samedi 3 mars 2018

Les Césars, les femmes, les hommes, l’égalité, le salaire

Pendant que je lavais les bols du petit déjeuner, Francine me racontait les Césars, en particulier que le présentateur avait annoncé le César du meilleur rôle féminin comme « pareil au masculin, mais avec 30% de salaire en moins ». Bravo ! C’est là qu’est véritablement le nœud de l’affaire de l’égalité des hommes et des femmes.

Que les femmes soient partout payées comme les hommes est en effet la première chose à faire : toutes les autres avancées en découleront. L’homme pourra quitter plus tôt le boulot pour assister à la réunion des parents d’élèves, il pourra prendre sa journée pour son enfant malade, et son congé parental, et du coup se mettre à changer les couches, à faire la vaisselle, la lessive et le ménage. Pour ce qui est des violences, ça peut certainement aider, mais il s'agit tout de même d'une autre affaire, l’éternelle question des représentations et du pouvoir, avec les graves séquelles de 2000 ans de terrorisme religieux ; c’est la société tout entière qui doit s’allonger sur le divan du psychanalyste. Nous verrons ça une autre fois.

Pour ce qui concerne l’égalité au travail, il y a un sérieux hic : c’est qu’il n’est pas du tout possible de payer les femmes comme les hommes. Si, si. Demandez donc à un rentier ou à un patron du CAC40, demandez à un économiste ce qu’ils en pensent. Je ne développe même pas leurs arguments, qui n’ont rien à voir avec un quelconque souci éthique, car vous les avez forcément en tête, eux-mêmes n’ayant pas manqué autrefois de s’en ouvrir dans les médias. Aujourd’hui, bien sûr, ils se font plus discrets parce qu’ils sentent bien qu’il serait mal venu de justifier cette différence salariale, cette iniquité, par une si égoïste et vulgaire motivation, et que l’idéologie qui les rend si agressifs et sûrs d’eux, bien que triomphante, a quand même repris du plomb dans l’aile.

Vous voyez ? Vous voilà forcés de constater comme moi que l’égalité de salaire des hommes et des femmes est incompatible avec un monde capitaliste et libéral qui considère le temps comme de l’argent et le rendement comme la valeur suprême, la seule qui ne se puisse pas discuter. Le combat pour l’égalité n’est pas entre les femmes et les hommes, mais simplement la lutte des classes. Dans ce contexte, vous aurez beau faire, rien ne changera.

Quand par exemple, je lis sur le site du Figaro « À l'image d'Hollywood, la grande famille du cinéma français a décidé de montrer son soutien à toutes les femmes victimes de harcèlement ou de violences sexuelles. », en affichant un petit ruban blanc, je me dis que c’est gentil, mais seulement du show-business. Parce que tu ne peux pas réclamer le respect si tu ne réclames pas d'abord l'égalité, et tu n'auras pas l’égalité si en même temps tu continues de désirer le libéralisme.

La preuve : Macron et son gouvernement, qui étaient tout chauds et pressés pour la « modernisation » du code du travail, n’ont pas voulu imposer l’égalité des salaires. Pourtant, une simple ordonnance de plus... Pfuit ! et le tour était joué. Non, non, ils n’ont pas voulu faire ce cadeau aux femmes parce qu’ils craignent que les riches se fâchent et s’en aillent de France. En vérité, ils ont généreusement pensé à nous, les hommes français, qui travaillons : oui, qu’est-ce que nous deviendrions s’il n’y avait plus de riches en France pour nous faire l’aumône d’un salaire et nous permettre de nourrir notre famille, hein ?

Pour rappel, le programme de la France Insoumise prévoyait que l’imposition stricte du principe « A travail égal, salaire égal » ramènerait aussitôt les caisses de retraite à l’équilibre financier, par le simple jeu des cotisations.
- Aha ! c’est encore l’entreprise qui aurait payé !
- Mais non, l’entreprise était sauvegardée car, en même temps, les dividendes auraient été plafonnés.
- Là ! Vous voyez bien que ce n’est pas possible de payer les femmes comme les hommes.

- Oui, comme il n’est pas possible de payer les travailleurs détachés au même tarif que les nationaux.

2 commentaires:

  1. Un président "moderne" qui veut réhabiliter les chasses à courre présidentielles à Chambord... not' bon maître nous laissera ptêt ben quelques bas morceaux. Alain

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