dimanche 12 mai 2019

Sauver la puissance publique : une urgence absolue.

Il y a des jours, tu te lèves et les choses compliquées te paraissent évidentes, et tu ne comprends pas que d’autres ne voient pas comme toi cette évidence. Je m’explique. Au milieu d’une conversation assez animée avec mon voisin, je prononçai la phrase suivante :
- Je suis internationaliste.
L’autre aussitôt :
- Macron aussi est internationaliste. La preuve : il veut plus d’Europe, il veut même des entités administratives régionales transfrontalières - tu vois. Donc, tu es d’accord avec Macron.

Syllogisme classique destiné à embrouiller le message, à embobiner l’interlocuteur. Un enfant ne tomberait pas dans le piège. Je lui rétorque :
- Dans la bouche de Macron et dans la mienne, le mot « internationale » n’a pas le même champ d’application.
- Reconnais au moins que la coopération transfrontalière, c’est une bonne chose, que ça va dans le bon sens.
- Je reconnais que si Macron, grand prêtre du libéralisme économique capitaliste, prêche et agit pour le dépassement des nations souveraines, je suis nationaliste.

Mon voisin jubile :
- Aha ! Vous vous contredites !
- Que nenni. Je suis pour l’internationale des peuples, une internationale en dehors et au-dessus du cadre des nations et de leurs lois propres, lorsque les gouvernements des états organisent et entretiennent une concurrence économique entre les peuples pour ne favoriser que des intérêts privés et particuliers. Je considère par exemple un état nocif lorsqu’il se soumet à des puissances d’argent, tels les lobbies de l’agroalimentaire, de la pharmacie ou de l’armement. Ce qui est une dictature.
Je suis en revanche pour les nations, leur territoire et leurs lois propres, quand je vois que la puissance des états est aujourd’hui le seul rempart face aux superpuissances économiques privées, les multinationales, les banques, la caste des milliardaires, et face à leur volonté de détruire les états et de lier les peuples dans l’asservissement du travail et de la consommation, après leur avoir ôté le recours de la démocratie et de la solidarité.

Vous voyez bien que les services publics sont démolis par des privatisations à tour de bras et par la diminution forcée des recettes de l’état, que le pouvoir de l’état est battu en brèche par l’interdiction de relancer l’économie en investissant, par la mise en place, à travers les traités de libre échange, d’une réglementation internationale qui permettra demain à une entreprise de faire condamner un état qui entraverait sa liberté de faire du fric avec tout et n’importe quoi, sans aucun respect du vivant (lisez le CETA !).

La sauvegarde du pouvoir politique exercé par les états est aujourd’hui un enjeu aussi important que, et pour tout dire indissociable de, la sauvegarde de la planète et de la vie sur Terre. Parce que la puissance économique, entre les mains de quelques-uns, ne sert pas le bien commun mais seulement leur appétit de richesse et de pouvoir. Parce que faire du fric est devenu aujourd’hui incompatible avec, et antinomique du respect de la vie.

Il est donc important de voter, à chaque élection, important de faire entendre que le peuple ne se désintéresse pas de son propre sort et qu’il accorde davantage de valeur morale à la puissance publique qu’aux libres marchés. L’Union Européenne est le cheval de Troie, ou plutôt le rouleau compresseur, de puissants intérêts privés. Il faut donc voter contre l’UE, en envoyant au parlement européen des dissidents, des subversifs, des empêcheurs de magouiller en rond.

Macron réclame plus d’Union Européenne. Macron est le cheval de Troie, le rouleau compresseur, chargé de dépecer et de vendre la France. Il faut donc voter contre Macron.
Pour sauver ce qui reste de l’état protecteur.

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