dimanche 3 février 2019

Des gilets jaunes au Parlement Européen ?

Ainsi des gilets jaunes vont aux élections. Qu’est-ce qui leur prend donc ?

S’ils abandonnent ainsi la lutte et leurs idées, c’est qu’ils n’étaient pas fort convaincus, à moins qu’ils aient été emportés par le flot des événements, dépassés par l’ampleur du mouvement et retournés (par qui ?) au point qu’ils pensent désormais être plus utiles dans ce lointain Parlement Européen que dans la rue, solidaires des autres gilets jaunes. Ou l’ivresse de la notoriété avec l’espoir d’un eldorado leur sont-ils montés à la tête ?

Quoi qu’il en soit, ils veulent maintenant entrer dans le jeu des chaises musicales électorales. Les voilà perdus pour la cause. Car dès l’instant que vous y êtes assis, fût-ce en remplacement de votre adversaire (celui qui a motivé votre colère), ce jeu pervers vous interdit de le remettre en cause : vous ne désirez plus en changer les règles puisque vous y perdriez votre place et le petit peu de pouvoir qu’elle vous confère ainsi qu’un certain confort, pour ne pas dire un confort certain.

Ces gilets jaunes qui prétendent siéger préfèrent donc la rente au combat. Dans leur tête, ce sont des bourgeois. S’ils sont élus, ils auront gravi un échelon dans la hiérarchie sociale, ils auront gagné pour eux-mêmes et puis… que les autres se démerdent.

Le paradoxe d’une liste de gilets jaunes est qu’elle ne peut pas se réclamer des gilets jaunes.
Pour la bonne et simple raison que gilet jaune n’est pas un désir de pouvoir personnel et de changement renvoyé aux calendes grecques, mais une liste de revendications à satisfaire tout de suite. Revendication de pouvoir aussi, mais d’un pouvoir collectif.

Par conséquent, les gilets jaunes qui se présenteront aux élections ne représenteront qu’eux-mêmes. Comme un symptôme de leur reniement, ils ne portent d’ailleurs plus le gilet. En effet, quand on veut devenir un notable, on doit d’abord ressembler à un notable. Le gilet jaune, c’est vulgaire et pas sérieux.

Alors tout le petit monde médiatique jubile et sort ses experts en sciences po’ avec leurs calculettes pour nous expliquer que tout ça profite quand même au Rassemblement National et que si nous voulons éviter ce pire, il faudra plébisciter la Macronie.

J’ai comme l’intuition que ce coup-ci, ça ne marchera pas.







1 commentaire:

  1. La bonne affaire, c'est surtout pour Macron: il va se retrouver face à une opposition émiettée et incohérente aux yeux des électeurs. Ceux-là vont se démobiliser et ne prendront plus la peine d'aller au bureau de vote. Macron a encore des beaux jours: aujourd'hui perquisition avortée à Mediapart, demain loi anti-casseurs et manif...

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