Pendant que je lavais les bols du
petit déjeuner, Francine me racontait les Césars, en particulier que le
présentateur avait annoncé le César du meilleur rôle féminin comme « pareil
au masculin, mais avec 30% de salaire en moins ». Bravo ! C’est là
qu’est véritablement le nœud de l’affaire de l’égalité des hommes et des
femmes.
Que les femmes soient partout payées
comme les hommes est en effet la première chose à faire : toutes les
autres avancées en découleront. L’homme pourra quitter plus tôt le boulot pour
assister à la réunion des parents d’élèves, il pourra prendre sa journée pour
son enfant malade, et son congé parental, et du coup se mettre à changer les
couches, à faire la vaisselle, la lessive et le ménage. Pour ce qui est des
violences, ça peut certainement aider, mais il s'agit tout de même d'une autre affaire, l’éternelle question des représentations et
du pouvoir, avec les graves séquelles de 2000 ans de terrorisme religieux ;
c’est la société tout entière qui doit s’allonger sur le divan du
psychanalyste. Nous verrons ça une autre fois.
Pour ce qui concerne l’égalité au
travail, il y a un sérieux hic : c’est qu’il n’est pas du tout possible de
payer les femmes comme les hommes. Si, si. Demandez donc à un rentier ou à un
patron du CAC40, demandez à un économiste ce qu’ils en pensent. Je ne développe
même pas leurs arguments, qui n’ont rien à voir avec un quelconque souci
éthique, car vous les avez forcément en tête, eux-mêmes n’ayant pas manqué
autrefois de s’en ouvrir dans les médias. Aujourd’hui, bien sûr, ils se font
plus discrets parce qu’ils sentent bien qu’il serait mal venu de justifier
cette différence salariale, cette iniquité, par une si égoïste et vulgaire
motivation, et que l’idéologie qui les rend si agressifs et sûrs d’eux, bien
que triomphante, a quand même repris du plomb dans l’aile.
Vous voyez ? Vous voilà forcés
de constater comme moi que l’égalité de salaire des hommes et des femmes est
incompatible avec un monde capitaliste et libéral qui considère le temps comme
de l’argent et le rendement comme la valeur suprême, la seule qui ne se puisse pas
discuter. Le combat pour l’égalité n’est pas entre les femmes et les hommes, mais
simplement la lutte des classes. Dans ce contexte, vous aurez beau faire, rien
ne changera.
Quand par exemple, je lis sur le
site du Figaro « À l'image d'Hollywood, la grande famille du cinéma
français a décidé de montrer son soutien à toutes les femmes victimes de
harcèlement ou de violences sexuelles. », en affichant un petit ruban
blanc, je me dis que c’est gentil, mais seulement du show-business. Parce que tu
ne peux pas réclamer le respect si tu ne réclames pas d'abord l'égalité, et tu n'auras pas l’égalité si en même temps tu continues de désirer le libéralisme.
La preuve : Macron et son
gouvernement, qui étaient tout chauds et pressés pour la
« modernisation » du code du travail, n’ont pas voulu imposer l’égalité
des salaires. Pourtant, une simple ordonnance de plus... Pfuit ! et le tour était
joué. Non, non, ils n’ont pas voulu faire ce cadeau aux femmes parce qu’ils
craignent que les riches se fâchent et s’en aillent de France. En vérité, ils
ont généreusement pensé à nous, les hommes français, qui travaillons :
oui, qu’est-ce que nous deviendrions s’il n’y avait plus de riches en France
pour nous faire l’aumône d’un salaire et nous permettre de nourrir notre
famille, hein ?
Pour rappel, le programme de la
France Insoumise prévoyait que l’imposition stricte du principe « A
travail égal, salaire égal » ramènerait aussitôt les caisses de retraite à
l’équilibre financier, par le simple jeu des cotisations.
- Aha ! c’est encore
l’entreprise qui aurait payé !
- Mais non, l’entreprise était
sauvegardée car, en même temps, les dividendes auraient été plafonnés.
- Là ! Vous voyez bien que ce
n’est pas possible de payer les femmes comme les hommes.
- Oui, comme il n’est pas possible
de payer les travailleurs détachés au même tarif que les nationaux.
C'est bien vrai, ça !
RépondreSupprimerUn président "moderne" qui veut réhabiliter les chasses à courre présidentielles à Chambord... not' bon maître nous laissera ptêt ben quelques bas morceaux. Alain
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