L’actualité politique me gonfle en ce moment : un an de
campagne électorale, c’est long, ça lasse. Les politiciens, les patrons et les
journalistes, eux ne sont pas fatigués de faire et dire des conneries. Dans
l’indifférence générale. A force que soit théâtralisé le moindre événement, il
devient en effet difficile de distinguer ce qui est important de ce qui est anecdotique.
D’abord, les obsèques de Simone Veil. Ca tombait bien, on
n’avait rien à vendre ces temps-ci. Alors, comme à chaque fois qu’un policier
meurt des coups des terroristes ou qu’un ancien ministre casse sa pipe, l’Elysée
(c’est toujours l’Elysée) organise des festivités - grandes pompes bien
compassées - où les écornifleurs en tous genres viennent sans vergogne se pavaner.
Par la même occasion, le chef de l’état offre ainsi au bon peuple quelque héros
à vénérer, choisi selon les contingences du moment, qu’on ressortira comme caution
idéologique, également selon les circonstances. Aussi est-il normal que le
Panthéon (étymologie : tous les dieux) soit rempli en majorité de
militaires et de politiciens, la plupart oubliés. Ils sont là, bien peu
d’humanistes, de penseurs : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_personnes_inhum%C3%A9es_au_Panth%C3%A9on_de_Paris
Pas sûr que sainte Simone Veil apprécie la compagnie de ces
grands hommes qui en outre se sont certainement retournés dans leur caveau en
entendant parler de féminisme. « J’ai décidé […] que » Simone Veil
irait dans le Panthéon, a dit le président. Il a dû penser que c’était bon pour
son image.
Les cendres de Guy Môquet, sorti en son temps des oubliettes
par Sarkozy pour la beauté du symbole et sa propre image, ont bien failli
déménager au temple du Quartier Latin. Perso, je verrais bien Johnny
panthéonisé ; de son vivant. Quand je songe à ce qu’est devenue la Légion
d’Honneur, je ne vois vraiment pas où serait l’outrage. Ah ouais, il est
belge.
Et puis, il y a Christian Jacob, l’inénarrable ! que
j’entends le matin vilipender l’odieux traître Edouard Philippe et dont
j’apprends que le soir il s’abstenait de voter la confiance au gouvernement, et
une majorité de Les-Républicains avec lui. Quelle conviction dans les idées,
quel courage politique, les gars ! Tout le monde voit bien maintenant la
carotte Macron qui vous pend au-dessus du nez, et aussi que vous avez le froc (ou
la jupe) sur les genoux et la langue crottée ; et vous nous la jouez droit
dans les bottes, donneurs de leçons - et sérieux, avec ça ? Allons,
allons, baissez la tête, de la dignité, que diable !
Un naïf croirait ce dilemme cornélien, mais il n’en est
rien : ces gens-là ne sont que des opportunistes, soucieux de conserver
leur mandat. Ils trahiront Macron dès que les effets de sa politique libérale lui
feront perdre des points « dans le cœur des Français ». Leurs
discours, leurs postures, l’indignation, le sens du devoir, le respect des
valeurs républicaines, l’honnêteté, les vertus morales, ces grands
sentiments qu’ils donnent à voir, tout n’est en effet que mise en scène à
destination de l’électeur. En coulisses, on ne trouve que petitesse d’esprit,
calculs et mesquineries. Evidemment, là, c’était à l’Assemblée : ils n’ont
pas pu faire autrement que d’exposer leurs contradictions sur le devant de la
scène. C’est pourquoi, si un journaliste leur avait posé la question, ils nous auraient
expliqué que dire blanc et voter noir, c’est l’essence même de la démocratie.
Je termine avec cette journaliste de Radio France qui nous
apprenait l’autre jour que des salariés français ayant bossé dans des pays du
golfe pour des entreprises appartenant à Saad Ariri, premier ministre du Liban,
n’avaient pas été payés depuis un an, qu’ils étaient en procès et qu’une
filiale du groupe industriel concerné avait déjà fait savoir qu’elle ne
paierait pas - point. Et cette grande professionnelle d’en conclure, le plus
placidement du monde : « Oui, c’est une vraie question. » Pour un
patron qui vole le travail de ses employés et qui s’assoit sur la loi et la
justice, elle ne trouve pas d’autre mot ? Ou elle craint de les utiliser ?
Et le gouvernement, qu’est-ce qu’il fiche ? Bon sang !
Ah, il regarde ailleurs ? C’est secret ? On ne peut pas se fâcher
avec le Liban ? Putain, on va regretter Sarkozy. Lui, il aurait agi,
illico, envoyé Carla, Sylvie Vartan, comme dans l’affaire des infirmières bulgares
chez son copain, ex-copain Kadhafi. Bon, avec ça, il a aussi foutu un bordel là-bas,
que pour y échapper, il y en a encore tous les jours qui se jettent dans la
Méditerranée.
Oui, bof, la guerre, la famine, les migrations, c’est d’un
banal.
Richard
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