D’abord, on balance dans les médias deux ou trois
« couacs » - c’est le pauvre mot employé - survenus cette année lors
de l’épreuve du baccalauréat : copies volées, sujets piratés ou
perdus ; bien la preuve que ça ne marche pas bien, le bac ! (même si tout le monde sait que ces couacs ne
représentent qu’un phénomène très marginal)
Le lendemain, en titre, au journal du matin, un chroniqueur
(évidemment expert) pose la
question : « Faut-il supprimer le bac ? » (toujours exagérer pour attirer l’attention !)
Tiens, justement, le ministre Machinchose planche là-dessus, promesse de
campagne de Macron. (La vache ! Il
fait ce qu’il dit, le gars.)
Et l’expert commence à vous faire l’article sur ce bac
tellement décrié (sic, sans préciser par
qui, mais tout le monde sait bien que c’est uniquement dans le scénario
médiatique) à cause de ces dysfonctionnements (couacs en langage médiatique populaire) dont on vous parlait la
veille, mais pas seulement, car :
- l’organisation du bac coûte très, très cher en salaires de
profs
- le bac n’est pas du tout un laisser-passer pour
l’université puisque une grande partie de ceux qui le décrochent ne vont pas à
l’université ( ??? - raisonnement hallucinant, incompréhensible, qui permet tout de
même de suggérer que la suppression du bac pourrait permettre à ceux qui ne l'auraient pas eu, eux, d’accéder
à l’université avec plaisir et reconnaissance - enfin, je suppose que c'est l'intention)
Là, vous doutez, forcément : supprimer le bac pour ne
rien mettre à la place ? Et hop, tous à l’univ’ ! Meuh non, voyons.
Sans déjanter, comme s’il n’avait pas posé une question en préambule, le type déballe
enfin le pot aux roses : il s’agit de mo-der-ni-ser, avec contrôles
continus pendant deux ans (notez que le
contrôle continu existe déjà, puisque les profs font des interros surprise et mettent
des notes, mais il ne compte pas pour l’obtention du bac, seulement pour le
passage ou non d’une classe à l’autre) suivis d’un examen du bac comprenant
seulement quatre matières fondamentales.
(Ah, bon ? Alors,
rien ne change, faudra toujours le bac pour aller en fac ? On allège
seulement pour faire des économies, quoi. Tsst, tsst ! Méfiance :
avec Macron, on a l’habitude qu’une réforme en couve toujours une autre, qui
sera soigneusement cachée aux Français par l’entremise des grands médias
populaires dont il ne faudrait pas croire qu’ils sont les médias du peuple.)
Mais la chronique se termine. Rassurez-vous, ça n’est pas
pour tout de suite, le ministre va d’abord consulter. D’ailleurs, il a déjà
commencé. Et vous voilà rassuré. (Ah oui, consulter… Mais qui,
et sur quoi exactement ? Sais pas. Mais bon, on a le temps de voir...
venir) Au passage, vous êtes gentiment prévenu, un peu à la rigolade,
contre les profs : « Les matheux, ça ira, ils sont qualifiés
d’office, mais bonjour pour convaincre le prof d’histoire de n’avoir plus à
corriger ses traditionnelles copies du bac. » (et là, il vous vient à l’esprit le flot des critiques que vous avez
depuis des lustres entendues à propos de ces gens-là qui, contrairement à vous,
ont la sécurité de l’emploi, sont bien payés, ne fichent rien, sont toujours
absents et traînent des pieds, rechignant à la modernisation, c’est bien connu…
) Et ça vous fait peut-être effectivement rigoler... Vous êtes déjà en train de mûrir votre adhésion à la réforme du bac.
Moi ce que je constate, c’est qu’à force qu’on cogne dessus
comme ça, le prof est devenu un ennemi personnel pour pas mal de Français. Ca
n’arrange évidemment pas la relation avec les familles et ça n’encourage pas
les gosses à bosser. Et vous, qu’est-ce que vous en pensez ? Bon,
n’insistons pas. Continuons.
Comme dit ci-avant, je soupçonne une entourloupe derrière
cette réforme du bac, précisément le contraire de ce qui est laissé à
entendre ; par exemple, une sélection encore plus sévère à l’entrée en fac
(donc une pilule à faire avaler).
C’est vrai, quoi, tous ces étudiants qui astiquent les bancs
de l’amphi pendant deux ou trois ans pour finalement devenir coursiers à vélo
ou vendeurs de chouros sur la plage, même autoentrepreneurs, c’est pas rentable. En même temps, une ribambelle de ministres de l’Education Nationale qui, depuis cinquante ans, n’ont eu de cesse
de démolir (moderniser) le système scolaire républicain et démocratique, c’est bien
pire que moins rentable - non ? Et ça n’est pas Machinchose, shooté à la
macronite, qui va déroger à la tradition de nocivité maximale des ministres de
l’Educ’ Nat’. Je prends le pari.
En résumé : attendez-vous à pire que ce qui existe, et
si on vous jure blanc, traduisez noir. La preuve ? Hé ! Pourquoi
pensez-vous que toutes les chaînes radio et télé ont traité ce sujet
en même temps et sur le même mode ? Elles ont reçu des ordres, tiens. De qui ?
Sais pas.
On se retrouve dans quelques jours ou semaines pour un
nouveau sketch de propagande gouvernementale.
Richard
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