J’étais vendredi soir à la réunion publique organisée par
les Insoumis de Yutz-Thionville dans le cadre de la campagne des élections
européennes. Les orateurs y étaient Caroline Fiat, députée France Insoumise de
Meurthe-et-Moselle, Céline Léger, d’Aumetz, la candidate régionale (21ème
sur la liste), et Jean-Marie Brom, de Strasbourg (46ème sur la
liste). Tous orateurs convaincus et convaincants, mais le dernier a réussi à
m’apprendre quelques trucs malgré les centaines heures que j’ai passées à lire
ou écouter l’argumentation développée par la France Insoumise.
Un exemple : je ne connaissais pas cet article (192, si
je me souviens bien) du traité de Lisbonne qui stipule que les états membres
restent libres de choisir leur politique énergétique. Les Allemands, toujours
diligents à suivre les directives européennes ( J !), brûlent donc du charbon et de la
lignite en parfait accord avec la politique européenne en faveur du développement
durable et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre( J !). Incidemment, J.M. Brom se demande bien pourquoi Macron se dépêche actuellement de
brader l’exploitation de nos barrages hydroélectriques en nous expliquant que
c’est l’Europe qui l’exige, parce que les Allemands, eux, gardent leurs
barrages dans le giron de l’état. Pinocchio encore une fois pris en flagrant
délit de mensonge !
Mais Jean-Marie Brom nous a également rappelé une chose
essentielle, cruciale, que nos quatre derniers présidents et leurs
gouvernements ont pourtant eu bien du mal à nous dissimuler par de trompeurs discours,
une chose tellement évidente que je m’en suis voulu de l’avoir un instant oubliée :
c’est que l’Union Européenne, qui s’est appelée « le marché commun »,
n’a été faite que pour nous imposer une seule règle : la règle d’or du
marché, le libéralisme économique, le totalitarisme de la concurrence non
faussée, non faussée signifiant expressément que les inégalités de richesse et
de pouvoir, richesses et pouvoirs acquis et transmis de père en fils et au sein
de la caste des ultra-riches dans un monde qui ne peut qu’être capitaliste, que
ces inégalités qui ne sont nullement fondées sur le mérite ne sont pas des facteurs
faussant la concurrence et qu’en conséquence les états n’ont aucun droit de
s’en mêler, qu’il leur est même strictement interdit de tenter d’égaliser les
chances, qu’ils doivent absolument laisser le riche écraser le pauvre et le
fort écraser le faible.
* * * * * *
C’est exactement ce qu’imposent les traités européens :
- Le riche exploitant de la ferme des Mille Vaches est ainsi
légitimé à recevoir les subventions de la PAC qui lui permettront de réduire à
la faillite et pousser au suicide le paysan qui tente de faire de l’élevage
respectueux des animaux
- Ainsi, le kérosène ni le fioul n’étant taxés, sans souci
de la manière dont sont exploités les travailleurs du bout du monde, les
richissimes propriétaires de chaînes de supermarchés en tous genres sont
encouragés à acheter leurs produits à des dizaines de milliers de kilomètres de
l’endroit où ils seront vendus, puis à pratiquer encore le dumping sur les prix,
afin qu’en implantant partout leurs magasins, ils puissent réduire à la
faillite le paysan, le menuisier, l’épicier, le boucher, le marchand de chaussures,
le quincaillier, le droguiste et vider les villages et les villes de leurs entreprises
et commerces de première nécessité.
- Ainsi les riches multinationales se voient offrir la
possibilité d’énormes bénéfices en n’ayant pour tout effort à fournir que d’employer
des travailleurs polonais détachés en France et des travailleurs slovènes ou roumains
détachés en Pologne.
- Les super riches financiers peuvent aussi tranquillement ubériser
puis faire main basse sur toutes les activités de services, grâce au
merveilleux statut d’auto-entrepreneur, et ruiner sans état d'âme les petites entreprises
locales
- Enfin tout ce joli monde est autorisé par les gouvernements
des « grands pays membres » de l’Union Européenne à planquer ses
bénéfices dans des banques au Luxembourg et en Irlande, paradis fiscaux qui sont
protégés, choyés, en vertu de la règle de concurrence non faussée qui s’applique aux relations entre les états de l’Union, du moment que ça permet aux riche de s'enrichir davantage. (*)
En fait, la règle d’or du capitalisme libéral est qu’il n’y
a pas de règle, même pas de règle du marché, puisque tous les coups sont
permis. Les seuls à devoir subir la loi sont les états et les individus. La
règle d’or de l’Union Européenne, la seule règle européenne effective, c’est en effet de
limiter, et si possible abolir, le pouvoir de régulation des états sur la
sauvagerie de l’économie de marché, et de favoriser le libre-échange tout en
contraignant les individus à se soumettre à la puissance esclavagiste des
financiers, des actionnaires et des propriétaires de multinationales.
* * * * * *
Dans le cadre de l’Union Européenne, tous les problèmes sont
passés au crible de cette règle d’or. C’est comme ça que :
- le SMIC est vu comme une aberration économique parce qu’il
entraverait la légitime recherche du profit maximal, sans égard pour la santé,
le pouvoir d’achat ou la qualité de vie des travailleurs ; c’est pourquoi la
conférence des chefs d’état de l’UE n’en veut pas
- la sécurité sociale, parce qu’elle empêche les assureurs
de réaliser les bénéfices auxquels ils auraient droit, ne doit pas être
généralisée en Europe mais au contraire démantelée là où elle existe afin que
chaque citoyen qui en aura les moyens se voie obligé de se payer une assurance
privée
- pour l’assurance chômage et l’assurance vieillesse, c’est
pareil : la Commission Européenne n’en a le souci que pour laisser les
gouvernements et les chefs d’états, tel que Macron, les démolir dans l’intérêt
du privé (du privé Mederic-Malakoff, par exemple, dont la famille Sarkozy est
actionnaire)
- ah oui, et les migrants : l’Union Européenne les appelle
de tous ses vœux car ils sont bons pour l’économie, constituant une main
d’œuvre très bon marché, qui en fait rabattre aux travailleurs européens vraiment
trop gâtés en matière de protection sociale
- la pauvreté est aussi une excellente chose pour les riches
qui ne s’engraissent que du travail des gens, parce que la pauvreté crée une
main d’œuvre pas chère, corvéable à merci car affamée de travail, ce travail
indispensable à leur simple survie… mais attention ! les aides sociales,
qui faussent la concurrence entre les travailleurs, doivent disparaître ;
pensez donc : à cause du RSA, de l’allocation logement et des allocations
familiales, trois millions de chômeurs sont devenus trois millions de fainéants
qui ne veulent plus bosser, un drame pour les patrons contraints, à l’encontre
de leur bon cœur, d’aller chercher des travailleurs détachés en Slovénie ou en
en Tchéquie, voire des migrants libyens ou irakiens
- et voici que la culture intensive sustentée au glypgosate ou « Round
Up », ne peut pas être interdite comme ça, parce que ce serait une catastrophe. Une
catastrophe non pas parce que ça mettrait sur la paille les petits paysans, que
la PAC pourrait par exemple illico aider à se reconvertir en agriculture non
glyphosatée, mais catastrophe juste parce que ça foutrait à mal tous les gros
salopards de riches actionnaires qui ont investi dans la firme Monsanto, sans penser
un instant à la santé des gens.
C’est tout ça, l’essence même de l’Union Européenne.
Si ça vous va, ben, tant pis. Moi, ça me fait vomir.
Mais si vous voulez changer quelque chose, alors remuez vous.
Comment ? Je ne vais pas vous dessiner votre ligne de conduite, mais commencez par chercher l’info ailleurs que dans les grands médias. Internet, pour ça, c’est formidable, alors profitez-en, tant que c’est encore à peu près libre.
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Sinon, je peux vous conseiller https://lafranceinsoumise.fr
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(*) Question : Est-ce que, pour sauver « l’économie française », on ne pourrait pas faire de la France un paradis fiscal ?
Un tour d'horizon très complet et très documenté. Nous subissons le poids de cette Europe qu'on nous a vendue "pacifique"et "sociale" mais qui n'est que libérale et, aujourd'hui, néolibérale. Là-dessus se rajoute l'hégémonie de l'Allemagne qui impose la sauvegarde de ses riches retraités et le sauvetage de son industrie automobile.
RépondreSupprimerAlors que faire? Frexit ou plan B?