vendredi 14 juillet 2017

La comédie du pouvoir - 11. Trump et Macron se sont embrassés sur la bouche, mais devant les caméras.

Donald Trump est à Paris, invité d’Emmanuel Macron, pour le 14 juillet, « célébrer » l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917. Images d’un défilé de limousines, des gardes du corps à la pelle chuchotant dans des micros cravate comme dans « Bodyguard », des chiffres cités qui témoignent de la puissance étasunienne… paranoïaque ! Je coupe le son.

Les présidents paraissent côte à côte dans un cadre, ils nous regardent. Qu’est-ce qu’ils nous veulent donc ? « Salut. - Salut, je remercie le président des E.U. d’A. d’avoir accepté... - J’avais rien d’autre à faire ; vous êtes un grand pays, Emmanuel. - Mais vous aussi, Donald, vous êtes un grand pays. - Yes, on va donc s’entendre. » Pose pour la photo de groupe. Trump, comme toujours, toise (la France ou cherche la caméra) et Macron a pour lui de petits gestes amicaux, tape sur l’épaule, main caressant l’omoplate, genre « good old chaps » qui ont fait la chouille ensemble ou « voyez comme je ne suis pas impressionné par le Grand Manitou ». Ça rappelle la fameuse poignée de main commentée sous l’angle symbolique, comme un avant match Joe la Motta contre Marcel Cerdan - j’ai bien regardé : je n’ai rien vu, ce n’était que fabrique de sensation. Là, c’est encore pareil : notre président se sait filmé (a demandé qu’on le filme), alors il nous adresse des messages, pas subliminaux mais tout de même destinés à notre inconscient ; comme dans la télé-réalité, tout est scénarisé.

Bon, ils vont dîner à la tour Eiffel, avec leurs femmes, toujours invités d’Emmanuel Macron, comme si c’était lui qui payait. Il y a pourtant un très bon cuistot à l’Elysée. Trop guindé, peut-être ? Ah mais la Tour, c’est romantique, la carte postale de la lune de miel à Paris. Dans ce cas, ils auraient pu aussi se faire un petit restau italien du fond de la ruelle, comme dans « La Belle et le Clochard » de Walt Disney (hommage discret et en passant à la culture américaine). Non, caprice du prince, on fait évacuer la Tour et les environs et tant pis pour le couple de pékins en voyage de noces qui s’était saigné aux quatre veines pour la réservation au Jules Verne. 
Ah non, je trouve ça petit, sans gêne, ça manque vraiment d’élégance. Mais quoi, c’est le naturel qui le domine : il a beau porter le costume, Macron est un plouc. En fait, Trump et lui sont pareils, des gamins égocentriques qui se fichent des gens et, parce qu’ils ont du galon, se croient autorisés à emmerder le monde. On songe aux amitiés Bokassa - Giscard ou Sarkozy - Kadhafi… Va savoir ce qui se cache derrière.

Ben justement, de quoi vont-ils donc parler ? De choses qui fâchent ? Mais non, rien ne fâche entre eux, sinon, ils se seraient vus en aparté dans un salon du palais. De choses importantes ? Mais non, puisqu’ils sont déjà d’accord sur tout : la participation financière de la France à l’OTAN, okay ; les négociations sur le traité de libre échange transatlantique n’ont jamais cessé en coulisses ; et on nous dit qu’ils parleront de la Syrie, mais là aussi tout se passe en conférences diplomatiques dont nous ne saurons jamais rien.
Non, ils sont là tous les deux pour une représentation destinée aux bons peuples. Rien d’important n’en sortira, pareil qu’avec le récent conseil des ministres auquel participait Angela Merkel.

Comme j’avais aussi coupé le son, je ne peux pas en être sûr, évidemment. Mais je prends le pari.

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