lundi 16 octobre 2017

La comédie du pouvoir - 16.5 La-France des saloperies faites en notre nom

La-France serait grande par son histoire et par sa culture. On nous a gonflés avec ça, et on continue, car il faut qu’on soit orgueilleux, prêt à défendre « nos valeurs », l'honneur de la patrie. En France, tout est meilleur qu’ailleurs, pas vrai ? puisque le monde entier nous envie nos paysages, notre gastronomie, nos artistes, la beauté de notre langue, notre régime de protection sociale... « Glücklich wie Gott in Frankreich ! » disaient les Allemands, paraît-il, avant de perdre la boule. 
Cette supériorité nous autorise à toiser, voire mépriser, les Allemands, les Italiens, les autres pays en général, qui nous le rendent bien et qui, en définitive, sont comme nous, orgueilleux de leurs particularismes, de leur auto proclamée grandeur.

Charlemagne est notre ancêtre, n’est-ce pas ? Charlemagne était donc français avant l’heure, comme l’étaient les Gaulois. Sauf que Karl der Grosse est revendiqué aussi par les Allemands. Ceci dit, le gars parlait en fait un genre de luxembourgeois (selon les défenseurs du platt). Si on s’arrache Charlemagne, c’est parce que dans ce personnage il y a quelque chose de glorieux : son empire. Un grand pays, c’est toujours un empire. C’est pour ça que les Grecs et la Macédoine se disputent actuellement Alexandre, encore un grand, parce qu’il avait « bâti un empire ». Nous, les Français, on a eu notre empire avec Napoléon, et même avant lui, avec nos colonies.

L’empire est constitué quand plusieurs pays sont soumis à un seul. Ca se fait toujours par le glaive ou le canon. Mais jamais on ne demande leur avis aux peuples, l’empire naît seulement des intérêts des puissants. Une rapide analyse montre même que le moindre pays existant aujourd’hui est toujours né des intérêts de quelque monarque, ou de quelque oligarchie - roitelets devenus grands par les conquêtes militaires faites pour eux-mêmes, pour accroître leur territoire et leur trésor, comme par exemple, le roi des Belges à qui appartenait en propre le Congo Belge.

Sont-ce les peuples qui désirent des empires ? Je ne crois pas, les peuples veulent vivre en paix, confortablement, la panse pleine, sans souci du lendemain. L’avancée des colons pauvres dans le Far-West aurait pu être une expérience sociale nouvelle, extraordinaire. Il y avait de la place pour tous, à côté des « Indiens » qui les ont même bien acceptés au début. Là où les sauvages ne voulaient pas des blancs, ceux-ci n’y allaient pas. Mais les capitalistes, dont le métier est de piller les richesses partout où elles se trouvent, ont vite sabordé toute velléité de partage et de paix. De l’or, du pétrole, du manganèse, du cuivre, du bois, tout justifie qu’on élimine les indigènes gêneurs.

Toute l’histoire humaine est ainsi faite de ces massacres ignobles. La France est elle-même composée d’ex-provinces toutes soumises par la force au pouvoir central. Relire « Les Chouans ». Provinces elles-mêmes issues de la réunion des possessions que quelque noble prince aura gagnées par le sang et les larmes. 
Les rois et la noblesse dissous, la bourgeoisie triomphante a pris la relève. Après la Révolution Française, comme après l’URSS, les oligarques d’aujourd’hui sont les descendants des capitalistes de l’ancien régime, parce que le fond du système n’a pas changé : la monnaie continue d’être thésaurisable et le travailleur continue d’être spolié.

C’est pour cette raison que La-France peut à présent se vanter de sa fine culture, de ses artistes, de ses auteurs, de son architecture... comme d’ailleurs n’importe quel pays d’Europe ou du monde où une caste armée a dominé le grand nombre des producteurs sans défenses. Toute cette culture, toutes ces œuvres d’art, ces chefs d’œuvre, n’ont été possibles que par l’exploitation du travail et l’accaparement des biens et des moyens de production. Des millions d’heures de travail, pour créer Versailles, c’est merveilleux ! s’extasie-t-on. Merveilleux aussi, tous les morts sous la charge, à cause des cadences infernales, du fouet, du mauvais traitement, du mépris, de la misère entretenue ? Qu’importe ! Versailles, gloire de la royauté absolue, la République le revendique. Quelle ironie !

Pareillement ironique : La-France a accouché des Droits de l’Homme et du Citoyen pour… ne pas se les appliquer. Combien de fortunes actuelles trouvent en effet leur l’origine dans la traite et l’exploitation des esclaves africains ? Est-ce que les habitants laborieux de La-France avaient voulu ça ? Je ne crois pas. Et quand notre grand homme, Napoléon, le malade qui a embarqué son pays dans une guerre contre toute l’Europe, a assassiné Haïti par les armes et par le blocus qui s’ensuivit, est-ce que le peuple français était pour ça ? Je ne crois pas. Le peuple, il s’en fichait, il voulait juste la paix et du pain, et ce n’est pas la révolte des esclaves haïtiens qui le lui aurait retiré, le pain, mais plutôt ses propres compatriotes, ceux de la bourgeoisie française, puisqu’ils le lui volaient déjà. Relire « Les misérables ».
Et après, les mêmes bourgeois, par la bouche de leurs thuriféraires, nous rejettent la faute, sous prétexte que nous serions bien contents d’avoir du café, des bananes, du cacao, des téléphones portables…

On ne va pas multiplier les exemples, il y en a trop. La grandeur de la France, y compris en ce moment, n’est pas meilleure que celle des autres pays : découlant de la seule cupidité de la caste dominante, ça ne vaut pas le coup que nous nous y accrochions. Soyons au contraire internationalistes, universalistes, contre le principe moteur des pays qui est aujourd'hui la dispute, l’opposition, la guerre.
Il est temps d’abandonner le patriotisme et le nationalisme, pas de la manière dont l’Europe s’est faite, pas pour laisser les mains libres à la ploutocratie mondiale, mais pour avancer enfin vers la civilisation.

Illustration.
Voici un beau poème de M.

Adieu la France

France
qui te suffis à toi même
Je te quitte

Il y a une vie
et du vin
au-delà de tes frontières
Il y a d'autres
fromages ailleurs

France
nous nous sommes longtemps
mal connues
J'ai eu du mal
Tu ne t'es pas donné la peine

Comment t'intéresser ?
Comment arracher ton regard
des peluches de ton nombril ?

France
colonialiste et chauvine
je t'ai aimée
Tu n'as pas su apprendre
mon nom

sans le déformer

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