Exercices de définition par l’exemple, l’analogie, l’incise, la digression, le glissement de sens, l’à-peu-près, le calembour et le parti pris
16. Défaitisme
a) Elément de la doctrine d'économie capitaliste et libérale selon laquelle doivent être inoculés les sentiments d’infériorité et d’impuissance, ainsi que la peur en découlant, aux enfants des
classes populaires et moyennes par un lavage des cerveaux dont les médias,
l’école et les parents eux-mêmes seront les principaux opérateurs.
b) C’est Pierre, Paul, Jacques qui causent.
« Contre les puissants, on ne peut rien.
- Si tu pars de ce principe-là, mon vieux, c’est sûr que
t’as perdu d’avance.
- Non mais regarde : toi, tu as manifesté contre la réforme des retraites,
pas vrai ? Eh ben, ils la feront quand même. Tu l’as dans l’os.
- Ils la feront peut-être justement parce que toi, et beaucoup d’autres, n’y étiez
pas, aux manifs.
- Je n’y étais pas – je te l’ai dit - parce que, de toute façon, ça ne sert à
rien.
- Donc, tu es content d’avoir perdu du pouvoir d’achat, avec le gel des
pensions d’abord, puis avec la hausse de
- Bon, c’est vrai, j’ai perdu plus de soixante euros sur ma retraite mensuelle,
mais…
- Mais tu as peur des flics, c’est ça ?
- Non, mais… il faut bien sauver le système. On a été trop gâtés, nous, les
baby-boomers. Il n’y a plus d’argent... Je pense qu’il vaut mieux avoir moins plutôt
que rien du tout à la fin. »
« Il faut absolument augmenter le SMIC.
- Si tu augmentais le SMIC, tu devrais aussi augmenter tous les salaires. Et
les charges sociales suivraient et alors…
- Et alors justement, ça renflouerait
- Faux ! Faux, archifaux ! Les industriels délocaliseraient illico et
plus personne n’investirait en France. Ce serait la catastrophe. Déjà qu’on est
les seuls à ne faire que 35 heures, et à avoir autant de congés payés, d’aides
sociales et d’autres avantages, comme les RTT, en même temps que nos entreprises sont écrasées de charges. Les Français sont des fainéants ! Il vaut mieux sauver des emplois, quitte à gagner moins.
- Et en travaillant plus ? Pas besoin de t’emballer : j’ai très bien compris que tu es pour
dévaloriser le travail.
- Comment ? Je n’ai pas dit ça.
- Mais si : tu as dit que pour
conserver une chance d’avoir du boulot, tu es prêt à accepter de travailler
plus et d’être moins bien payé, et en me^me temps à renoncer à tes avantages sociaux. Donc, tu
es pour la dévalorisation de ton travail.
- … Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? »
« Des sous, il y en a. Plein même. Regarde la fortune
des multimilliardaires et la puissance financière des banques, des assureurs,
des supranationales, des GAFAM. Il n’y a qu’à les faire payer.
- Mais non, ça ne va pas, ils s’en iront ailleurs.
- Ils sont déjà ailleurs, mon pauvre : au Luxembourg, en Suisse, aux Iles
Caïman…
- Mais ils n’investiront plus chez nous, ils fermeront leurs usines…
- Tu crois qu’ils se priveraient du bénéfice de 67 millions de consommateurs
parmi les plus aisés du monde ?
- On serait boycottés par les autres pays. Les Américains nous mettraient un
blocus, comme au Vénézuela ou à l’Iran. Pour le coup, on n’aurait plus de
médicaments, plus de masques, plus de vaccins ; nos téléphones, nos
ordinateurs, nos voitures, tout nous coûterait plus cher ; seuls les
riches pourraient se les payer. Et les ingénieurs, les scientifiques, les
chercheurs, toutes les grosses têtes partiraient à l’étranger. On serait obligé
de se donner une dictature pour sauver les meubles…
Non, il vaut mieux laisser les choses en l’état. On ne peut rien faire. Juste
espérer.
- Allah Ouakbar / Les voies du Seigneur sont impénétrables. »
« Putain d’usine ! On n’en peut plus des fumées,
des odeurs, du bruit.
- Et les poussières et le formaldéhyde et l'arsenic ! T’oublies ? Mais vous n’avez qu’à déménager.
- Facile à dire. Depuis que l’usine est là, notre maison ne vaut plus rien. On
la vendrait à perte et dans un coin propre, on aurait à peine de quoi nous acheter
un cagibi.
- Mais dis donc, c’est bien toi qui as voté pour l’usine quand tu étais
conseiller municipal, non ?
- Oui, mais il y avait des emplois à la clé. Avec le chômage qu’on a, les gens
n’auraient pas compris…
- Et depuis que tu te rends compte des dégâts, tu fais quelque chose pour empêcher cette merde ?
- Ben oui, mais tous nos recours sont rejetés. Pour l’administration, pour la
justice, pour l’Etat, tout est normal. C’est une multinationale, tu sais. Nous,
les petits, on ne peut rien contre une multinationale. »
« Mon gamin m’inquiète un peu. Il ne sait toujours
pas lire.
- Tu en as parlé avec son prof ?
- Oui, elle nous a convoqués. Mais ça ne sert à rien. Depuis la
maternelle, il est avec les « enfants en difficulté », les nuls,
quoi. Cinq ans de soutien, de plans d’aide personnalisée, et il n’y a eu aucun
résultat. Ou si peu.
- Vous avez pensé à des cours particuliers ?
Une prof nous avait suggéré l’orthophoniste. Mais bof, c’était pareil. Du temps
perdu. Les cours privés, même chose. Et en plus, c’est cher. Paraît qu’il est
dyslexique, et dys d’autres choses encore. Ce serait médical, en somme…
- Déconne pas. Je le connais, ton gamin, il pige tout au quart de tour.
- Les conneries, peut-être, mais il est pas doué pour l’école, faut l’admettre. Il est comme
ses parents, quoi. Il ira en SEGPA. On est des "gens de rien", nous ;
on pouvait quand même pas pondre un génie, pas vrai ?
- Ah ben oui, si tu lui as mis des idées pareilles dans la tête, à ton gamin,
des idées à la con, forcément ça ne l’a pas motivé pour apprendre. En
confiance, il aurait pu faire Einstein ou, au pire, avocat. L'intelligence et la capacité à faire des études, ça n'a rien à voir avec le niveau d'études ou le niveau social des
parents.
- … Alors, tout serait de notre faute ? Oh, non-on-on !
- Euh… non, c’est plus compliqué… Bon. Excuse-moi… »
c) Reportage vidéo du "Soir 3", samedi, 5 janvier, 2020, jour de manifestation contre la loi "sécurité globale".
Commentaire : "Manifestation encore une fois émaillée d'affrontement entre les manifestants et les forces de l'ordre".
Et on voit, en effet, un escadron des forces de l'ordre fuyant devant trois encagoulés qui leur lancent des objets (boulons, marteaux, on ne sait trop).
Un policier, encore tout tremblant, témoigne : "On les vise avec le flashball mais hop, ils ont déjà disparu. On croit les attraper mais hop, ils vous glissent entre les mains. Contre les black blocs, on ne peut rien. Ils sont vraiment trop forts."
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