jeudi 20 décembre 2018

Merci aux Gilets Jaunes !

Les Gilets Jaunes ont reçu beaucoup de soutien en pourcentage dans les sondages, mais peu dans les actes. Ça révèle des choses sur le fonctionnement de notre société, de la même façon que deux tiers d'abstentionnistes. Par parenthèse, on aurait aimé avoir le profil politique, socioprofessionnel et géographique de ces nombreux Français qui soutiennent encore les Gilets Jaunes ; on aurait ainsi vu qui ne les soutient pas - peut-être une révélation de plus.

Donc, le mouvement des Gilets Jaunes n’en finit pas de mettre à nu les escarres de notre société, d’en gratter les furoncles, d’en retourner le slip merdeux : la pauvreté, l’inégalité, la dictature, la corruption, toutes les dégueulasseries banalisées que refuse de voir, par paresse, par confort, pour ne pas se prendre la tête avec les problèmes des autres, un certain Français, plutôt moyen, moyen haut, qui s’en sort encore pas trop mal, celui qui dès lors qu’il a assez pour partir en vacances dans sa grosse bagnole se prend pour un genre d’intellectuel et considère le smicard comme d’une classe inférieure qu'il répugne à fréquenter, des fois que ça salirait.

Les Gilets Jaunes ont, sans le vouloir vraiment, mis en lumière ce type-là dont, même sans l’aide d’un sondage, je peux deviner l’appartenance politique et socio professionnelle.
 Pour cela, aux Gilets Jaunes je dis merci.

En effet, où étaient les artistes (à part quelques-uns) pendant que les Gilets Jaunes se battaient pour un salaire décent, une vraie démocratie et retrouver leur dignité ? Eh bien, il se tenaient en retrait, dans leurs hautes sphères et dans un silence assourdissant.
Je me suis demandé pourquoi ces enfoirés si prompts à chanter ou signer contre la faim dans le monde et pour les restaus du cœur et le téléthon n’ont pas daigné soutenir la cause des pauvres quand les pauvres se rebellent eux-mêmes, tout seuls, sans aide - et foin des dames patronnesses ! - contre leur état de pauvreté.
J’ai d’abord supposé que, contre le plein gré de leur bon cœur, les artistes ont eu peur de se mouiller, peur qu’on les empêche ensuite de travailler (un peu comme ce qui arrive à ceux que la meute médiatique accuse d’antisémitisme) parce que tout de même, les producteurs ne sont pas des philanthropes, mais des businessmen, et donc du côté du fric. Je me suis dit alors que le pognon avait sacrément gangrené le métier.
Mais à la réflexion, je pense qu’il n’y a plus de saltimbanques (même pas ceux qui tournent dans les MJC, puisqu’ils dépendent  des subventions), les artistes sont passés du côté du fric, des riches ; ils sont devenus des animateurs de jeux du cirque, payés (grassement parfois) pour faire rêver ou rigoler, distraire au sens propre, avec des foutaises mais que surtout ça ne fasse pas réfléchir. Comme le football.

Où étaient les penseurs d’Amnesty International ? N’auraient-ils pu frapper à la porte des journaux pour protester contre les tirs tendus de flash-ball, contre les grenades assourdissantes, contre les arrestations préventives, contre le tabassage des grand-mères tombées au sol, contre l’esprit des Benalla… Peut-être que les membres d’Amnesty France craignent qu’on les accuse de faire de la basse politique s’ils critiquent le gouvernement Philippe ? Peut-être que les membres d’Amnesty France n’ont tout simplement pas les mêmes vulgaires préoccupations que les Gilets Jaunes…

Où étaient les enseignants ? Dans leur classe. Ah, ils travaillaient ! Tout va bien pour eux, ils sont payés à l’heure, le boulot n’est pas fatigant, et ils ont les vacances. L’école mise à mal, ils s’en foutent, ils appliquent docilement les injonctions ministérielles et les réformes. La culture interdite aux pauvres, ils s’en foutent, ils s’en vont entre amis écouter l’opéra. Peut-être que les enseignants n’ont pas remarqué la présence dans leurs classes d’enfants dont les parents tirent le diable par la queue.

Où étaient les intellectuels si compatissants pour les peuples opprimés ? Ils se bouchaient le nez, pardi ! (à part quelques-uns, ceux qu’on accuse de populismes) car pour eux, le Gilet Jaune sent un peu trop la sueur.

Et où donc étaient les policiers dont on découvre soudain cette semaine qu’ils sont mal payés ? N’auraient-ils dès lors pas dû se trouver du côté des Gilets Jaunes...au lieu d’être en face ?
Ah mais non, ils sont du côté du manche ! Le boulot des policiers, c’est justement d’empêcher les Gilets Jaunes… Ils sont payés comme eux, mais pour leur taper dessus.

Le plus marrant, du point de vue des flics, c’est qu’ils ont habilement réussi à profiter du mouvement des Gilets Jaunes pour obtenir du gouvernement, en quelques heures et en double, ce que les Gilets Jaunes n’ont pas obtenu après cinq semaines de bagarre. C’est vrai qu’ils ont pleurniché qu’ils étaient fatigués. Mais quand ils balançaient des grenades sur un retraité obligé de distribuer des pubs pour survivre, ils n'étaient pas fatigués, hein : ils ne se demandaient pas si le vieux était fatigué.

En tout cas, s'ils avaient eu un peu de dignité, les policiers auraient dû en premier lieu remercier les Gilets Jaunes. Mais sans doute que ça leur aurait arraché la gueule.
Quoi qu’il en soit, les policiers devraient maintenant enfin s’interroger sur leur véritable rôle dans la société, en arrêtant de jouer l’hypocrisie. Si c'est possible, car malheureusement, ce n’est pas avec le discours ressassé à longueur de temps par les médias que l’examen de conscience pourra se faire sincèrement.

J’entendais en effet hier soit le Calvi (à prendre dans le sens « archétype du journaliste de TV »), dans une de ces émissions politiques de propagande farcies de spécialistes autoproclamés, dire à un représentant de syndicat policier en grève qui venait d’affirmer crânement sa détermination à aller jusqu’au bout pour obtenir satisfaction : « Vous êtes quand même le dernier rempart de la démocratie ». D’abord, on croit rêver, puis on se marre et en fin de compte, on a envie de pleurer.

Dans son souci de lécher le cul du pouvoir, le Calvi place en effet la police à l’exact opposé de ce qu’elle est, un outil de coercition au service du pouvoir, tout entier entre les mains de l’exécutif. La police, gérée par un exécutif tel que le nôtre, que personne ne contrôle, est en fait LE danger qui menace la démocratie. (Vous ferez vous-même l’analogie avec les polices des diverses dictatures passées et actuelles.)

Quand certains (Darmanin, Castaner, par exemple) accusent les Gilets Jaunes d’être des fachos, de brouter aux prairies du Rassemblement National, et quand on voit comment la police (aux ordres du même Castaner) traite les manifestants, on se demande si le fascisme ne serait pas du côté du ministre, de la chenillette blindée et du canon à eau.

Là-dessus, flash vers 22 heures : les policiers tout contents annoncent aux micros qu’ils n’ont plus de raison de faire la grève puisqu’ils ont obtenu ce qu’ils voulaient : du fric. Le reste, ils s’en foutent. Enfin pas tout à fait : ils veulent aussi davantage de moyen, pour flinguer les manifestants sans doute. 
Après avoir bien profité du mouvement des Gilets Jaunes, ces égoïstes, même pas solidaires des autres fonctionnaires qui eux n’auront rien, rentrent dans leurs casernes, chaussent les rangers et sabrent le champagne, à nouveau prêts à casser du manifestant. Et maintenant qu’ils sont engraissés, la prochaine fois, ils feront du zèle et ça va saigner pire encore, je vous le dis.

Merci aux Gilets Jaunes qui viennent de sortir tout ça des sphères confidentielles pour le hisser dans la lumière, malgré tous les efforts des médias pour qu'on n'en parle pas. Car bien sûr, les Calvi, comme toujours, balayent les saletés du régime sous le tapis.


Néanmoins, on se marre parce qu’ils se trahissent quand même : parmi les derniers remparts de la démocratie, le Calvi a oublié de citer... les journalistes. Non ? Sans doute s'agit-il d'un acte manqué : il n’y a pas pensé parce qu’au fond il sait bien qu’il n’est lui-même qu’un servile lécheur de bottes.

mardi 18 décembre 2018

Le RIC serait un danger pour la démocratie !

Referendum d’Initiative Citoyenne ? Edouard Philippe ne serait pas contre. Enfin, il y réfléchit… Qu’il dit… Pour l’instant. Sauve qui peut quand même !
Car aussitôt les grandes ondes ont vidé leurs tripes en régurgitant l’armada de leurs experts afin que vite, ceux-ci nous expliquent que c’est une mauvaise idée.

C’est même, selon eux, une très mauvaise idée, le referendum, parce que cette idée doit nous faire peur.
(En réalité, bien sûr, c’est à eux qu’elle fait peur, et surtout à leurs maîtres. Mais chut ! Faisons semblant de ne pas le savoir.)

Qu’ils se rassurent donc : dans la bouche d’Edouard Philippe, le referendum n’a rien à voir avec l’idée que s’en font les gilets jaunes. Pour lui, il s’agirait évidemment de mettre en place une usine à gaz qu’il serait impossible d’allumer en vertu des principes que ce gouvernement-là illustre jour après jour avec obstination depuis son arrivée au pouvoir : tout changement doit immédiatement et en même temps annuler ce changement, sauf s’il prive un peu plus le peuple de pouvoir, ce qui n’est pas un changement en soi mais une simple aggravation de la situation existante.

Alors qu’est-ce qui leur fait tant peur dans le Referendum d’Initiative Citoyenne ? C’est tout simplement que l’initiative ne viendrait pas d’en haut mais du citoyen d'en bas ; c’est le citoyen lui-même qui gêne, c’est le peuple, avouent-ils, à mi-mot, avec un petit faux air de regret.
L’initiative citoyenne doit nous faire peur parce que le peuple des citoyens est dangereux.
Et là commence la démonstration destinée à nous rouler dans la farine.

Le peuple est dangereux parce que - axiome 1 -, tel un enfant, le peuple est capable, dans ses excès, de se faire du mal à lui-même.
Par referendum, disent-il, le peuple serait en effet capable de revenir à la peine de mort, par exemple ; le barbare ! Nos experts considèrent donc qu’il y aurait danger que la majorité des Français adhèrent demain à certaines thèses du Front National et que donc le fameux Front Républicain serait réduit à peau de zébu. C’est énorme ! Dans la foulée, sans hésitation, ils évoquent même l’ombre d’Adolf…
Le peuple pourrait aussi, par exemple, voter pour l’augmentation du SMIC, ou  pire, pour l’augmentation de l’ISF, ou pour la sortie de l’Euro. « Mon Dieu, mon Dieu, s’exclament-ils alors. Cela jetterait illico des tas de gens dans la géhenne du chômage. » Comme ils ont le souci du travailleur ! C’est touchant.

Donc, il faut protéger le peuple contre lui-même.
Et qui de mieux pour ça que ce grand sifflet d’Edouard Philippe qui, j’en suis sûr, avant les gilets jaunes se rêvait déjà notre prochain président. Mais là, Doudou, c’est foutu.

Et cela nous amène à formuler l’axiome deuxième : le peuple est dangereux parce que le peuple est con.
Il y a en effet des choses que le citoyen, qui pourtant est habilité à voter pour des incapables tels que Macron et Philippe, ne peut pas comprendre :
- par exemple, que baisser les salaires est une bonne chose car cela le rendrait plus compétitif face au travailleur indien qui bosse juste pour ne pas crever de faim ;
- par exemple, le citoyen ne pige pas que la subtile psychologie du milliardaire exige qu’on lui fasse des cadeaux pour qu’il consente à ne pas se barrer aux Caïmans, en passant pas le Luxembourg, avec le reste du fric qu’il a gagné sur notre sueur ;
- par exemple, le citoyen ne peut pas comprendre la fine mécanique économique qui fait que le gouvernement français, Macron en tête, s’oblige à baisser le froc devant l’Allemagne et qu’il ne faut surtout pas sortir de l’Euro dont le gouvernement allemand interdit toute dévaluation qui pourrait nous rendre compétitifs parce que ça ferait chuter les dividendes…

Et de conclure : le peuple est trop con pour juger de ces choses-là.

D’où l’axiome numéro 3 : seule l’élite, les énarques, et même le plus crétin des fils à papa, comprennent la complexité du monde et sont aptes à tout faire pour que surtout ce monde ne change pas, c’est-à-dire que l’argent continue de circuler toujours dans le même sens, vers leurs poches et les coffres-forts de leurs paradis fiscaux.

Voilà ce que disent ces experts en manipulation qui préparent ainsi déjà l’opinion à acquiescer lorsque Edouard Philippe présentera son projet de referendum impossible.

Si on grattait un peu, si on regardait dans le cerveau de ces soi-disant experts, on ne trouverait que de la fange malodorante : esprit borné, indigence intellectuelle, pensée unique, psittacisme, moutonnage, soumission aux puissants, veulerie, absence de déontologie, fourberie, mauvaise foi, mensonge, mépris de classe, et cetera.  On trouverait aussi qu’ils sont tous soit ex conseillers de Sarkozy, soit conseillers plus ou moins proches de Macron, soit employés de Bolloré, soit qu’ils bouffent tout simplement au râtelier des médias d’état.

Qui pourrait encore les prendre au sérieux ?






dimanche 9 décembre 2018

Gilets jaunes / état providence

L’état providence, c’est fini ! Je ne sais plus qui avait dit ça - il y a déjà quelques années -, manière de signifier aux trois millions de Français fainéants qui « vivent sur le chômage » et autres allocations qu’ils allaient devoir maintenant se remuer pour mériter leur bifteck. Non mais ! C’est vrai, quoi, tout le monde le sait : yaka traverser la rue pour trouver du travail ! - mais je me rappelle très bien que ça m’avait laissé sur le cul.

Oui, sur le cul ! Parce qu’à part l’Etat, Coluche et l'abbé Pierre (pour faire court), je ne vois pas qui ferait providence dans cette fosse à purin qu’est le monde aujourd’hui. A moins que les patrons, les bourgeois, les rentiers, la poignée d’actionnaires (des personnes, pas des sociétés anonymes) qui ont fait main basse sur toute la richesse produite dans le mode, soient pris tout à coup d'une charitable pensée....

Peu importe qui a craché ainsi sur l’état providence, mais ça ne pouvait pas être un des gilets jaunes (ils n’existaient d'ailleurs pas à l’époque) : cette petite phrase résume la ligne directrice du projet de Macron et des libéraux de tous poils qui dirigent la France, l’Union Européenne et la zone Euro et qui ont mis les gilets jaunes dans la rue. En France, l’objectif  ultime de LREM et LR (je parle de Macron et de leurs autres cadres, pas de leurs électeurs), c’est le triomphe total de la ploutocratie (= d'eux-mêmes, et des autres rien à foutre)

Plouto-cratie = gouvernement par les riches.

Pour les riches (ne me demandez pas à partir de combien on est riche, c’est à vous de savoir de quel côté vous êtes), ces riches qui ont déjà le pouvoir par leur richesse, l’argent, un pouvoir exorbitant qui ne reconnaît aucune valeur au travail, pour les riches donc, le pouvoir politique est en effet une gêne inadmissible, pour la simple et dérisoire raison  qu’il permet aux peuples d’exercer de temps à autre un contre-pouvoir par le biais des élections.

Que le pouvoir politique soit affaibli ou que le peuple se donne un président ultra libéral, n'importe pas : c’est encore trop pour eux. Il leur faut absolument, purement et simplement, détruire les états.

Pour l’instant, ça ne leur a pas été possible. OK, se disent -ils alors. Patientons, mais en agissant. En attendant, ils travaillent donc au projet de réduire la politique à un jeu de bonneteau, bonnet blanc et blanc bonnet, de façon à ce que les états, quelle que soit la couleur de leurs dirigeants, soient réduits à une impuissance totale, c’est-à-dire à l’incapacité définitive de nuire à leurs intérêts.

Dans ce grand complot contre les peuples - le peuple = la somme des individus qui n’ont aucun pouvoir -, les structures associatives, fédératives, sociales, consultatives, solidaires, citoyennes, électives, politiques, bref, tout ce qui lie entre eux les individus, les rend solidaires et les protège de la violence de cette minorité de possédants, tout cela doit disparaître.

Pour parvenir à cette victoire totale, les riches ont un plan : soudoyer les élites et les politiques tant qu’ils peuvent, s’emparer de la totalité des médias, et ainsi museler toute pensée libre (ô pensée libre ! quelles que soient vos convictions, songez à ce que signifie la pensée libre). Selon leur plan, ils traqueront, harcèleront, pressureront, circonviendront chaque individu, par la lassitude, par le dégoût, par la peur. Pour lier les peuples dans leurs ténèbres, ils leur ôteront leurs dernières armes…

Tout cela est théorisé, fomenté en secret (oui, c’est un complot), instillé dans les esprits depuis des décennies, en fait depuis que le Conseil de la Résistance a imposé le modèle français de solidarité sociale à la bourgeoisie française d’après guerre, ex-planquée ou ex-collaborationniste, mais toujours et encore planquée aujourd'hui dans les paradis fiscaux.


Macron se voyait comme l’aigle ultime terrassant les espoirs du peuple, et paf…: les gilets jaunes ! Ah, les amis, comme cela est réconfortant !

mardi 4 décembre 2018

Réponse du gouvernement aux Gilets Jaunes ? La bonne blague

Le discours du premier ministre ce midi, censé être une réponse aux revendications des Gilets Jaunes, pourrait se résumer ainsi :

1. La situation actuelle, ce n’est pas nous, c’était avant, c’est la faute des autres (donc de Macron quand il était à Bercy avec Hollande ? Hollande que par parenthèse on n’entend pas faire le malin en ce moment)

2. Nous ne reculons pas, nous faisons seulement un pas de côté… parce que nous avons raison et ne céderons donc jamais sur le fond

3. Si nous avons l’air de céder, ce n’est pas à vos revendications fourre-tout, mais face à votre violence, car nous, gens responsables, nous vous donnons cet os à ronger pour éviter de nouveaux dégâts, de nouveaux morts, et c'est inadmissible, à cause de vous, et je salue le courage des forces de l’ordre (bla bla bla.)

4. En fait, nous ne cédons rien puisqu’il ne s’agit que d’un moratoire, c’est-à-dire que les taxes et tout le bazar (l'harmonisation des retraites, tiens !), vous y aurez droit quand même, à la fin des six mois, et bien profond encore.

5. On va discuter avec les corps intermédiaires et les élus, des gens bien élevés qui vont certes nous contredire mais qu’on enverra sur les roses vu qu’on a la majorité à l’assemblée.

Le message est clair, il signifie : « Français, je vous emmerde. »

Le discours du premier ministre de ce midi prouve également que ce gouvernement ne connaît qu’une seule forme de rapport social, la violence. La méthode : je détruis toutes les protections sociales, je détruis l’état, je pompe le fric uniquement chez les gens qui vivent de leur travail, et quand en réaction, je me prends trois semaines de manifestations soutenues par 75% des Français, je leur envoie les casseurs et les CRS.

Il aura donc fallu que les beaux quartiers soient saccagés et que les entrepreneurs du transport routier (des patrons !) s’en mêlent, bloquent les raffineries, que les lycéens rejoignent la rue, pour que ces messieurs daignent faire semblant d’avoir compris la colère du peuple.

Tout ce montage cynique, trompeur et toujours provocateur montre que pour ce gouvernement, il n'y a pas encore eu assez de violence. 

L’ensemble des discours du premier ministre et de son gourou de l’Elysée, depuis son élection et en particulier ces dernières semaines, a en outre définitivement remis en lumière le rapport de force agissant au sein de notre société, qui est la lutte des classes.

Macron a en effet bien expliqué qu’il y avait deux sortes de citoyens, les premiers de cordée d’une part et les moins que rien d’autre part.
Les premiers sont la petite minorité qui a et gagne du fric sans rien faire et le planque dans n’importe quelle entreprise de n’importe quel pays (un chantier naval italien, un armateur panaméen, un fond de pension américain, un transporteur polonais, une banque luxembourgeoise…) du moment que ça rapporte.
Les autres constituent l’immense majorité de ceux dont la vie est toute en France, qui travaillent et n’ont pas les moyens de mettre du fric de côté ou, quand ils en ont, ne peuvent le planquer nulle part ailleurs qu’ici-même, dans l'économie du pays.

Sans rapport (ou presque) mais pour détendre l’atmosphère : une petite histoire de Noël.

C’est une petite fille qui vient voir le Père Noël et lui demande :
- C’est vrai que la fête de Noël est un message de paix sur la Terre ?
- Oui, mon enfant. Mais toi, qu’est-ce que tu voudrais pour Noël ?
- Je voudrais que tu fasses la paix sur la Terre.
- Ah ça, je ne peux pas, mon enfant.
- Alors que plus personne ne soit dans la misère.
- Je ne peux pas non plus.
- Alors au moins que plus personne n’ait faim
- Non, ça non plus, je ne peux pas
- Bon, alors, apporte à mon papa et à ma maman un peu plus de sous à la fin du mois.
- Mais bon sang, puisque je te dis que je ne peux pas…
- Alors tu ne sers à rien ?
- Bon allez, ça suffit, maintenant. Dis-moi ce que tu veux et qu’on en finisse.
- Je voudrais une trottinette électrique.
- Une trottinette électrique ! Ha ha ! Mais tu rêves, pauvre conne, tes vieux n’en ont pas les moyens. Allez, dégage !









lundi 3 décembre 2018

Les Gilets Jaunes et la tentation du coup d’état

J’entendais hier soir (2 décembre) que le pouvoir pourrait décréter l’état d’urgence pour répondre aux violences qui ont eu lieu autour de la manifestation du 1er décembre. Je ne sais pas qui a lancé cette idée et l’info, peut-être les journalistes eux-mêmes, ils sont capables de tout, pourvu que ça mousse, mais aussitôt fusent des commentaires comme quoi cela ne servirait à rien, que les Gilets Jaunes continueraient quand même. Avec cette deuxième partie du discours, je suis d’accord.

Mais l’état d’urgence servirait bien à quelque chose : faire taire par la voie légale toute contestation en utilisant tous les instruments liberticides que la loi donne dans ce cas à l’exécutif : assignations à résidence, perquisitions administratives, fermeture de certains lieux publics ou privés, interdiction de la circulation, interdiction de manifester. Le gouvernement peut le décider tout seul.
Si les gilets Jaunes continuent malgré tout de manifester, l’étape suivante serait la proclamation de l’état de siège et là, c’est l’armée qui rétablirait l’ordre (républicain).

Ce matin, Emmanuel Todd sur France Culture a réussi, malgré un présentateur qui lui coupait la parole à tout bout de champ, à dire qu’il ne fallait pas réclamer la démission de Macron parce que ce qui est le plus à craindre, c’est le coup d’état. Je l’ai compris comme ça : Macron étant trop limité intellectuellement pour se rendre à l’évidence et démissionner, il va vouloir rester au pouvoir à tout prix et donc devoir employer encore davantage la contrainte et la force pour mater tous ceux qui s’opposent à lui. Etat d’urgence, puis état de siège et dernier palier : Macron demande à son assemblée de le nommer Imperator et de lui remettre le pouvoir absolu. Au nom de la République.

Bien sûr, personne ne croit à ce scénario : la France n’est pas une quelconque dictature de pays de l’Est, dis donc ! c’est un grand pays de Gaulois irréductibles qui jamais ne se laissera faire ; Todd n’est qu’un agité du bocal, un extrémiste de la pensée (comme Michel Onfray ou Jean-Luc Mélenchon ?).


A la vérité, oui, je crois Macron capable du pire. Enfin, nous verrons ça dans les jours qui viennent…

dimanche 2 décembre 2018

Qui sont les casseurs ?

Les Gilets Jaunes, les médias n’en finissent plus de gloser sur l’essence de leur mouvement, d’analyser leurs motivations, de les accuser d’éco-irresponsabilité, d’être récupérés par le RN et par l’extrême-gauche, de faire semblant de ne pas comprendre ou de trop bien comprendre ce qu’ils veulent, de leur conseiller de se donner des leaders, et cetera. De soi-disant experts en toutes sortes de potages médiatiques et soi-disant scientifiques sortent de leur boîte pour parler de ces gens-là.

Déjà ça, ça énerverait n’importe qui, même la personne la plus pacifique, qu’on la transforme en rat de laboratoire et qu’on lui prête des intentions sans savoir. Du coup, à mon avis, le Gilet se reprend une dose d’adrénaline et en même temps un bol supplémentaire de motivation pour la prochaine manif.

Ce qui énerverait aussi le plus bonhomme des citoyens, c’est Macron (le fuyant), Philippe (le méprisant), Darmanin (le haineux), et tous les En Marche : à chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, leurs esquives, leur mépris, leur haine, envoient de nouveaux casseurs dans la rue. C’est mathématique, le théorème du cabot : si tu veux enrager ton chien, donne-lui des coups de pied.

Les casseurs, des professionnels de la castagne, nous dit-on, discréditeraient le mouvement. Les casseurs, c’est en effet bien pratique : télégéniques, avec les jolis feux en arrière-plan, on peut en diffuser les images des heures durant, s’en indigner, les condamner, plaindre et féliciter les forces de l’ordre, tourner autour du pot sans jamais regarder dedans.

Comme pour les dealers, les brûleurs de voitures, les djihadistes des banlieues pauvres et les sauvages indigènes de la Réunion, le gouvernement les catalogue comme séditieux professionnels (des gens dont ce serait donc le plaisir vicieux et le job de se battre avec les flics) et se contente de les condamner, mais ne veut surtout pas entendre pourquoi ils agissent comme ça.
La raison est forcément qu’il connaît la solution et ne veut pas la mettre en œuvre.

Je pense que les casseurs d’hier, 1er décembre 2018, ne sont pas autre chose que des gilets jaunes. Il y a juste un petit degré de différence avec ceux qui viennent défiler gentiment sur les Champs Elysées, même quand ça leur a été interdit. Comme il y a juste un degré de différence entre ceux-ci et les gens qui enfilent leur gilet et vont filtrer les voitures à un carrefour, puis entre ceux-là et ceux qui posent seulement un gilet jaune sur le tableau de bord, puis entre ces derniers et les gens qui restent à la maison mais affirment aux sondeurs qu’ils soutiennent le mouvement.
Comme il reste encore un petit degré de différence avec ceux qui ne soutiennent pas les gilets jaunes mais se disent : « Macron, merde, fais donc quelque chose pour que ça s’arrête ! »

Il y a cependant un point commun à tous (hormis les derniers cités, bien sûr) : c’est « Macron démission ». Pas besoin de délégués pour que ça s’entende. Ca signifie quoi ? Qu’ils veulent de nouvelles élections ; tout simplement. Ce n’est pas un mot d’ordre révolutionnaire, de rouges bolcheviks ou d’anarchistes sanguinaires.
Au contraire, le vote n’est une banale pratique démocratique. Alors, pourquoi la refuser ? Est-ce que Macron et son gouvernement auraient peur d’être désavoués par les urnes ? S’ils sont tellement sûrs d’avoir raison, qu’ils se soumettent au verdict démocratique. Quand la conjoncture et la situation de la start-up se dégradent, il faut savoir s’adapter, changer de direction, pour sauver la cohésion de la boîte.

Rigolo : j’entendais ce matin un officier de CRS se plaindre qu’il n’était pas là pour se faire matraquer par des casseurs. Je ne peux qu’être d’accord, puisque son boulot à lui, c’est au contraire de matraquer, de casser les manifestations qui ne plaisent pas au gouvernement, sinon pourquoi serait-il si lourdement armé.
« A cause des casseurs professionnels, justement…
- Justement, oui, les casseurs que le gouvernement ne veut pas écouter.
- Alors, toi, tu es pour les casseurs ? Tu les encourages ?
- Mais non, au contraire, je suis pour que les gardes-mobiles et les CRS arrêtent de casser du manifestant, qu’ils rentrent dans leurs foyers se reposer et laissent les gilets jaunes se planter devant l’Elysée jusqu’à ce que Macron apparaisse au balcon… Mais ça ne se peut pas, bien sûr : notre police est une police politique. Macron, c’est notre Maduro qui matraque et gaze son peuple. »