De par son économie, La-France est un grand pays. Non,
La-France est plutôt une puissance, et même une grande puissance économique.
Les-Français doivent en être fiers. (Allez, les amis ! Un peu plus
d’enthousiasme, s’il vous plaît.)
Dans La Tribune du 16 juin dernier je lisais :
« La France reste une place forte de l'économie mondiale. 6ème
puissance avec une petite avance sur l'Inde, elle lutte avec le Royaume-Uni
pour la 5ème place. Un rang qui devrait, d'ailleurs, bientôt lui
revenir à la faveur de la chute de la livre sterling entraînée par le Brexit.
Pour un pays qui rassemble moins de 1% de la population mondiale et dont le
territoire représente 0,45% de la surface totale, ce n'est finalement pas si
mal. »
Avec ces pourcentages ridicules, nous, Les-Français, faisons
tout de même partie des riches - hé hé ! - en compétition directe avec les
Angliches, nos ennemis héréditaires ; et on va se les bouffer, les
Rosbifs, et ça sera bien fait pour eux ! Ouf, ça y est, tout va pour le
mieux dans le plus libéral des mondes : le coq gaulois peut à nouveau
chanter, quand bien même il serait esclave chez Uber ou chômeur de longue
durée, sous le seuil de pauvreté.
On avait eu en effet un petit coup de mou ces dernières années,
avec cette histoire de baisse de la notation, les camouflets infligés par La-Allemagne,
ennemi également héréditaire, et quelques autres déboires et tracasseries. Comment
les économistes calculent la place de chaque pays dans l’ordre de la richesse
et de la puissance, on se doute que ça n’a pas grand’ chose de compliqué, ni de
bien scientifique, même si leurs savantes fonctions voudraient nous le faire
accroire. Derrière ce palmarès, il y a en réalité des orientations stratégiques,
deux ou trois chiffres choisis, des à-peu-près, des « corrections »,
bref du bidouillage ; mais nous qui en sommes avertis, nous nous en fichons.
Nous nous en fichons parce que ce classement ramène tout à des quantités de
fric, sans jamais tenir compte de la qualité de vie des gens. Et merde !
c’est tout de même ça, la vie qu’on a, qui devrait compter avant tout. Mais ils
nous ont tellement bourré le crâne avec leur économie, qu’il nous faut
désormais faire un effort pour le penser.
Oui, on s’est fait bouffer le cerveau ; c’est dramatique.
Par exemple, l’Inde nous talonne au classement, sans doute grâce à des types
comme Mittal qui a pu se payer Arcelor. Mais ça lui fait une belle jambe à la gamine
de sept ans qui chaque matin quitte son bidonville infesté de rats pour aller aux
carrefours vendre des fleurs aux beaux messieurs de Calcutta parce que son père
ne gagne pas assez chez Mittal pour nourrir sa famille. Elle aimerait certainement
mieux que son pays soit moins puissant et les gens plus heureux. Et nous,
Les-Français, est-ce que si La-France passe devant le Royaume-Uni nous serons
plus heureux, chacun ? Est-ce qu’une parcelle de misère en sera retirée
aux plus misérables d’entre nous ? Evidemment, non. Alors à quoi bon se
féliciter que le pays fasse partie du club des puissants ? La-France qu’on
nous vend pour une grande chose n’est qu’un leurre. Aujourd’hui plus que
jamais.
Pour preuves : ces fleurons de l’industrie française que
sont TOTAL et DANONE ne bénéficient-ils pas d’une généreuse niche fiscale qui
leur permet de ne pas ou peu payer d’impôts en France ? Et notre champion
français du luxe, le milliardaire Bernard Arnaud, n’a-t-il pas demandé la
nationalité belge il y a quelques années ? Et Cahuzac n’avait-il pas un
compte off shore ? Et Depardieu n’a-t-il pas craché sur La-France parce
qu’elle lui réclamait des sous ? Et il faudrait que nous soyons
patriotes ! Non, suivons plutôt leur exemple : profitons sans
vergogne, truandons le fisc, quittons la France ; que ceux qui n’en ont
pas les moyens se fassent voleurs ou escrocs.
Enfin, à tous les gens du monde je dirais : cessez de
faire des enfants car vos enfants deviendraient illico les esclaves
travailleurs consommateurs de demain et continueraient d’enrichir à leurs
dépens les cahuzacs et les mittals ; cessez de faire des enfants car les prochaines
générations, par leur nombre à croissance exponentielle, scelleraient définitivement
le triste sort de la planète et de l’humanité bien plus vite qu’il nous l’est
prédit ; cessez de faire des enfants car ils mourraient bientôt à la prochaine
grande guerre qui ne manquera pas de redonner à ce monde capitaliste effrayant
un nouveau souffle.
Ne vous faites pas avoir : ne criez pas vive la France.
(à suivre)
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