Depuis hier ou avant-hier, tous les « main stream
medias » nous racontent à quel point les usagers, les chefs d’entreprise,
les touristes, seront et sont exaspérés par les grèves qui sévissent en France, à la SNCF et Air France en particulier.
Ces grèves donneraient en outre une mauvaise image du pays. Ah bon ? Qu’est-ce
qu’ils en savent ? Peut-être y a-t-il des gens d’autres pays qui trouvent
nos grévistes courageux et qui les approuvent.
Ceci dit, bien sûr que la grève gêne des gens qui comme les
cheminots triment pour gagner leur croûte. Mais les syndicats ont annoncé la
couleur, et si on n’est pas trop godiche, on comprend quand aura lieu la
prochaine grève. On peut donc s’y
préparer. Les JT nationaux n’ont d’ailleurs pas manqué de montrer comment les
gens avertis et prévoyants se sont débrouillés pour aller quand même à leur
boulot.
Ah oui, ils sont allés travailler ? Ils désapprouvent
donc les grévistes ? Ils sont donc contents de leur sort, de la façon dont
on les traite dans leur entreprise ? Comme par exemple ces salariés de Carrefour
auxquels ne sont promises que quelques miettes des merveilleux bénéfices
réalisés par ce fleuron de l’entrepreneuriat français.
Ben oui, tu bosses dur pour atteindre les objectifs, mais tu
n’as droit qu’à une aumône en échange ; le gros paquet, c’est pour le
capital, pour l’actionnaire, le propriétaire. Et si tu n’es pas assez productif :
dehors ! Syndicaliste ? Dehors aussi, parce que grâce à Macron, les
patrons n’ont que faire de respecter la loi. Tu as suspendue au-dessus des
reins l’épée du chômage. Et alors, si d’aventure, tu imagines un instant de
faire grève, de réclamer un peu de considération, quelques sous d’augmentation,
tu signes dans la foulée ton avis de licenciement. Et si tu as un crédit sur le
pavillon (en banlieue vu la cherté du logement en ville), sur la bagnole
(indispensable), sur les études universitaires de la gamine (bientôt obligé
aussi), eh ben, tu as le couteau sur la gorge, la baïonnette sur le cœur :
tu ne peux pas faire grève.
Qu’est-ce que ça veut dire, ça ? Que ta seule chance d’améliorer
ton niveau de vie, c’est d’écraser ton collègue pour lui passer devant, puis de
continuer de faire plaisir à ta hiérarchie en trimant comme un crevard jusqu’à
ce que mort s’en suive ?
Oui, c’est ça le monde auquel nous vouent toutes les réformes de Macron.
Concernant la SNCF, l’objectif du gouvernement n’est pas d’ouvrir
le transport par rail à la concurrence pour notre bien, mais de simplement le livrer
aux appétits de la finance supranationale, de laisser le plus fort, le plus
gros, le plus riche, celui qui aura les moyens de faire du dumping social et
d’attendre que tous les autres jettent l’éponge, de le laisser à terme s’installer
finalement dans un confortable monopole. Depuis quand n’avez-vous plus entendu
parler de loi antitrust et de prix qui auraient baissé suite à une
privatisation ? Car bien sûr, si ça ne marche pas, le plus gros s’entendra
avec ses concurrents pour que le client, autrefois usager, paie toujours le
prix le plus fort.
Le projet libéral de Macron est qu’un jour, le plus tôt
possible, un jour pur et idéal pour lui, tout ce que nous appelons les services
publics, indispensables à la vie, mettant tous les citoyens à égalité de
traitement, reposant sur la contribution de tous, solidairement, que les
services publics, ne rapportant rien, disparaissent… sauf la police, la
justice, les médias d’état, qui sont essentiels pour le maintien de l’ordre
établi, dans la lutte contre les menées subversives de ses opposants.
Après la guerre, à peine les nationalisations réalisées, les
gouvernements suivants n’ont eu de cesse de mettre en péril le fonctionnement
des services publics de santé, d’éducation, de transport. Avec Macron, par
exemple, les cotisations à la sécu vont baisser pour tout le monde, particuliers et entreprises. Chic alors !
On va gagner en pouvoir d’achat ? Pas du tout. Ce que nous ne donnerons
pas à la sécu la mettra sur la paille, et nous devrons donc le donner à des
assurances privées contre une couverture maladie à la carte dont seuls les plus
aisés pourront se payer le niveau actuel de protection de la sécurité sociale. En
fait, c’est une perte de revenu. Le système américain, quoi ; qui marche
tellement bien qu’Obama a pu se résoudre à promettre une sorte de sécu.
Le projet ultime de Macron (oui, j’ai pu entrer dans son
cerveau) est d’éradiquer des esprits l’idée même de service public et surtout
de supprimer les fonctionnaires, ces privilégiés qui n’importe quand sont
capables de faire la grève. Car les fonctionnaires sont aujourd’hui les seuls travailleurs
à pouvoir se permettre une grève sans risquer la perte de leur emploi. Personne
ne fait grève dans le privé. La situation des salariés du privé les prive
purement et simplement du droit de grève.
C’est pourquoi les manifs rassemblent trop peu de gens. Mais
si on décidait de s’y mettre tous, de frapper un grand coup, une bonne fois
pour toutes… ? Grève illimitée ! Le syndicat SUD a raison. Elle ne
durerait pas longtemps parce que là, le gouvernement serait bien obligé d’entendre
la rue. Enfin seulement si tous les mécontents bougaient leurs fesses…
Tout le monde sait que Macron aurait bien aimé être cheminot, mais que, finalement, il s'est résigné à être banquier.
RépondreSupprimerC'est vrai que les cheminots sont des privilégiés: ils ne paient pas le train. Comme les députés!
Alain