mercredi 4 avril 2018

Pour la grève générale illimitée

Depuis hier ou avant-hier, tous les « main stream medias » nous racontent à quel point les usagers, les chefs d’entreprise, les touristes, seront et sont exaspérés par les grèves qui sévissent en France, à la SNCF et Air France en particulier. Ces grèves donneraient en outre une mauvaise image du pays. Ah bon ? Qu’est-ce qu’ils en savent ? Peut-être y a-t-il des gens d’autres pays qui trouvent nos grévistes courageux et qui les approuvent.

Ceci dit, bien sûr que la grève gêne des gens qui comme les cheminots triment pour gagner leur croûte. Mais les syndicats ont annoncé la couleur, et si on n’est pas trop godiche, on comprend quand aura lieu la prochaine grève. On  peut donc s’y préparer. Les JT nationaux n’ont d’ailleurs pas manqué de montrer comment les gens avertis et prévoyants se sont débrouillés pour aller quand même à leur boulot.

Ah oui, ils sont allés travailler ? Ils désapprouvent donc les grévistes ? Ils sont donc contents de leur sort, de la façon dont on les traite dans leur entreprise ? Comme par exemple ces salariés de Carrefour auxquels ne sont promises que quelques miettes des merveilleux bénéfices réalisés par ce fleuron de l’entrepreneuriat français.

Ben oui, tu bosses dur pour atteindre les objectifs, mais tu n’as droit qu’à une aumône en échange ; le gros paquet, c’est pour le capital, pour l’actionnaire, le propriétaire. Et si tu n’es pas assez productif : dehors ! Syndicaliste ? Dehors aussi, parce que grâce à Macron, les patrons n’ont que faire de respecter la loi. Tu as suspendue au-dessus des reins l’épée du chômage. Et alors, si d’aventure, tu imagines un instant de faire grève, de réclamer un peu de considération, quelques sous d’augmentation, tu signes dans la foulée ton avis de licenciement. Et si tu as un crédit sur le pavillon (en banlieue vu la cherté du logement en ville), sur la bagnole (indispensable), sur les études universitaires de la gamine (bientôt obligé aussi), eh ben, tu as le couteau sur la gorge, la baïonnette sur le cœur : tu ne peux pas faire grève.

Qu’est-ce que ça veut dire, ça ? Que ta seule chance d’améliorer ton niveau de vie, c’est d’écraser ton collègue pour lui passer devant, puis de continuer de faire plaisir à ta hiérarchie en trimant comme un crevard jusqu’à ce que mort s’en suive ?

Oui, c’est ça le monde auquel nous vouent toutes les réformes de Macron.

Concernant la SNCF, l’objectif du gouvernement n’est pas d’ouvrir le transport par rail à la concurrence pour notre bien, mais de simplement le livrer aux appétits de la finance supranationale, de laisser le plus fort, le plus gros, le plus riche, celui qui aura les moyens de faire du dumping social et d’attendre que tous les autres jettent l’éponge, de le laisser à terme s’installer finalement dans un confortable monopole. Depuis quand n’avez-vous plus entendu parler de loi antitrust et de prix qui auraient baissé suite à une privatisation ? Car bien sûr, si ça ne marche pas, le plus gros s’entendra avec ses concurrents pour que le client, autrefois usager, paie toujours le prix le plus fort.

Le projet libéral de Macron est qu’un jour, le plus tôt possible, un jour pur et idéal pour lui, tout ce que nous appelons les services publics, indispensables à la vie, mettant tous les citoyens à égalité de traitement, reposant sur la contribution de tous, solidairement, que les services publics, ne rapportant rien, disparaissent… sauf la police, la justice, les médias d’état, qui sont essentiels pour le maintien de l’ordre établi, dans la lutte contre les menées subversives de ses opposants.

Après la guerre, à peine les nationalisations réalisées, les gouvernements suivants n’ont eu de cesse de mettre en péril le fonctionnement des services publics de santé, d’éducation, de transport. Avec Macron, par exemple, les cotisations à la sécu vont baisser pour tout le monde, particuliers et entreprises. Chic alors ! On va gagner en pouvoir d’achat ? Pas du tout. Ce que nous ne donnerons pas à la sécu la mettra sur la paille, et nous devrons donc le donner à des assurances privées contre une couverture maladie à la carte dont seuls les plus aisés pourront se payer le niveau actuel de protection de la sécurité sociale. En fait, c’est une perte de revenu. Le système américain, quoi ; qui marche tellement bien qu’Obama a pu se résoudre à promettre une sorte de sécu.

Le projet ultime de Macron (oui, j’ai pu entrer dans son cerveau) est d’éradiquer des esprits l’idée même de service public et surtout de supprimer les fonctionnaires, ces privilégiés qui n’importe quand sont capables de faire la grève. Car les fonctionnaires sont aujourd’hui les seuls travailleurs à pouvoir se permettre une grève sans risquer la perte de leur emploi. Personne ne fait grève dans le privé. La situation des salariés du privé les prive purement et simplement du droit de grève.


C’est pourquoi les manifs rassemblent trop peu de gens. Mais si on décidait de s’y mettre tous, de frapper un grand coup, une bonne fois pour toutes… ? Grève illimitée ! Le syndicat SUD a raison. Elle ne durerait pas longtemps parce que là, le gouvernement serait bien obligé d’entendre la rue. Enfin seulement si tous les mécontents bougaient leurs fesses…

1 commentaire:

  1. Tout le monde sait que Macron aurait bien aimé être cheminot, mais que, finalement, il s'est résigné à être banquier.
    C'est vrai que les cheminots sont des privilégiés: ils ne paient pas le train. Comme les députés!
    Alain

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