vendredi 21 juillet 2017

La comédie du pouvoir - 13. La société civile.

Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, il n’y avait pour moi d’opposé au « civil » que le « militaire ». Mais si l’on en croit l’usage qu’en font les médias, le mot « civil » signifie aujourd’hui le contraire de « profession politique ». En même temps, on laisse entendre (oh, discrètement) que c’est mieux, que la société civile n’est ni susceptible d’ambition carriériste, ni soumise au risque de corruption, comme certains politicards (chut ! il y en a encore qui sont en marche), qu’elle est davantage compétente aussi, et qu’elle est en quelque sorte l’émanation juste de nous-mêmes, le peuple.

Que nenni, mes bons amis. La société civile, ce sont des technocrates, mais uniquement ceux qui ont été assez bons serviteurs de l’oligarchie et des grandes entreprises privées, par le truchement des services de l’état qui y sont si habilement liés, souvent pour le pire, assez bons serviteurs pour en être récompensés. Oui, comme Macron.
Un gouvernement tout issu de la société civile, c’est ce qui, dans l’esprit des Rothschild, Gattaz, Macron et consorts (qui a dit qu’il n’était « pas nécessaire d’être élu pour gouverner »), doit un jour remplacer les gouvernements issus du débat politique et des élections encore un peu démocratiques.

Jusqu’à présent, la plupart des politiciens nous ont toujours pris pour des cons. Maintenant que leur disparition est programmée, peut-être vont-ils se réveiller, retrouver un peu de dignité, faire enfin le boulot pour lequel nous les avons élus : nous représenter, nous défendre, nous améliorer la vie. Ce processus de confiscation de la démocratie est naturellement commencé depuis très longtemps mais là, avec l’avènement de l’état Macron, les choses sont claires : si nous ne réagissons pas tout de suite, nous sommes à la veille d’abdiquer de tout contrôle sur le travail, la santé, l’éducation, l’information, la culture, l’ensemble de ce qui fait une vie. La dictature du capital va pourrir république et démocratie, et Macron est la cinquième colonne envoyée pour lui préparer le nid. Il n’y a qu’à voir son entourage.

Exemple : Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Joli curriculum :
- Présidente du conseil d'administration de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)
- Membre du Commissariat à l'énergie atomique
- Présidente du collège de la HAS (Haute autorité de la santé).
- Présidente du conseil d'administration de l'INCa (Institut national du cancer)
- Membre des boards des laboratoires pharmaceutiques Novartis et Bristol-Meyers Squibb
- Son conjoint, Yves Lévy, président-directeur général de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (l’Inserm est membre du groupement d’intérêt public que constitue l’Institut national du cancer).
Conflit d’intérêt à tous les étages !

Cherchant davantage de renseignements sur la dame, Google m’annonce que « Certains résultats peuvent avoir été supprimés conformément à la loi européenne sur la protection des données. » La même loi européenne qui institue l’opacité des affaires sous prétexte de protéger les données ? Ou est-ce pour n’avoir pas à dévoiler le pot aux roses ? Parce que madame Buzyn n’a aucun état d’âme. Citations : « Il faut expliquer que vouloir des experts sans aucun lien avec l’industrie pharmaceutique pose la question de la compétence des experts » et encore « l’obligation de déclarer le conflit d’intérêt des politiciens et autres responsables – experts médicaux […] est handicapante » Et voici la meilleure, du 12 juillet, dans Libération : « En France, pays d’Europe du Sud, on a une population parfois rebelle, qui peut être rétive aux consignes de l’Etat ».
Tu as compris, population du sud ? Tu as intérêt à obtempérer à la consigne, sinon c’est la main de l'état sur ta gueule. Madame Buzyn ne cache même pas qu’elle se préoccupe davantage du tiroir caisse des pharmaciens que de notre santé. 

Autre exemple : Muriel Pénicaud, ministre de la casse du code du travail.
- Directrice générale des ressources humaines du Groupe Danone, (Danone, reconnu d’intérêt public !)
- Directrice générale adjointe du groupe Dassault
- Administratrice d’Aéroports de Paris
- Membre du conseil d’administration de la SNCF
- Administratrice du groupe Orange
- Administratrice de l’établissement public Paris-Saclay
- Ex-dirigeante de Business France, établissement public rattaché à plusieurs ministères, qui avait organisé un déplacement d'Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, à Las Vegas sans passer par un appel d'offres, donc délit de favoritisme ; sa mise en examen est actuellement à l’étude ( Allez quoi, les juges, soyez humains : mettez-la en examen, qu’elle puisse se défendre !)
En tant que ministre, on espère que la chère Muriel saura résister à l’envie, bien compréhensible par ailleurs, de faire plaisir aux patrons pour lesquels elle a bossé.  

Eh oui, la société civile, c’est le cheval de Troie, le loup dans la bergerie : laissez faire et garanti qu’on va se faire bouffer !

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