 2017

La médecine, malade du fric - 1. La vaccination obligatoire

Je sais, il y a les ordonnances sur la loi travail. C’est important, mais voici un autre forfait macronien qu’il ne faudrait tout de même pas oublier : l’extension de la vaccination obligatoire. En plus de la diphtérie, du tétanos et de la poliomyélite, huit vaccinations - hépatite B, oreillons, rougeole, rubéole, coqueluche, haemophilus influenza b, méningocoque, pneumocoque - vont en effet devenir obligatoires en 2018. La ministre l’a dit : elle ne transigera pas sur cette question. Comme je le prédisais, je ne sais plus à qui, pendant la campagne électorale : « Macron, c’est le libéralisme ou bien sa main sur not’ gueule. »

Et moi, je dis que c’est un scandale, d’abord politique, parce que si de plus en plus de gens se posent désormais des questions à propos de la vaccination, voire s’en défient, notre gouvernement, lui, se bouche ostensiblement les oreilles et nous impose sa volonté sans même chercher à savoir ce que la majorité d’entre nous en pense.
Une consultation de la population, une enquête approfondie, une mise à plat du pour et du contre devraient tout de même permettre d’y voir clair - non ? Et quoi qu’il en soit, la liberté de se vacciner ou pas, de vacciner ou pas ses enfants, devrait être la norme dans un état de droit. Mais non, pas possible en France, où l’on reste sottement englué dans le dogme, le doigt sur la couture du pantalon. Ah, la Suisse ! Oui, ça, c’est une démocratie :

Cette obligation vaccinale est ensuite un scandale éthique parce que, tandis que de nombreux médecins et chercheurs émettent au minimum des doutes quant à l’efficacité des vaccins, lorsqu’ils n’en dénoncent pas les dangers, seuls des soi-disant experts pro vaccination, tout droit sortis des laboratoires qui en vivent, sont invités à en faire l’éloge et la publicité dans les médias. Je ne peux pas croire que ces gens-là, à moins qu’ils soient bêtes, soient sincèrement convaincus de ce qu’ils nous racontent. En vérité, je pense qu’ils se sont assis sur leur esprit critique (afin de l’étouffer) en même temps que sur leur dignité.
Mais voici une dame qui aurait mérité d’être mieux entendue :
Et une étude fort intéressante :
Sur un sujet aussi important, le débat, qui permettrait de confronter les idées, de faire état de toutes les études réalisées, au moins face à une commission de l’Assemblée Nationale ou du Sénat, n’existe pas, ne peut pas exister dans la France de la Vème République, et encore moins dans la France de « En Marche ». Pire qu’aux temps de l’obscurantisme, ce sont des diafoirus modernes qui nous imposent d’inutiles et parfois dangereux lavements et saignées. Et le bourrage de crâne continue.


La vaccination est enfin un scandale sanitaire, parce que les vaccins sont dangereux pour la santé.
Ainsi la vaccination antivariolique a-t-elle provoqué, durant les années 60 et le début des années 70, des dizaines de cas de méningite, cas reconnus et indemnisés. La question reviendrait-elle dans l’actualité :
C’est ainsi que, il y a une vingtaine d’années, la vaccination contre l’hépatite B a rendu malades de la sclérose en plaque des centaines, peut-être des milliers, de jeunes français. C’est la Cour de Justice Européenne qui le dit !
Ainsi la vaccination contre la grippe, en 2016, n’a pas su protéger 12 personnes qui en sont mortes en Italie et 6 personnes qui en sont mortes aussi à Lyon en décembre 2016 et janvier 2017.
Ainsi en mars 2015, deux bébés mouraient après une vaccination contre la gastro-entérite. Ne vous vient-il pas l’envie de vomir et de hurler, quand vous songez à la détresse de ces pauvres parents.
« Mais non, disent les marchands de vaccins, Macron et sa ministre en chœur, ce n’est pas si grave si quelques personnes par an meurent ou deviennent handicapées à cause d’un vaccin, c’est le prix à payer pour la protection du grand nombre et l’empêchement des épidémies. » Ils n’ont même pas honte des horreurs qu’ils profèrent. Je voudrais bien voir leur tête quand dans leur famille un bébé décèdera de leur cupidité sans vergogne. (Mais peut-être qu’ils ne vaccinent pas leurs enfants, eux.)

On se demande bien ce qui peut justifier cette folie de l’obligation vaccinale… Eh ben oui, pas compliqué, les amis, c’est le libéralisme économique, le libéralisme à la Macron : il faut « libérer », non seulement le travail, mais encore et plus précisément libérer des freins à la croissance toute l’industrie pharmaceutique ainsi que les dividendes de ses actionnaires (dont Macron ou ses copains doivent être).
Notre président a en effet l’obsession d’enrichir ceux qui sont déjà très riches, et cela non seulement aux frais du travailleur, du consommateur et de la sécurité sociale - qui est normalement notre bien commun, mais dont lui dispose comme si c’était sa banque - mais aussi sans le moindre souci de notre santé, quitte même à nous laisser empoisonner.
Quoi ? Vous pensez qu’il ne ferait pas ça ? Détrompez-vous. Songez seulement aux derniers scandales liés à des médicaments foireux ; vous aurez bien du mal à vous souvenir de la voix d’un ministre ou d’un président condamnant les industries assassines ou exprimant quelque compassion pour les victimes ; noblement, ces messieurs-dames laissent faire la justice... En revanche, quand un cadre se fait un peu tirer la chemise par un syndicaliste, là, ils s’offusquent, vilipendent, condamnent et soufflent à la justice ce qu’elle doit faire.


A gerber ! Mais tenez, pour finir et peut-être vous convaincre, voici deux arguments qui, à mon sens, prouvent que la vaccination est une aberration, une ânerie, du pipeau.
Quand, par exemple, les vaccinalistes prétendent qu’il faut se vacciner tous les dix ans pour continuer d’être protégé contre une certaine maladie et qu’une population n’est protégée contre cette même maladie que si au moins 80%, voire 90%, de ses membres sont vaccinés, alors je peux vous dire qu’à cause de salauds comme moi, qui ai refusé que mes enfants soient vaccinés, vous n’êtes pas du tout protégés, les amis… et plus encore parce que depuis mon service militaire (1975), je n’ai pas reçu un seul vaccin, comme l’immense majorité des Français, vu qu’il y a encore pas mal de rescapés mâles de l’année 1953 et des suivantes, et des femmes qui ne faisait pas le service et dont le dernier vaccin remonte au moins à leur préadolescence.

Et puis, franchement, ça n’a aucun sens de vacciner les gens d’un pays qui chaque année reçoit 90 millions de touristes du monde entier, qui se voit traversé par un nombre incalculable de vacanciers et de transporteurs, un pays qui a 4 millions de résidents étrangers et 400.000 clandestins, un pays dont 2,5 millions de ressortissants vivent sur les cinq continents et rentrent de temps en temps voir leur famille, un pays qui envoie 13.000 soldats en opérations extérieures, et j’oublie certainement quelques catégories de vivants comme les rats dans les bateaux et les puces dans les avions. Tout ce beau monde circule dans tous les sens, côtoyant la plupart du temps des populations pas vaccinées aussi « bien » que nous et parfois même des hurluberlus anachroniques sans carnet de vaccination du tout, et ce monde-là trimballe donc forcément avec lui, dans ses bagages, et en lui, dans ses poumons, son foie et ses viscères, tout un tas de microbes et de virus contre lesquels il faudrait dare-dare trouver un vaccin à inoculer à toute la planète.

La dernière trouvaille des labos, summum du foutage de gueule : des vaccins contre le cancer.

Qu’est-ce qu’on peut faire contre autant de connerie ? Ben, résister, comme d’habitude, ne pas transiger, refuser la vaccination.

mercredi 30 août 2017

La comédie du pouvoir - 16.3 La-France, concept paravent (écran de fumée)



La-France est une grande puissance militaire.
Membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, qui en compte 15, La-France a donc, à l’instar de la Chine, des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie, le droit de veto lors des débats de cette institution. Ce n’est pas rien, quand on songe que le Japon et l’Allemagne, certes les perdants de la Deuxième Guerre Mondiale, sont aujourd'hui loin devant nous au palmarès des puissances économiques et pourraient donc également jouir de ce privilège. Passons.

La-France a donc une responsabilité particulièrement importante dans le maintien de la paix et de la sécurité du monde, dans l'établissement de sanctions internationales et dans l'intervention militaire de l’ONU.

Toto :
- Alors comme ça, La-France à elle seule peut, par exemple, empêcher une guerre ? Ouaou ! c’est beau comme quand Villepin a fait son discours contre la guerre en Irak. Et vlan dans les gencives à Bush ! Ah, on peut être fiers, nous les Français !
- Bof.
- Quoi, bof ?
- A l’époque, La-Russie et La-Chine, sur la même ligne mais pour d'autres raisons, allaient également opposer leur veto. Celui de La-France n’aurait fait que s’y ajouter. Ce discours, c’était juste une opération de com’, pour regonfler la cote de popularité de Chirac et de son ministre (qui déjà visait la succession).
- Pas sûr, mais en tout cas, La-France avait résisté aux Etats-unis.
- Résisté, mais pour rien. La guerre a bien eu lieu : sans même attendre la réunion du conseil de sécurité, les Ricains y sont allés seuls… enfin, en compagnie de leurs alliés de l’OTAN. Heureusement, grâce au Grand Charles, La-France n’en était pas. Mais maintenant que le petit Sarko nous a remis dans le guêpier et que Macron s’en trouve content…
- Ah oui, ces Amerloques, ils se prennent vraiment pour les justiciers du monde.
- Et La-France alors ? (*)

L’armée française est déployée dans beaucoup de pays pour y faire la police ; comme « force de présence », pour occuper l’espace, quoi : au Sénégal, au Gabon, à Djibouti, et même sur l’eau, dans l’Océan Pacifique et dans l’Océan Indien ; ou impliquée dans des coopérations avec des « états amis » (en fait des gouvernement amis du nôtre et de nos patrons du CAC40) comme le Tchad, le Mali, la Côte d’Ivoire… et bien sûr en collaboration avec des forces internationales en ex-Yougoslavie, en Asie Centrale, au Liban, en Ethiopie, au Soudan, etcetera.

Je lisais sur un site « …point gouv » à propos de ces opérations extérieures de l’armée française que ses « objectifs politiques et stratégiques [sont] définis et décidés par le Président de la République » et que, « afin de respecter le principe de séparation entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif (sic), les conditions et modalités opérationnelles d'engagement de nos forces resteront du seul ressort du chef de l'État et du Gouvernement ».

C’est un peu fort, ça. Le parlement n’a rien à dire ? Et nous évidemment non plus. Seulement, vu de l’extérieur, c’est La-France, truc indéfini, fourre-tout mélangeant la géographie, l’histoire, le gouvernement, les entreprises et les citoyens, qui occupe un pays ou qui lui fait la guerre. C’est donc comme si nous - toi et moi - étions responsables de l’usage qui est fait des militaires français.
Or nous, individuellement comme en tant que peuple, ne pouvons absolument pas porter cette responsabilité, puisque notre monarque et sa bande peuvent déclarer la guerre sans jamais rien nous demander. Comme il n’y a plus d’appelés, que des professionnels de la guerre, l’armée française me semble maintenant plutôt une milice au service exclusif du président et de son gouvernement. Parce que tout en affirmant que c’est pour notre bien, ils font ce qui les arrange. Le comble, c’est qu’ils espèrent nous convaincre d’être d’accord avec et fiers de ça ; même que s’il nous prenait l’envie d’être contre, on passerait encore pour des traîtres à la patrie.

Il y a quelque chose qui ne va pas, là - non ? Moi, je suis pour que chacun assume ses responsabilités. Pas question de noyer le poisson avec des La-France par ci, La-France par là, parce que quand ça merdera, c’est nous collectivement qui serons désignés coupables et qui trinquerons : riposte militaire, terrorisme, sanctions économiques, que sais-je encore. Non, Sarkozy, tout seul (pour ce qui est de la France), a foutu le bordel en Libye. Tout seul, il doit être reconnu responsable et payer les pots cassés. Non mais !

Il serait temps qu’on réagisse, les amis. Vite, une Sixième République qui ôte des mains du président l’usage des outils de mort. Mieux : pas de président du tout. 

(à suivre)


(*) Extrait du « Livre Blanc (pourquoi blanc ?) pour la défense et la sécurité nationale [qui] a déterminé quatre zones critiques pour la France et l'Europe » :
« - arc de crise Mauritanie-Pakistan, où les intérêts français et européens peuvent être directement touchés par l'apparition de conflits
- Afrique sub-saharienne (pour quelles raisons ? pas dit)
- continent européen (stabilisation non achevée des Balkans et politique de puissance de la Russie vis-à-vis de l'étranger proche)
- Asie, avec impact possible pour l'Europe sous diverses formes (mise en jeu de la clause de défense collective en cas d'implication des Etats-Unis ; routes maritimes et approvisionnements stratégiques ; effets économiques et financiers). »

Ça plonge dans un abîme de questions, n’est-ce pas ? 

samedi 19 août 2017

La comédie du pouvoir - 16.2 La-France, Les-Français, opiums du peuple.

De par son économie, La-France est un grand pays. Non, La-France est plutôt une puissance, et même une grande puissance économique. Les-Français doivent en être fiers. (Allez, les amis ! Un peu plus d’enthousiasme, s’il vous plaît.)

Dans La Tribune du 16 juin dernier je lisais : « La France reste une place forte de l'économie mondiale. 6ème puissance avec une petite avance sur l'Inde, elle lutte avec le Royaume-Uni pour la 5ème place. Un rang qui devrait, d'ailleurs, bientôt lui revenir à la faveur de la chute de la livre sterling entraînée par le Brexit. Pour un pays qui rassemble moins de 1% de la population mondiale et dont le territoire représente 0,45% de la surface totale, ce n'est finalement pas si mal. »
Avec ces pourcentages ridicules, nous, Les-Français, faisons tout de même partie des riches - hé hé ! - en compétition directe avec les Angliches, nos ennemis héréditaires ; et on va se les bouffer, les Rosbifs, et ça sera bien fait pour eux ! Ouf, ça y est, tout va pour le mieux dans le plus libéral des mondes : le coq gaulois peut à nouveau chanter, quand bien même il serait esclave chez Uber ou chômeur de longue durée, sous le seuil de pauvreté.  

On avait eu en effet un petit coup de mou ces dernières années, avec cette histoire de baisse de la notation, les camouflets infligés par La-Allemagne, ennemi également héréditaire, et quelques autres déboires et tracasseries. Comment les économistes calculent la place de chaque pays dans l’ordre de la richesse et de la puissance, on se doute que ça n’a pas grand’ chose de compliqué, ni de bien scientifique, même si leurs savantes fonctions voudraient nous le faire accroire. Derrière ce palmarès, il y a en réalité des orientations stratégiques, deux ou trois chiffres choisis, des à-peu-près, des « corrections », bref du bidouillage ; mais nous qui en sommes avertis, nous nous en fichons. Nous nous en fichons parce que ce classement ramène tout à des quantités de fric, sans jamais tenir compte de la qualité de vie des gens. Et merde ! c’est tout de même ça, la vie qu’on a, qui devrait compter avant tout. Mais ils nous ont tellement bourré le crâne avec leur économie, qu’il nous faut désormais faire un effort pour le penser.

Oui, on s’est fait bouffer le cerveau ; c’est dramatique. Par exemple, l’Inde nous talonne au classement, sans doute grâce à des types comme Mittal qui a pu se payer Arcelor. Mais ça lui fait une belle jambe à la gamine de sept ans qui chaque matin quitte son bidonville infesté de rats pour aller aux carrefours vendre des fleurs aux beaux messieurs de Calcutta parce que son père ne gagne pas assez chez Mittal pour nourrir sa famille. Elle aimerait certainement mieux que son pays soit moins puissant et les gens plus heureux. Et nous, Les-Français, est-ce que si La-France passe devant le Royaume-Uni nous serons plus heureux, chacun ? Est-ce qu’une parcelle de misère en sera retirée aux plus misérables d’entre nous ? Evidemment, non. Alors à quoi bon se féliciter que le pays fasse partie du club des puissants ? La-France qu’on nous vend pour une grande chose n’est qu’un leurre. Aujourd’hui plus que jamais.

Pour preuves : ces fleurons de l’industrie française que sont TOTAL et DANONE ne bénéficient-ils pas d’une généreuse niche fiscale qui leur permet de ne pas ou peu payer d’impôts en France ? Et notre champion français du luxe, le milliardaire Bernard Arnaud, n’a-t-il pas demandé la nationalité belge il y a quelques années ? Et Cahuzac n’avait-il pas un compte off shore ? Et Depardieu n’a-t-il pas craché sur La-France parce qu’elle lui réclamait des sous ? Et il faudrait que nous soyons patriotes ! Non, suivons plutôt leur exemple : profitons sans vergogne, truandons le fisc, quittons la France ; que ceux qui n’en ont pas les moyens se fassent voleurs ou escrocs.

Enfin, à tous les gens du monde je dirais : cessez de faire des enfants car vos enfants deviendraient illico les esclaves travailleurs consommateurs de demain et continueraient d’enrichir à leurs dépens les cahuzacs et les mittals ; cessez de faire des enfants car les prochaines générations, par leur nombre à croissance exponentielle, scelleraient définitivement le triste sort de la planète et de l’humanité bien plus vite qu’il nous l’est prédit ; cessez de faire des enfants car ils mourraient bientôt à la prochaine grande guerre qui ne manquera pas de redonner à ce monde capitaliste effrayant un nouveau souffle.

Ne vous faites pas avoir : ne criez pas vive la France.


(à suivre)