Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, il n’y avait pour moi d’opposé
au « civil » que le « militaire ». Mais si l’on en croit l’usage
qu’en font les médias, le mot « civil » signifie aujourd’hui le
contraire de « profession politique ». En même temps, on laisse
entendre (oh, discrètement) que c’est mieux, que la société civile n’est ni
susceptible d’ambition carriériste, ni soumise au risque de corruption, comme certains
politicards (chut ! il y en a encore qui sont en marche), qu’elle est
davantage compétente aussi, et qu’elle est en quelque sorte l’émanation juste
de nous-mêmes, le peuple.
Que nenni, mes bons amis. La société civile, ce sont des
technocrates, mais uniquement ceux qui ont été assez bons serviteurs de
l’oligarchie et des grandes entreprises privées, par le truchement des services
de l’état qui y sont si habilement liés, souvent pour le pire, assez bons serviteurs pour en être récompensés. Oui, comme Macron.
Un gouvernement tout issu
de la société civile, c’est ce qui, dans l’esprit des Rothschild, Gattaz,
Macron et consorts (qui a dit qu’il n’était « pas nécessaire d’être élu pour gouverner »), doit un jour remplacer les gouvernements
issus du débat politique et des élections encore un peu démocratiques.
Jusqu’à présent, la plupart des politiciens nous ont
toujours pris pour des cons. Maintenant que leur disparition est programmée,
peut-être vont-ils se réveiller, retrouver un peu de dignité, faire enfin le
boulot pour lequel nous les avons élus : nous représenter, nous défendre,
nous améliorer la vie. Ce processus de confiscation de la démocratie est naturellement
commencé depuis très longtemps mais là, avec l’avènement de l’état Macron, les
choses sont claires : si nous ne réagissons pas tout de suite, nous sommes
à la veille d’abdiquer de tout contrôle sur le travail, la santé, l’éducation,
l’information, la culture, l’ensemble de ce qui fait une vie. La dictature du capital va
pourrir république et démocratie, et Macron est la cinquième colonne envoyée pour lui préparer le nid. Il n’y a qu’à voir son entourage.
Exemple : Agnès Buzyn, ministre des solidarités et
de la santé. Joli curriculum :
- Présidente du conseil d'administration de l'Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)
- Membre du Commissariat à l'énergie atomique
- Présidente du collège de la HAS (Haute autorité de la
santé).
- Présidente du conseil d'administration de l'INCa (Institut
national du cancer)
- Membre des boards des laboratoires pharmaceutiques Novartis
et Bristol-Meyers Squibb
- Son conjoint, Yves Lévy, président-directeur général de
l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (l’Inserm est
membre du groupement d’intérêt public que constitue l’Institut national du
cancer).
Conflit d’intérêt à tous les étages !
Cherchant davantage de renseignements sur la dame, Google m’annonce que « Certains
résultats peuvent avoir été supprimés conformément à la loi européenne sur la
protection des données. » La même loi européenne qui institue l’opacité
des affaires sous prétexte de protéger les données ? Ou est-ce pour n’avoir
pas à dévoiler le pot aux roses ? Parce que madame Buzyn n’a aucun
état d’âme. Citations : « Il
faut expliquer que vouloir des experts sans aucun lien avec l’industrie
pharmaceutique pose la question de la compétence des experts » et encore
« l’obligation de déclarer le conflit d’intérêt des politiciens et autres
responsables – experts médicaux […] est
handicapante » Et voici la meilleure, du 12 juillet, dans Libération :
« En
France, pays d’Europe du Sud, on a une population parfois rebelle, qui peut
être rétive aux consignes de l’Etat ».
Tu as compris, population du sud ? Tu as intérêt à
obtempérer à la consigne, sinon c’est la main de l'état sur ta gueule. Madame Buzyn ne cache
même pas qu’elle se préoccupe davantage du tiroir caisse des pharmaciens que de
notre santé.
Autre exemple : Muriel Pénicaud, ministre de la casse
du code du travail.
- Directrice générale des ressources humaines du Groupe
Danone, (Danone, reconnu d’intérêt
public !)
- Directrice générale adjointe du groupe Dassault
- Administratrice d’Aéroports de Paris
- Membre du conseil d’administration de la SNCF
- Administratrice du groupe Orange
- Administratrice de l’établissement public Paris-Saclay
- Ex-dirigeante de Business France, établissement public
rattaché à plusieurs ministères, qui avait organisé
un déplacement d'Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, à Las Vegas sans passer par un appel
d'offres, donc délit de favoritisme ; sa mise en examen est
actuellement à l’étude ( Allez quoi, les juges, soyez humains : mettez-la
en examen, qu’elle puisse se défendre !)
En tant que ministre, on espère que la chère Muriel saura résister à
l’envie, bien compréhensible par ailleurs, de faire plaisir aux patrons
pour lesquels elle a bossé.
Eh oui, la société civile, c’est le cheval de Troie, le loup dans la bergerie : laissez
faire et garanti qu’on va se faire bouffer !
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