Encore une fois, j’hallucine, dites donc : le film « Conversations
avec monsieur Poutine », d’Oliver Stone, passe à la télé, sur la chaîne
nationale numéro 3, un film au titre déjà subversif, si l’on en croit tout le
mal qui a été dit de Poutine durant la récente campagne électorale française. Connaissant
nos lèche-bottes de journalistes, je subodore la grosse manipulation. Et en effet, l'émission s'intitule "Faut-il croire Wladimir Poutine?" Premier sous-entendu : non, bien sûr. Bon, je m’installe
quand même devant le poste. J’aime bien Oliver Stone et je suis curieux de
savoir comment il a fait son Poutine.
Stone pose des questions et laisse parler le président
russe qui raconte un peu sa vie, revient sur l’histoire de l’écroulement de l’URSS,
explique sa stratégie et ses objectifs et exprime son avis sur les agissements de ses « partenaires »
américains et européens. En deux ou trois occasions, Stone donne l’occasion à
Poutine de dire sa version de faits qui ont été présentés autrement « en
occident ». Le personnage paraît tout à fait normal. Genre Mitterrand,
vous voyez ? Je devine le projet de Stone - comme vous-mêmes, n’est-ce pas ?
- qui est de donner un droit de réponse à celui qui est par ailleurs décrit
comme le diable, et parfois comparé à Hitler, et j’y adhère. Qui en effet n'entend qu'un son de cloche... devient sourd.
Et ça, ça doit gêner les journalistes de notre télé
gouvernementale, parce qu’à peine le film terminé, ils passent à l’attaque :
Francis Letellier : « Est-ce qu’il n’a pas cherché
à vous impressionner ? »
Sylvie Kauffmann : « Ses yeux veulent vous en
imposer. »
Bernard Guetta : « Ne pas interrompre Poutine est
un parti pris dangereux, car les gens pourraient ne pas comprendre. »
SK : « Et en plus, il n’y a pas de « follow »
(de question à la suite)… »
FL : « N’avez-vous pas le sentiment d’avoir été
manipulé ? »
Oliver Stone ne se défend pas. A mon avis, il sait dans quel théâtre il a été appelé à figurer. Il n’a même pas été présenté. Qu’il a eu des
Oscar, oui, on l’a dit, mais qu’il est pour les Américains un gênant poil à
gratter, un dangereux gauchiste qui dénonce toutes les perversions et dérives
de la société des Etats-Unis, on ne le dit pas. On le fait passer au contraire pour un gros naïf.
Moi, je pense qu’il est bien content que son film soit vu. Point. Pour le reste,
il ne va pas se disputer avec des minables comme ces journalistes-là.
Parce que eux, les Letellier, Kauffmann, Guetta et autres
Cohen, ils se prennent pour des experts, ils savent que Poutine est un
dictateur, que Poutine menace d’attaquer bientôt les USA et l’Europe, que Poutine est
un menteur, etcetera. Et leur déontologie professionnelle leur commande d’en
avertir le public français qui est trop con pour se faire une idée par ailleurs.
Et ils n’ont de cesse de parvenir à le répéter le plus grand nombre de fois
possible dans le cours d’une émission. Ceci explique pourquoi certaines interviews durent des plombes autour des sujets les plus mesquins et insipides.
En réalité, ils ne font pas un travail de journaliste, ce
sont des faiseurs d’opinion, des publicitaires, des serviteurs de leurs
patrons, tant politiques que du secteur économique, thuriféraires de l’idéologie
totalitaire du capitalisme ultralibéral. Le travail de ces journaleux est
de discréditer toute personne et tout discours qui ne seraient pas d’accord avec cette
idéologie.
C’est donc parce qu’elle est journaliste que
Natacha Polony a été virée de partout.
Ainsi le passage du film d’Oliver Stone est-il encore un
moyen de donner à voir combien nos medias sont libres, puisqu’ils montrent le
film qui va à l’encontre des idées qu’ils propagent à longueur de temps. Mon
dieu que c’est habile !
Ca me rappelle comme j’ai halluciné quand j’ai vu la tête de
Besancenot chez Drücker, avant les élections présidentielles de 2007. Là aussi,
manipulation : Besancenot avait bien parlé, dit des choses vraies que le
PS n’osait plus dire, et il était monté dans les sondages, volant une partie de
l’électorat PS. Bien vu, Sarkozy.
Ah oui, une chose que Letellier, s’il était journaliste, c'est-à-dire honnête, aurait dû dire aux
téléspectateurs, c’est qu’Oliver Stone, avec Danny Glover et Noam Chomsky, a
signé en avril 2017 une pétition de soutien à Jean-Luc Mélenchon.
Richard
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