vendredi 31 août 2018

Chers parents d'élèves

C’est la rentrée. Comme toujours, pleine de bonnes résolutions. Le ministre en profite en effet pour faire sa pub. Je viens de voir au journal télé la nana dynamique, jeune et bien gaulée, à peine émoulue de son master des sciences de l’éducation, qui a été choisie pour venir expliquer au peuple à quel point l’école fonctionne bien et que vous n’avez donc pas besoin de vous faire de souci.
Cette année, le truc, c’est apparemment la classe de CE1 à 12 enfants en zone prioritaire. Pas grand-chose, en somme. Et puis les autres, pas prioritaires : tintin ! Sarko nous avait déjà fait le coup avec une petite binoclarde alerte qui expliquait que la lecture c’est B+A=BA, et rien d’autre. Depuis, on a vu ce qu’on devait voir : la révolution statistique ne s’est pas produite.

Les statistiques de l’école française sont en effet mauvaises, très mauvaises, pires même qu’il y a quarante ans, quand je suis sorti de l’Ecole Normale. Faut dire que depuis, il y a eu les maths modernes, la lecture globale, les photocop’s, l'informatique qui rend tout facile, la suppression des trois heures du samedi, l’abaissement général des connaissances requises à chaque niveau, l'abandon de nombre d'exigences (le beau langage, la belle écriture, par exemple), l’enfant au centre du système et autres désolantes billevesées. Résultat garanti : on a tiré tout le monde vers le bas mais on n’a pas fait remonter ceux qui arrivent à l’école handicapés par leur situation familiale ou socioprofessionnelle.
Il y a certes toujours des diplômés, des savants, des grosses têtes, et des qui finissent par décrocher un diplôme parce que leurs parents ont les moyens de payer longtemps la fac et les dépenses qui vont avec, mais il y a toujours la même part, trop importante, des élèves qui quittent l’école sans savoir ni lire, ni rédiger, ni calculer, ni comprendre le monde correctement. Sans culture, qu’ils sortent, c’est-à-dire démunis devant le politique, désarmés devant le patron.

Vous avez donc du mouron à vous faire… si vous comptez uniquement sur l’école et les enseignants pour faire apprendre votre enfant. Attention ! je ne vous parle pas de payer des cours privés de rattrapage ou de soutien. Ça peut être utile mais ce n’est vraiment pas l’essentiel.
La demoiselle de la télé disait que ça allait bien se passer parce qu’elle pourra mieux s’occuper de chacun des 12 enfants que des 20. Bien sûr, ça se passera mieux pour elle, mais ce n’est pas elle qui donnera envie à ces gamins de suivre avec assiduité son enseignement.
C’est qui alors ? C’est leurs parents, pardi. Si les parents n’accordent pas ou peu de valeur à l’enseignement, s’ils s’en désintéressent, s’ils font porter sur l’école toute la responsabilité des échecs et des succès de leur enfant, alors le maître ou la maîtresse pourront se mettre sur la tête, pondre des projets d’aide personnalisée tous plus fumeux les uns que les autres, même très bien s’occuper de l’enfant, il ne se passera rien dans 99% des cas.  
Si en revanche les parents attachent du prix à ce qu’on fait à l’école, s’ils suivent de près, au jour le jour, les apprentissages de leur enfant, tout en ayant une relation de confiance avec les maîtres, alors il y a toutes les chances pour que l’enfant profite de l’enseignement, s'en sorte avec les honneurs et participe à l'amélioration des stat's de l'école française.

Une dernière chose, une qui compte énormément : c'est la culture. Pas la confiture qu'on étale, pas la consommation de divertissements, pas la seule connaissance des arts, mais le goût de l'éclectisme, la curiosité intellectuelle, l'exercice de la raison, le réflexe de l'esprit critique, tout ce qui fait comprendre le monde et qui permet de maîtriser un peu son destin. Et là aussi, vous tenez le rôle principal.

Alors n’oubliez pas, les parents, que vous êtes davantage que n’importe qui responsables de la réussite de votre enfant. Si vous gardez ce principe présent à l'esprit, ça se passera vraiment bien.

Bonne rentrée !



jeudi 2 août 2018

Info-canicule

Pour ceux qui ne supportent plus les infos à la télé, en voici des nouvelles. Non, je ne suis pas maso, j’entretiens seulement, je nourris, ma motivation à militer pour changer ce monde passablement merdique.

Allons-y ! 2 juillet 2018, entre 19h35 et 19h50, ça y était : on avait atteint le pic… de la communication oiseuse et indigente faite exprès pour noyer le poisson de l’info - et nous avec. C’était sur France 3, une des carpettes à Macron, avec, à la matraque, notre bonne Lorraine, l’hettangeoise Carole Gaessler. Pouacre !

Deux accidents mortels en montagne, vite bâclés, le temps surtout de rassurer les touristes, qu’ils ne boudent surtout pas le canyoning, ni la Corse, ni la descente de glacier à pieds nus, ni le massif du Mont-Blanc, puis plus rien, rien d’autre que la canicule. Et pourtant, du micro-trottoir citadin au micro-plage d’un quelconque lac où ne vont que ceux qui n’ont pas les moyens de la Côte d’Azur, en passant par l’étuve des couloirs de l’hôpital public, ce n’était que du vent, du vent qui malheureusement ne rafraîchissait même pas l'atmosphère. Au contraire, elle m’a échauffé la bile, la Carole.

Parce que là tu assistes, médusé (car c’est à peine croyable qu’ils osent un truc pareil) à un bon quart d’heure d’un défilé de mouches du coche, toutes plus imbues et sérieuses les unes que les autres : d’abord tu as les experts en déshydratation, genre toubib, puéricultrice ou capitaine des pompiers, qui t’expliquent les uns et les autres, redondants, qu’il ne faut pas picoler, bien se mouiller au dedans et au dehors, et se mettre à l’ombre, voire squatter la clim des supermarchés, etcetera ; et là-dessus se pointe la ministre de la santé en personne ! Elle s’est déplacée jusque dans le midi, la brave, l’air grave et préoccupé, inquiète même ! (mais que pour les caméras, on n'est pas dupe)… mais elle n’a rien à dire, la pauvre (c’est qu’on avait annoncé que le gouvernement - et elle en premier - s’occupait du problème, mais en ce moment, ils n’ont pas le temps, avec Benalla, Macron qui se terre - boude, peut-être - et tout ça, vous comprenez…) alors madame Buzyn a fait seulement un petit coucou, elle a pris la température avec une mine doublement inquiète (oui, on voit bien qu’elle est surprise par la chaleur, la clim devait marcher trop fort dans son avion).

Bon, enfin, avec tout ça, tu comprends que nous, on est trop cons, pas capables d’inventer tout seuls le chemin de la soif au verre. 

Putain, ça fait chier. Combien de temps ça va encore durer ces infos de merde ?
Quoi ?
Quatre ans ?
T’es sûr ?
Putain, retiens-moi où je leur pose une bombe !