Ainsi des gilets jaunes vont aux élections. Qu’est-ce qui leur prend donc ?
S’ils abandonnent ainsi la lutte et leurs idées, c’est qu’ils
n’étaient pas fort convaincus, à moins qu’ils aient été emportés par le flot
des événements, dépassés par l’ampleur du mouvement et retournés (par qui ?)
au point qu’ils pensent désormais être plus utiles dans ce lointain Parlement Européen que dans
la rue, solidaires des autres gilets jaunes. Ou l’ivresse de la notoriété avec l’espoir
d’un eldorado leur sont-ils montés à la tête ?
Quoi qu’il en soit, ils veulent maintenant entrer dans le jeu
des chaises musicales électorales. Les voilà perdus pour la cause. Car dès
l’instant que vous y êtes assis, fût-ce en remplacement de votre adversaire (celui
qui a motivé votre colère), ce jeu pervers vous interdit de le remettre en
cause : vous ne désirez plus en changer les règles puisque vous y perdriez
votre place et le petit peu de pouvoir qu’elle vous confère ainsi qu’un certain
confort, pour ne pas dire un confort certain.
Ces gilets jaunes qui prétendent siéger préfèrent donc la
rente au combat. Dans leur tête, ce sont des bourgeois. S’ils sont élus, ils auront
gravi un échelon dans la hiérarchie sociale, ils auront gagné pour eux-mêmes et
puis… que les autres se démerdent.
Le paradoxe d’une liste de gilets jaunes est qu’elle ne peut
pas se réclamer des gilets jaunes.
Pour la bonne et simple raison que gilet jaune n’est pas un
désir de pouvoir personnel et de changement renvoyé aux calendes grecques, mais
une liste de revendications à satisfaire tout de suite. Revendication de pouvoir
aussi, mais d’un pouvoir collectif.
Par conséquent, les gilets jaunes qui se présenteront aux
élections ne représenteront qu’eux-mêmes. Comme un symptôme de leur reniement,
ils ne portent d’ailleurs plus le gilet. En effet, quand on veut devenir un
notable, on doit d’abord ressembler à un notable. Le gilet jaune, c’est vulgaire
et pas sérieux.
Alors tout le petit monde médiatique jubile et sort ses experts
en sciences po’ avec leurs calculettes pour nous expliquer que tout ça profite quand même au Rassemblement National et que si nous voulons éviter ce pire, il faudra plébisciter
la Macronie.
J’ai comme l’intuition que ce coup-ci, ça ne marchera pas.
La bonne affaire, c'est surtout pour Macron: il va se retrouver face à une opposition émiettée et incohérente aux yeux des électeurs. Ceux-là vont se démobiliser et ne prendront plus la peine d'aller au bureau de vote. Macron a encore des beaux jours: aujourd'hui perquisition avortée à Mediapart, demain loi anti-casseurs et manif...
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