Ca y est, le « Mouvement Cinq Etoiles » a dépassé
tous les autres partis politiques italiens, au nombre de voix exprimées lors de
ces élections législatives. Dénoncé comme populiste et antisystème, deux
anathèmes aussi vénéneux que complotiste, antisémite et islamiste, par
les grands medias toujours pressés de disqualifier tout ce qui menace un tant
soit peu l’ordre établi qui leur confère volontiers ce pouvoir et cette
importance, il faut donc croire que 29 à 32 pour cent des électeurs italiens
sont antisystème et assez naïfs pour se laisser séduire par le populisme de
gauche, celui qui veut virer tous ces « politiciens professionnels pourris
qui fricotent avec la Finance et la Mafia », changer les traités
européens, distribuer autrement la richesse. L’Italie est le premier pays
industriel d’Europe, mais les salaires ne suivent pas.
Ah la la ! Que ça fait mal, tant d’ingratitude, à tous
ces braves socio-démocrates qui, depuis la guerre de 40, se sont crevé la
paillasse pour nous sauver de l’aberration marxiste et de tous les gauchismes !
La riposte a d’ailleurs été immédiate, chez nous, en France. Libération, par
exemple : « 5 choses à savoir sur le M5S (Movimento Cinque
Stelle) : ils n’ont conquis que quelques grandes villes mais pas de
région, ils perdent certains de leurs élus en route (dont des pourris), leur
programme change selon les circonstances, les italiens l’ont voté par défaut,
le mouvement a des origines comiques (créé il y a cinq ans par un
humoriste). » Ca sonne grinçant, mesquin et mauvais joueur, non ?
Que penser aussi des électeurs italiens qui ont donné à la
coalition Forza Italia - Ligue du Nord - Frères d’Italie entre 33,5 et 36,5
pour cent des suffrages ? Berlusconi ne comptant que pour un tiers dans ce
résultat, et si l’on considère qu’il n’est pas franchement populiste, force est
de constater que 21 pour cent des Italiens sont séduits par un populisme
d’extrême droite qu’on qualifie volontiers de fascisant. La cible favorite
des Frères d’Italie (3,5%) est en effet le « migrant ». Avouez qu’ils
en ont eu plus que leur part, les Italiens, et que l’Union Européenne les a
bien laissés se démerder avec le problème. Du coup, pas mal d’Italiens sont en
plus devenus anti-européens.
Au total, c’est donc la moitié du pays qui serait tombée
dans les rets des populismes. Pardonnez-leur, Saint Jean-Claude (Juncker), car
ils ne savent ce qu’ils font. Prions, afin que le populisme ne nous soumette
pas à la tentation : « Je suis un Européen convaincu, le Parti
Démocrate et le Centre sont dans les choux, alors faites que Berlusconi
l’emporte, même avec l’extrême droite, car il est un Européen convaincu, et sauvera le système, faites que les gauchistes se ramassent, je suis un Européen
convaincu. »
Comment ne pas devenir fou de rage quand on voit Berlusconi,
inéligible pour fraude fiscale, toujours là, en train de tirer les ficelles de
la politique à droite ? Est-ce que c’est normal, ou c’est moi qui n’ai pas
les bonnes lunettes ? On n’entend pas beaucoup des journalistes sur cette
question. Peut-être ont-ils zappé que ce sont des gusses comme Berlusconi qui
font monter la défiance à l’égard des politiciens et de l’Europe qui en est
pleine ? Se sont-ils par exemple demandé pourquoi le parti de Matteo
Renzi, Macron avant Macron, a sombré dans les profondeurs du classement ?
Bien vu. Reste que l'Italie se droitise de plus en plus avec un programme de chasse à l'étranger et de baisse des impôts.
RépondreSupprimerFinalement, ce qu'on appelle "populisme" n'est rien d'autre qu'un refus de jouer le jeu politique dit "démocratique". Et ce refus a l'air de se généraliser en Europe, même en Allemagne où Angela s'oblige à des alliances au forceps.
Mais nous, on s'en fout, on a Manu et Brigitte. Alain