samedi 9 mai 2020

Journal de déconfinement – jour 53

ETERNITE

A mon réveil, je me suis cru sur la lune. Pas celle de mes braves Sélénites ; non, la lune des hallucinés. C'est que le journal de France Inter ne débitait ce matin, à un rythme infernal, que des informations qui ne manqueront pas de piquer votre bons sens comme elles ont piqué le mien, quant au fonctionnement de notre société. Jugez-en.
1. "Des parents séparés, l'un voulant remettre leur enfant à l'école, l'autre non, prétendent régler leur désaccord devant la justice. Ca risque d'être long. Des avocats ont donc [déjà] créé une plate-forme de conseil pour les aider." Ou les faire simplement patienter jusqu'à ce que ça ne serve plus à rien, puisque l'école sera redevenue obligatoire avant que les tribunaux soient désengorgés. On peut se demander en effet ce qu'un juge pourrait juger en la matière, puisque chaque parent est dans son droit, en l'état actuel des choses. Sans nier leur utilité, les avocats, comme les psy', ça fait vraiment business de tout.

2. "Mea culpa de l'APHP, assistance publique et hôpitaux de Paris, qui avait annoncé trop vite l'efficacité du tooo... tocilizumab." J'avais déjà entendu que le reee... remedesivir n'avait pas vraiment fait ses preuves chez nous, qu'il était sans effet aucun dans la République Populaire de Chine, et cela malgré qu'il a eu des résultats positifs encourageants au USA. Le Pr Raoult dit par ailleurs que son protocole marche à fond la caisse, tandis que d'autres disent que nib, ou qu'il faut voir, qu'il faut attendre les résultats des études. Je me demande vraiment si tous ces gens-là connaissent leur métier, je me demande aussi s'ils ne seraient pas un petit peu malhonnêtes (intellectuellement). 
Si hypothèses avérées, quelle serait la pire des deux ? Ca donne le vertige, ou le frisson, pas vrai ? 

3. Faisant le décompte des morts, la journaliste cite "le Royaume-Uni comme le pays le plus touché en Europe et les Etats-Unis le plus touché au monde". 
En nombre de morts, c'est vrai ; mais cela a-t-il un sens autrement que rapporté à la population ? Voici les chiffres trouvés ici (1) et là (2).
                  morts de covid-19
payspopulationnombrepourcentagepar 100.000 habitants
Espagne 46 700 000262990,05656
Italie60 600 000302010,05050
Royaume-Uni67 500 000312410,04646
France65 100 000262300,04040
Etats-Unis329 100 000782000,02424
 Avec 24 morts pour 100.000 habitants, les Etats-Unis sont en fait le pays le moins touché de ceux que j'ai pris en exemple. La France, bien qu'en bonne place, est loin derrière. 
C'est inquiétant - non ? - de devoir supposer que nos journalistes main-stream n'ont pas assez d'intelligence pour penser à mettre les chiffres bruts en perspective. Si en revanche ils y ont pensé, on en déduit forcément qu'il sont malhonnêtes (intellectuellement). Ce qui est plus inquiétant encore.
5. "Dans le monde, le covid a fait 275.000 morts." C'est bien peu, allez, comparé aux 9.000.000 de personnes qui chaque année meurent trop tôt à cause de la pollution de l'air. Même BFM le fait savoir : 
https://www.bfmtv.com/actualite/la-pollution-de-l-air-fait-9-millions-de-morts-par-an-dans-le-monde-selon-une-nouvelle-etude-1651154.html

6. "Le Pakistan renonce au confinement. Parce que pour une majorité de Pakistanais pauvres dans un pays pauvre, c'est prendre le risque du covid ou mourir de faim." Qu'est-ce que nous ferions à leur place ? Eh bien, nous avons dès le début répondu à cette question en apprenant avec soulagement que les supermarchés resteraient ouverts et maintenant, avec autant de soulagement, que nous allons de nouveau pouvoir gagner des sous pour acheter à manger (sauf les cafetiers et les restaurateurs qui eux finiront comme des Pakistanais)

7. Il y a cette femme (je n'ai malheureusement pas retenu son nom), médecin spécialiste des soins palliatifs, qui rappelle que "la réanimation avec intubation est une agression du corps, une épreuve dont on ne sort pas sans difficultés", et qui réclame donc "qu'on laisse les malades, même âgés, même faibles, ou avant qu'ils en arrivent à un stade critique, choisir ou refuser la réanimation". Ce rappel au respect de la dignité humaine me paraît indispensable en cette période d'urgence sanitaire qui pourrait bien favoriser certains excès. On n'a pas le droit de soigner les gens contre leur volonté. Ceux qui penseraient le contraire n'ont qu'à songer aux médecins nazis.

8. Les psy' préviennent : "Il va falloir mettre en place des cellules psychologiques pour les élèves qui reprendront la classe." Nous allons d'ailleurs tous avoir besoin d'un suivi réparateur ; je l'ai entendu d'un autre psy sur une autre chaîne : "Vous n'imaginez pas les dégâts que le confinement aura fait, qui pourront se traduire en troubles divers, dépressions, névroses, qui ressortiront même dans cinq ou dix ans..." D'où la nécessité, bien sûr, d'un suivi très long... à cinquante balles la séance de trente minutes. Sans nier leur utilité, les psy', comme les avocats, ça fait vraiment business de tout.

Et après tout, peut-être ont-ils raison. Médecins, chercheurs, spécialistes de tout poil, politiciens, journalistes, tous sont en train de nous rendre fous. Chacun de nous sait bien qu'il faudra un jour sortir des règles du déconfinement, difficile à envisager comme mode de relation humaine - à moins que nous acceptions d'évoluer vers une autre espèce, humainement déconnectée, robotisée numériquement connectée -, mais quand nous songeons à la grippe qui va arriver en septembre, que nous soyons désormais inquiétés par ce danger-là aussi ou simplement d'un esprit logique, nous comprenons aussitôt que le confinement devrait n'avoir jamais aucune fin. 

Parce que nous aurons bientôt intégré l'idée qu'un seul mort sera toujours un mort de trop. Je ne parle pas des morts d'accident de la route ou du travail, pas des morts d'alcoolisme, de tabac ou de malbouffe, pas des morts de pauvreté ou de solitude, et pas des morts de la pollution... Non, seuls les morts d'épidémie nous seront devenus insupportables. A moins que... à moins que la Grande Industrie Pharmaceutique nous sorte de sa manche un vaccin, plusieurs vaccins, un vaccin par multinationale. Et là, miracle ! seulement là, nous serons instantanément sauvés de la grande peur qui nous paralyse. Plus besoin de se confiner ? Mais non, puisqu'on vous le dit ! Bien sûr, il y aura encore des morts du coronavirus, et par milliers, comme il y a des milliers de morts de la grippe malgré les vaccins, mais nous n'en aurons cure, parce que nous serons vaccinés. 
Le vaccin, ce sera, c'est déjà, comme Jésus, Allah ou Vishnu, un effet placebo à la puissance divine. Et son saint-siège, sans le moindre doute, se trouve à Genève. Applaudissons le seigneur.

En réalité, nous sommes d'ores et déjà dans une société schizophrénique qui fait de nous des schizophrènes. Il est grand temps d'en sortir. Comment ? Peut-être qu'en commençant à chercher ensemble... ? 

Amies, amis, à demain, pour la dernière.



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