mardi 22 janvier 2019

Le rond-point des gilets jaunes, c'est beaucoup mieux qu’un atelier de philo qui serait dirigé par Bernard Henri Lévy ou Luc Ferry.

Sur le rond-point des gilets jaunes de Kanfen, on rencontre des gens de toutes sortes ; ceux qui m’y ont rencontré pensent la même chose.

L’un me disait que le RIC, c’est de la merde, que ça va être récupéré comme toujours et qu’on l’aura encore une fois sans le cul, qu’il n’y a qu’une chose à faire, c'est foutre la merde, foutre tout par terre, et qu’importe ce qu’il en sortira, ce sera toujours mieux que cette société de merde.

L’autre disait que toute action qui fait avancer la cause du bien commun est bonne à prendre, même le grand débat, parce que, les idées se répandant ainsi petit à petit, un jour les valeurs argent et travail elles-mêmes disparaîtront pour laisser place à une société vraiment basée sur le respect de toute vie.

Une autre m’affirmait qu’il y a un complot des riches, des classes dirigeantes, que tout est arrangé depuis longtemps, que la révolte des gilets jaunes elle-même est voulue, que l’objectif est la guerre civile qui va permettre au pouvoir en place de réprimer très fort, de museler ainsi toute opposition et d'installer pour de bon sa dictature.

Le premier, submergé par la colère et la haine, je le comprends. Il m’arrive, à moi aussi, de rêver violemment d’entarter Macron, de ligoter un CRS, de mettre un député LREM au SMIC horaire à temps partiel.

Le second, cérébral, idéaliste, optimiste, je le comprends aussi, je lui ressemble un peu. Mais je ne suis pas ma propre dupe. Je sais à quel point il est difficile de choisir.

La dernière m’a parue désabusée, comme si sa présence sur ce rond-point n’avait plus vraiment de sens. Et je ne la comprenais pas. Parce que je ne voyais pas les riches détenteurs du pouvoir mondial absolu aller contre leurs propres intérêts en favorisant une fronde populaire, voire une troisième guerre mondiale. C’était leur prêter trop de machiavélisme, une intelligence vraiment supérieure - trop magique !

* * * * *

Et puis, pour aider à l’écriture du deuxième tome de « Volmerange, mon village », de Joëlle Moretto, je me retrouve à faire des recherches sur les dommages de guerre (39-45) perçus à Volmerange. Il y a la liste des biens publics à reconstruire et celle des propriétaires qui ont été indemnisés…

Je pense alors à ces gens qui n’étaient pas propriétaires, qui louaient une maison ou un appartement dans le village. Qui les a indemnisés, eux ? Personne. Pourtant, s'ils avaient pu travailler un peu plus avant que la guerre se déchaîne, ils auraient peut-être gagné assez pour se payer eux aussi une maison et mériter ainsi d'être indemnisés.

Je pense à la famille De Wendel, qui a continué de faire son beurre avant la guerre, pendant la guerre et après la guerre, avec les uns et les autres, et qui a quand même été indemnisée.

Je pense à l’Iraq et à la Syrie. Je me demande comment les gens, les pauvres qui sont restés, et ceux plus fortunés qui se sont expatriés, ont pu retrouver dans leur pays dévasté un toit et une vie normale. Je me demande si les nababs du coin ont perdu eux aussi quelque chose. 

Je me demande qui a reconstruit ces pays ? Et avec quel argent ? Est-ce que l’état syrien va toucher des dommages de guerre de l’Etat Islamique ? Est-ce que l’Iraq a touché quelque chose des Américains ? Est-ce que la France paie pour les dégâts en Libye ?

Ou bien sont-ce les banques ou les fonds de pension et autres holdings financières qui investissent là où il y a tout à reconstruire ? Et à qui prêtent-elles ? Aux victimes pauvres de la guerre ou aux riches planqués que la guerre a épargnés ?

Nul besoin d’approfondir… Vous voyez bien que la guerre ne tue que les pauvres gens et enrichit les déjà riches. Et vous n’avez qu’à ouvrir n’importe quel journal pour constater que les super riches ne reculent devant rien pour conserver leurs privilèges. Une bonne guerre, et hop, l'économie repart, et c'est tout bénef ! Du coup, l'idée du complot pour déclencher une prochaine guerre n’est plus si totalement fantaisiste. 

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 Ce qui est terrible, c’est qu’on s’interdise d’en débattre. 




3 commentaires:

  1. Attention au complotisme. Quoique. Nous savons que les guerres ont des objectifs économiques: pétrole, gaz, diamants, ports stratégiques ... Nos dirigeants épousent les désirs des forces de l'argent pour qu'elles augmentent leurs parts de marché et leurs bénéfices redistribués aux actionnaires dont font partie, en majorité, les dirigeants des grandes entreprises.
    Un exemple qui nous a tous concernés: https://www.telerama.fr/television/sur-arte,-le-bon-plan-du-general-marshall,n6089922.php

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  2. A l'écouter pérorer dans les réunions citoyennes où il s'invite par surprise en rasant les murs, il est sûr que M ne lâchera rien. Il a été placé là pour faire le job des capitalistes de France, de l'UE elle-même inféodée aux capitalistes du monde. Le mot "libéralisme" est une tromperie. Autre exemple, la position de ce beau monde sur les événements au Vénézuela. Les GJ ne doivent rien attendre de lui mais continuer de s'informer, se regrouper et manifester, même s'ils ne sont pas Vénézuéliens. Demain c'est samedi.

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  3. La France, petit Venezuela !? Il y a en effet des similitudes...
    Ho ! J'entends déjà les cris d'orfraies des bien-pensants qui pensent comme des présentateurs de France Télévision, BFMTV, CNEWS ou LCI.
    On ne peut pas causer avec eux : il y a trop de sujets qu'ils s'interdisent de débattre.

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