Donald Trump est à Paris, invité d’Emmanuel Macron, pour le 14
juillet, « célébrer » l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917.
Images d’un défilé de limousines, des gardes du corps à la pelle chuchotant
dans des micros cravate comme dans « Bodyguard », des chiffres cités qui
témoignent de la puissance étasunienne… paranoïaque ! Je coupe le son.
Les présidents paraissent côte à côte dans un cadre, ils nous
regardent. Qu’est-ce qu’ils nous veulent donc ? « Salut. - Salut, je
remercie le président des E.U. d’A. d’avoir accepté... - J’avais rien d’autre à
faire ; vous êtes un grand pays, Emmanuel. - Mais vous aussi, Donald, vous
êtes un grand pays. - Yes, on va donc s’entendre. » Pose pour la photo de
groupe. Trump, comme toujours, toise (la France ou cherche la caméra) et Macron
a pour lui de petits gestes amicaux, tape sur l’épaule, main caressant
l’omoplate, genre « good old chaps » qui ont fait la chouille
ensemble ou « voyez comme je ne suis pas impressionné par le Grand Manitou ».
Ça rappelle la fameuse poignée de main commentée sous l’angle symbolique, comme
un avant match Joe la Motta contre Marcel Cerdan - j’ai bien regardé : je
n’ai rien vu, ce n’était que fabrique de sensation. Là, c’est encore pareil :
notre président se sait filmé (a demandé qu’on le filme), alors il nous adresse
des messages, pas subliminaux mais tout de même destinés à notre inconscient ;
comme dans la télé-réalité, tout est scénarisé.
Bon, ils vont dîner à la tour Eiffel, avec leurs femmes, toujours
invités d’Emmanuel Macron, comme si c’était lui qui payait. Il y a pourtant un très
bon cuistot à l’Elysée. Trop guindé, peut-être ? Ah mais la Tour, c’est
romantique, la carte postale de la lune de miel à Paris. Dans ce cas, ils
auraient pu aussi se faire un petit restau italien du fond de la ruelle, comme
dans « La Belle et le Clochard » de Walt Disney (hommage discret et
en passant à la culture américaine). Non, caprice du prince, on fait évacuer la
Tour et les environs et tant pis pour le couple de pékins en voyage de noces qui
s’était saigné aux quatre veines pour la réservation au Jules Verne.
Ah non, je
trouve ça petit, sans gêne, ça manque vraiment d’élégance. Mais quoi, c’est le
naturel qui le domine : il a beau porter le costume, Macron est un plouc.
En fait, Trump et lui sont pareils, des gamins égocentriques qui se fichent des
gens et, parce qu’ils ont du galon, se croient autorisés à emmerder le monde. On
songe aux amitiés Bokassa - Giscard ou Sarkozy - Kadhafi… Va savoir ce qui se
cache derrière.
Ben justement, de quoi vont-ils donc parler ? De choses
qui fâchent ? Mais non, rien ne fâche entre eux, sinon, ils se seraient
vus en aparté dans un salon du palais. De choses importantes ? Mais non,
puisqu’ils sont déjà d’accord sur tout : la participation financière de la
France à l’OTAN, okay ; les négociations sur le traité de libre échange
transatlantique n’ont jamais cessé en coulisses ; et on nous dit qu’ils parleront
de la Syrie, mais là aussi tout se passe en conférences diplomatiques dont nous
ne saurons jamais rien.
Non, ils sont là tous les deux pour une représentation
destinée aux bons peuples. Rien d’important n’en sortira, pareil qu’avec le
récent conseil des ministres auquel participait Angela Merkel.
Comme j’avais aussi coupé le son, je ne peux pas en être sûr,
évidemment. Mais je prends le pari.
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