Je rentre de la manif du 1er mai à Metz. C’était pas la
foule des grands jours, mais ça avait de l’allure tout de même.
Comme syndicats, n’y étaient que CGT, SUD et FSU. Les autres
ont peut-être voulu ne pas froisser Macron. Leur en sera-t-il reconnaissant ? C'est à voir.
Au rang des organisations politiques, j’ai vu des drapeaux
de la Fédération Anarchiste, de Lutte Ouvrière, d’Action Anti-Fascisme et des
militants de Générations alignés derrière leur banderole. Le Parti Communiste y
était, c’est normal.
Nous, les Insoumis, étions une petite trentaine entourant
Caroline Fiat, députée France Insoumise de Meurthe-et-Moselle, et Céline Léger,
candidate FI aux prochaines Européennes (elle est d'Aumetz). Notez dans votre agenda la réunion publique qu’elle
tiendra à Thionville, salle Verlaine, le 17 mai, à 20h.
J’ai bien vu aussi les drapeaux d’ATTAC et les militants d’« Alter
G7 » et peut-être d’autres associations (qu’elles me pardonnent d’avoir
zappé leur nom). Avec Stop Knauf Illange, on se prépare ensemble à recevoir le G7 de l'environnement, le week-end qui vient. Ca va pas être triste. Mais chut...
Dans le défilé, j’ai vu beaucoup de gilets jaunes, presque autant que de
syndicalistes ; et des fois, c’étaient les mêmes personnes, coloriées de
rouge communiste et de jaune fluo à la fois. Comme moi-même qui avais revêtu le
gilet jaune tout en brandissant ma bannière de la France Insoumise. Ca m’a d’ailleurs valu
un compliment au moment de la dispersion : un gilet jaune est venu m'avertir que, si je voulais, je pouvais le suivre et que les gilets jaunes
allaient poursuivre la manif expressément là où elle n’était pas autorisée.
J’avoue que je ne suis pas trop courageux pour sortir des clous et risquer de me prendre un coup de matraque sur mes vieux os. Mais je trouve que
les gilets jaunes ont raison de braver les interdits. Jusqu’à nouvel ordre, se
balader en groupe dans une ville, serait-ce affublé d’un signe "politique" distinctif,
n’est pas un délit… ou bien si ?
Ah oui. Il y avait aussi un grand groupe de Turcs qui défilaient
pour protester contre l’incarcération d’un journaliste d’opposition dans leur
pays ; puis, à la fin, sur le camion qui tenait lieu de podium, une femme
kurde, en treillis de combattante contre Daesh, qui appelait à soutenir une de
ses compatriotes emprisonnée, en protestant contre le traitement inhumain que
lui inflige actuellement l’état turc. D’où une petite tension entre l’oratrice
et une personne dans la foule, assez véhémente, sans doute une fan’ du dictateur
Erdogan.
A part ça, tout s’est passé gentiment : pas de
lacrymogène, pas de flash-ball, pas de grenade. Juste quatre camionnettes de
police au départ, sans un flic autour, que je n’ai plus revues ensuite, et tout au plus trois ou
quatre motards de la gendarmerie pour arrêter les voitures aux carrefours.
Normal.
Pas de débordement non plus. Les slogans fusaient de
partout, divers, connus ou originaux, même pas méchants. A un moment, je me
suis représenté Macron dans notre défilé, refaisant son trajet olympien d’après
l’élection, et je me disais qu’on pourrais désormais l’accompagner en scandant
« Macron, à poil, au balcon » comme aurait pu crier l’enfant dans le
conte « Les habits neufs de l’empereur ». Parce que désormais,
franchement, ceux qui n’ont pas compris quel est le dessein final de Macron, ceux
qui ne l’ont pas percé à nu, ceux-là ont vraiment besoin d’une paire de
jumelles, ou d’un coup de pied au cul.
Bon, je blague, mais blaguer, ça ne sert à rien. Si on avait
été un million dans les rues, là oui, on aurait pas eu de mal à bousculer l’empereur.
13h30. Je rentre à la maison. J’allume l’ordinateur et la
télé, histoire de voir comment ça se passe à Paris.
Sur Youtube, beaucoup de directs, ambiance d’insurrection, mais sans commentaire.
Sur BFM, CNEWS et LCI (le fameux bouquet TNT gratuit de
Sarkozy, le vrai piège à cons), tu as en revanche grand bandeau en travers de l’écran, marqué
en gros « des heurts avec la police » ; puis, par-dessus les images, tu entends des commentaires qui, au cas où tu n’aurais pas
compris ces images, t’expliquent comment comprendre ce qui se passe sous tes
yeux, à savoir que les « forces de l’ordre » ne font que se défendre.
Puis, tu as un discours qui est nouveau sur ces chaînes de merde, un
discours sur ces Gilets Jaunes qui se sont radicalisés, qui en fait ont viré black blocks.
Tu comprends ? Toi, devant ton
écran, tu es censé trembler, faire dans ton froc, réclamer plus de répression contre
cette sale engeance.
Mais je te le dis : ne t’emballe pas. Le Gilet Jaune
radicalisé (genre terroriste islamiste), ça n'existe pas, c’est juste une invention du ministre
de l’intérieur, enfin pas lui, pas Castaner, qui n’a pas les capacités
intellectuelles suffisantes ; c’est en fait un staff de penseurs
communicants qui lui souffle ces idées nauséabondes. Le bouquet gratuit ne fait que les relayer auprès des téléspectateurs.
Bon, après, je vois apparaître Alexis Corbière sur une moitié
d’écran (sur l’autre moitié, c’est l’info en continu - obligé). Bon, il fait le
job habituel, mais en plus il traduit assez bien comment la police provoque les
manifestants et puis, à un moment, il prononce cette phrase : « j’en veux
à la police ». Alors là, ma main au feu, ça va en faire, des gorges chaudes !
En ce qui me concerne, je pense qu’à obéir bêtement à ce gouvernement qui sent trop fort sa peste brune totalitaire, la police, les CRS et la gendarmerie sont en train de se couvrir
de honte. Pour qu’ils retrouvent leur honneur, une seule solution : qu'ils rejoignent les gilets jaunes !
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