Petit zap ce midi. CNEWS, une causerie entre gens du monde (LREM
et présentatrice) sur les gilets jaunes avec le défilé de Bourges et celui de
Paris en arrière-plan. On ne parle pas des revendications mais de violence, on vante les vertus du grand débat... Et d’un coup les images changent - apparaissent un pompier, un
hélicoptère qui décolle - mais toujours en arrière-plan sonore les rumeurs de
la manifestation et les commentaires sur les gilets jaunes… et ça dure, ça
dure, avant qu’on entende enfin la présentatrice dire qu’il s’agit en fait d'une explosion
dans une boulangerie, et cetera, toujours sans parler de la cause de cette
explosion.
Comme ça, le pékin qui zappe (comme moi) et tombe là-dessus
pourra toujours faire le rapprochement entre les images et le commentaire et en
déduire que les gilets jaunes ont jeté une bombe dans une boulangerie. Même si
la journaliste devra bien sûr ensuite dire ce qui s’est vraiment passé, c’est
toujours ça de gagné, un doute, un amalgame, une suspicion. J’en connais plein, dans mes
relations épistolaires électroniques, qui « condamnent avec la plus grande
fermeté » la violence des gilets jaunes mais se réjouissent à chaque fois
qu’un casseur balance une poubelle sur les CRS. « Ah, tu vois ? » triomphent-ils.
Bref, après l'usage de tels trucages, qu’ils croient
subtils et dont certainement les fats se réjouissent, les journalistes de BFMTV,
CNEWS, LCI, France télévision, n’ont pas à s’étonner que les gilets jaunes ne
leur fassent pas confiance, qu’ils aient juste envie de leur mettre un bourre
pif, en particulier quand en plus ils viennent chialer qu’ont les empêche de faire leur
travail et que c’est la démocratie qu’on attaque, et blabla bla.
La bataille de l’opinion fait rage parce que la bataille de
l’opinion est décisive. Même s’il est désormais reconnu par de plus en plus de
gens que les médias nous trompent, nous manipulent, nous imposent une vision tronquée,
faussée, mensongère de la réalité sociale, même si certains journalistes ont
depuis peu repris un semblant de dignité avec un peu moins de partialité (à
leurs risques et périls), la désinformation ne s’arrête pas.
Pour prendre un exemple des plus banals : on aura des
images choisies de Bourges et de Paris en boucle, mais rien de Lyon, Bordeaux
ou de Marseille où il y a bien davantage de monde. Chut : Il ne faut pas que ça se sache.
C’est dur pour les gilets jaunes de rétablir la vérité. Ils
n’ont que leur parole sur les plateaux, quand ils sont invités, confrontés à un
mur de contradicteurs, et les réseaux sociaux, avec Internet. Là aussi, c’est
difficile, parce que le pouvoir a tout prévu : depuis des années, on
entend dire qu’il ne faut pas croire ce qui se dit sur Youtube, que tout ce qui y circule est fake-news, que seule donc la version officielle donnée par les "grands médias" est la réalité.
Et ce, envers et contre ce que vivent les gens ! Exemple : l'INSEE prétend que le pouvoir d'achat des Français augmente. Et aussitôt les commentateurs experts de faire mine de s'étonner que les gilets jaunes râlent. A qui donc s'adressent-ils, ces experts ? Pas aux gilets jaunes, en tout cas.
Bref, alors, avec cette campagne contre les réseaux sociaux, le premier pékin venu (comme moi) gobe et se méfie d’Internet.
Paraît même que les russes ont voulu faire capoter l’élection de Macron, dis donc !
Mais là, j’y ai pas cru, parce qu’en même temps, dans la propagande qu’on nous
sert depuis des années, il y avait « la théorie du complot ». Oui, oui, j’ai
bien intégré qu’il n’y a pas de complot.
Quand par exemple quelqu’un dévoile
que les lobbies pharmaceutiques ont placé leurs anciens employés dans les
ministères, qu’ils nous inondent de publicité mensongère, qu’ils soudoient les
professionnels de la santé et convainquent les députés avec des cadeaux, cette
personne est classée complotiste et illico discréditée : tout ça n’existe
pas.
De la même façon, pour les « grands médias », les images
de doigts arrachés et d’œils crevé par la police n’existent pas. Ce sont des fake
organisés par des gilets jaunes haineux, racistes, antisémites, homophobes et
nazifiants, ennemis de la république. En revanche, le flic qui tire au flash-ball dans la tête, ils ne
vont pas en faire un fromage, parce que c’est normal, c’est tout ce qu’ils méritent, ces
pouilleux de gilets jaunes.
Grâce aux zélés efforts de ces « grands médias », le
gouvernement aurait bien aimé que le soutien aux gilets jaunes tombât sous la
barre des 50%. Mais c’est raté. Macron n’a pas gagné la bataille de l’opinion. En
grande partie par sa propre faute, sa morgue et, il faut bien le dire, sa bêtise.
La bataille n’est d’ailleurs gagnée pour personne. Les
gilets jaunes ont constaté que dans un premier temps la violence donnait des
résultats. Mais ils ont aussi compris qu’il leur faut avant tout le soutien d’un
maximum de Français. Tant qu’ils l’auront, (Cote de popularité de Macron : 23%. Soutien aux gilets
jaunes : 70%.), ils seront légitimes à réclamer tout ce qu’ils voudront.
Cet après-midi, j'espère qu'ils sauront juguler les casseurs et que la preuve sera alors établie que c'est la police qui crée les troubles et les violences.
La violence n’est pas nécessaire. C’est l’obstination et la force solidaire qui le sont.
12 janvier 2019
Mais l'adversaire est de taille et il tient en laisse les médias. Ci-dessous le partage du gâteau entre 9 milliardaires. Il manque l'Etat, France 3 et France 2 où Delahousse a prétendu hier soir que les gilets jaunes s'attaquent à la liberté de la presse. Il doit en savoir quelque chose...
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