mercredi 25 avril 2018

« Schéi kleng as och schéin », éloge de la petitesse et de la diversité.

J’applique cette sentence à la dimension des états : « Petit, c’est bien aussi » ; et j’ajoute c’est même mieux.
(C’est copié sur le dicton luxembourgeois « Schéi kromm as och schéin » : « quand c’est de travers, c’est beau aussi », ce qui signifie (peut-être) que le raté ou l’exception ont autant de valeur que la perfection ou la norme.)

Les Luxembourgeois ne sont-ils pas des gens sages ? Ils nomment leur propre pays « Ländchen », c'est-à-dire le petit pays. Je ne crois pas qu’ils aient jamais désiré agrandir leur territoire en envahissant leurs voisins. (Trop petits ? Ben oui, si tous les états étaient petits…) En témoigne leur devise, « Mir wëllen bleiwen wat mir sinn », « nous voulons rester ce que nous sommes », c’est-à-dire petits, entre nous, et indépendants.
(Les Luxembourgeois n’aiment pas plus les Français que les Allemands, c’est historique, mais ils ne les détestent pas non plus.)

Les Luxembourgeois ne sont-ils pas des gens intelligents, ou plutôt madrés, comme des paysans ? C’est ainsi qu’ils ont choisi, après la mort de la sidérurgie, de devenir un paradis fiscal… qui abriterait les pauvres entreprises et particuliers dont la richesse fait l’objet de persécutions fiscales dans les autres pays d’Europe. Qu’à cette époque, les gouvernements des autres pays d’Europe aient laissé faire prouve naturellement leur complicité.

Moyennant quoi, les Luxembourgeois vivent peut-être mieux que leurs voisins. Il y a des avantages à vivre dans un petit pays.

En France, grand pays, des Bretons, des Corses, des Basques naguère revendiquaient l’autonomie de leur région, voire leur indépendance ; eux aussi se voulaient petits. Beaucoup d’Alsaciens aspirent à quitter le Grand-Est pour former une région unique avec davantage de compétences, mais ils n’osent toujours pas dire qu’ils n’aiment pas La-France, trop jacobine, soumise au pouvoir absolu élyséen, intolérante à l’égard des cultures régionales - ils sont pourtant moins radicaux que les séparatistes majoritaires en Catalogne et en Lombardie !

Oui, le verdict est sorti des urnes : les séparatistes sont majoritaires. Mais les états espagnol et italien ne les entendent pas : Quand le gouvernement oppose un refus de référendum ou envoie carrément l’armée des gendarmes avec les matraques et les gaz pour « frapper son peuple », on comprend que la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes n’existe pas.

Vous allez me dire que les régionalistes ne sont que des égoïstes qui ne veulent pas partager leur richesse avec les autres. Quand bien même ! Il y a des raisons bien plus fondamentales : le sentiment d’appartenance à une culture commune ; le sentiment que cette culture est incomprise, bafouée, menacée ; le rejet du centralisme, du pouvoir lointain, de l’autoritarisme ; le désir enfin d’une démocratie plus conforme à l’idée qu’on s’en fait, plus réactive, plus proche du peuple, dont le peuple est réellement le maître.

Quant à La-France, elle serait une et indivisible : la même loi sur tout le territoire et pour tous les citoyens - pas une oreille qui dépasse. Pourtant, en Moselle, comme en Alsace, nous avons des lois particulières, et qui nous conviennent très bien. Et puis il y a l’Outre-Mer, la Nouvelle Calédonie en particulier, avec des statuts variés, des prérogatives qui ne s’appliquent pas en métropole. La République une et indivisible est donc une illusion ; la République peut tout à fait transiger, admettre la division…

(Notre Cinquième République et son actuel président des riches entretiennent même la division, sur un plan différent : les capitalistes n’affirment-ils pas que « Il n’y a pas de travail sans capital. » ? Ce qui à leurs yeux justifie que le travailleur soit traité en esclave du capital. La formulation conforme à la réalité est plutôt : « Sans capital, le travail ne serait pas un esclavage et sans cet esclavage, il n’y aurait pas de capital. » La majorité des travailleurs ne le savent pas, ils se laissent assujettir et tondre sans protester.)

Revenons à nos moutons. Qu’est-ce que ça ferait donc à l’Espagne, à l’Italie, à La-France de laisser quelques régions s’émanciper ? Qu’est-ce que ça ferait à l’Europe si quelques pays s’en détachaient ? Rien, parce que l’Espagne, l’Italie, La-France, sont en grande partie des constructions de l’esprit qui ne peuvent donc pas répondre à une question. Ceux qui répondent aux questions, ce sont des humains, les gouvernements, les peuples, les électeurs, les individus.

Alors qu’est-ce que ça ferait donc aux individus espagnols, italiens et français restants de ne plus compter dans leurs rangs des Catalans, des Lombards et des Néo-Calédoniens ? Qu’est-ce que ça nous a fait, à nous, Français, que les Britanniques aient quitté l’Europe ? Rien non plus, parce que Français, Espagnol, Italien, Britannique, sont également des constructions de l’esprit. Pour preuve : un Macron ou un Bernard Arnault, français tous deux, ne verront pas leur francité de la même manière qu’un Philippot ou un Depardieu qui ne la verront pas comme un Cégétiste, un cheminot ou un salarié de Carrefour, sans parler, dans le contexte actuel, d’un musulman ou d’un juif, tous également citoyens français.

Alors, pourquoi ne pas laisser jouer la démocratie jusqu’au bout ? Laisser morceler ces empires qui, tous ! se sont construits par les armes et parfois des génocides, et ne tirent donc leur légitimité que de la loi du plus fort. Alors pourquoi les gouvernements empêchent-t-ils, encore par les armes, toute émancipation ? Pour quels intérêts nous refusent-ils de revenir à des entités petites, dans lesquelles on se connaîtrait mieux, on se reconnaîtrait, librement, de la même culture, du même peuple, de la même fratrie ? Voilà : Fraternité ! Le joli mot, voilà le mot-clé, qui n’a cependant aucun sens dans le jeu politique français.

Admettons que la Corse, après referendum, réclame son indépendance et l’obtienne finalement après avoir résisté aux gardes mobiles et à l’armée française. Est-ce que ça ferait une différence pour les Mosellans ? Bof. Et peut-être que pour les corses ça ne changerait pas grand-chose non plus. Ils n’auraient plus de subventions de l’état français, ni de l’Europe, mais ils ne leur payeraient plus d’impôts. Ils seraient en plein dans le circuit court. Mais ils auraient aussi des relations économiques avec d’autres pays, directement avec la Chine, peut-être, ou l’Afrique. Ils se feraient une petite constitution à leur main et s’inventeraient un pays neuf, plus libre, plus égalitaire, plus fraternel, plus démocratique.

Et nous, on pourrait tranquillement continuer de passer des vacances en Corse. Et on se dirait : ils vivent bien, ces Corses, ils sont intelligents. Faisons comme eux. Et de citoyens et travailleurs français, nous deviendrions citoyens et travailleurs de Moselle. Peut-être même qu’on couperait la Moselle en petits bouts : la partie nord-est retournerait avec l’Alsace, le sud resterait avec Metz et la région des trois frontières se la jouerait perso... On pourrait croiser le président 3F et ses ministres faisant leur marché le samedi matin à Thionville et ils sauraient que le peuple les a à l’oeil. Ca ferait des envieux, et boule de neige, en Europe.

« Mais, monsieur, l’Union Européenne serait foutue ! » Justement, ce serait l’occasion de construire une Europe fédérale qui respecterait les choix de chaque petit peuple. Car l’Europe libérale peut très bien se défaire, le Brexit en est la preuve. La France jacobine aussi peut changer. Mais pour ça, il faut aller voter. Et d’abord manifester et faire grève, avec les camarades.


vendredi 20 avril 2018

La loi, rien que la loi... républicaine ?

Rapporté par le Républicain Lorrain de ce jour, vendredi, 20 avril, 2018 :


Ainsi le doigt d'honneur est devenu un crime de lèse-majesté ! Et lorsque le criminel est un de ces "gens qui ne sont rien", notre monarque n'hésite pas une seconde à l'écrabouiller de toutes ses forces de l'ordre. Pauvre Macron, aucune classe, aucune dignité !

Moi, on m'a toujours dit : ceux qui se montrent méprisants et méchants avec les faibles sont ceux qui s'écrasent le plus devant plus fort qu'eux. Ainsi lorsque Macron a annoncé fiérot qu'il a convaincu l'Amérique de s'engager plus avant en Syrie, la réponse de Trump lui est revenue droit dans la figure : "It's a fake news". Le menteur pris sur le fait, et mouché, n'a pas démenti.

Logiquement Plenel et Bourdin auraient dû y avoir droit, eux aussi, à la garde à vue et au rappel à la loi, pour n'avoir pas mis de cravate, soigneusement évité de l'appeler "Monsieur le président" et posé des questions insultantes. Mais là, c'était plus risqué : notre pourfendeur de gens de rien aurait passé pour un despote. Il a dû sacrément ronger son frein.

jeudi 19 avril 2018

Internet, Youtube, c'est formidable !

J’ai reçu ces liens cette semaine. Je like.

D’Alain :
Edwy Plenel analysel’interview : Macron est buté. Macron est un menteur. 

De Francine :
Philippe Lamberts, euro-député belge écolo, offre une corde au président français. Macron s’en fout, rien ne le touche.

De Gus :
Besancenot toujours en forme.

De François :
Les premiers maillons d'une nouvelle Internationale. (vidéo un peu bricolée demande indulgence…)

De moi-même :
Natacha Polony en rigolant (les 5 premières minutes)

A propos de Noam Chomsky (coupez le son, insupportable), sur la manière dont nos gouvernements nous manipulent pour que nous votions contre nos propres intérêts.

Pierre Rabhi, la sobriété, la joie, la raison, l'évidence

Et Mélenchon, très clair à propos des derniers bombardements français en Syrie
https://www.youtube.com/watch?v=qO0qcvOhib8 

dimanche 15 avril 2018

La bataille de la com’ (article avorté)

Il y a en ce moment Macron qui répond aux questions à la télé. A peine cinq minutes et déjà, je m’énervais ; j’ai laissé Francine seule devant le poste. Les journalistes sont vraiment trop polis avec ce type qui leur coupe tout le temps la parole et n’a jamais rien d’autre à répondre que « c’est pas moi, c’est la constitution, c’est l’assemblée nationale, c’est le peuple français, c’est la communauté internationale, c’est vous-même, M. Plenel... ».

Ils devraient ne pas le laisser terminer ses phrases, le bombarder de questions embarrassantes, comme ils savaient si bien le faire avec Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne présidentielle. En fait, ils devraient lui poser des questions très simples, élémentaires, comme :
« Vous avez allégé la pression fiscale sur la fortune et augmenté la pression fiscale sur les retraites ; pourquoi ce choix ? » Et lui, il commencerait par « Vous savez, je n’ai jamais dit que … » et c’est là qu’il faut lui balancer, euh… par exemple : « Est-ce parce que vous êtes vous-mêmes soumis à l’ISF ? »

Bon. J’avais prévu de faire encore quelque chose sur la télé et la communication. Allons-y.

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Bourdieu écrivait : « Un des enjeux des luttes politiques… est la capacité d’imposer des principes de vision du monde, des lunettes telles que les gens voient le monde selon certaines divisions En imposant ces divisions, on crée des groupes qui se mobilisent et qui, ce faisant, peuvent parvenir à convaincre de leur existence, à faire pression et à obtenir des avantages ».

C’est une évidence que chaque parti tente de convaincre le plus grand nombre de citoyens de la justesse de sa vision du monde. Mais que cela crée dans le peuple des citoyens de la division, et partant de là de l’intolérance et des animosités, l’est peut-être moins : la gauche contre la droite, les Français bon teint contre ceux d’origine étrangère, les capitalistes contre les prolétaires, les blancs contre les noirs, etcetera.
Les groupes se constituent ainsi autour d’idéaux communs, d’intérêts communs, de peurs communes, de communautés comme on dit maintenant. Tant qu’on en reste à la confrontation des idées, dans le respect mutuel et selon des règles d’égalité de traitement, cela reste tolérable.

Mais lorsque la division du peuple cesse d’être une simple conséquence de la volonté de convaincre pour devenir un objectif en soi et, pour parler clairement, un moyen « pour mieux régner », et que c’est donc utilisé par un gouvernement élu, cela devient intolérable.

Ne cherche-t-on pas à nous convaincre (en ce moment, ON, c’est Macron) de l’existence de groupes imaginaires, désignés à nos malheurs comme boucs émissaires :
- les retraités qui se la coulent douce sur le dos des travailleurs,
- les chômeurs qui ne cherchent pas de boulot et qui gagnent mieux que les travailleurs,
- les fonctionnaires n’en fichant pas une rame qui, avec leurs grèves, prennent les travailleurs en otages,
- les syndicalistes, professionnels de la grève, qui empêchent les travailleurs de travailler,
et ainsi de suite.

Le travailleur - vous vous rappelez : celui qui se lève, le matin, et qui a envie de travailler plus pour gagner plus, tout en acceptant des heures sup' pas payées pour conserver son emploi - est en fait la cible de cette propagande nauséabonde (désolé pour cette concession au langage convenu des journalistes) et le dindon de la farce s'il tombe dans ce piège. 

Car enfin les retraités, les chômeurs, les fonctionnaires, les syndicalistes, les employés, les ouvriers, les cadres ne sont-ils pas tous des travailleurs ? Ne devraient-ils pas être unis contre la politique de Macron qui tape sans distinction sur tous, et bien fort justement sur les travailleurs ?
- moins de revenus pour les retraités
- moins d’indemnités pour les chômeurs
- moins de privilèges pour les fonctionnaires
- moins de respect pour les syndicalistes
- moins de sécurité pour les salariés
- moins de cotisations sociales, moins de taxes pour les entreprises
- pas de moins pour le capital et les actionnaires

Et pas une chaîne de télé pour dénoncer ça !
Je pense quand même qu’on sera plus nombreux à la prochaine manif.


Et zut, j’ai encore pas parlé de la com’ !!!

samedi 14 avril 2018

Démocratie française et dictature autocratique, c'est kif-kif bourricot ?

Ça y est ! Al Assad a été frappé par le trio Trump, May, Macron. Sur les ondes, on dit : les Etats-Unis, le Royaume-Uni et La-France ont frappé la Syrie. Passons sur cet abus de langage. Pour eux, l’honneur est sauf : ils ont fait ce que Trump avait inconsidérément promis, ils ont bien retracé la ligne rouge fixée par Macron, et on a finalement trouvé le moyen que May punisse la Russie à peu de frais. Ah, mais !

En même temps, ça n’ira pas plus loin. Heureusement d’ailleurs ! Encore que la Russie (de Poutine) à son tour a promis des représailles. Et avec ça, les rebelles ont perdu la guerre et le dictateur sanguinaire de Syrie est toujours en place. Bon, si on considère le bordel actuel en Iraq et en Libye, ce n’est peut-être pas le mal absolu. Même en Tunisie et en Egypte, pays sans pétrole, où les dictateurs ont été balayés sans intervention extérieure (apparente), on n’a pas eu la démocratie qu’on espérait. Rappelez-vous également de quoi la révolution iranienne avait accouché après que le Shah fût démis et chassé, qui n’était même pas un dictateur selon la norme de l’Occident.

Tout ça m’a fait songer à ce que Kamel Daoud publiait en décembre 2012 dans le « Quotidien d’Oran » (j’ai dû ressortir son bouquin, « Mes indépendances », publié en 2017) : « Post révolutions : faut-il laisser les peuples arabes voter ? » Et l’article commence par « C’est l’un des dilemmes discrets des élites : faut-il laisser le peuple voter au nom de la démocratie ou sauver la démocratie en interdisant au peuple de voter ? »

Ça n’est pas politiquement correct, n’est-ce pas ? Mais il parle seulement des pays où s’est déroulé le fameux printemps arabe, de l’Egypte surtout. Ce qu’il veut dire, c’est qu’on a chassé le dictateur pour instaurer la démocratie, et qu’à peine le peuple a pu voter, on s’est aperçu avec stupeur qu’il s’est jeté dans les bras des Frères Musulmans et autres islamistes qui, même dits modérés, renvoient les femmes à leur condition d’infériorité, mélangent la loi avec la charia, installent la dictature religieuse, restreignent chaque jour un peu plus les libertés individuelles et, accessoirement, soutiennent l’Etat Islamique. A voir ici : http://www.liberation.fr/planete/2017/01/24/egypte-six-ans-apres-la-revolution-confisquee_1543777
Historiquement, ça s’explique et se comprend parfaitement.

Les élites intellectuelles, éclairées, faisant business et argent, amies de l’Occident, qui en 2011 se réjouissaient du départ de Ben Ali et Moubarak, se sont retrouvées à la fin du printemps le bec dans l’eau, dans l’opposition. Elles estimaient, nous dit Kamel Daoud, que « le vote d’un PDG d’entreprises qui emploient des milliers de travailleurs est plus important que celui d’un village entier qui ne fabrique que de la mastication », que le peuple avait mal voté, parce que le peuple n’avait pas compris, qu’il n’était pas prêt, parce que malheureusement la démocratie, c’est long à apprendre et qu’il fallait donc leur laisser à eux la liberté de gouverner démocratiquement... En vérité, ces intellectuels n’acceptaient pas leur défaite, ils auraient voulu imposer de force leur démocratie, et surtout pas la confier au peuple.

Qu’en est-il chez nous, mes amis ? C’est pareil. Sarkozy avait la même conception de la démocratie quand il a fait ratifier le traité de Lisbonne par le parlement alors que 55% du peuple avait par referendum rejeté le projet de constitution européenne ; il ne fallait pas laisser le peuple français voter. Macron est son héritier, il fait également fi de la démocratie, car elle le gêne. La Cinquième République lui en donne tous les moyens : ordonnances, 49-3 (trop usé sous le précédent président mais toujours disponible quand les députés LREM décillés rueront dans les brancards), prime démesurée à la majorité, pouvoirs démesurés du président, etc. Ajoutez à ces deux dictatures la trahison d’un François Hollande à peine plus timide à mener le même programme libéral, et vous comprenez pourquoi 60% des inscrits sur les listes électorales estiment que voter ne sert à rien.

Pourtant, aux dernières présidentielles, il y avait pour sortir de cette situation pourrie une proposition radicale faite par la France Insoumise : réunir une assemblée constituante (pour partie des citoyens tirés au sort), écrire une nouvelle constitution, se donner une chance de construire une meilleure démocratie. Ca n’a pas marché. Merde, vous n’avez rien compris, vous avez mal voté… Je déconne, mais j’ai eu l’occasion de discuter de ça avec le maire de la plus grosse commune des environs et un célèbre professeur d’histoire-géographie de ses amis, et j’en suis resté abasourdi : eux aussi pensent que « une grande partie des Français ne devraient pas avoir le droit de vote parce qu’ils n’ont pas le niveau de culture suffisant pour comprendre les enjeux ». On dirait du Ben Ali dans le texte.




jeudi 12 avril 2018

Ecole et société : compétition = sélection = suicide collectif

Ce matin, tandis que je trempais ma tartine, France Inter, dans le temps de son journal, après avoir expédié les événements du moment (ZAD de Notre-Dame, Syrie, SNCF, universités,...), nous a amusés avec un interminable reportage sur le bateau « L’Hermione » qui arrive à Marseille. J’ai failli m’étrangler en éclatant de rire, tellement le remplissage était d’une pauvreté affligeante, si l’on excepte toutefois les mots sensés d’un jeune matelot tunisien sur la nécessaire solidarité entre les membres de l’équipage, parole qui m’a aussitôt fait penser à la nécessaire solidarité qui devrait régner entre les humains sur leur petit bateau "La Terre" dont il serait bien illusoire de penser que nous allons un jour le quitter pour les étoiles.
A mon tour, je vous balance un sujet qui n’a rien à voir avec l’actualité. Une devinette, tiens !

Qui a dit, il y a quelques années déjà, parlant de nos sociétés dites occidentales :

- « On est en train de courir le plus vite possible dans la pire des directions : celle de la compétition, la destruction des uns par les autres. Il est monstrueux qu’on ait pris comme moteur de notre société la compétition. »

- « Pour devenir moi, j’ai besoin du regard de l’autre. Dès que je suis en compétition avec lui, je ne tisse plus de liens ; et par conséquent, je suis en train de me suicider. Toute compétition est un suicide. »

- « Vouloir devenir le meilleur, c’est faire acte de soumission, faire preuve de conformisme. Actuellement, le système des grandes écoles ne fait que sélectionner les plus conformes, qui ne sont pas capables d’imagination. Plus on est conformiste, plus on est dangereux. »

- « Il nous faut extirper la notion de compétition de toute la société et en particulier du système éducatif. Il faut mettre la société au service de l’école, et pas l’école au service de la société. »


Ces paroles sont de Albert Jacquard, dont vous saurez l’essentiel de la vie, de l’œuvre et surtout de l’engagement, en consultant Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Jacquard 
Albert Jacquard, bien que militant pour de nombreuses causes, ne se présente sous aucune étiquette, mais son discours s’applique directement à tous les problèmes sociétaux et environnementaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Le sujet avait donc à voir avec l'actualité.

- La compétition est le credo économique libéral, concurrence  non faussée s’entend, c’est-à-dire qu’elle ne doit favoriser que le capital privé. L’état gêne. L’individu gêne.

- La compétition économique favorise toujours la classe sociale qui, depuis des centaines d’années, a acquis l’argent, la terre et le pouvoir, presque toujours par la force, au détriment de la classe laborieuse. La compétition nous maintient ainsi en esclavage.

- La compétition économique oblige à la croissance infinie, donc à la consommation inutile, donc au gaspillage des ressources, donc au gaspillage et à la dévalorisation du travail, donc à l’augmentation infinie de la population mondiale, ce qui nous promet encore bien davantage de maux.

En écoutant Albert Jacquard, je songeais bien sûr aux enfants et à l’école qui devra désormais, de la maternelle à l’université, u-ni-que-ment produire des travailleurs adaptés aux besoins de… de quoi ? de qui ? du marché ? Des esclaves, je vous dis.
Je songeais aussi aux zadistes de ND des Landes qui ont bien raison de vouloir rester sur la terre qu’ils ont cultivée durant ces années de lutte. C’est un vilain procès que le gouvernement leur fait : "ils n’ont pas déposé leurs projets individuels d’exploitation agricole"; oui, c’est vrai, mais ils ont déposé un projet collectif, mais ça, le gouvernement ne veut pas l'entendre, car le collectif et la solidarité sont des concepts qui lui font dégouliner la bave sur les crocs.
Les zadistes ne sont en compétition avec personne, sauf avec le gouvernement et ses gendarmes mobiles, mais là c’est pour savoir qui aura les plus gros bras. De terribles activistes désarmés contre nos vaillantes forces de l'ordre, ça donne (petit rappel) un mort à Sivens, qui s'appelait Rémi Fraisse.  


A propos, il paraît que Macron a parlé aux vieux dans le journal de 13h de TF1. J'ai pas voulu voir, je savais d'avance, et Francine m’a confirmé qu’il n’avait rien dit qu’on ne savait déjà. Pff! Trop prévisible, le gars. Albert Jacquard a raison, Macron est le produit d'une sélection "high level", et pour ça il a dû se conformer tellement un max qu'il y a perdu toute imagination : ce type est hyper hyper dangereux !  

Au fait, l’extrait d’émission dont j’ai tiré ces quelques citations est ici : https://www.youtube.com/watch?v=9v9updAv018

mercredi 11 avril 2018

Où sont les pacifistes ?

Mon premier titre était : « La bataille de la com’ »

J’avais en effet cherché des chiffres, des statistiques, sur la manière dont les Français s’informent. Après d’innombrables tentatives, j’ai renoncé à vous en présenter le résultat parce que, entre ceux qui feuillettent simplement une revue et ceux qui décortiquent un journal d’opinion chaque jour, ça n’est pas clair du tout.
Je vous résume donc la chose comme je la pense, avec mes a priori : le principal média d’information des Français est la télévision, que ce soit par voie hertzienne, sur le câble, par Internet, sur smartphone, ou tout ce que vous voudrez.

Entre TF1, France 2, France 3, France Ô, France 24, France Info et France Inter (visibles sur le Net), BFM, Cnews, LCI, LCP et que sais-je encore, n’avons-nous pas l’embarras du choix ? Oui, nous n’avons même que l’embarras d’avoir à regarder et entendre toujours et encore les mêmes rengaines, puisque les journalistes passent leur temps à se copier les uns les autres.

Aux journaux télévisés, dans les magazines d’hier soir, par exemple, c’était partout le même sujet : arme chimique utilisée par Assad, avec la complicité de l’Iran et de la Russie : faut-il rester sans rien faire ? 
Macron et Trump sont prêts à frapper le régime syrien ! Il y a urgence. Etcetera. 

Tous ces gens sont donc pressés et bienheureux de nous entraîner, vous, moi, et nos enfants, dans une guerre contre le régime de Bachar al Assad, contre l’Iran et contre la Russie, au nom de l’humanité parce que des enfants auraient été gazés (ce ne serait pas la première fois que les Américains recycleraient de vielles images pour étayer des mensonges destinés à justifier leur intervention militaire) - l'arme chimique étant par ailleurs décrétée la pire des armes, comme s’il y avait une hiérarchie des horreurs, comme si une pluie de simples bombinettes ne faisait pas le même effet : tu te prends un petit éclat dans la tête, un autre dans le bide, et tu restes là des heures à agoniser sous les décombres, que tu sois un enfant ou pas…-, mais même si ces enfants viennent juste d’être gazés par Bachar et les Russes, comme ailleurs d’autres enfants meurent dans d’autres conflits, je ne suis pas d’accord pour que les soldats français aillent se mêler de ça parce que Bachar ne nous a rien fait, à nous, Français, pas plus que Kadhafi, qui au contraire nous protégeait des différentes mouvances islamistes qui règnent maintenant sur la Libye, parce que je ne veux pas que mes impôts partent en fumée, parce que je veux que mon pays soit perçu, non pas comme un pays agresseur (ce qu'il est malheureusement déjà) mais comme un pays qui oeuvre pour la paix.

Qu’ils y aillent, les Américains, provoquer la Russie et l’Iran (qui finalement n’avait pas de massive destructive weapon), mais sans nous. Ah oui, c’est vrai : le problème, c’est que cette racaille de Sarkozy nous a remis dans l’OTAN sans demander notre avis, à nous peuple ; ça veut dire que si on n’y allait pas derrière Trump, et malgré que tout le monde a plus ou moins jugé que ce type était fou, on se prendrait un coup de pied au cul des Amerloques, des sanctions économiques, par exemple. Peut-être même qu’ils nous enverraient un porte-avions…

Allez, tout ça va bien finir par une troisième guerre mondiale. Et ce ne sera pas la faute aux Chinois ! Mais je préviens notre président que si ça tourne vinaigre avec les Russes, je me couche sur la route de Luxembourg et je prends les frontaliers en otages ; je ne vois pas comment faire entendre autrement ma voix.

Et voilà qui me ramène à mon sujet de départ : l’importance d'avoir une bonne communication. Quand Macron joue avec le feu et notre sécurité, c’est lui seul qu’on entend. Quel JT en effet a présenté les positions des opposants aux frappes promises ? Aucun, à ma connaissance. S'agit-il d'un défaut de com’ ou de censure ?  

On en parlera la prochaine fois, si une nouvelle brûlante actualité ne s’impose pas avant…

mardi 10 avril 2018

Et pendant ce temps-là, les syndicats d’enseignants restent muets…

Le 3 avril, c'était ma fête, mais du côté de l’Elysée, silence radio. J’espère qu’Emmanuel ne manquera pas de me la souhaiter en renonçant à la réforme de la SNCF et des universités lors de sa prochaine allocution télévisée.

- Faut pas rêver, me dit l’autre.
- Si, justement, il est urgent de rêver. C’est parce qu’on ne rêve plus qu’on finit par s’abstenir ou par voter Macron. Pensez-y, vous qui… ne votez plus !

Evidemment, Macron va céder sur quelques points, pas les plus importants : on annonce déjà qu’il n’y aura pas des ordonnances pour toute la réforme SNCF, que le parlement pourra amender en partie le projet. Quelle magnanimité ! Ce sera en fait un os à ronger jeté à la figure des syndicats. Je prends le pari que même cet os n’aura plus de chair à l’assemblée, puisque les députés « En Marche » votent au pas de l’oie, comme un seul homme, comme sous le régime honni des soviets. 
Songez en effet que sous Macron 1er (et dernier), seul le gouvernement propose des lois ; pas une loi, à peine un timide amendement (peut-être pour faire un peu démocratique) ne vient des députés LREM. On nage dans le totalitarisme le plus extatique !

Les effets dévastateurs de la politique libérale ne toucheront certainement pas leurs auteurs, ils toucheront les pauvres, les moins pauvres, les moyennement aisés, la classe moyenne, vous, moi, nos enfants… Un exemple au hasard :

" Des réformes nécessaires pour construire l'EHPAD de demain ". Voilà comment Macron et son gouvernement présentent et résument leur façon de préparer la vie des vieux de demain, en l'occurrence moi, vous, nos enfants. Mais nous avons bien compris maintenant comment ils fonctionnent : ne rien expliquer, laisser supposer un bénéfice pour chacun de nous, puis faire le contraire de ce qui serait un bénéfice pour chacun de nous, c’est-à-dire démolir le plus vite possible toute la protection sociale pour le profit immédiat des capitalistes qui se gavent sur notre dos. Les mots sont jolis et creux ; à la sortie, il y aura moins de personnels, moins de matériels, moins de financement pour les EHPAD ; ça coûtera plus cher aux résidents et la vie y sera plus moche et plus dure.

Quand on s’y arrête un instant, on hallucine qu’un tel cynisme puisse passer pour banal et anodin aux yeux de tant de personnes qui ne réagissent toujours pas, qui ne comprennent toujours pas que les vieux ne sont, dans ce système-là (on va l’appeler le système Macron) qu’un bilan comptable, que le strict nécessaire à une vie digne est encore trop pour eux, qu’ils n’ont pas besoin d’être heureux, qu’ils doivent, non seulement coûter le moins possible, mais peut-être même rapporter de l’argent.

C’est la logique du système Macron :
- tant que les vieux coûtent et qu’il faut, par les cotisations sociales que les patrons n’aiment pas payer, abonder leur loyer dans les EHPAD, ils sont une charge, et alors plus vite ils crèvent, plus on fait d’économies.
- mais si les vieux se mettaient à rapporter, parce que leur retraite suffirait à financer des conditions d’internement minimales, alors… Hein, quoi ? Vous dites, Monsieur, que nous payerions moins de charges et que ça vous rendrait heureux ? Vous êtes donc heureux d’apprendre que vous finirez aussi mal traité que les vieux d’aujourd’hui.

Ecoutez donc Caroline Fiat et François Ruffin, députés de la France Insoumise. Ils nous disent clairement les difficultés actuelles dans les EHPAD et la misère qui les attend, qui nous attend quand nous serons vieux et dépendants, après que Macon aura fini de désosser la protection vieillesse que d’autres avaient eu tant de bonté à construire.


Le programme libéral de Macron est par essence antisocial ; il est en train d’institutionnaliser dans tous les domaines la pénurie, l’inégalité, l’indigence, la souffrance, la cruauté, la maltraitance. Il n’y a que les gendarmes qui seront toujours bien équipés pour mater les récalcitrants.



lundi 9 avril 2018

Facebook, meilleur fournisseur de données personnelles

…jusqu’au prochain réseau du Net pris la main dans le sac, jusqu’au prochain « scandale ». Scandale, dites-vous ? La bonne blague, allez ! C’est juste un peu d’air brassé pour nous en faire accroire. En lisant le message d’un de la France Insoumise de Yutz, je me disais :
- la protection des données personnelles sur le Net est-elle vraiment possible ?
- et surtout, est-elle vraiment désirée ?

C’est Vincent qui réagissait ainsi :

« Vous avez sans doute entendu parler du scandale Cambridge Analytica et de la nécessité, si ce n'est de quitter Facebook, d'au moins verrouiller la protection de ses données dans les réglages (je ne sais pas si vous avez déjà vu comment la tâche est aisée... ça change tous les 6 mois).

- Si vous voulez voir l'étendue des données collectées, rendez vous sur https://www.facebook.com/settings et cliquez sur "Télécharger une copie de vos données Facebook".

- Pour ceux qui veulent recevoir les infos autrement, voici un lecteur de flux RSS que j'ai mis en place : https://info.161803.tk/
Sur cette adresse, vous avez accès au flux auxquels j'ai déjà souscris. Si vous souhaitez faire vos propres listes de flux, je peux vous ouvrir un compte. Sinon donnez moi des sites que vous souhaiteriez voir apparaître.

- Je vous encourage à voir ce documentaire sur Aaron Schwartz : https://www.dailymotion.com/video/x21tkoj (sous-titrage disponible dans les réglages en haut à droite) C'est l'histoire d'un gars brillant qui s'est suicidé à 26 ans sous les pressions des lobbies et du gouvernement américain alors qu'il menait plusieurs combats idéalistes. Il a participé à l'élaboration du protocole RSS que Facebook et Google souhaitent voir disparaître car il s'oppose à leur stratégie de rendre les consommateurs captifs de leur site. Le site Thionville ne supporte d'ailleurs pas ce protocole alors que Yutz oui.
Vous connaissez déjà la fin du film mais je vous assure que l'histoire est malheureusement captivante.

C'est pas si éloigné de la défense du service public pour lequel nous nous mobilisons. » 

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Peut-être irez-vous un peu farfouiller dans tout ça, si vous avez un compte Facebook. Moi, qui n'y suis pas, j’en reste aux conjectures (pas encore vu le film).

« Au total, 87 millions d'utilisateurs dans le monde ont pu être touchés par la divulgation de données personnelles » fournies pour la création de leur compte Facebook. Moi, qui ne suis que sur Blogger et Youtube, je me demande bien quelles peuvent être ces données volées, outre nom et prénom, date de naissance, sexe, adresse du domicile, numéro de portable éventuellement… Faut-il pour ouvrir un compte FB déclarer en plus sa couleur de peau, sa religion, ses opinions politiques, ses maladies, ses appétits, ses préférences sexuelles… ?  Je ne pense pas. Ca serait un peu gros, quand même. (mais enfin, on pourrait bien y arriver un jour, n’est-ce pas ?)

Alors ? C’est ça, ou quoi d’autre, ces fameuses données personnelles ? Pour s’en faire une idée, il faut comme toujours d’abord rechercher à qui profite le crime.

« La firme d'analyses de données CA (Cambridge Analytica), qui a notamment travaillé pour la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016, avait récupéré les données personnelles d'utilisateurs de Facebook à leur insu, via une application de tests psychologiques. A l'époque, le système permettait à des applications tierces d'accéder non seulement aux données des usagers ayant utilisé l'application mais aussi à celles de leurs amis, expliquant le nombre très élevé de personnes potentiellement concernées. » (France-Info)

On n’apprend toujours pas quelles données sont concernées, mais on le devine en apprenant l’usage qui en est fait. Il n’y a qu’à se rappeler quand les données numériques de l’annuaire postal « les pages blanches » ont commencé à être vendues et combien de fois, depuis ce moment-là, on est encore quotidiennement enquiquiné par des appels de démarchage commercial. L’affaire FB est du même tonneau.

Ainsi FB laisserait n’importe qui piocher dans les données que ses adhérents lui ont confiées, sans réclamer la moindre contrepartie pécuniaire ? Not possible, I say ! Because business is business. La firme CA a forcément acheté ces données. Ou alors, c’est que FB a été abusé, piraté (par CA, et d’autres sans doute) et que ses dirigeants sont juste des truffes : dans ce cas, FB et Zuckerberg sont innocents, juste un peu négligents.

En revanche, dans un cas comme dans l’autre, la société CA, enfin, ses dirigeants sont coupables. En effet :
- d’abord ils savaient que c’était mal d’utiliser ces données sans en avertir les personnes concernées.
- puis, balayant tout scrupule relatif à cette question, ils ont décidé, soit de pirater FB (ce n’est pas parce que le propriétaire d’une maison a oublié de verrouiller sa porte qu’on est autorisé à y entrer), soit de corrompre FB (enfin, ses dirigeants) en achetant ces données.  
C’est l’histoire de la prostituée et du client, du corrupteur et du corrompu, de la poule et de l’œuf : qui a créé l’autre ? Les deux, mon capitaine. Et pourtant, je n’ai pas entendu que la société CA ait été inquiétée. Et pourtant, je n’ai pas entendu non plus que quelqu’un, un procureur américain, par exemple, ait traîné FB en justice.

Suis-je bête ! Ce doit être, tout simplement, parce que ce genre de pratique est, dans le monde du commerce, considéré comme normal, légitime, indispensable ; « si tu ne truandes ou alpagues pas ton client (le premier), un autre le fera (avant toi) » est certainement un cours dispensé dans les écoles de commerce. Comme dans le cas de FB, c’est le droit américain qui s’applique, il n’y a pas grand risque : des excuses suffiront ; au pire, une petite amende négociée. Et les utilisateurs de FB iront se faire voir...

Donc, nos données personnelles (qui sont disséminées sur « la toile », quoi que nous fassions désormais), valent leur pesant de cacahuètes pour le commerce et… pour la politique. Mince alors ! FB ne vous demande pas vos opinions politiques, tout de même ! Mais non, c’est vous-mêmes qui les donnez, les affichez. Sur FB, chacun raconte sa vie. « J’ai fait ceci, j’ai été là, je pense que…, etc. » Il est donc facile à n’importe qui de savoir qui se cache derrière la petite photo et le pseudonyme, les activités que cette personne pratique, ce qu’elle mange, les lieux qu’elle fréquente, les sentiments qu’elle éprouve, ses pensées... C’est vrai, c’est vrai, seulement la personne elle-même ne compte pas ; toute seul, elle n’a guère de valeur marchande. Ce qui est intéressant, c’est qui nous sommes collectivement.
Et le numérique, Internet, les réseaux, les comptes, tout ça facilite grandement les choses.

Je n’évoquerai pas ici le problème du flicage. « Craché, juré, ça n’existe pas ! »

Bon. Il paraît que nos élus prennent le problème à bras-le-corps, que « l’Europe » a décidé de nous protéger :
« Une nouvelle législation européenne qui doit entrer en vigueur le 25 mai dans l'Union européenne, le Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD).
Cette législation imposera notamment à toutes les entreprises d'obtenir "le consentement explicite" des clients si elle veut transmettre leurs données personnelles à une tierce partie ou si elle veut en faire un usage autre que celui initialement prévu. Il y aura aussi "obligation pour celui qui utilise les données d'informer rapidement le consommateur d'une possible violation de la confidentialité, en exactement 72 heures", précise Christian Wigand.
En cas de violation des règles, "il y aura un pouvoir de sanction renforcé pour les autorités de protection des données", a-t-il ajouté, précisant que les sanctions pourraient atteindre "jusqu'à 4% du chiffre d'affaires international de l'entreprise concernée". »

Vous allez voir ce que vous allez voir !
Depuis le temps qu’on parle de faire le ménage sur le Net…


mercredi 4 avril 2018

Pour la grève générale illimitée

Depuis hier ou avant-hier, tous les « main stream medias » nous racontent à quel point les usagers, les chefs d’entreprise, les touristes, seront et sont exaspérés par les grèves qui sévissent en France, à la SNCF et Air France en particulier. Ces grèves donneraient en outre une mauvaise image du pays. Ah bon ? Qu’est-ce qu’ils en savent ? Peut-être y a-t-il des gens d’autres pays qui trouvent nos grévistes courageux et qui les approuvent.

Ceci dit, bien sûr que la grève gêne des gens qui comme les cheminots triment pour gagner leur croûte. Mais les syndicats ont annoncé la couleur, et si on n’est pas trop godiche, on comprend quand aura lieu la prochaine grève. On  peut donc s’y préparer. Les JT nationaux n’ont d’ailleurs pas manqué de montrer comment les gens avertis et prévoyants se sont débrouillés pour aller quand même à leur boulot.

Ah oui, ils sont allés travailler ? Ils désapprouvent donc les grévistes ? Ils sont donc contents de leur sort, de la façon dont on les traite dans leur entreprise ? Comme par exemple ces salariés de Carrefour auxquels ne sont promises que quelques miettes des merveilleux bénéfices réalisés par ce fleuron de l’entrepreneuriat français.

Ben oui, tu bosses dur pour atteindre les objectifs, mais tu n’as droit qu’à une aumône en échange ; le gros paquet, c’est pour le capital, pour l’actionnaire, le propriétaire. Et si tu n’es pas assez productif : dehors ! Syndicaliste ? Dehors aussi, parce que grâce à Macron, les patrons n’ont que faire de respecter la loi. Tu as suspendue au-dessus des reins l’épée du chômage. Et alors, si d’aventure, tu imagines un instant de faire grève, de réclamer un peu de considération, quelques sous d’augmentation, tu signes dans la foulée ton avis de licenciement. Et si tu as un crédit sur le pavillon (en banlieue vu la cherté du logement en ville), sur la bagnole (indispensable), sur les études universitaires de la gamine (bientôt obligé aussi), eh ben, tu as le couteau sur la gorge, la baïonnette sur le cœur : tu ne peux pas faire grève.

Qu’est-ce que ça veut dire, ça ? Que ta seule chance d’améliorer ton niveau de vie, c’est d’écraser ton collègue pour lui passer devant, puis de continuer de faire plaisir à ta hiérarchie en trimant comme un crevard jusqu’à ce que mort s’en suive ?

Oui, c’est ça le monde auquel nous vouent toutes les réformes de Macron.

Concernant la SNCF, l’objectif du gouvernement n’est pas d’ouvrir le transport par rail à la concurrence pour notre bien, mais de simplement le livrer aux appétits de la finance supranationale, de laisser le plus fort, le plus gros, le plus riche, celui qui aura les moyens de faire du dumping social et d’attendre que tous les autres jettent l’éponge, de le laisser à terme s’installer finalement dans un confortable monopole. Depuis quand n’avez-vous plus entendu parler de loi antitrust et de prix qui auraient baissé suite à une privatisation ? Car bien sûr, si ça ne marche pas, le plus gros s’entendra avec ses concurrents pour que le client, autrefois usager, paie toujours le prix le plus fort.

Le projet libéral de Macron est qu’un jour, le plus tôt possible, un jour pur et idéal pour lui, tout ce que nous appelons les services publics, indispensables à la vie, mettant tous les citoyens à égalité de traitement, reposant sur la contribution de tous, solidairement, que les services publics, ne rapportant rien, disparaissent… sauf la police, la justice, les médias d’état, qui sont essentiels pour le maintien de l’ordre établi, dans la lutte contre les menées subversives de ses opposants.

Après la guerre, à peine les nationalisations réalisées, les gouvernements suivants n’ont eu de cesse de mettre en péril le fonctionnement des services publics de santé, d’éducation, de transport. Avec Macron, par exemple, les cotisations à la sécu vont baisser pour tout le monde, particuliers et entreprises. Chic alors ! On va gagner en pouvoir d’achat ? Pas du tout. Ce que nous ne donnerons pas à la sécu la mettra sur la paille, et nous devrons donc le donner à des assurances privées contre une couverture maladie à la carte dont seuls les plus aisés pourront se payer le niveau actuel de protection de la sécurité sociale. En fait, c’est une perte de revenu. Le système américain, quoi ; qui marche tellement bien qu’Obama a pu se résoudre à promettre une sorte de sécu.

Le projet ultime de Macron (oui, j’ai pu entrer dans son cerveau) est d’éradiquer des esprits l’idée même de service public et surtout de supprimer les fonctionnaires, ces privilégiés qui n’importe quand sont capables de faire la grève. Car les fonctionnaires sont aujourd’hui les seuls travailleurs à pouvoir se permettre une grève sans risquer la perte de leur emploi. Personne ne fait grève dans le privé. La situation des salariés du privé les prive purement et simplement du droit de grève.


C’est pourquoi les manifs rassemblent trop peu de gens. Mais si on décidait de s’y mettre tous, de frapper un grand coup, une bonne fois pour toutes… ? Grève illimitée ! Le syndicat SUD a raison. Elle ne durerait pas longtemps parce que là, le gouvernement serait bien obligé d’entendre la rue. Enfin seulement si tous les mécontents bougaient leurs fesses…

mardi 3 avril 2018

Qui parle vrai ? Qui ment ? Qui est manipulé ?

Ce qu’on écrit et dit de lui à longueur d’articles de presse et d’émissions de télé :
- Wladimir Poutine est un dictateur ; il est le tsar.
- Il veut recréer la Russie des tsars et la sphère d’influence de l’URSS
- Poutine menace d’envahir les pays baltes.
- Il soutient des dictateurs qui massacrent leur peuple.
- Poutine a muselé la presse et la télé dans son pays.
- Il a été élu grâce à des élections truquées.
- Poutine a lancé des cyber-attaques contre les Etats-Unis qui ont fait élire Trump et même contre Emmanuel Macron pour faire élire Marine Le Pen.
- Poutine a fait gazer un espion avec sa fille sur le territoire britannique.
Etcetera.

Rien de bien, que du négatif. Il est donc clair que Poutine et la Russie de Poutine nous sont désignés comme notre principal ennemi. L’ennemi de La-France ? L’ennemi de l’Europe ? Davantage encore, l’ennemi de l’Occident, comme au bon vieux temps des soviets. D’où des sanctions économiques de toutes sortes visant à affaiblir Poutine et la Russie, l'Union Européenne suivant docilement les consignes de Washington. Et pourquoi on n’irait pas demain tout simplement leur lâcher une bombe atomique sur la gueule ? Hein ?

Au passage, quand Mélenchon dénonçait cette façon de faire et proposait de considérer la Russie comme un partenaire, avec qui il fallait négocier, on l’accusait bien commodément de soutenir un dictateur et un impérialiste, et tout était dit : "Vous n'allez pas voter pour ça !"

Bref, aujourd’hui, on en est là :

 * * * * *
Qui n’entend qu’une cloche, n’entend qu’un son. Ecoutons comment Poutine se défend (ou fait sa propagande) grâce à ces quelques extraits de la chaîne russe, RT France. Si ça vous semble fastidieux, passez tout de suite à Oliver Stone (en bas).







Oliver Stone sur RT France (extrêmement intéressant jusqu’au bout !)
et sur Europe 1

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Comme d'habitude, chacun jugera à l'aune de ses propres convictions, selon ses affinités politiques par exemple, mais quand on a eu les deux sons de cloche, on peut au moins dire qu'on s'est documenté et qu'on a réfléchi à la question. C'est plus dur d'être de mauvaise foi.