lundi 3 juillet 2017

La comédie du pouvoir - 6. Dire quelque chose et faire son contraire

Je n’ai pas tout suivi, mais j’en sais déjà bien assez pour comprendre que ceux qui nous gouvernent font systématiquement le contraire de ce qu’ils disent.

Par exemple, le gouvernement de la France qui siège à Nancy, ça n’est pas banal. En effet, la dernière fois qu’il quittait Paris, c’était pour Vichy, je crois. Mais bon, aucun rapport. Paraît que c’est pour soutenir une région sinistrée. Dans ce cas, il aurait dû s’inviter à Hayange ou dans la vallée de l’Orne. Enfin bref, on a compris que c’est juste un symbole. Tout à l’heure, pour la beauté du symbole, le gouvernement pourra aussi s’en aller camper dans une vallée des Pyrénées, entre les loups et les éleveurs de brebis. Tout aussi ridicule, mais plus risqué.
On se demande en effet si on travaille mieux après avoir fait un petit voyage de 300 kilomètres (ça fera 600 AR). Mais ne soyons pas mauvaises langues ; peut-être nos ministres ont-ils pu, là-bas, mieux qu'ailleurs traiter le problème de l’endettement et de la nécessité de réduire les dépenses de l’état, en gelant par exemple les retraites et les salaires des fonctionnaires ou en chargeant le budget des collectivités territoriales. Comme ce sont en outre des gens honnêtes et consciencieux, qui sont en train de moraliser la vie politique, chaque ministre aura naturellement payé le train, les petits fours et l’hôtel de sa poche. De Gaulle, lui, c’est ce qu’il aurait fait, et il ne s’en serait pas vanté.

Autre exemple. Notre bon président annoncé à Versailles, devant le congrès, avant le discours de politique générale du premier ministre, déclenche deux petites polémiques pas méchantes désamorcées dans la foulée par le média même qui les lance et qu’on peut résumer par la question - Y a-t-il dérive monarchiste ? - et la réponse - Mais non, le président ne fait qu’utiliser le droit que lui donne la constitution (tous les autres présidents l’ont fait ; alors, hein !) afin de « mieux s’approprier » la fonction. C’est une sorte de stage de mise à niveau, quoi. Et puis, nous dit-on, il s’adressera à la Nation, et ce sera donc à nous, le peuple, qu’il fera cet honneur. C’est américain, moderne. A nos frais, aussi ? Cool ; nous sommes pleins de gratitude.
Tout de même, pour quelqu’un qui est si attaché à l’image qu’il donne à voir, j’ai entraperçu notre président à la télé, au Mali, je crois, dans un fauteuil tout à fait bananier - un petit plaisir impérial qu’il n’aura su se refuser. A sa décharge, c’est son amphitryon, Ibrahim Boubacar Keïta, qui avait dû meubler le salon. Je galèje, parce que Macron assume en fait totalement son trip monarchique. Et s’il l’assume, c’est qu’il pense que les Français aiment ça, être gouvernés par des princes. Et s’il le pense, c’est que ses conseillers en marketing ont pris la température auprès des instituts de sondage qui ne se trompent jamais de beaucoup, sauf quand ils le font exprès. « Les Français sont des veaux », disait le général, prophétique. Un journaliste de radio ne s’y est d’ailleurs pas trompé, emporté par son enthousiasme pour la belle fête, il parlait l’autre jour à propos du prochain congrès de Versailles de « la république dans toute sa majesté » - sans rire.

Dernier exemple, plus ancien. C’est dit : Brigitte aura désormais un rôle officiel au côté du président, et le budget qui va avec. Comme ça, ce sera plus clair (parce que les précédentes dames… elles aussi… hein... enfin…). Bon, depuis, on n’en parle plus. C’est que ça doit être déjà fait. Vous allez voir qu’après ça, notre monarque, par médias interposés, va nous convaincre qu’il serait donc normal que Brigitte soit rémunérée et qu’elle touche aussi une retraite, en vertu de l’égalité de traitement entre tous les Français. Ca s’appelle moraliser la politique. En effet, c’est clair comme embaucher sa femme en tant qu’attachée parlementaire.


Est-ce qu’un jour on aura une âme enfantine assez libre pour s’écrier, comme dans le conte d’Andersen « Mais… l’empereur se fiche de nous ! » ?

Richard

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