vendredi 19 avril 2019

Macron, de fil en aiguille

Voici un vieil article, que je n'ai pas pu publier en temps voulu (juste après la visite de Xi Jinping), pour cause de virus. Voyez vous-mêmes si la réchauffée vaut encore le coup.

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 J’ai admiré la puissance de conviction de notre président et de ses deux acolytes, Merkel et Juncker, face au panda chinois en tournée européenne (le seul à sourire, sur certaines photos). « Nous voulons des échanges réciproques et équilibrés. » bêlaient les trois premiers, Macron en tête, secouant la sienne à la façon de Sarkozy (son modèle). Et bingo ! Aussitôt, l’usine Smart de Hambach s’en va sur les routes de la soie, direction l’Empire du Milieu. « C’était quand même notre fierté » commentait sur France Inter un des ouvriers Daimler qui va se retrouver au chômedu. Toujours aussi naïfs, ces ouvriers ! 

Heureusement qu’on a Patrick Weiten et sa Megazone (qui devait être un port chinois) : le gars de Hambach n’aura qu’à traverser la Moselle et venir à Illange pour retrouver du boulot chez Knauf. Il pourra de nouveau être fier… et soigner sa bronchite chronique et son cancer généralisé. Macron et son gouvernement, qui sont tellement accros à l’écologie, avaient pourtant été interpellés officiellement par Caroline Fiat, députée France Insoumise, qui leur demandait d'interdire l’implantation de cette usine à empoisonner le monde, mais ils n’avaient pas daigné répondre... Pas entendu, peut-être.

Ça n’empêche pas qu’il y ait, sur la liste à Macron pour les élections européennes, un éminent défenseur de la nature et du grand panda. Pascal Canfin, qu’il s’appelle. Un ex ministre de l’écologie, paraît-il. Mais avant la semaine dernière, j’en avais pas entendu parler. Il aurait dit comme ça que « Macron est en train de changer. » Sous-entendu dans le bon sens, évidemment… et c’est évidemment parce que le gars a besoin de se justifier de ce ralliement qui ressemble un peu trop à un désir d’aller en pantoufles toucher ses sous à Bruxelles. Même pas capable d’affirmer sans rougir que Macron se fiche complètement de la transition énergétique, du réchauffement climatique et de la santé du Gaulois réfractaire.

Ben tiens ! Le premier Gaulois en gilet jaune venu est plus écolos que lui, dis donc ! La courageuse Geneviève Legay, par exemple, plus tellement d’attaque après son coup de bouclier dans la figure, mais plus que jamais d’ATTAC, a certainement le souci plus sincère de la planète et davantage le respect de la vie que la girouette Canfin. Ah, mais ça, c’est de l’écologie subversive, mâtinée de social et d’économique et qui accuse formellement la finance internationale. Alors oui, forcément, on est loin du programme à la petite cuiller, bouche en cul de poule, de Macron et de ses tartufes. Du coup, c’est logique que les gens d’ATTAC, il les fasse matraquer.

« Non, c’est pas nous ! » disent en regardant ailleurs les policiers qui avaient chargé comme des boeufs. « Elle est tombée toute seule » ou bien « C’est le poteau qui est venu à sa rencontre. » ajoutent-ils, angéliques. Non, en fait, ils n’ont même pas besoin d’ouvrir la bouche, il y a déjà dix journalistes télé qui prennent leur défense, jusqu’à accuser l’un d’entre eux d’avoir par inadvertance effleuré Geneviève. Mais tout ce bredouillis infâme a vite été démonté par Mediapart. Du coup, le procureur de Nice est obligé d’avaler son chapeau.

Le Macron, égal à lui-même, n’avait pas pu se retenir de son habituel petit commentaire fielleux, genre « Elle l’avait bien cherché, la vieille ; bien fait pour sa gueule ». A cette fréquence et avec une telle hargne, ses sorties n'expriment pas seulement du mépris, mais de la haine. Ce type, il la transpire des yeux, par les coins de la bouche et par la voix, la haine. Ça doit le ronger jour et nuit, que des gueux osent lui résister. Pas cool, mec !

Faut dire aussi qu’il a du souci à se faire. Avec ces gauchistes de l’ONU, ces intellectuels, ces avocats, et même ses copains de la commission européenne, qui lui font la leçon sur l’usage disproportionné qu’il fait de la force uniquement pour faire taire les gilets jaunes. Mais il est têtu, l’animal. Il ne cède pas. Il passe même la vitesse supérieure : il envisage d’envoyer l’armée, et il interdit purement et simplement aux gilets jaunes de manifester. Seulement aux gilets jaunes, hein !

Et pendant ce temps, il a son Benalla chéri qui, toujours courant, continue de faire des conneries. Ah la la ! Heureusement qu’il a les députés LREM - les fidèles ! - qui, contrairement à lui, le cynique, sont peut-être vraiment convaincus qu’on va vivre mieux en vendant les biens de l’état, en étranglant les fonctionnaires, en privatisant les services publics, en privant l’état de ses revenus, en recentralisant tous les pouvoirs sur la personne présidentielle, en tuant la sécurité sociale, l’assurance chômage et le système des retraites, en taxant le travail et en lâchant la bride au capital… Un tel niveau de bêtise ? On peine à le croire.

Ainsi chaque jour apporte son lot de désolation sociale. Il n’y a que les imbéciles qui ne le voient pas. Et le désastre va même s’accélérant. C’est qu’il ne lui reste guère de temps, à Manu, pour remplir la mission que les financiers de sa campagne lui ont fixée.