La violence des forces de l'ordre finalement discutée sur la place publique, ça en défrise quelques-uns. J'entendais tout à l'heure je ne sais plus qui, mais tous les macronistes devaient le dire en même temps : "Alors vous voulez retirer aux forces de l'ordre leurs flashballs et leurs grenades, leur dernière défense, des armes non létales ? Vous voulez qu'il ne leur reste que leur... pistolet (j'ai oublié le nom juste), hein ? C'est ça que vous voulez ?"
Quelle mauvaise foi.! Habile néanmoins, puisque cela sous-entend que les forces de l'ordre ne font que se défendre et que cette défense est justifiée. En même temps, de tous bords, les condamnations des violences policières pleuvent. Castaner n'a rien vu. Tous les autres seraient donc des menteurs. Il n'y a pire sourd que celui qui ne veut entendre. Dans le cas présent, la volonté de surdité se double de cynisme.
En même temps, Macron s'en fout. Il promène ses trois compagnies de CRS de sécurité, tellement il a peur de se faire entarter, par les routes de France, s'invite surprise - mon oeil - au grand débat de Trifouilly-les-Oies, où les caméras autorisées ont pu le filmer répondant à la question "Pourquoi ne pas revenir sur l'ISF ?" par sa formule désormais célèbre : "Pour que les capitaux reviennent s'investir en France." Et le SMIC ? "Pas question de l'augmenter de 100 euros."
S'il voulait montrer que, quel que sera le résultat du Grand Débat, il ne changera pas d'un iota, c'est réussi. Les journalistes main stream n'y ont rien vu de choquant. Il n'y a pire aveugle que celui qui ne veut voir.
Ainsi, dans ces petites conférences où Macron est le maître et tous les autres des élèves qui attendent de savoir ce qu'il pense de telle ou telle question, toute la splendeur de la vision politique de Macron se répète à l'envi, jour après jour, jusqu'à la nausée :
1. il faut épargner, caresser, bien soigner les riches, ce qui se résume à leur permettre de gagner le maximum d'argent (qu'ils l'investissent en France n'a en fait aucune importance)
2. il faut taper sur les travailleurs, les chômeurs et les retraités, les ponctionner, les affamer, les culpabiliser, les diviser, les punir afin de les lier dans l'esclavage du travail, seule façon de préserver la caste...
Deux ans après, le hold-up continue.
vendredi 25 janvier 2019
mardi 22 janvier 2019
Le rond-point des gilets jaunes, c'est beaucoup mieux qu’un atelier de philo qui serait dirigé par Bernard Henri Lévy ou Luc Ferry.
Sur le rond-point des gilets
jaunes de Kanfen, on rencontre des gens de toutes sortes ; ceux qui m’y
ont rencontré pensent la même chose.
L’un me disait que le RIC, c’est
de la merde, que ça va être récupéré comme toujours et qu’on l’aura encore une
fois sans le cul, qu’il n’y a qu’une chose à faire, c'est foutre la merde, foutre tout
par terre, et qu’importe ce qu’il en sortira, ce sera toujours mieux que cette
société de merde.
L’autre disait que toute
action qui fait avancer la cause du bien commun est bonne à prendre, même le
grand débat, parce que, les idées se répandant ainsi petit à petit, un jour les
valeurs argent et travail elles-mêmes disparaîtront pour laisser place à une
société vraiment basée sur le respect de toute vie.
Une autre m’affirmait qu’il y
a un complot des riches, des classes dirigeantes, que tout est arrangé depuis
longtemps, que la révolte des gilets jaunes elle-même est voulue, que l’objectif
est la guerre civile qui va permettre au pouvoir en place de réprimer très fort, de museler ainsi toute opposition et d'installer pour de bon sa dictature.
Le premier, submergé par la
colère et la haine, je le comprends. Il m’arrive, à moi aussi, de rêver violemment d’entarter
Macron, de ligoter un CRS, de mettre un député LREM au SMIC horaire à temps partiel.
Le second, cérébral, idéaliste,
optimiste, je le comprends aussi, je lui ressemble un peu. Mais je ne suis pas ma propre dupe. Je sais à quel point il est difficile de choisir.
La dernière m’a parue
désabusée, comme si sa présence sur ce rond-point n’avait plus vraiment de
sens. Et je ne la comprenais pas. Parce que je ne voyais pas les riches détenteurs
du pouvoir mondial absolu aller contre leurs propres intérêts en favorisant une
fronde populaire, voire une troisième guerre mondiale. C’était leur prêter
trop de machiavélisme, une intelligence vraiment supérieure - trop magique !
* * * * *
Et puis, pour aider à l’écriture
du deuxième tome de « Volmerange, mon village », de Joëlle Moretto, je
me retrouve à faire des recherches sur les dommages de guerre (39-45) perçus à Volmerange.
Il y a la liste des biens publics à reconstruire et celle des propriétaires qui
ont été indemnisés…
Je pense alors à ces gens qui n’étaient
pas propriétaires, qui louaient une maison ou un appartement dans le village. Qui les a indemnisés, eux ? Personne. Pourtant, s'ils avaient pu travailler un peu plus avant que la guerre se déchaîne, ils auraient peut-être gagné assez pour se payer eux aussi une maison et mériter ainsi d'être indemnisés.
Je pense à la famille De Wendel, qui
a continué de faire son beurre avant la guerre, pendant la guerre et après
la guerre, avec les uns et les autres, et qui a quand même été indemnisée.
Je pense à l’Iraq et à la
Syrie. Je me demande comment les gens, les pauvres qui sont restés, et ceux
plus fortunés qui se sont expatriés, ont
pu retrouver dans leur pays dévasté un toit et une vie normale. Je me demande si les nababs du coin ont perdu eux aussi quelque chose.
Je me demande qui a reconstruit
ces pays ? Et avec quel argent ? Est-ce que l’état syrien va toucher
des dommages de guerre de l’Etat Islamique ? Est-ce que l’Iraq a touché quelque
chose des Américains ? Est-ce que la France paie pour les dégâts en Libye ?
Ou bien sont-ce les banques ou
les fonds de pension et autres holdings financières qui investissent là où il y
a tout à reconstruire ? Et à qui prêtent-elles ? Aux victimes pauvres
de la guerre ou aux riches planqués que la guerre a épargnés ?
Nul besoin d’approfondir… Vous
voyez bien que la guerre ne tue que les pauvres gens et enrichit les déjà riches. Et vous n’avez qu’à ouvrir n’importe quel journal pour constater que les super riches
ne reculent devant rien pour conserver leurs privilèges. Une bonne guerre, et hop, l'économie repart, et c'est tout bénef ! Du coup, l'idée du
complot pour déclencher une prochaine guerre n’est plus si totalement fantaisiste.
* * * * *
Ce qui est
terrible, c’est qu’on s’interdise d’en débattre.
samedi 19 janvier 2019
Contourner le piège du grand débat
Le Grand Débat (j’écrirai GD par la suite) est en effet un
piège parce qu’il présuppose la confiance en ceux qui l’organisent,
alors que ceux qui l’organisent (le président, le gouvernement, les députés
LREM), sont de parti pris, partie
prenante - il y a donc conflit d’intérêt, donc aucune garantie de neutralité, et
au contraire une forte suspicion de partialité.
Concernant la participation ou non à ce grand débat (grande consultation
informelle dont les règles ne sont pas définies), j’ai bien écouté le président,
j’ai bien écouté les oppositions, j’ai bien écouté les orateurs de la France Insoumise,
mouvement dont je fais partie, et j’ai bien écouté les gilets jaunes qui sont
sur le rond-point de Kanfen (57).
Après quoi mon opinion est faite. Voici le dilemme :
1 - Refuser de participer au Grand Débat fournirait au
gouvernement cet argument que les gilets jaunes (et autres opposants) ne sont
pas des démocrates, qu’ils sont juste animés par la haine, ou je ne sais quoi
de plus vil encore… et que M. le président est donc autorisé à faire n’importe
quoi jusqu’à la fin de son mandat.
2 - Participer au GD en l’état aiderait M., le gouvernement et LREM à justifier leur politique, dont ils ont déjà fait savoir qu’ils n’en changeraient
pas, quel que soit le résultat du GD, puisqu’à la fin personne ne saura quels
étaient les résultats du GD, et que le président M. décidera a priori tout seul de ce
qu’il retiendra de choses à améliorer, comme par exemple, la diminution des
retraites.
La question fondamentale dans cette affaire de GD n’est pas
le GD en soi, mais la question de la confiance, qui s’exprime en ces
trois interrogations :
1 - comment serons-nous sûrs que tout ce qui aura été dit
sera « remonté » jusqu’à M.
(le président de la république) ?
2 - comment serons-nous sûrs que M. appliquera ce qui a été
dit majoritairement lors de ce GD ?
3 - comment serons-nous sûrs que les organisateurs du GD (députés
LREM, maires sans étiquette) remonteront honnêtement toutes les contributions
au GD ?
Si je pose ces trois questions, ce n’est pas que je
soupçonne M., son gouvernement, ses député LREM et les maires sans étiquette de
vouloir fausser, confisquer le GD au profit du statu quo (ce serait les accuser de malhonnêteté). Non, c’est juste
parce que je pense qu’en démocratie la confiance que j’accorde à mon élu ne le dispense
absolument pas de rendre des comptes et de se soumettre à quelque bienveillante instance de
contrôle. Il ne devrait donc pas s’en offusquer… à moins qu'il ait par avance des choses à
cacher.
Alors, puisque M., le gouvernement et LREM organisent ce GD
dans un grand flou artistique, je me suis dit que les vrais démocrates, qui ne
manquent pas dans ce pays, pourraient bien être d’accord avec la proposition suivante de mettre un peu d’ordre
et de contrôle démocratique dans cette affaire :
1. pas de contribution anonyme (chacune doit être signée et
indiquer le nom et l’adresse)
2. pas de collecte de contributions, à quelque niveau que ce
soit, sans contrôle des gilets jaunes (qui, même sans chef, sont capables de
nommer des représentants pour une tâche précise et un temps déterminé), sans
contrôle de citoyens tirés au sort et, pourquoi pas, sans contrôle de tous les partis
politiques ; il faut donc une telle commission de contrôle dans chaque
commune où est organisée une collecte de contributions au GD.
3. le dépouillement des contributions doit être fait sur
chaque point de collecte par cette commission. Le décompte numérique de chaque
idée, de chaque proposition, doit être établi scrupuleusement ; ainsi se dégagera
une hiérarchie, une priorité des questions à traiter : augmentation du
SMIC, ISF, RIC…
4. au niveau national, une commission de contrôle du
dépouillement doit être créée sur le même modèle (disons paritaire et aléatoire, pour faire court). Pas question de laisser M.,
son gouvernement et ses LREM mettre seuls leur nez là-dedans.
5. les résultats de tous ces échelons de dépouillement doivent à chaque stade être publiés immédiatement dans la presse, les médias nationaux et dans les
bulletins municipaux, s’ils existent.
Tous les médias (quels qu’ils soient) doivent suivre du
début à la fin tout le processus en donnant la parole à chaque commission de
contrôle et à chaque stade de remontée des résultats.
Si cela n’est pas fait, rien ne garantira que le GD ne sera
pas de l’enfumage. En revanche, si tout est enregistré, connu, à chaque étape
du processus et si, malgré ça, M., le gouvernement et LREM n’appliquent pas ce qui est
demandé majoritairement, ils auront fait la démonstration éclatante de leur
fausseté.
Ils n’auront alors plus beaucoup d’alternatives : ou s’en aller d’eux-mêmes
ou continuer de taper sur les gilets jaunes à coups de flashballs, parce que les gilets jaunes, c’est sûr, jamais ils ne lâcheront l’affaire.
- Et si les résultats étaient contraires aux gilets jaunes ?
- Dans les conditions que je viens d’énumérer, il n’y a
aucune chance !
Je vais donc participer au GD, mais ma première
revendication sera que M., le gouvernement, LREM et les maires sans étiquette acceptent que, de la collecte au dépouillement des contributions, tout soit sous le contrôle de commissions (gilet jaune, paritaires et aléatoire, comme j'ai dit). .
- Et si une majorité de gens mettent cette exigence en N°1 des revendications, que croyez-vous qu'il se produira?
- Je suis pessimiste : M; ne l'entendra pas et il enverra de nouveau les CRS.
- M'enfin, laissez-lui une chance !
jeudi 17 janvier 2019
A force de flashballs, haïr la police deviendra une chose normale.
Chers amies, chères amis (*)
"C à vous" (sur la TNT à Sarko, la télé gratuite où fleurissent toutes les fake-news du MEDEF, de la Commission Européenne, du gouvernement Philippe et du CAC40... ) est une émission affligeante de conformisme, de parti pris, de soumission au pouvoir, orchestrée par des animateurs et des animatrices déficientes mentalement ou alors très salopes (mais plus certainement les deux).
Après "Je suis Charlie", face à la colère des gilets jaunes, elles ont en effet jour après jour chanté "Je suis la police", avec componction, comme il se doit. C'est qu'elles braient toujours avec le pouvoir, ces indigentes ! (*)
Mais il m'arrive de zapper et de m'arrêter
dessus, pour vérifier si j'ai toujours autant de raisons de ne pas y regarder. Et paf ! la surprise : l'invité, David Dufresne, journaliste à Libération,
relate les violences de la police, calmement et sans (presque) accuser personne, en faisant quelques constatations percutantes, lorsque toutefois on lui laisse la parole. Forcément, ça m'accroche.
Même
cette vieille pute de Cohen (ex de France Inter et sioniste sans discernement) doit faire semblant d'avouer que oui, la police
tire... pour mutiler ? (non, il n'ira pas jusque là). Et puis rapidement lui et
toute sa bande reprennent leur cantilène habituelle qui est de défendre le
gouvernement et sa police politique. En gros, c'est les gilets jaunes, avec leur regard et leurs mains nues, qui terrorisent la police. Pauvre France !
David Dufresne a bien du mérite de ne pas s'énerver.
C à voir ici.
Après ça, comment voulez-vous demander aux gilets jaunes de rester non
violents ?
Et pourtant, et pourtant ils le sont, et ils l'ont toujours été :
Vraiment trop forts ces gilets jaunes ! Je dirais même : admirables !
Conclusion : il faut dare-dare dissoudre les CRS, les gardes mobiles et
autres sections d'assaut destinées à mater le populo récalcitrant. Mais d'abord,
virer Macron. Sinon, on n'en sortira pas. Il faut arracher le Néron de son fauteuil et le raccompagner à sa chaumière (oui, il paraît qu'il n'a aucune fortune) où il pourra jouir paisiblement de sa retraite de président.
Ce sera encore la revendication des "Gilets Jaunes, acte X". J'ai dans l'idée que ces diables-là vont de nouveau nous surprendre !
******
(*) C'est ma petite-fille qui m'a demandé pourquoi en grammaire le masculin l'emporte toujours sur le féminin. Je lui démontre ici que non : comme en Français, il n'y a pas de neutre (genre le "they" anglais) , c'est le dernier cité qui réclame l'accord (un très vieil usage françois). Après, on choisit de mettre qui on veut en dernier, hein. Mais l'écriture inclusive, ah non ! C'est moche, trop connoté, et puis c'est un truc de fainéant. Je préfère encore répéter, mes chers amis, mes chères amies, je vous ai compris et comprises.
mardi 15 janvier 2019
Grand débat
Participer ou non au "grand débat", that is the question.
En quelques heures, tout a été dit sur le sujet. Seuls les LREM le trouvent grand, et l'appellent un débat, tous les autres crient à l'entourloupe, à l'enfumage. J'ai décidé de lire la fameuse lettre du président, pour me faire ma propre idée.
Dans la première partie, le dingue de l'Elysée nous explique que tout va bien, que la France est le pays des superlatifs, super liberté, super égalité, super fraternité, plus que partout ailleurs au monde, que les Français devraient donc être contents de leur sort. En gros, il nous reproche de râler pour quelque chose, ce con.
Ah mais non, je pige : en fait, il fait allusion à Marine Le Pen. C'est vrai qu'on l'a échappée belle. Donc, la peste au lieu du choléra : il faudrait qu'on soit contents...
Déjà là, j'en savais assez, j'ai eu envie d'arrêter. Mais je me suis fait violence.
Ensuite vient le couplet "mais quelque chose ne va pas" et de parler de NOUS, comme s'il se comptait lui-même dans les insatisfaits de la politique qu'il met en oeuvre depuis qu'il est passé par Bercy. Il admet donc qu'il y a de quoi râler ?
Oui mais on connaît la suite, car il nous a déjà fait le coup : d'après lui, les Français ne sont pas contents parce que ses réformes libérales à lui - qu'elles sont bonnes ! destruction de la sécurité sociale, vente des bijoux de l'état, privatisation des services publics - ne vont pas assez vite. Il paraît même que NOUS serions impatients de voir aboutir ses prochaines réformes (retraites, justice, etc) qui déjà ne manquent pas de rajouter beaucoup de monde dans la rue.
Je me demande vraiment si ça vaut le coup de continuer cette pénible lecture. Enfin, il y aura peut-être une bonne surprise au bout... (non, je déconne, je fais seulement semblant d'y croire ; je suis pas madame Soleil mais je connais mon Macron sur le bout des doigts : c'est un mec sans imagination, incapable de surprendre)
Il poursuit donc : "La société que nous voulons est une société dans laquelle pour réussir on ne devrait pas avoir besoin de relations ou de fortune, mais d’effort et de travail."
Franchement ?
Une phrase comme celle-là, c'est du pur Macron, technique d'enfumage qui se croit subtile mais n'enfume que les gogos de naissance.
Parce qu'avec ce NOUS, il fait encore semblant d'être du côté de ceux qui veulent de l'équité face au travail - il paraîtrait presque communiste-, alors qu'il ne fait que défendre les intérêts de ceux qui n'ont pas besoin de travailler puisque leur capital rapporte, sur le râble des travailleurs justement. Ensuite, il n'a pas pu s'empêcher, comme d'habitude, de faire sa petite allusion aux fainéants qui ne veulent pas fournir d'efforts, pas travailler. On a bien compris, va, que dans l'esprit de ce dingo les Français ont tous un poil dans la main.
Bon, après une telle entrée en matière, je ne voyais pas une annonce un peu sérieuse sortir de cet embrouillamini de grosses ficelles. J'ai laissé tomber. J'ai mis un disque de Bobby Lapointe, ça tortille pas autant du cul pour pas dire des choses tout en faisant semblant de les avoir dites.
https://www.youtube.com/watch?v=vNSoixN_Nj0
Franchement ?
Macron me file la nausée.
En quelques heures, tout a été dit sur le sujet. Seuls les LREM le trouvent grand, et l'appellent un débat, tous les autres crient à l'entourloupe, à l'enfumage. J'ai décidé de lire la fameuse lettre du président, pour me faire ma propre idée.
Dans la première partie, le dingue de l'Elysée nous explique que tout va bien, que la France est le pays des superlatifs, super liberté, super égalité, super fraternité, plus que partout ailleurs au monde, que les Français devraient donc être contents de leur sort. En gros, il nous reproche de râler pour quelque chose, ce con.
Ah mais non, je pige : en fait, il fait allusion à Marine Le Pen. C'est vrai qu'on l'a échappée belle. Donc, la peste au lieu du choléra : il faudrait qu'on soit contents...
Déjà là, j'en savais assez, j'ai eu envie d'arrêter. Mais je me suis fait violence.
Ensuite vient le couplet "mais quelque chose ne va pas" et de parler de NOUS, comme s'il se comptait lui-même dans les insatisfaits de la politique qu'il met en oeuvre depuis qu'il est passé par Bercy. Il admet donc qu'il y a de quoi râler ?
Oui mais on connaît la suite, car il nous a déjà fait le coup : d'après lui, les Français ne sont pas contents parce que ses réformes libérales à lui - qu'elles sont bonnes ! destruction de la sécurité sociale, vente des bijoux de l'état, privatisation des services publics - ne vont pas assez vite. Il paraît même que NOUS serions impatients de voir aboutir ses prochaines réformes (retraites, justice, etc) qui déjà ne manquent pas de rajouter beaucoup de monde dans la rue.
Je me demande vraiment si ça vaut le coup de continuer cette pénible lecture. Enfin, il y aura peut-être une bonne surprise au bout... (non, je déconne, je fais seulement semblant d'y croire ; je suis pas madame Soleil mais je connais mon Macron sur le bout des doigts : c'est un mec sans imagination, incapable de surprendre)
Il poursuit donc : "La société que nous voulons est une société dans laquelle pour réussir on ne devrait pas avoir besoin de relations ou de fortune, mais d’effort et de travail."
Franchement ?
Une phrase comme celle-là, c'est du pur Macron, technique d'enfumage qui se croit subtile mais n'enfume que les gogos de naissance.
Parce qu'avec ce NOUS, il fait encore semblant d'être du côté de ceux qui veulent de l'équité face au travail - il paraîtrait presque communiste-, alors qu'il ne fait que défendre les intérêts de ceux qui n'ont pas besoin de travailler puisque leur capital rapporte, sur le râble des travailleurs justement. Ensuite, il n'a pas pu s'empêcher, comme d'habitude, de faire sa petite allusion aux fainéants qui ne veulent pas fournir d'efforts, pas travailler. On a bien compris, va, que dans l'esprit de ce dingo les Français ont tous un poil dans la main.
Bon, après une telle entrée en matière, je ne voyais pas une annonce un peu sérieuse sortir de cet embrouillamini de grosses ficelles. J'ai laissé tomber. J'ai mis un disque de Bobby Lapointe, ça tortille pas autant du cul pour pas dire des choses tout en faisant semblant de les avoir dites.
https://www.youtube.com/watch?v=vNSoixN_Nj0
Franchement ?
Macron me file la nausée.
samedi 12 janvier 2019
La bataille de l'opinion
Petit zap ce midi. CNEWS, une causerie entre gens du monde (LREM
et présentatrice) sur les gilets jaunes avec le défilé de Bourges et celui de
Paris en arrière-plan. On ne parle pas des revendications mais de violence, on vante les vertus du grand débat... Et d’un coup les images changent - apparaissent un pompier, un
hélicoptère qui décolle - mais toujours en arrière-plan sonore les rumeurs de
la manifestation et les commentaires sur les gilets jaunes… et ça dure, ça
dure, avant qu’on entende enfin la présentatrice dire qu’il s’agit en fait d'une explosion
dans une boulangerie, et cetera, toujours sans parler de la cause de cette
explosion.
Comme ça, le pékin qui zappe (comme moi) et tombe là-dessus
pourra toujours faire le rapprochement entre les images et le commentaire et en
déduire que les gilets jaunes ont jeté une bombe dans une boulangerie. Même si
la journaliste devra bien sûr ensuite dire ce qui s’est vraiment passé, c’est
toujours ça de gagné, un doute, un amalgame, une suspicion. J’en connais plein, dans mes
relations épistolaires électroniques, qui « condamnent avec la plus grande
fermeté » la violence des gilets jaunes mais se réjouissent à chaque fois
qu’un casseur balance une poubelle sur les CRS. « Ah, tu vois ? » triomphent-ils.
Bref, après l'usage de tels trucages, qu’ils croient
subtils et dont certainement les fats se réjouissent, les journalistes de BFMTV,
CNEWS, LCI, France télévision, n’ont pas à s’étonner que les gilets jaunes ne
leur fassent pas confiance, qu’ils aient juste envie de leur mettre un bourre
pif, en particulier quand en plus ils viennent chialer qu’ont les empêche de faire leur
travail et que c’est la démocratie qu’on attaque, et blabla bla.
La bataille de l’opinion fait rage parce que la bataille de
l’opinion est décisive. Même s’il est désormais reconnu par de plus en plus de
gens que les médias nous trompent, nous manipulent, nous imposent une vision tronquée,
faussée, mensongère de la réalité sociale, même si certains journalistes ont
depuis peu repris un semblant de dignité avec un peu moins de partialité (à
leurs risques et périls), la désinformation ne s’arrête pas.
Pour prendre un exemple des plus banals : on aura des
images choisies de Bourges et de Paris en boucle, mais rien de Lyon, Bordeaux
ou de Marseille où il y a bien davantage de monde. Chut : Il ne faut pas que ça se sache.
C’est dur pour les gilets jaunes de rétablir la vérité. Ils
n’ont que leur parole sur les plateaux, quand ils sont invités, confrontés à un
mur de contradicteurs, et les réseaux sociaux, avec Internet. Là aussi, c’est
difficile, parce que le pouvoir a tout prévu : depuis des années, on
entend dire qu’il ne faut pas croire ce qui se dit sur Youtube, que tout ce qui y circule est fake-news, que seule donc la version officielle donnée par les "grands médias" est la réalité.
Et ce, envers et contre ce que vivent les gens ! Exemple : l'INSEE prétend que le pouvoir d'achat des Français augmente. Et aussitôt les commentateurs experts de faire mine de s'étonner que les gilets jaunes râlent. A qui donc s'adressent-ils, ces experts ? Pas aux gilets jaunes, en tout cas.
Bref, alors, avec cette campagne contre les réseaux sociaux, le premier pékin venu (comme moi) gobe et se méfie d’Internet.
Paraît même que les russes ont voulu faire capoter l’élection de Macron, dis donc !
Mais là, j’y ai pas cru, parce qu’en même temps, dans la propagande qu’on nous
sert depuis des années, il y avait « la théorie du complot ». Oui, oui, j’ai
bien intégré qu’il n’y a pas de complot.
Quand par exemple quelqu’un dévoile
que les lobbies pharmaceutiques ont placé leurs anciens employés dans les
ministères, qu’ils nous inondent de publicité mensongère, qu’ils soudoient les
professionnels de la santé et convainquent les députés avec des cadeaux, cette
personne est classée complotiste et illico discréditée : tout ça n’existe
pas.
De la même façon, pour les « grands médias », les images
de doigts arrachés et d’œils crevé par la police n’existent pas. Ce sont des fake
organisés par des gilets jaunes haineux, racistes, antisémites, homophobes et
nazifiants, ennemis de la république. En revanche, le flic qui tire au flash-ball dans la tête, ils ne
vont pas en faire un fromage, parce que c’est normal, c’est tout ce qu’ils méritent, ces
pouilleux de gilets jaunes.
Grâce aux zélés efforts de ces « grands médias », le
gouvernement aurait bien aimé que le soutien aux gilets jaunes tombât sous la
barre des 50%. Mais c’est raté. Macron n’a pas gagné la bataille de l’opinion. En
grande partie par sa propre faute, sa morgue et, il faut bien le dire, sa bêtise.
La bataille n’est d’ailleurs gagnée pour personne. Les
gilets jaunes ont constaté que dans un premier temps la violence donnait des
résultats. Mais ils ont aussi compris qu’il leur faut avant tout le soutien d’un
maximum de Français. Tant qu’ils l’auront, (Cote de popularité de Macron : 23%. Soutien aux gilets
jaunes : 70%.), ils seront légitimes à réclamer tout ce qu’ils voudront.
Cet après-midi, j'espère qu'ils sauront juguler les casseurs et que la preuve sera alors établie que c'est la police qui crée les troubles et les violences.
La violence n’est pas nécessaire. C’est l’obstination et la force solidaire qui le sont.
12 janvier 2019
dimanche 6 janvier 2019
Boxe, boxe , boxe !
Vous avez vu comme moi, sur toutes les chaînes télévisées, les
images de ce gars en bonnet et caban sombres qui avance sans se soucier des
balles en caoutchouc et qui, à mains nues et en quelques coups de poing d’une parfaite
élégance, c.a.d technique et fair play (sur un ring), met à terre un CRS, malgré
son casque, son armure, sa matraque et son bouclier, sur cette passerelle parisienne
que les forces de l’ordre avaient pour consigne de ne pas laisser franchir aux
gilets jaunes - on se demande bien pour quelle raison.
Et on nous dit que ce gars-là serait un sauvage sanguinaire ?
Mais au contraire, c’est un gentleman ! Ce gars-là, un
boxeur, ancien champion de France, apprend-on (démasqué par un certain syndicat
de police), est pour moi un exemple, l’exemple même de la résistance à la force
aveugle et brutale du pouvoir. A mains nues contre la force armée ! Et je pense que je ne serai pas le seul dans les
jours prochains à penser de cette façon.
Le film de cette scène, diffusé en boucle pendant un temps
hier soir et ce matin, ne montre pas comment les forces du (dés)ordre se
mettent face aux manifestants pacifiques, les menacent, les matraquent, les gazent,
les bombardent - mensonge médiatique oblige. Il prétend en revanche bien mettre
en scène la sauvagerie de l’agression d’un pauvre CRS hyper armé par un boxeur aux
poings nus. Et en fait, ça interroge, même le plus facho des fachos (pour les « médias »,
le facho est un gilet jaune, je le rappelle. Donc, merci de cogiter quelques
instants sur cette mise en exergue du boxeurs sauvage…)
Moi, j’ai ma réponse. Oui, Dans cette dramaturgie
médiatique, c’est l’héroïsme de ce boxeur désarmé contre les hommes de Macron (séides
hyper armés) qui finit par crever l’écran. Et en plus, à la fin, c’est lui, le simple
boxeur, qui triomphe. Pour moi, c’est un signe. Non, je ne crois pas en l’horoscope, mais en une (certaine) force des symboles.
Je vous parie d’ailleurs qu’on ne va pas voir longtemps ces images
d’un boxeur terrassant une force de l’ordre, et donc l’organe de la répression politique.
(Je vous avoue que ça me donne envie d’en découvre moi aussi… malheureusement,
mon organisme ne me le permet plus)
Ce qui suit le KO relatif du CRS est en revanche déplorable, minable.
J’en suis révulsé comme par toutes les violences qui ont blessé des personnes. Le
policier, en effet, est à terre, donc inoffensif ; il suffisait de lui ôter
sa matraque et son bouclier et de continuer son chemin, en le laissant là
méditer sur son rôle dans toute cette histoire. Mais d’autres, et le boxeur
lui-même, lui ont flanqué des coups de pied dans le bide. Bon, ils étaient un
peu énervés, je suppose, comme étaient énervés les policiers qui avaient la
veille tabassé une jeune fille qui n’était pour rien dans les boulons qu’ils
avaient reçus au casque.
Mais merde ! Les policier, les CRS, les gendarmes, les
gardes mobiles, ce sont des professionnels ! Ils ont reçu une augmentation
de 300 euros par mois ! Et pour quoi, sinon en échange d’aller gaillardement
casser du manifestant ? Alors faut pas qu’ils s’étonnent d’être mal aimés,
voire haïs ! La police qui réprime les manifs, c’est des traîtres au peuple,
voilà tout. La meilleure, c’est que, quand
ils tapent sur les gens, ils voudraient en plus que les gens se laissent faire Quels doux rêveurs, ces forces de l'ordre…
Moi, j’ai dit à mon beau-frère (il est CRS) : qu’est-ce
que la police défend en réalité ? L’ordre républicain, la démocratie, hein ? "Arrête d’utiliser des mots que je comprends pas." qu'il m'a répondu.
mardi 1 janvier 2019
Bonne année !
J'étais parti
pour commenter les voeux du président et puis j’ai renoncé.
Je n’allais pas
me retaper quinze minutes d’un discours insipide qui commence par remercier la
police mais pas les gens qui se lèvent pour travailler, bourré de lapalissades,
de « je veux… il faut… nous devons… » (ça ne mange pas de pain), de
mensonges éhontés (la réforme du code du travail protège les travailleurs ;
plus de moyens pour la santé avec moins de cotisations sociales), de pensées
inachevées (à qui ou quoi devons-nous cesser d’être soumis ?), à peine
émaillé de quelques sous-entendus (les gilets jaunes, ce n’est pas bien ce que
vous avez fait) ; mais finalement, je viens de me lancer sans filet.
Au milieu de ce
pénible amphigouri, il y avait une petite phrase qui semblait vouloir dire que
la suprématie financière ultralibérale était en train de s’achever. Un instant,
j’ai cru halluciner, revoir François Hollande quand il déclarait son ennemi la finance.
En fait, le sens général du message, subtilement mais fermement présenté, est
le suivant - et nous sommes priés de bien l’intégrer - : « je continuerai comme en 2018, mais plus
fort et plus vite ». Même sa fameuse consultation, à peine mentionnée
(elle doit le gêner), il la balaie sous le tapis.
Du coup, on n’a
plus besoin, ni envie, d’écouter sa triplette de vœux pieux, « vérité, dignité,
espoir », à laquelle soixante-dix Français sur cent auraient certainement préféré
vin, pain et saucisson.
Et le discours se
termine, en une apothéose de politique politicienne, par le lancement de sa
campagne pour les élections européennes.
Ça va, on a
compris : il faut absolument sauver l’Union Européenne (qui a chaud aux
fesses par les temps qui courent). Même si le Parlement Européen n’a aucun pouvoir,
sinon de nous enquiquiner avec des normes mesquines, il ne faudrait pas que le
populisme y gagne de la visibilité. Les Juncker, les Bolloré, les Drahi, tous les
féroces défenseurs du capitalisme ultralibéral vont montrer les dents, lâcher
leurs chiens médiatiques pour nous menacer de l’enfer si nous ne votons pas comme
ils le souhaitent pour davantage encore de cette Europe ultralibérale pour eux,
mais mortelle pour nous, les peuples.
Fort du soutien de
l’invincible armada des médias, Macron, comme d’habitude, a parlé comme si son
auditoire était constitué de crétins incapables de comprendre comment il essaie
de les entuber. Tout à fait caractéristique du pervers narcissique manipulateur
ou… de l’escroc. Il est les deux.
Quand c’est bien fait,
et que la victime est consentante, ça marche. Des tas de gens se sont fait
avoir, mais il nous a fait le coup tellement souvent que cette fois, je crois bien
que plus personne n’ignore à quoi il doit s’en tenir.
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