lundi 5 mars 2018

Cinq étoiles, Lega Nord, populisme, l'Union Européenne a les oreilles qui sifflent

Ca y est, le « Mouvement Cinq Etoiles » a dépassé tous les autres partis politiques italiens, au nombre de voix exprimées lors de ces élections législatives. Dénoncé comme populiste et antisystème, deux anathèmes aussi vénéneux que complotiste, antisémite et islamiste, par les grands medias toujours pressés de disqualifier tout ce qui menace un tant soit peu l’ordre établi qui leur confère volontiers ce pouvoir et cette importance, il faut donc croire que 29 à 32 pour cent des électeurs italiens sont antisystème et assez naïfs pour se laisser séduire par le populisme de gauche, celui qui veut virer tous ces « politiciens professionnels pourris qui fricotent avec la Finance et la Mafia », changer les traités européens, distribuer autrement la richesse. L’Italie est le premier pays industriel d’Europe, mais les salaires ne suivent pas.

Ah la la ! Que ça fait mal, tant d’ingratitude, à tous ces braves socio-démocrates qui, depuis la guerre de 40, se sont crevé la paillasse pour nous sauver de l’aberration marxiste et de tous les gauchismes ! La riposte a d’ailleurs été immédiate, chez nous, en France. Libération, par exemple : « 5 choses à savoir sur le M5S (Movimento Cinque Stelle) : ils n’ont conquis que quelques grandes villes mais pas de région, ils perdent certains de leurs élus en route (dont des pourris), leur programme change selon les circonstances, les italiens l’ont voté par défaut, le mouvement a des origines comiques (créé il y a cinq ans par un humoriste). » Ca sonne grinçant, mesquin et mauvais joueur, non ?

Que penser aussi des électeurs italiens qui ont donné à la coalition Forza Italia - Ligue du Nord - Frères d’Italie entre 33,5 et 36,5 pour cent des suffrages ? Berlusconi ne comptant que pour un tiers dans ce résultat, et si l’on considère qu’il n’est pas franchement populiste, force est de constater que 21 pour cent des Italiens sont séduits par un populisme d’extrême droite qu’on qualifie volontiers de fascisant. La cible favorite des Frères d’Italie (3,5%) est en effet le « migrant ». Avouez qu’ils en ont eu plus que leur part, les Italiens, et que l’Union Européenne les a bien laissés se démerder avec le problème. Du coup, pas mal d’Italiens sont en plus devenus anti-européens.

Au total, c’est donc la moitié du pays qui serait tombée dans les rets des populismes. Pardonnez-leur, Saint Jean-Claude (Juncker), car ils ne savent ce qu’ils font. Prions, afin que le populisme ne nous soumette pas à la tentation : « Je suis un Européen convaincu, le Parti Démocrate et le Centre sont dans les choux, alors faites que Berlusconi l’emporte, même avec l’extrême droite, car il est un Européen convaincu, et sauvera le système, faites que les gauchistes se ramassent, je suis un Européen convaincu. »

Comment ne pas devenir fou de rage quand on voit Berlusconi, inéligible pour fraude fiscale, toujours là, en train de tirer les ficelles de la politique à droite ? Est-ce que c’est normal, ou c’est moi qui n’ai pas les bonnes lunettes ? On n’entend pas beaucoup des journalistes sur cette question. Peut-être ont-ils zappé que ce sont des gusses comme Berlusconi qui font monter la défiance à l’égard des politiciens et de l’Europe qui en est pleine ? Se sont-ils par exemple demandé pourquoi le parti de Matteo Renzi, Macron avant Macron, a sombré dans les profondeurs du classement ?


1 commentaire:

  1. Bien vu. Reste que l'Italie se droitise de plus en plus avec un programme de chasse à l'étranger et de baisse des impôts.
    Finalement, ce qu'on appelle "populisme" n'est rien d'autre qu'un refus de jouer le jeu politique dit "démocratique". Et ce refus a l'air de se généraliser en Europe, même en Allemagne où Angela s'oblige à des alliances au forceps.
    Mais nous, on s'en fout, on a Manu et Brigitte. Alain

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