3.1 Conclusion du précédent article... que je vous avais laissés tirer vous-mêmes, suite à la comparaison entre le régime actuel et le système à points :
les salariés vont tous y perdre,
beaucoup en partant en retraite à l'âge minimum, et même encore un peu en partant à l'âge d'équilibre promis. Pour avoir une retraite simplement équivalente, il va leur falloir travailler jusqu'à plus de 65 ans.
La courbe ci-dessous va grimper sec ! Normal, c'est le but de la réforme.
3.2 Concrètement, qu'est-ce qui attend le salarié du privé ?
Si vous êtes nés après le 31 décembre 1974, vous passerez au nouveau régime à partir du 1er janvier 2025, les années cotisées jusqu'à cette date étant comptées selon l'ancien système.
La réforme entrera en vigueur le 1er janvier 2022 pour ceux qui sont nés à partir du 1er janvier 2004.
Pour la valeur d'exemple des calculs ci-après, nous supposerons que :
- vous êtes né en 2004 ou après
- vous n'aurez connu qu'un seul boulot et aucune interruption d'activité lorsque vous prendrez votre retraite
- votre salaire n'aura évolué ni dans un sens, ni dans l'autre (et votre pouvoir d'achat non plus)
- que les variables d'ajustement, que nous écrirons en rouge, et en particulier les valeurs d'achat et de vente du point, seront restées les mêmes que celles proposées au démarrage du système universel à points.
Le calcul est dans le tableau ci-dessous.
Ne connaissant pas la situation de tous mes lecteurs, je vous propose le calcul des droits à retraite sur des parts de salaire brut de 10, 100 et 1000 €.
Ainsi, si votre salaire mensuel brut est par exemple de 3170 euros, vous obtiendrez le montant de vos droits à pension en prenant en bas du tableau le montant de la colonne C trois fois, celui de la colonne B une fois et celui de la colonne A sept fois.
NB. La dernière colonne reprend l'exemple de calcul proposé dans le rapport Delevoye (déjà présenté précédemment).
Maintenant, il s'agit pour vous de choisir votre âge de départ.
David, notre exemple, a cotisé 43 années, il suffit donc de multiplier (ligne 5), sa pension annuelle par 43, ce qui fait bien 16390 € de pension annuelle brute, soit 1365,84 € par mois.
Nous avions vu cependant que dans son exemple M. Delevoye avait oublié de défalquer 15% de décote pour un départ avant 65 ans.
Le problème du futur retraité sera donc un choix forcé, celui de son âge de départ :
- ai-je acquis assez de points pour avoir une retraite que j'estime correcte ?
- puis-je supporter la décote si je pars à 62 ans (- 15%), à 63 (- 10%), à 64 (-5%)
- ai-je le courage d'aller jusqu'à la surcote et ne partir qu'à 66 ans (+5%) ou 67 ans (+10%)
Allez, courage !
3.3 Pour les fonctionnaires, ça va faire très mal !
Voici pourquoi.
D'abord comprendre comment le fonctionnaire, actif et retraité, est payé.
- Le salaire d'un fonctionnaire dépend d'une grille indiciaire et de la valeur du point d'indice.
- La grille est particulière à chaque classe de fonctionnaires, la valeur du point est commune.
- La grille - on dit aussi tableau d'avancement - détermine des échelons.
- A chaque échelon, du 1er au 8ème, ou au 11ème, selon les corps, correspond un nombre croissant de points d'indice. On gagne peu au début, davantage à la fin.
- Le temps passé dans un échelon avant d'accéder à l'échelon supérieur est lui aussi croissant.
- A la fin, le fonctionnaire part en retraite avec environ 75% de son dernier salaire, à condition qu'il soit resté au moins six mois dans son dernier échelon.
Le fonctionnaire sait donc plus ou moins à l'avance ce qu'il va gagner ainsi que le montant de sa pension. Je dis plus ou moins, parce que cela fait maintenant dix ans que la valeur du point d'indice n'a pas été revalorisée.
Bien. Prenons un exemple dans la fonction publique territoriale :
secrétaire de mairie
En bleu, vous avez le temps passé dans les échelons, en rouge le salaire correspondant.
Tout le reste en découle, selon les calculs présentés dans le texte de la réforme. (Vous pouvez les vérifier, ils sont justes)
Bon maintenant, vous comparez avec 75% du dernier salaire dans le système actuel et vous arrivez à la conclusion suivante :
Le -32,1 , c'est en pourcentage. :-)
Oui, ça fait mal.
"Bien fait pour eux, c'étaient des privilégiés" pensez-vous peut-être.
Allez donc demander ce qu'en disent les pompiers et les infirmières de l'hôpital public !
Ah... Autant pour moi, vous avez raison : dans le privé, les infirmières sont encore plus mal payées.
Ca serait donc logique et raisonnable qu'on aligne les salaires du public sur ceux du privé - pas vrai ?
Non, les amis, je ne dis pas ça pour vous. Et puis j'avais promis : pas de polémique.
Alors OK. Revenons aux faits.
Et les faits sont que :
Or, le gouvernement a promis qu'il ferait en sorte que les fonctionnaires ne perdent pas sur leur pension (puisque le principe était que les pensions ne baisseraient pas - au contraire !).
Mais là, c'est un vrai casse-tête !
Sauf si l'objectif est de liquider la fonction publique, police mise à part, bien sûr.
(oui, je verse encore dans la polémique, je ne peux pas m'empêcher... mais c'est l'avant-dernière fois, juré !)
(à suivre)

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